L’OS ALVEOLAIRE (Parodontologie)
Introduction
L’os alvéolaire, ou procès alvéolaire, est un élément essentiel du parodonte, constitué par l’extension des os maxillaires et mandibulaires qui forment et soutiennent les alvéoles dentaires. Principal tissu de soutien de l’organe dentaire, cet os naît et disparaît avec la dent, épousant parfaitement sa forme. Il se distingue de l’os basal par sa spécificité fonctionnelle, ce qui en fait une structure prioritaire à préserver pour le parodontologiste.
Embryologie et histogenèse
À la fin du deuxième mois de la vie intra-utérine, les germes dentaires sont enchâssés dans une gouttière orientée vers le milieu buccal.
- L’os alvéolaire se développe lors de la formation de la racine dentaire à partir d’un blastème mésenchymateux squelettogène.
- Les cellules mésenchymateuses se différencient en ostéoprécurseurs, puis en ostéoblastes.
- Les ostéoblastes sécrètent une matrice ostéoïde, minéralisée par des cristaux d’apatite, formant un tissu osseux primitif.
- Cette matrice organique est composée de fibres collagéniques à orientation multiple.
- Par remodelage (résorption ostéoclastique et apposition ostéoblastique), un tissu osseux lamellaire bien différencié se forme, avec des fibres de collagène parallèles.
- Lors de l’éruption dentaire, les cellules du sac folliculaire se transforment en ostéoblastes, édifiant la paroi alvéolaire incorporant les fibres de Sharpey du ligament alvéolo-dentaire.
Structure anatomique
La structure de l’os alvéolaire dépend de plusieurs facteurs :
- L’anatomie des dents (uni- ou pluriradiculaires).
- La position des dents sur l’arcade.
- Les stimulations fonctionnelles occlusales.
- Les conditions physico-chimiques.
- L’anatomie vasculaire.
L’os alvéolaire est constitué des éléments suivants :
- Les corticales (tables osseuses).
- Les alvéoles dentaires.
- Les septa interdentaires et interradiculaires.
- La crête marginale de l’alvéole (crête alvéolaire).
Les corticales
Les corticales des procès alvéolaires prolongent les tables osseuses externe et interne de la mandibule et la corticale externe maxillaire. Elles sont formées de tissu osseux compact. Leur épaisseur est plus réduite au maxillaire qu’à la mandibule, et plus fine dans les régions antérieures que postérieures des arcades alvéolaires.
Les alvéoles dentaires
Les alvéoles dentaires sont des logettes situées entre les corticales externe et interne. Leur forme et profondeur dépendent de l’anatomie, de la longueur de la racine, de la position de la dent et de sa fonction occlusale. Dans le cas des dents pluriradiculées, elles sont cloisonnées par des septa interradiculaires.
La paroi alvéolaire, ou paroi ligamentaire, est une fine couche de tissu osseux (100 à 200 μm) tapissant l’alvéole et entourant la surface radiculaire. Les fibres du desmodonte y sont insérées sous forme de fibres de Sharpey, conférant un aspect d’os fasciculé. Cette paroi, riche en canaux vasculaires, est qualifiée de lame cribliforme ou lame criblée.
- Dans les régions antérieures maxillaires et mandibulaires, la paroi alvéolaire fusionne souvent avec les corticales, sans tissu osseux spongieux intermédiaire.
- Dans les secteurs prémolo-molaires, du tissu osseux spongieux peut être interposé.
Radiographiquement, cette paroi apparaît comme la lamina dura, une ligne blanche radio-opaque entourant chaque racine à une distance quasi constante.
Les septa interdentaires et interradiculaires
- Septa interdentaires : Situés entre chaque alvéole, ils sont pyramidaux dans les régions antérieures et aplatis, plus épais, dans les régions postérieures.
- Septa interradiculaires : Ils compartimentent les alvéoles des dents pluriradiculaires.
Ces septa sont parcourus de canaux transportant vaisseaux sanguins, lymphatiques et nerfs interradiculaires.
La crête marginale de l’alvéole (crête alvéolaire)
La crête alvéolaire est la ligne de jonction entre les corticales et l’os de la paroi alvéolaire. Sur les faces vestibulaire, palatine ou linguale, elle présente un aspect festonné, légèrement arrondi en bourrelet ou très effilé comme une lame de couteau.
Chez le jeune adulte, la crête alvéolaire est située à environ 0,96 à 1 mm de la jonction émail/cément, et à 1 à 2 mm dans les régions postérieures. Cette distance augmente avec l’âge et l’hypofonction occlusale. Les malpositions dentaires modifient son profil.
Le périoste
Le périoste est une membrane fibreuse blanchâtre recouvrant la surface externe de l’os, auquel elle adhère. Il est constitué de deux couches :
- Une couche externe riche en fibres et vaisseaux sanguins.
- Une couche interne ostéoprogénitrice contenant des ostéoblastes, jouant un rôle clé dans les remaniements osseux.
Composition chimique du tissu osseux alvéolaire
Le tissu osseux alvéolaire est composé de deux fractions : minérale et organique.
La fraction organique
Représentant 21 % du poids sec, elle est majoritairement composée de collagène de type I (90 à 95 %). Le reste inclut :
- L’ostéopectine, reliant le collagène à l’apatite.
- L’ostéocalcine, liant le calcium.
- Des protéines osseuses non spécifiques.
- Des glycosaminoglycanes et sialoprotéines.
- Des lipides, jouant un rôle dans l’initiation de la minéralisation.
La fraction minérale
Constituant 70 % du poids, elle est principalement formée de calcium, phosphate, magnésium, carbonates et eau. Les sels principaux sont le phosphate tricalcique, le carbonate calcique et le phosphate de magnésium, majoritairement sous forme de cristaux d’hydroxyapatite (Ca₂)₁₀(PO₄)₆(OH)₂. Le tissu osseux contient 98 % du calcium de l’organisme, jouant un rôle majeur dans le métabolisme minéral. L’eau représente 8 à 10 % du volume total.
Structure histologique
Caractères histologiques communs avec les autres tissus osseux
L’os alvéolaire partage des caractéristiques avec les autres tissus osseux, qu’ils soient compacts ou spongieux, avec une matrice minéralisée et des cellules.
Substance osseuse
La substance osseuse est constituée de fibrilles à striation périodique, groupées en faisceaux parallèles. Les cristaux d’hydroxyapatite, de forme hexagonale (3 à 7 μm d’épaisseur, 40 à 50 μm de longueur, 20 à 40 μm de largeur), se répartissent régulièrement sur les fibres.
Cellules
- Ostéoblastes : Dérivés de cellules mésenchymateuses, ils synthétisent la matrice ostéoïde et assurent sa minéralisation. Ils possèdent de nombreuses mitochondries, un ergastoplasme granulaire abondant et un appareil de Golgi développé. Des vésicules matricielles à leur surface libèrent des cristaux dans la matrice.
- Ostéocytes : Ostéoblastes emprisonnés dans la matrice, logés dans des ostéoplastes. Leurs prolongements cytoplasmiques s’anastomosent via des « gap-junctions », jouant un rôle dans le transfert du calcium.
- Ostéoclastes : Cellules plurinucléées (2 à 100 noyaux) responsables de la résorption osseuse. Situés dans des lacunes de Howship, ils possèdent une bordure en brosse et sécrètent des enzymes protéolytiques (collagénase).
Structure histologique propre de l’os alvéolaire
Les corticales
Les corticales sont formées de tissu osseux lamellaire à la périphérie et d’os haversien en profondeur.
- Périphérie : Composée de 5 à 6 lamelles osseuses concentriques incluant les fibres du périoste, avec des ostéocytes régulièrement disposés.
- Profondeur : Os haversien formé d’ostéons, chacun avec un canal de Havers (50 μm de diamètre) entouré de 10 à 15 lamelles. Les canaux de Volkmann relient les ostéons, contenant vaisseaux et tissu conjonctif.
Tissu osseux spongieux des septa
L’os spongieux est constitué de travées anastomosées, séparées par des lacunes contenant la moelle osseuse.
Paroi de l’alvéole (paroi ligamentaire)
Caractérisée par les fibres de Sharpey du ligament parodontal, cette paroi est percée de larges canaux permettant des échanges entre le ligament et les espaces médullaires. Les fibres collagènes sont de deux types :
- Fibres intrinsèques : Synthétisées par les ostéoblastes, de 1 à 2 μm de diamètre, parallèles à la surface osseuse et incrustées de cristaux d’hydroxyapatite.
- Fibres extrinsèques : Produites par les fibroblastes du ligament, perpendiculaires à la paroi osseuse, s’arrêtant à la jonction os compact/spongieux.
La surface est tapissée d’ostéoblastes et ostéoclastes, assurant un remodelage permanent.
Vascularisation
La vascularisation principale des procès alvéolaires est assurée par :
- Au maxillaire : l’artère alvéolaire.
- À la mandibule : l’artère dentaire.
Ces artères proviennent de l’artère maxillaire interne, branche de la carotide externe. La vascularisation secondaire inclut :
- Les artères des septa interalvéolaires.
- Les artérioles périostées des corticales.
- Les artérioles ligamentaires (ramifications des artères dentaires et alvéolaires).
Innervation
L’os alvéolaire est innervé par :
- À la mandibule : le nerf dentaire inférieur.
- Au maxillaire : les nerfs dentaires antérieur, moyen et postérieur.
Physiologie de l’os alvéolaire
Remodelage et remaniements du tissu osseux
L’os alvéolaire est résorbé par les ostéoclastes dès qu’il est soumis à un stimulus (fonction occlusale, déplacements dentaires). Ce processus est géré par des unités fonctionnelles multicellulaires indépendantes, expliquant la variabilité des surfaces osseuses (quiescence, ossification, ostéolyse).
Interactions entre fonction occlusale et os alvéolaire
L’os alvéolaire soutient les dents lors de la fonction occlusale.
- Hypofonction occlusale : Entraîne un rétrécissement du ligament, une apposition osseuse sur la paroi alvéolaire et les crêtes des septa, une diminution du nombre de travées, et une atrophie fonctionnelle.
- Surcharge occlusale : Provoque une résorption osseuse sur la surface ligamentaire, compensée par une apposition dans le tissu spongieux des septa.
Le « turnover » du tissu osseux
L’os alvéolaire subit un remodelage permanent, initié dès la période embryonnaire et poursuivi à l’âge adulte, équilibrant ostéogenèse et ostéolyse. Ce processus est régulé par les ostéoblastes, ostéocytes, ostéoclastes, et des facteurs comme la parathormone, la calcitonine et la vitamine D.
Sénescence de l’os alvéolaire
Avec l’âge, l’os alvéolaire subit une atrophie progressive :
- Amincissement des corticales.
- Réduction du nombre et de l’épaisseur des travées spongieuses.
- Déminéralisation.
- Diminution des zones de remaniement actif.
- Abaissement de la crête alvéolaire.
Cette usure physiologique est la principale cause de la chute des dents chez les personnes âgées.
Anomalies de l’os alvéolaire
Les anomalies sont souvent liées à la forme et à l’implantation des racines :
- Fenestration : Zone où l’os sec de la racine dentaire apparaît au milieu de la table alvéolaire, recouvert directement par la gencive ou la muqueuse alvéolaire.
- Déhiscence : Accentuation du feston de la crête alvéolaire, formant une échancrure.
Conclusion
Principal élément de l’appareil d’ancrage de l’odonte, l’os alvéolaire est une structure de référence pour le parodontiste, qu’il convient de préserver en priorité.
L’OS ALVEOLAIRE (Parodontologie)
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L’OS ALVEOLAIRE (Parodontologie)

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.
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