Les tumeurs bénignes des maxillaires: Odontogènes et non odontogènes

Les tumeurs bénignes des maxillaires: Odontogènes et non odontogènes

Les tumeurs bénignes des maxillaires: Odontogènes et non odontogènes

Introduction et Généralités

Étymologiquement, le mot « tumeur » vient du latin tumor, qui signifie une augmentation de volume. En général, une tumeur bénigne reproduit plus ou moins fidèlement le tissu à partir duquel elle prend naissance. C’est pourquoi son appellation est formée à partir du nom de ce tissu d’origine suivi du suffixe « -ome ».

Les tumeurs bénignes des maxillaires sont relativement fréquentes et partagent certaines caractéristiques générales. Leur découverte radiographique intervient dans deux situations cliniques particulières :

  • Fortuitement, sur une radiographie de contrôle.
  • Après un bilan suite à des doléances.

Symptomatologie

La symptomatologie d’appel de ces lésions est assez univoque :

  • Tuméfaction avec possible asymétrie faciale.
  • Douleur.
  • Déplacement ou mobilité dentaire.

À ce titre, la radiographie et la confrontation des données cliniques jouent un rôle central dans l’orientation diagnostique et la prise en charge chirurgicale, mais leur détermination nécessite une analyse anatomopathologique indispensable.

Clinique

  • Une tuméfaction isolée, d’apparition et d’évolution lentes, bien limitée, souvent encapsulée, presque toujours vestibulaire.
  • Au cours de son évolution, cette tumeur passe par plusieurs phases :
    1. Phase de latence : La tumeur est située profondément dans l’os, sans aucun signe clinique.
    2. Phase de déformation : Une voussure de consistance dure apparaît sur la table osseuse.
    3. Phase d’extériorisation : Elle refoule les éléments anatomiques de voisinage (nerf alvéolaire, plancher des fosses nasales, etc.) sans jamais les détruire.
    4. Phase de complication : La corticale est rompue, la tumeur, de consistance molle, se trouve directement sous la muqueuse. Elle peut se fistuliser et s’infecter.

Radiographie

Trois types d’images radiographiques sont observés :

  1. Images radioclaires :
    • Géode : Cavité secondaire à une perte osseuse, avec contours réguliers et marqués par un liseré de condensation.
    • Lacune : Espace vide qui se prolonge directement avec l’os, sans bordure ni liseré de condensation.
  2. Images radio-opaques : Aspect blanc, presque proche de la densité dentaire.
  3. Images mixtes : Associent une image radioclaire avec du matériel opaque.

Définitions

  • Tumeur : Synonyme de « néoplasme » ou « néoplasie », désigne une prolifération cellulaire excessive aboutissant à une masse tissulaire ressemblant plus ou moins au tissu normal homologue (adulte ou embryonnaire), ayant une tendance à persister et à croître, témoignant de son autonomie biologique.
  • Pseudotumeur : Tuméfaction déformant un organe, d’origine dystrophique, inflammatoire ou malformative, mais qui n’est pas une tumeur.
  • Tumeurs bénignes : Ne donnent pas de métastases, n’envahissent pas le tissu vasculaire et ne récidivent pas après exérèse totale.
  • Tumeurs odontogènes : Se développent à partir des tissus embryologiques impliqués dans la genèse de l’organe dentaire (épithélium odontogène et ectomésenchyme).
  • Tumeurs non odontogènes : Se développent aux dépens de tissus non impliqués dans la formation de la dent, mais de son environnement osseux, cartilagineux ou médullaire. Elles ne sont pas spécifiques des maxillaires et sont similaires au reste du squelette osseux.

I. Rappel de l’Odontogénèse

Les tumeurs odontogènes sont dérivées du système dentaire à un moment quelconque de sa formation. Pour comprendre leur classification, il est nécessaire de faire référence à l’odontogénèse normale :

  • L’organe de l’émail naît de la lame dentaire chez l’embryon.
  • Il comporte quatre assises cellulaires, dont les zones de réflexion périphériques sont à l’origine de la future gaine de Hertwig.
  • Les crêtes de Hertwig influencent l’édification de la dentine au niveau radiculaire.
  • Après désagrégation des crêtes de Hertwig en débris épithéliaux de Malassez, ces derniers persistent dans le ligament parodontal.

II. Classification des Tumeurs Bénignes Odontogènes et Non Odontogènes

Classification des Tumeurs Bénignes Odontogènes (OMS 2017)

La classification repose sur les interactions entre l’ectomésenchyme odontogène et l’épithélium. Elle est dynamique, constamment renouvelée avec l’ajout de nouvelles entités et la suppression d’anciennes.

CatégorieSous-catégorieExemples
Tumeurs odontogènes bénignesTumeurs épithélialesAméloblastome, Tumeur odontogénique épidermoïde, Tumeur épithéliale calcifiée, Tumeur adénomatoïde
Tumeurs mixtesFibrome améloblastique, Tumeur odontogénique primordiale, Odontomes (complexes et composés), Tumeur dentinogénique à cellules fantômes
Tumeurs mésenchymateusesFibrome odontogénique, Myxome odontogénique, Cémentoblastome, Fibrome cémento-ossifiant

Classification des Tumeurs Non Odontogènes des Maxillaires (OMS 2017)

Différentes classifications existent, mais celle de 2017 conserve les bases avec quelques modifications :

  • Clarification de la définition et terminologie des fibromes ossifiants et dysplasies cémento-osseuses.
  • Le terme « fibrome cémento-ossifiant » est jugé suffisamment descriptif, spécifique aux zones porteuses des mâchoires, distingué des variantes juvéniles du fibrome ossifiant.
  • Dysplasie cémento-osseuse :
    • L’édition 2005 utilisait « Dysplasie Osseuse », abandonnant « cémento », estimant impossible de distinguer cément et os.
    • L’édition 2017 revient à « Dysplasie Cémento-Osseuse » pour reconnaître leur développement dans les maxillaires.
    • Variantes :
      1. Dysplasie cémento-osseuse périapicale
      2. Dysplasie cémento-osseuse focale
      3. Dysplasie cémento-osseuse floride
  • La forme gigantiforme familiale est une entité distincte (hérédité autosomique dominante, lésions multi-quadrants).
  • Pseudokystes :
    • Le kyste osseux solitaire et le kyste anévrismal ne sont plus classés comme kystes des maxillaires, mais comme tumeurs bénignes non odontogènes.
  • Exostoses palatines : Remplacées par « ostéochondrome » depuis 2005.
  • Autres : Neurofibrome, hémangiome intra-osseux, léiomyome sont reclassés dans les tumeurs d’autres sites (cavité nasale, sinus).

III. Étude Clinique et Radiologique des Tumeurs Bénignes Odontogènes

1. Tumeurs Épithéliales sans Induction du Mésenchyme

1.1 L’Améloblastome

  • Description : Tumeur rare mais plus fréquente parmi les tumeurs odontogènes.
  • Origines possibles :
    • Épithélium interne ou externe de l’organe dentaire (Mafilot, 1868).
    • Revêtement épithélial de la muqueuse buccale (Buchtemann, 1881).
    • Débris épithéliaux de Malassez (1884).
    • Cellules épithéliales des parois des kystes dentaires.
  • Risque de dégénérescence maligne : 5 %.
1.1.1 Clinique
  • Localisation :
    • 80 % à la mandibule (angle mandibulaire).
    • 20 % au maxillaire supérieur.
  • Âge : Sujet moyen entre 30 et 40 ans, sans distinction de sexe.
  • Symptômes :
    • Souvent asymptomatique, découverte fortuite lors d’un examen radiologique (dent de sagesse, malformation dentaire).
    • Plus rarement : tuméfaction bosselée, recouverte de téguments normaux.
  • Évolution avancée :
    • Tables osseuses déformées, muqueuse amincie et bleutée.
    • Douleurs (dentaires ou de voisinage, ex. otite).
    • Ulcération muqueuse (traumatismes masticatoires).
    • Accidents infectieux (fistule).
    • Mobilité dentaire, fracture osseuse spontanée, retard de cicatrisation.
1.1.2 Radiologie
  • Image monogéodique : Lacune radioclaire homogène, sans liseré de condensation, contours nets, souvent liée à une dent incluse (ex. dent de sagesse).
  • Image multigéodique :
    • Lacunes superposées (« bulles de savon »).
    • Lacunes arrondies/ovalaires séparées par des cloisons de refend (« gruyère »).
    • Réseaux fins (« nid d’abeilles »).
    • Petites lacunes multiples près d’une image kystique uniloculaire.
1.1.3 Histologie
  • Macroscopique : Tumeur solide, ferme, gélatineuse, ou cavité kystique avec contenu liquidien (jaune citrin/hémorragique, ± paillettes de cholestérine).
  • Microscopique :
    • Forme folliculaire : Structure similaire à l’organe de l’émail, cellules type améloblastes dans un stroma conjonctif abondant.
    • Forme plexiforme : Prolifération épithéliale cylindrique moins massive, tissu conjonctif abondant.
    • Forme kystique : Cavités dans les massifs épithéliaux d’un améloblastome folliculaire.
1.1.4 Évolution
  • Sans traitement : Envahit les parties molles (muscles, joue, région parotidienne), possible extension à la base du crâne.
  • Après traitement : Récidives fréquentes si intervention limitée/incomplète, sur os ou parties molles. Dégénérescence maligne rare.

1.2 Tumeurs Odontogéniques Épidermoïdes (Squameuses)

  • Description : Néoplasme odontogène bénin rare, développé à partir des restes épithéliaux de Malassez.
  • Clinique :
  • Radiologie : Zone radioclaire triangulaire/semi-circulaire, bordée d’un liseré opaque, souvent uniloculaire.

1.3 Tumeur Épithéliale Odontogénique Calcifiante (Tumeur de Pindborg)

  • Description : Exceptionnelle, dérivée de l’épithélium de l’émail réduit ou du stratum intermedium.
  • Localisation : Mandibulaire dans 2/3 des cas.
  • Radiologie : Foyer ostéolytique irrégulier, contours plus ou moins précis, parsemé de fines opacités convergeant vers une dent incluse.

1.4 Tumeur Odontogénique Adénomatoïde

  • Description : Anciennement « adénoaméloblastome », siège de prédilection dans la région canine maxillaire.
  • Clinique : Silencieuse jusqu’à la déformation.
  • Radiologie : Simule un kyste dentigère, monogéodique bien limité (2-4 cm), en contact avec une dent incluse, ponctué de fines opacités.

2. Tumeurs Épithélio-Mésenchymateuses avec ou sans Formation de Tissu Dentaire Dur (Tumeurs Mixtes)

  • Description : Composées d’un épithélium odontogène proliférant dans un tissu ectomésenchymateux cellulaire.

2-1- Le Fibrome Améloblastique

Prolifération de tissu épithélial et mésenchymateux sans formation d’émail ou de dentine ; cette tumeur ne contient donc pas de tissu dur, calcifié.
Tumeur rare, se formerait à partir de la gaine de Hertwig. Elle concerne une population plus jeune que l’améloblastome et les deux sexes sont presque pareillement touchés.
Siège de prédilection : la région prémolaire de la mandibule, puis le ramus. Le maxillaire est atteint dans 20 % des cas (région postérieure).

  • Clinique : Généralement asymptomatique, découverte fortuite.
  • Radiologie : La lésion repose initialement sur la face occlusale d’une dent, à la manière d’un “chapeau”. L’image est monogéodique au fond grisâtre, à limites franches. Une dent incluse dans 75 % des cas.

2-2- Odontomes

Les odontomes sont des néoformations tissulaires qui ressemblent à une tumeur sans présenter les caractéristiques vraies de la tumeur. En effet, leur développement est limité dans le temps. On les appelle des hamartomes.
Les odontomes présentent des phénomènes d’induction plus marqués aboutissant à la formation de tissus dentaires qui leur confèrent une consistance dure.
Ils sont fréquents chez les sujets jeunes et chez l’enfant, chez lequel ils entraînent un retard d’éruption dentaire, des malpositions et quelques fois des accidents infectieux.
On distingue : L’odontome composé et l’odontome complexe.

2-2-1 L’Odontome Composé

Cliniquement :
Il siège surtout dans la région incisive maxillaire gênant l’évolution des dents permanentes. Il gêne alors l’éruption des incisives définitives. Peut être unique et siéger entre les deux incisives maxillaires, prendre la forme d’une dent conoïde caractéristique, on l’appelle mésiodens.

Radiologiquement :
L’image est celle d’un amas formé de plusieurs petites dents rudimentaires groupées en odontoïdes, présentant une opacité comparable à celle des dents. Cet amas est séparé de l’os par une image radioclaire.

Histologie et évolution :
L’histologie et l’évolution sont comparables à celles de l’odontome simple.
Histologiquement : L’odontome dérive de la croissance exagérée de l’épithélium adamantin qui produit alors plusieurs organes de l’émail et chaque organe va donner une dent.
L’examen histologique met en évidence des tissus dentaires qui sont disposés d’une façon très proche de celle d’une dent normale.

Évolution :
Les odontomes ne sont pas agressifs et ne récidivent pas après exérèse chirurgicale.

2-2-2 Odontomes Complexes

Cliniquement :

  • Ils sont plus fréquents dans la région molaire inférieure ;
  • Ils peuvent atteindre un volume assez important ;
  • Ils sont rares dans la région antérieure.

Radiologie :
Elle montre un amas arrondi d’opacité comparable à celle des dents parfois limité par un liseré radioclaire.

Évolution :
L’odontome complexe ne récidive que si la tumeur a été extirpée à un stade immature. Son exérèse peut laisser des séquelles importantes telles des édentations ou des déformations maxillaires.

3- Les Tumeurs Mésenchymateuses Odontogéniques avec ou sans Inclusion d’Épithélium Odontogénique

3-2 Fibrome Odontogène

3-2-1 Siège

Le fibrome odontogène est plus fréquent à la mandibule dans la région prémolo-molaire et la région angulaire. Il est observé chez le sujet jeune et l’adulte d’âge moyen touchant indifféremment les deux sexes.

3-2-2 Radiologie

La tumeur se manifeste par une image radioclaire géodique à limites nettes avec un liseré de condensation.
L’image radioclaire est parfois parsemée de foyers opacités de type dentaire ou osseux.

3-2-3 Histologie

Tissu conjonctif riche en fibroblastes et de rares îlots épithéliaux.

3-2-4 Évolution

Ces tumeurs peuvent récidiver.

3-3 Myxomes

Clinique :
Le myxome est une tumeur qui naît de la papille dentaire. Elle est rare et survient le plus souvent chez le jeune adulte entre 20 et 30 ans. Cette tumeur se caractérise par l’absence de douleur et la rareté des signes cliniques, d’où un diagnostic tardif.

Radiologie :
Le myxome se manifeste par une image radioclaire polygéodique ; ces géodes présentent des cloisons de refend nettes qui se coupent à angle vif et donnent l’aspect d’un « quadrillage » ou d’un « filet de pêcheur » déchiré.

Histologie :
Elle retrouve des cellules fusiformes ou étoilées dans du matériel mucoïde abondant. La vascularisation est réduite.

Évolution :
Il y a possibilité de récidive car ces tumeurs posent des difficultés thérapeutiques vu leur expansion locale et leur caractère destructeur.

3-4 Cémentoblastome

Clinique :
Il est observé chez l’homme jeune de moins de 25 ans dans la région prémolo-molaire mandibulaire. Il reste souvent asymptomatique.

Radiologie :
La radiologie montre une opacité marbrée plus dense que l’os environnant dont elle est séparée par un liseré radioclaire. Cette opacité est accolée à une racine dentaire.

Histologie :
Les cémentoblastomes bénins sont formés de cémenticules nodulaires et de trabécules confluents de cément pauvre en cellules.

Évolution :
La tumeur peut, par accroissement, détruire la racine et envahir la pulpe. Mais elle ne récidive jamais après son exérèse. L’exérèse chirurgicale n’est en effet indiquée que s’il y a des signes cliniques qui gênent le patient.

3-5 Fibrome Cémento-Ossifiant (Cemento-Ossifying Fibroma)

Est un type rare, distinct de fibrome ossifiant, d’origine odontogène qui se produit dans les zones dentées des maxillaires. La tumeur est souvent observée au cours des 2èmes et 4èmes décennies de la vie, avec un âge moyen de 35 ans et avec une prédominance féminine.

Cliniquement :
Les fibromes cémento-ossifiants sont des lésions à croissance lente et se présentent généralement avec une expansion indolore. Les grandes lésions peuvent élargir le bord inférieur de la mandibule ou le plancher du sinus maxillaire.
La douleur et le déplacement des dents adjacentes ont rarement été rapportés. Les dents associées peuvent être mobiles et on observe moins fréquemment une résorption radiculaire.

Radiologiquement :
Les lésions précoces sont généralement radiolaires, uniloculaires bien définies, au fil du temps, la tumeur devient de plus en plus radio-opaque.

IV- Étude Clinique et Radiologique des Tumeurs Bénignes Non Odontogènes

1- Tumeurs Bénignes de l’Os Maxillo-Facial et du Cartilage

Peu fréquentes au niveau des maxillaires.

1-1- Ostéome

Une lésion propre au massif facial, touchant la femme après 40 ans au niveau de la mandibule.
Il résulte de la prolifération d’os compact ou trabéculaire au sein d’un os membraneux.

Clinique :
Très pauvre, se résumant à la tuméfaction et à ses conséquences locales.

Image radiologique :
Une lésion radio-opaque soit centro-osseuse, soit appendue au contour osseux par une base de taille variable.

L’analyse histologique :
Permet de différencier l’ostéome spongieux de l’ostéome compact. Cette lésion bénigne peut être enlevée chirurgicalement.

Syndrome de Gardner :
La présence de plusieurs ostéomes doit faire évoquer un syndrome de Gardner associant :

  • Polypose adénomateuse colique avec dégénérescence maligne très fréquente.
  • Kystes épidermiques multiples.
  • Fibromes abdominaux.
  • Ostéomes multiples (classiquement l’angle mandibulaire) s’accompagnant d’inclusions dentaires et d’odontomes.

1-2- Ostéoblastome et Ostéome Ostéoïde

Ces deux tumeurs ont les mêmes caractéristiques anatomopathologiques, mais se distinguent cliniquement et radiologiquement. Elles touchent préférentiellement l’homme jeune (< 30 ans) en général au niveau des os longs et des vertèbres.

Ostéome Ostéoïde :
Trois fois plus fréquent, se distingue cliniquement par les typiques douleurs nocturnes calmées par les salicylés.
Radiologiquement : Il présente un noyau ou « nidus » inférieur à 1 cm. Le traitement est semblable. On a pu observer des régressions spontanées.

Ostéoblastome :
Beaucoup plus rare que l’ostéome ostéoïde, sa principale distinction par rapport à l’ostéome ostéoïde est sa taille supérieure à 1 cm.
Cliniquement : Asymptomatique, il est parfois responsable de déplacements dentaires.
Bilan radiologique : Une géode centrale, bien limitée par une zone ostéocondensée et ponctuée de zones variablement calcifiées.
Évolution : Bénigne, nécessite un traitement chirurgical, la radiothérapie est contre-indiquée.

1-3- Chondrome (Enchondrome)

Tumeur exceptionnelle au niveau des maxillaires, l’homme de 50 à 60 ans au niveau de la région antérieure du maxillaire supérieur.

Clinique :
Révélée par une tuméfaction indolore.

Bilan radiologique :
Une ostéolyse diffuse sans ostéocondensation périphérique.

Histologie :
Des cellules chondrocytaires, chacune contenue dans une logette au sein d’une matrice cartilagineuse.

Traitement chirurgical :
Repose sur l’exérèse qui doit être complète (sous peine de récidives), mais conservatrice.

1-4- Chondroblastome

Fréquent au niveau du condyle mandibulaire chez l’homme jeune (avant 25 ans).

Radiologie :
Se manifeste par une tuméfaction et par une ostéolyse mal circonscrite parfois parsemée de calcifications.

Histologie :
Il y a une prolifération chondroblastique mêlée à des cellules géantes ostéoclastiques dans une trame conjonctive de type chondroïde parsemée de petites calcifications.

Traitement chirurgical :
Doit être complet sous peine de récidives.

1-5- Fibrome Chondromyxoïde

Tumeur bénigne siégeant dans la métaphyse des os longs, elle touche quasi exclusivement la mandibule. Elle touche préférentiellement la femme de 20 ans.

Clinique :
Une tuméfaction douloureuse.

Radiologie :
Une radioclarté lobulée, bien circonscrite, entourée d’une zone d’ostéosclérose.

Traitement :
Chirurgical avec risques de récidives s’il n’est pas curatif d’emblée.

1-6- Fibrome Desmoplastique (Desmoplastic Fibroma)

Pseudo-tumeur fibroblastique, d’évolution bénigne, elle peut survenir à tout âge, sans prédisposition de sexe. Ses sièges de prédilection sont les fascias abdominaux et palmoplantaires, puis la région cervicale (glande sous-mandibulaire, plancher buccal, langue). Le siège mandibulaire est exceptionnel. Environ 86 % des cas gnathiques surviennent à la mandibule, avec une prédilection pour la région des branches et de l’angle.

Signes cliniques :
Se manifeste sous la forme d’une tuméfaction osseuse indolore, parfois d’évolution rapide.

Signes radiologiques :
On note un foyer d’ostéolyse mal limité.

2- Tumeurs Fibro et Chondro-Osseuses

2-1- Fibrome Ossifiant

Le fibrome ossifiant et le fibrome cémentifiant représentent une seule et unique entité tumorale. Cette lésion, observée entre l’âge de 20 et 30 ans, est caractérisée par une tuméfaction d’évolution lente du secteur osseux intéressé. Elle s’accompagne de déplacements dentaires, voire plus rarement de rhizalyse.

Bilan radiologique :
Objective une image bien circonscrite de tonalité variable selon la proportion de tissu osseux dont elle se compose.

Histologie :
On y trouve de nombreux fibroblastes dans un tissu conjonctif avec l’édification d’une substance calcifiée d’origine cémentaire ou osseuse difficile à préciser. Cette description est très semblable à celle de la dysplasie fibreuse.

Traitement :
Consiste en la simple énucléation, les récidives étant rares.

Forme particulière :
On distingue une forme particulière appelée fibrome ossifiant juvénile. Elle se différencie du fibrome cémento-ossifiant par son potentiel destructeur plus important et sa récidive.

2-2- Dysplasie Cémento-Osseuse

La dysplasie cémento-osseuse est une affection fibro-osseuse qui se manifeste dans les zones porteuses de dents des mâchoires. En raison de son association fréquente avec les racines des dents, et des preuves microscopiques montrant la production d’os et d’un produit ressemblant à du cément, la théorie veut que ces lésions proviennent des cellules du ligament parodontal.

On distingue trois types :

  1. Dysplasie Osseuse Périapicale (DOP) :
    La dysplasie osseuse périapicale (DOP) est la forme la plus courante de dysplasie osseuse. Elle se manifeste typiquement dans la région antérieure du maxillaire inférieur.
  2. Dysplasie Osseuse Focale (DO Foc) :
    La dysplasie osseuse focale est retrouvée essentiellement chez des femmes de race noire. L’image est généralement unique, en regard de l’apex de plusieurs dents postérieures ou sur un site d’une ancienne extraction.
  3. Dysplasie Osseuse Floride (DOF) :
    La dysplasie osseuse floride représente la forme la plus grave de la dysplasie cémento-osseuse. Les patients développent des lésions multifocales qui peuvent concerner les quatre quadrants des mâchoires. L’atteinte mandibulaire est généralement plus importante et plus étendue que l’atteinte maxillaire. Les lésions sont limitées à l’os alvéolaire, sont bilatérales et symétriques.

2-3- Fibrome Non Ossifiant

Cette lésion survient principalement chez les enfants, presque exclusivement au sein des os longs, la localisation au sein des maxillaires est exceptionnelle.
Pronostic : Bénin, traité par curetage chirurgical simple. Des régressions spontanées ont été rapportées.

3- Tumeurs et Pseudotumeurs Riches en Cellules Géantes

3-1- Granulome Central à Cellules Géantes (Granulome Gigantocellulaire Central, Granulome Réparateur à Cellules Géantes)

3-2- Tumeur à Cellules Géantes (Tumeur à Myéloplaxes)

3-3- Tumeurs Brunes de l’Hyperparathyroïdie

3-4- Chérubisme (Maladie Kystique Multiloculaire Familiale des Maxillaires)

Elles représentent à peu près 10 % des lésions bénignes des maxillaires. Elles siègent exclusivement dans les maxillaires, et presque toujours dans la région alvéolaire dentée, avec une prédominance pour la région symphysaire mandibulaire chez des sujets de moins de 30 ans.

Cliniquement :
Une tuméfaction osseuse recouverte d’une tuméfaction brunâtre. Les dents implantées dans la lésion sont très mobiles mais gardent leur vitalité, il n’y a jamais de perturbations de la sensibilité nerveuse.

Radiologiquement :
Conférant un aspect géométrique en « nid d’abeilles ». On peut aussi retrouver un aspect « soufflé » de la mandibule.

Évolution locale :
Au niveau des maxillaires peut parfois être très agressive.

Traitement :
Chirurgical, consistant en un curetage de la lésion et éventuellement comblement. Les dents pourront être conservées après traitement endodontique. Mais les récidives sont possibles et surviennent dans à peu près 17 % des cas.

4- Kystes Osseux

4-1- Kystes Osseux Anévrismal (Aneurysmal Bone Cyst)

C’est une lésion bénigne, habituellement solitaire, caractérisée par une cavité intra-osseuse uni- ou pluriloculaire au contenu hématique séparés par des septa fibreux ou osseux (lésion ancienne) contenant des cellules géantes de type ostéoclaste. Le terme anévrismal a été utilisé pour évoquer l’aspect soufflé des lésions.

Le kyste anévrismal est également caractérisé par son association avec une autre tumeur ou dystrophie osseuse bénigne dans un tiers des cas : dysplasie fibreuse, fibrome cémento-ossifiant, granulome réparateur à cellules géantes.

4-2- Kyste Osseux Simple (Simple Bone Cyst)

Synonymes : Kyste osseux traumatique ; kyste osseux hémorragique ; kyste osseux unicaméral ; kyste osseux solitaire.

Le kyste osseux simple (KOS) est une cavité intra-osseuse dépourvue de revêtement épithélial et qui est soit vide, soit remplie de liquide séreux ou sanguin.

Étiologie :
Un lien a été suspecté entre un traumatisme et la survenue de ce kyste. L’hémorragie causée par ce kyste serait ensuite résorbée pour laisser persister une cavité. Pour d’autres auteurs notamment de l’OMS, l’étiologie est inconnue. Le traumatisme ne semble pas jouer de rôle ; l’incidence chez les patients ayant des antécédents de traumatisme est la même que dans la population générale.

Localisation :
Ils sont plus fréquents dans les os longs, généralement le fémur ou l’humérus. Lorsque les mâchoires sont touchées, les cavités se trouvent presque exclusivement dans la mandibule.

V- Traitement

Il est essentiellement chirurgical qui peut être conservateur ou radical.

1- Traitement Chirurgical Conservateur

1-1. Énucléation, Curetage

Vise à extirper la totalité de la tumeur en préservant les dents et le maximum de tissu osseux ainsi que les éléments le traversant. L’incision intéresse le revêtement mucopériosté.
La trépanation osseuse est réalisée prudemment et de dimension suffisante.
L’énucléation réalisée grâce au décolleur, permettant de cliver la paroi kystique. Certains auteurs complètent l’énucléation par une cryothérapie des parois osseuses ; applications d’eau oxygénée ou d’acide acétique de façon à irriter chimiquement les parois et les éventuels reliquats tissulaires.

1-2. Marsupialisation

Consiste à réaliser une fenêtre dans la paroi du kyste pour réduire la pression intra-kystique et permettre ainsi à la cavité de diminuer progressivement de taille.
Une technique tout à fait équivalente à la « décompression ».
Une biopsie doit être réalisée à l’occasion de ce premier temps opératoire.
Cette technique facilite, de plus, le clivage du kyste car sa paroi s’épaissit pendant la phase de décompression.
L’énucléation est le traitement de choix lorsqu’elle peut être réalisée sans dommage pour les structures adjacentes.

2- Traitement Chirurgical Radical

La résection osseuse permet une exérèse tumorale en zone saine au large des limites de l’envahissement de l’os et des parties molles environnantes. Elle doit être réalisée selon un plan extrapériosté par une voie d’abord cutanée.

La résection mandibulaire peut être :

  • Segmentaire, partielle : elle épargne alors le bord postérieur mandibulaire et le bord inférieur basilaire.
  • Interruptrice avec section de ces mêmes bords.

La résection maxillaire :
Se fait par simple abord muqueux au niveau des futurs traits d’ostéotomie.

Conclusion

  • Les tumeurs bénignes des maxillaires ont une symptomatologie clinique discrète et semblable relevant de l’ordre de la bénignité.
  • La radiographie indispensable mais pas toujours spécifique à chaque tumeur.
  • L’examen histologique est parfois seul garant du diagnostic positif des tumeurs bénignes des maxillaires mais cela après une bonne réflexion et confrontation aux données cliniques et radiologiques. Ceci conduit à une attitude thérapeutique adéquate.

Les tumeurs bénignes des maxillaires: Odontogènes et non odontogènes

Voici une sélection de livres:

La photographie en odontologie: Des bases fondamentales à la clinique : objectifs, matériel et conseils pratique

Odontologie conservatrice et endodontie odontologie prothètique de Kazutoyo Yasukawa (2014) Broché

Concepts cliniques en odontologie conservatrice

L’endodontie de A à Z: Traitement et retraitement

Guide clinique d’odontologie

Guide d’odontologie pédiatrique, 3e édition: La clinique par la preuve

Les tumeurs bénignes des maxillaires: Odontogènes et non odontogènes

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