Les Dents Incluses

Les Dents Incluses

Les Dents Incluses

1. Introduction

Après la carie dentaire, classée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme un des fléaux mondiaux, et les parodontopathies, les dents incluses représentent un pôle d’intérêt majeur en odontostomatologie, compte tenu de leur fréquence élevée, souvent en rapport avec les dysharmonies dento-maxillaires. Le terme de « dent incluse » est un terme général sous lequel on classe – à tort parfois – plusieurs diagnostics anatomocliniques qu’il faut savoir différencier.

2. Définitions

2.1. Dent retenue (« dent en rétention »)

Une dent est dite retenue tant qu’elle garde un potentiel évolutif mais qu’un obstacle l’empêche de faire son évolution normale. La rétention aboutit avec la maturation de la dent à l’enclavement ou à l’inclusion.

2.2. Dent enclavée

C’est une dent retenue dans le maxillaire au-delà de la date normale de son éruption et dont le sac péricoronaire est ouvert dans la cavité buccale.

2.3. Dent incluse

C’est une dent retenue dans le maxillaire au-delà de la date normale de son éruption avec une édification radiculaire complète mais sans communication avec la cavité buccale.

2.4. Dent en désinclusion

C’est une dent primitivement incluse ou enclavée qui apparaît plus ou moins complètement dans la cavité buccale au-delà de la date normale de son éruption.

3. Fréquence

Toutes les dents peuvent être incluses (temporaires ou permanentes). Mis à part les dents de sagesse, les dents les plus fréquemment incluses sont les canines maxillaires, suivies par les incisives supérieures, les 2èmes prémolaires inférieures, la canine inférieure et les molaires.

N.B.

  • L’inclusion de la canine maxillaire est 20 fois plus fréquente que celle de la canine inférieure, et 3 fois plus souvent du côté palatin.
  • Statistiquement, les filles sont plus souvent sujettes à l’inclusion que les garçons.

4. Étiologies

4.1. Causes générales

Héréditaires et congénitales

Des inclusions multiples sont rencontrées d’une manière idiopathique, héréditaire, ou faisant partie d’un tableau clinique dans divers syndromes :

  • Trisomie 21
  • Dysostose cléido-crânienne
  • Fentes alvéolo-palatines
  • Syndrome de Binder, Crouzon, etc.

De même, l’hérédité joue un rôle important dans la disproportion entre le volume des maxillaires et celui des dents, qui peut être une cause d’inclusion.

Pathologiques et carentielles

Elle peut être liée à certaines pathologies telles que :

  • Syphilis
  • Rachitisme
  • Troubles hormonaux (trouble de l’antéhypophyse)
  • Carences en vitamines A et D, etc.

4.2. Causes locales

Morphologiques

La morphologie des maxillaires avec ses différentes cavités pneumatiques (sinus, fosses nasales, orbites), la présence de l’os spongieux très vascularisé, assurent une stabilité aléatoire des germes empilés les uns sur les autres et pouvant dévier de leur trajectoire. (Les germes forment une pyramide dont la canine est le sommet).
Ou encore la morphologie de la dent par gigantisme dentaire, dents géminées, anomalies de nombre, ou encore à la forme de la couronne et/ou racine.

Anomalies d’orientation

La canine effectue d’abord un cheminement horizontal puis vertical pour faire son éruption (la distance à parcourir du site de développement du germe au site d’éruption des canines supérieures est la plus longue des dents permanentes).

Traumatismes

En particulier sur la latérale permanente, peut déplacer la canine de sa trajectoire et la placer dans une position d’inclusion.

Infectieuses et tumorales

  • Une dent temporaire infectée qui ne se résorbe pas normalement.
  • Odontome.
  • Kystes et tumeurs péricoronaires, fissuraires, myéloplaxes, fibromes, chondromes, etc.

Mécaniques

  • Ankylose infectieuse ou traumatique : Aboutit à l’inclusion.
  • Présence d’un obstacle : Peut revêtir divers aspects : germe supplémentaire, surnuméraire, gencive hyperplasique d’aspect fibreux.
  • Par manque de place : Endognathie, dysharmonie dento-maxillaire sévère, mésio-progression des dents postérieures. La chute ou l’extraction prématurée d’une dent temporaire peut provoquer la version de dents voisines et réduire ou fermer l’espace nécessaire à l’éruption de la dent définitive.
  • Persistance de la dent temporaire : Peut provoquer l’inclusion de la dent homologue.

5. Mise en évidence d’une dent incluse

Le diagnostic d’une dent incluse est souvent fortuit et se base sur un examen radiologique, mais l’examen clinique est très important dans la présomption de l’inclusion, se basant sur les différents signes cliniques afin de mieux réagir (précocement) à l’inclusion canine (prévention/interception).

5.1. Examen clinique

Interrogatoire

  • L’état général du patient : Rechercher les différentes maladies qui peuvent être la cause de l’inclusion : maladies, troubles hormonaux, métaboliques, etc.
  • Âge :
    • Chez l’enfant : En cas d’absence de canine, il faudra prévention, récupération des espaces, élimination des odontomes, dents surnuméraires.
    • Chez l’adolescent : Persistance de dent temporaire, vérifier son état (coronaire, apical, degré de rhizalyse).
    • Chez l’adulte : Sa découverte fortuite, par ex. radio ou pour bilan prothétique.
    • Chez les personnes âgées : Apparition de la dent par résorption de l’os alvéolaire, c’est la « dent en désinclusion ».

Inspection

  • Persistance de la dent temporaire.
  • Existence d’un espace (entre latérale et prémolaire).
  • Malpositions dues à la dent incluse.
  • Déplacement du point inter-incisif.

Palpation

  • Voussure palatine → position palatine, avec absence de bosse canine (cas le plus fréquent).
  • Voussure vestibulaire → position vestibulaire.
  • Absence de voussure, signe d’une inclusion haute, palatine.

5.2. Examen radiologique

C’est à cet examen que revient le diagnostic positif de l’inclusion. Il se fait à l’aide de différentes incidences (qui peuvent être associées) et qui apporteront de précieuses informations sur l’état de la dent incluse, sa situation, et l’éventuelle thérapeutique à envisager.

  • Radiographie panoramique : C’est une radiographie de dépistage, qui permet de déceler l’inclusion et d’estimer le stade de rhizalyse de la dent temporaire homologue.
  • Téléradiographie de profil : Précise l’orientation antéro-postérieure de la racine et la situation de la dent incluse par rapport au plancher du sinus maxillaire.
  • Cliché rétroalvéolaire : Apporte des renseignements supplémentaires sur le rapport avec les dents voisines.
  • Radiographies occlusales : Donnent des renseignements précieux sur la situation vestibulo-linguale de la dent incluse et ses rapports avec les dents voisines, dont va dépendre l’attitude thérapeutique.
  • Tomographies, scanner : Apportent, grâce au traitement par ordinateur, des images en 3D de la dent incluse, de sa position et de ses rapports avec les structures et dents voisines.

6. Complications des inclusions

Complications mécaniques

  • Trouble de l’articulé et malpositions.
  • Instabilité des prothèses. Ou chez l’enfant, fracture des plaques amovibles (orthodontiques).
  • Résorption des racines voisines.
  • Fragilisation osseuse : peut induire des fractures.

Complications infectieuses

  • Dentaires : Carie de la dent incluse et de la dent adjacente.
  • Péridentaires : Péricoronarites sous-muqueuse ou plus profonde qui peut évoluer vers l’ostéite.
  • Sinusite : Par complication des péricoronarites.
  • Ostéites : Avec ou sans fistulisation.

Complications tumorales

Principalement kystiques, qui sont plus ou moins volumineuses.

Complications nerveuses

Sont exceptionnelles. Souvent localisées, parfois diffuses. Avec tableau d’algie trigéminale ou algie vasculaire.

7. Conclusion

La grande variété des formes cliniques, du siège et des étiologies des inclusions dentaires impose au praticien de savoir les différencier, afin d’apporter la réponse adéquate à chaque cas.

Les Dents Incluses

  Une bonne hygiène bucco-dentaire repose sur un brossage efficace et l’usage régulier du fil dentaire.
Le diagnostic précoce des caries permet des soins moins invasifs et une meilleure conservation dentaire.
Maîtriser les techniques d’anesthésie locale améliore le confort du patient pendant les soins.
Les maladies parodontales demandent une approche pluridisciplinaire pour prévenir la perte dentaire.
L’occlusion influence la mastication et l’équilibre de l’articulation temporo-mandibulaire.
Les progrès en implantologie offrent des solutions durables et esthétiques pour les dents absentes.
Bien communiquer avec le patient favorise sa compréhension et son adhésion au traitement proposé.
 

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