LES FACTEURS BIO-MÉCANIQUES EN PROTHÈSE TOTALE ADJOINTE (Prothèse Dentaire)
I. Introduction
La préoccupation majeure d’un édenté total est de savoir si sa prothèse va tenir ou non !! Celle du praticien est le rétablissement des différentes fonctions, à savoir la mastication, la déglutition, la phonation et l’esthétique ; d’où la recherche d’un équilibre statique et dynamique des bases prothétiques.
- Cet équilibre est sous la dépendance de trois facteurs interdépendants : la rétention, la stabilité, et la sustentation (triade de Housset).
II. Rappel anatomique sur les glandes salivaires
Les sécrétions salivaires sont assurées en grande partie par les glandes salivaires principales ou extrinsèques, à savoir la parotide, la sous-maxillaire et la sublinguale, et accessoirement par des glandes salivaires intrinsèques.
1. Les glandes extrinsèques
- La parotide :
C’est une glande volumineuse, située entre le méat acoustique et la région ptérygomaxillaire. Cette glande draine sa salive à travers le canal Sténon, qui s’ouvre dans la joue en regard de la deuxième molaire supérieure. - La sous-maxillaire :
Elle est plus petite que la précédente, située dans la région sous-mylohyoïdienne ; elle s’ouvre par son canal excréteur, le Wharton, à la base du frein lingual. - La sublinguale :
Elle occupe la loge sublinguale, alimentant la cavité buccale par sa salive via le canal Rivinus.
2. Les glandes intrinsèques
Ce sont des glandes accessoires, petites, nombreuses, situées dans les muqueuses buccales, à savoir :
- Labiale
- Jugale
- Linguale
- Palatine
III. Les facteurs bio-mécaniques
1. La rétention
Définition :
Selon Batarec, la rétention est « l’ensemble des forces qui s’opposent à la séparation entre la prothèse et les structures d’appui ».
a. Les facteurs physiques intervenant dans la rétention
- L’adhérence :
C’est la force qui unit deux corps (ou deux substances) lorsqu’ils sont mis en contact intime l’un avec l’autre.- Cette force est appelée cohésion lorsque les molécules des deux corps sont de même nature.
- Lorsque les molécules des deux corps sont de nature différente, on l’appellera adhésion.
- Exemple : Dans un verre d’eau, les molécules d’eau s’attachent entre elles par cohésion, et elles adhèrent à la surface du verre.
- La tension superficielle :
Comme l’indique son nom, c’est une force qui concerne les molécules superficielles d’un liquide, qui sont d’un côté en contact avec les autres molécules du même liquide et de l’autre côté en contact avec l’air.- La surface du liquide en contact avec l’air est le siège d’une tension : une molécule de surface est soumise aux forces latérales d’attraction qui correspondent à l’attraction vers l’intérieur par les autres molécules. Cette attraction n’est pas équilibrée, il en résulte que toutes les molécules de surface possèdent une énergie potentielle déterminée, qui est la tension superficielle.

- La mouillabilité :
- C’est la tendance d’un solide à se couvrir de liquide, avec pour effet l’adhésion du liquide sur le solide.
- La mouillabilité d’un solide dépend de son énergie de surface et de la tension superficielle du liquide :
- Si l’énergie de surface du solide est supérieure ou égale à la tension superficielle du liquide, meilleure est la mouillabilité.
- Cette mouillabilité est représentée par l’angle de raccordement des molécules du liquide avec le solide (noté B) :
- B ≥ 90° : Liquide non mouillant.
- B ≤ 90° : Liquide mouillant.

- La capillarité :
- Phénomène d’ascension des liquides dans les tubes fins, dû à la tension superficielle.
- L’ascension est moins importante quand le tube est plus large (exemple : un bac). Cette ascension se produit aux périphéries du bac.
- La surface d’un liquide placé dans un large bac est pratiquement horizontale, du fait de la pesanteur, sauf à sa périphérie où elle se déforme au voisinage des parois. La partie déformée du liquide est appelée ménisque.
- La direction du ménisque dépend des phénomènes de mouillabilité :
- Liquide non mouillant (ex. : mercure).
- Liquide mouillant (ex. : eau).

- La pression atmosphérique :
- Du point de vue physique, c’est le poids de la colonne d’air au sol par unité de surface, soit la pression exercée par la couche d’air qui entoure la Terre sur les corps.
b. L’interdépendance des facteurs

- Le meilleur exemple est celui des deux plaques de verre :
- Ménisque
- Liquide mouillant
- Plaques de verre
- Cohésion (entre les molécules du liquide)
- Adhésion (entre le liquide et le solide)
- Pression atmosphérique
- Si une force tend à séparer les deux plaques, il se forme un joint à la périphérie des plaques qui protège l’adhésion des plaques. Cette protection est fonction des forces de séparation ; si ces dernières deviennent très importantes, le joint est rompu, et les plaques se séparent.
- La même chose se passe entre la prothèse et les surfaces d’appui :
- En bouche, la salive mouille l’intrados de la prothèse et les surfaces d’appui, ce qui crée une adhésion en fonction du film salivaire créé entre l’intrados de la prothèse et les surfaces d’appui, entraînant la création du ménisque.
- L’adhésion est d’autant plus importante que le contact entre la muqueuse et l’intrados est plus étroit et étendu.
- La base prothétique, mouillée par la salive, développe avec la muqueuse d’appui des forces d’attraction par adhésion, quantifiées par la loi de Staniz :
Selon Staniz :
F = 2Y · S / e
- F = la rétention
- Y = la tension superficielle
- S = la surface de contact
- e = l’épaisseur du film salivaire
2. La stabilité
Définition :
Selon Batarec, c’est l’ensemble des forces qui s’opposent aux mouvements de translation horizontale ou de rotation de la prothèse.
a. Les éléments anatomiques
- L’infrastructure osseuse et les fibromuqueuses contribuent par leurs anatomies, leurs reliefs et leurs qualités physiques à la stabilisation des prothèses en favorisant la rétention et la sustentation :
- Fibromuqueuse dense et adhérente.
- Crête large, haute, avec des versants parallèles.
- Tubérosité bien formée.
b. Les rapports occlusaux
- L’exactitude des rapports intermaxillaires avec une occlusion entièrement équilibrée confère à la prothèse une stabilisation maximale lors des fonctions.
- Toute occlusion déséquilibrée nuit à la stabilisation de la prothèse et provoque une résorption accélérée.
- Un montage mal fait, avec une mauvaise position des dents par rapport au grand axe des crêtes, nuit également à la stabilité.
c. Les facteurs neuromusculaires
- L’action neuromusculaire est étroitement liée à la stabilité des prothèses. D’après les travaux de Brill et ses collaborateurs :
- Une anesthésie de la muqueuse buccale entraîne une diminution considérable de la rétention :
- Par absence de l’assistance musculaire.
- Par désorganisation de la stéréognosie.
- Une anesthésie de la muqueuse buccale entraîne une diminution considérable de la rétention :
3. La sustentation
Définition :
C’est la réaction qui s’oppose aux forces axiales tendant à enfoncer la prothèse dans ses tissus d’appui (E. Batarec). C’est une réaction qui exige une résistance des tissus à la compression et une résistance des matériaux de réalisation de la prothèse.
a. Facteurs de la sustentation
- L’étendue des surfaces d’appui :
- Des études ont démontré qu’en moyenne, la surface d’appui maxillaire est de 24 cm², et à la mandibule, elle est de 14 cm² en moyenne.
- Les qualités intrinsèques des muqueuses d’appui :
- Composition histologique, propriétés viscoélastiques et hémodynamiques ; plus ces propriétés sont de qualité élevée, meilleure sera la sustentation.
- L’os :
- Offre par défaut une sustentation de qualité, sauf au niveau des zones douloureuses ou sensibles telles que les torus et les foramens.
IV. Valorisation des facteurs biomécaniques au cours du traitement
- Examen clinique :
- La mise en condition et la chirurgie pré-prothétique peuvent être d’un apport très important dans l’amélioration des conditions anatomophysiologiques des structures buccales, qui, par leur état, favorisent l’amélioration des facteurs biomécaniques.
- Empreintes primaires :
- Les matériaux d’empreinte influencent les facteurs biomécaniques par leurs propriétés : plus les matériaux sont compressibles, plus l’empreinte est muco-dynamique, et les tissus seront comprimés et déplacés.
- Empreintes secondaires :
- En rapport avec la qualité du porte-empreinte individuel, de son essayage et de son ajustage, de la qualité du joint périphérique, de l’empreinte des surfaces d’appui, ainsi que des matériaux utilisés.
- Enregistrement de l’occlusion :
- Qualité des maquettes d’occlusion.
- Montage des dents :
- Type de montage.
- Essayage du montage :
- Présence d’interférences et de prématurités.
- Finition :
- Finition physiologique.
- Bourrage et polymérisation :
- Absence de défauts de manipulation.
- Dégrossissage et finition :
- Préservation de la forme du joint.
- Livraison et conseils post-opératoires :
- Fournir des recommandations adaptées.
- Contrôle et maîtrise des doléances :
- Suivi des plaintes des patients pour ajustements éventuels.
V. Conclusion
Les travaux de recherche sur une meilleure rétention des prothèses totales n’ont pas cessé depuis les ventouses de Godard en 1896, jusqu’à nos jours avec les implants…
LES FACTEURS BIO-MÉCANIQUES EN PROTHÈSE TOTALE ADJOINTE (Prothèse Dentaire)
Voici une sélection de livres:
Parodontologie Relié – 1 novembre 2005
Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011
Parodontologie Broché – 19 septembre 1996
MEDECINE ORALE ET CHIRURGIE ORALE PARODONTOLOGIE
Parodontologie: Le contrôle du facteur bactérien par le practicien et par le patient
Parodontologie clinique: Dentisterie implantaire, traitements et santé
Parodontologie & Dentisterie implantaire : Volume 1
Endodontie, prothese et parodontologie
La parodontologie tout simplement Broché – Grand livre, 1 juillet 2020
LES FACTEURS BIO-MÉCANIQUES EN PROTHÈSE TOTALE ADJOINTE (Prothèse Dentaire)

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.