L'édentement total uni-maxillaire (Prothèse Dentaire)

L’édentement total uni-maxillaire (Prothèse Dentaire)

L’édentement total uni-maxillaire (Prothèse Dentaire)

Introduction

La réalisation d’une prothèse amovible complète unimaxillaire opposée à une arcade partiellement ou totalement dentée pose de nombreuses difficultés. Il s’agit du traitement prothétique le plus compliqué à résoudre pour le praticien. En prothèse amovible complète unimaxillaire, la présence de dents naturelles oblige le praticien à considérer le plan d’occlusion de l’arcade dentée par rapport au plan d’occlusion prothétique souhaité.

Définition

L’édentement total uni-maxillaire signifie que l’une des deux arcades est totalement édentée face à une arcade partiellement ou totalement dentée.

Formes cliniques

  • Arcade édentée totale : intéresse soit le maxillaire ou la mandibule.
  • Antagoniste : arcade partiellement ou totalement dentée, symétrique ou asymétrique.
  • La situation la plus fréquente est une arcade maxillaire édentée opposée à une arcade mandibulaire présentant un édentement de classe I de Kennedy avec persistance du bloc incisivo-canin.

Caractéristiques de l’édentement total uni-maxillaire

  • Une arcade dentée présentant une proprioception parodontale et une arcade totalement édentée uniquement avec une extéroception muqueuse. Cette dernière est moins efficace tant par le nombre de récepteurs que par le seuil de sensibilité. Donc, il existe une différence de sustentation entre les deux arcades, à l’origine de forces excessives transmises à la crête édentée, pouvant engendrer un certain nombre de conséquences néfastes telles que :
    • Les blessures sous-prothétiques.
    • Les fractures de la prothèse amovible complète.
    • Les résorptions excessives de la crête édentée suivies d’une instabilité prothétique.
  • Les couloirs prothétiques sont généralement décalés par les phénomènes de résorption qui sont :
    • Centrifuges à la mandibule dans les secteurs postérieurs.
    • Centripètes dans la zone antérieure ainsi que sur l’ensemble de l’arcade maxillaire.
  • La plupart du temps, les édentations successives et progressives ont provoqué des versions, rotations et surtout des égressions, l’arcade s’en trouve très perturbée :
    • Le plan d’occlusion inadapté : sa hauteur, son orientation, une asymétrie.
    • Les courbes de compensation sont rarement satisfaisantes pour l’établissement du concept occlusal choisi.
    • Une difficulté d’ordre esthétique : il faut obtenir une concordance de dimension, de forme, et de couleur.

Solutions thérapeutiques

Pour l’arcade totalement édentée

  • Prothèse complète fixée sur implant.
  • Prothèse amovible complète supra-implantaire (PACSI).
  • Prothèse amovible complète conventionnelle.

Pour l’arcade partiellement édentée

  • Prothèse fixée (dento-portée ou implanto-portée).
  • Prothèse composite.
  • Prothèse partielle métallique adjointe (PPMA).

1. Édentement total unimaxillaire opposé à un édentement naturel complet

6.1 Éléments généraux de diagnostic

  • Le genre : L’appareillage sera plus aisé chez une femme que chez un homme. Chez l’homme, il existe moins de capacité naturelle à supporter un corps étranger.
  • L’âge : Plus le patient est âgé et édenté de longue date, moins est la nécessité de faire une restauration prothétique (les difficultés d’adaptation sont plus importantes).
  • Le comportement : Le réflexe nauséeux – l’allergie.

6.2 Éléments locaux de diagnostic

  • Valeur prothétique de la surface d’appui : La surface d’appui sera soumise à des pressions supérieures à celles qui s’exerceraient sur elle si l’arcade inférieure était artificielle. La direction des forces est également différente. Les forces seront projetées en autant de directions qu’il y a des dents naturelles. Opposée à une telle menace pour son intégrité, la surface d’appui peut se présenter sous des aspects différents et nous imposer une technique d’empreinte différente.
  • Tonicité des organes périphériques : Une mise en condition tissulaire et articulaire s’impose avant tout appareillage. Elle s’effectuera par le biais d’une prothèse transitoire.
  • Schéma occlusal de l’arcade naturelle : En prothèse complète unimaxillaire, les fréquentes perturbations occlusales liées à l’arcade dentée imposent une analyse de l’orientation du plan d’occlusion. L’objectif de cette correction est d’obtenir une répartition harmonieuse des charges occlusales ainsi qu’une stabilité prothétique en relation centrée et lors des mouvements de diduction. Différentes techniques, telle que la calotte, sont à notre disposition pour évaluer les perturbations du plan d’occlusion.
    • Faire d’abord un moulage de l’arcade dentée. Il convient de la mettre en place, d’abord au niveau du repère anatomique postérieur (½ du trigone rétromolaire), et de la rabattre, sa face convexe sur les surfaces occlusales des dents mandibulaires. Elle nous renseignera sur les anomalies de position des cuspides des dents inférieures. Elle permet de déceler et d’éliminer les cuspides en malposition. La surface occlusale des dents postérieures doit être tangente à la calotte sphérique.
    • Dans le cas d’une perturbation du plan d’occlusion, cette méthode permet d’évaluer les sous-occlusions ou les sur-occlusions existantes.

Le montage des dents

1. Le montage des dents antérieures

  • Ne jamais chercher à normaliser le rapport inter-arcade sans perturber la phonation : « Fe et Ve », « Te et De » et les sifflantes « Se et Che ».
  • En PAC uni-maxillaire, le contrôle occlusal doit être fréquent car l’égression possible des dents restantes et surtout du groupe incisivo-canin inférieur peut générer une instabilité occlusale et une résorption osseuse importante liée à la surcharge antérieure.
  • La crête antérieure maxillaire risque de se transformer en « crête flottante » très défavorable au confort et à la stabilité prothétique.
  • Dans ce cas, les contacts antérieurs apparus en relation centrée après cette égression doivent être supprimés afin de toujours conserver une béance entre les dents naturelles antérieures et la prothèse complète uni-maxillaire.

2. Le montage des dents postérieures

  • Le choix et le montage des dents postérieures comportent également des problèmes. Les habitudes de mastication se traduisent par une abrasion plus ou moins prononcée des cuspides des molaires naturelles.
  • Orienter le choix de la morphologie des dents prothétiques qui sera plutôt plate ou cuspidée selon le niveau et le type d’abrasion.
  • Pour maintenir une occlusion fonctionnelle et maintenir l’intégrité des structures occlusales des dents prothétiques et des dents restantes, il est recommandé d’opposer des matériaux dont la dureté et la résistance à l’usure sont équivalentes.
  • Les dents en céramique peuvent être opposées aux dents naturelles sans trop de risque d’altération. La très grande résistance à l’usure de la céramique incite le praticien à choisir ce matériau.
  • En PAC uni-maxillaire, le diamètre vestibulo-lingual des dents prothétiques doit également tenir compte de la largeur de la table occlusale des dents restantes antagonistes.
  • En PAC uni-maxillaire supérieure, l’inclinaison importante de l’axe inter-crête résultant de la différence de dimension entre les deux arcades impose parfois un montage croisé avec risque de morsure linguale et jugale.
  • La réalisation des courbes au niveau de l’arcade dentée pose des difficultés car elle réclame des corrections occlusales souvent refusées par le patient.

2. Édentement total supérieur opposé à un édentement partiel inférieur

Avant d’établir le plan de traitement, deux préalables s’avèrent indispensables :

  • Déterminer de façon précise la relation intermaxillaire grâce à une évaluation correcte de la dimension verticale et de la relation centrée.
  • Transférer cette relation sur un articulateur.

L’examen sera conduit dans les trois plans de l’espace

1. Dans le plan frontal

  • Dans la région antérieure, apprécier la distance séparant le bord libre des incisives inférieures du rebord alvéolaire supérieur : elle doit être au moins égale à 4 mm.
  • Dans la région postérieure : Apprécier l’inclinaison des axes inter-alvéolaires et la situation des tubérosités. Elle est idéale lorsque chaque tubérosité se trouve à égale distance du plan d’occlusion et au minimum à 3 mm de ce dernier.
  • Lorsque les distances sont inégales, le montage est mal équilibré et la charge occlusale mal répartie. La chirurgie préprothétique est conseillée.
  • Tout contact entre tubérosités et plan d’occlusion doit se traduire soit par une surélévation de la dimension verticale lorsque celle-ci est tolérée, soit par la suppression des 2èmes molaires artificielles.

2. Dans le plan sagittal

  • Un espace de 3 mm entre tubérosités et trigone est nécessaire. Si cet espace est insuffisant, la dimension verticale sera augmentée dans les limites de tolérance ou un remodelage prudent des tubérosités sera envisagé (chirurgie).

3. Dans le plan horizontal

Vu la résorption centripète du maxillaire et la résorption centrifuge de la mandibule, trois relations peuvent se présenter :

  • Une arcade édentée supérieure peu résorbée, se projetant horizontalement en dehors de l’arcade inférieure dans sa portion située entre la 1ère molaire inférieure droite et son homologue gauche. C’est le cas le plus favorable.
  • Une arcade édentée supérieure au stade moyen de résorption se projetant à l’intérieur de l’arcade inférieure très près de la ligne faîtière.
  • Une arcade édentée supérieure au stade avancé de la résorption se projetant à l’intérieur de l’arcade inférieure. Le pronostic est réservé et impose un traitement particulier.

Traitement d’un édentement total uni-maxillaire

  • En prothèse complète unimaxillaire, le problème est posé par le fait que le schéma occlusal existe déjà au niveau de l’arcade dentée qui est rarement adapté aux exigences de stabilités posées par la prothèse amovible complète. Le plan d’occlusion doit pouvoir d’une part :
    • Assurer une bonne répartition des forces occlusales sur l’ensemble des surfaces d’appui en intercuspidie.
    • Préserver la stabilité prothétique lors des mouvements excentrés.
    • Contribuer à la restauration de l’esthétique et de la phonétique.

Traitement pré-prothétique

  • Les traitements possibles de l’arcade antagoniste afin de l’adapter aux exigences de la prothèse unimaxillaire sont :
    • Une équilibration occlusale par soustraction (plastie limitée à l’émail).
    • Un traitement orthodontique.
    • Un traitement restaurateur (collage direct ou indirect).
    • Un traitement prothétique par prothèse fixée (dento ou implanto-portée) et/ou prothèse amovible.
  • En général, le patient se présente avec une dimension verticale réduite caractérisée par un proglissement mandibulaire et un abaissement des commissures. Une mise en condition musculaire et articulaire sera conduite en s’aidant d’une prothèse transitoire.
  • Le traitement préprothétique peut être chirurgical. Il concernera la régularisation des crêtes, la correction des tori mandibulaires ou de toutes exostoses douloureuses. Le remodelage des tubérosités interviendra si elles sont de volume inégal, ou quand elles interférent avec le plan d’occlusion ou avec le trigone.

Traitement prothétique

  • L’empreinte préliminaire inférieure ne suffit pas, une empreinte analytique anatomofonctionnelle sera adoptée après régularisation du bord libre des dents naturelles restantes.
  • L’empreinte secondaire du maxillaire supérieur sera analytique et sous pression digitale.
  • L’orientation du plan d’occlusion sera abordée de façon classique.
  • L’enregistrement de la relation centrée risque d’être perturbé par le réflexe de propulsion dû à la persistance du bloc incisivo-canin inférieur. Il faut supprimer tout contact antérieur par une hauteur suffisante des bourrelets, au niveau des segments édentés, afin de solliciter le réflexe d’occlusion le plus postérieur et le plus physiologique.
  • Le schéma retenu est celui de l’occlusion balancée :
    • Contacts maximaux répartis sur l’ensemble des dents postérieures en occlusion d’intercuspidie maximale (OIM).
    • Absence de contacts occlusaux sur les dents antérieures en OIM.
    • Contacts antérieurs et postérieurs lors des mouvements de propulsion mandibulaire.
    • Contacts bilatéraux dans les mouvements de latéralité.
  • Au maxillaire inférieur : Prothèse partielle métallique adjointe (PPMA).

Traitement post-prothétique

  • Maintenance occlusale pour contrôler l’absence de contact antérieur.
  • Problème de l’usure différentielle des dents artificielles en fonction de la nature des dents antagonistes.
  • Surcharge antérieure : résorption, crête flottante, fracture médiane (renforcer la base prothétique par une plaque métallique).

Erreurs fréquentes

Les erreurs les plus fréquemment retrouvées dans le traitement de l’édentement total uni-maxillaire sont :

  • La non prise en charge de l’arcade antagoniste.
  • L’adaptation de cette prothèse amovible complète à des courbes d’occlusion existantes perturbées.
  • Le montage des dents en normocclusion, notamment avec des contacts et guidages antérieurs.
  • L’absence de courbes de compensation ou courbes peu accentuées.
  • Une gestion inadaptée de ces cas entraîne généralement des phénomènes de surcharges au niveau des surfaces d’appui, pouvant conduire à une inflammation chronique, des résorptions et au final une instabilité de la prothèse. On observe souvent des crêtes flottantes au niveau du support ostéo-muqueux. Aussi, les patients se plaignent de l’inconfort des prothèses, de la difficulté pour s’alimenter et des fractures de la base prothétique.

Conclusion

Les recommandations :

  • Corriger systématiquement l’arcade antagoniste.
  • Priorité à la prothèse complète.
  • Schéma occlusal bilatéralement équilibré.
  • Conserver une béance antérieure.
  • Adapter les dents artificielles : forme, dimension, couleur, matériau.
  • Maintenance occlusale indispensable.

L’édentement total uni-maxillaire (Prothèse Dentaire)

  Une bonne hygiène bucco-dentaire repose sur un brossage biquotidien, l’utilisation de fil dentaire et des visites régulières chez le dentiste.
Les caries dentaires, causées par les bactéries de la plaque, peuvent être prévenues par une alimentation pauvre en sucres et un apport en fluorure efficace.
Le diagnostic précoce des parodontites permet d’éviter la perte osseuse et la mobilité dentaire grâce à des traitements ciblés.
Les implants dentaires offrent une solution durable pour le remplacement des dents manquantes, sous réserve d’un support osseux suffisant.
L’anesthésie locale en dentisterie doit être parfaitement maîtrisée pour optimiser le confort du patient et minimiser les risques.
Les malocclusions relèvent souvent de l’orthodontie, mais exigent un bilan clinique et radiographique approfondi avant intervention.
La prise en charge de l’anxiété en cabinet dentaire implique une approche psychologique adaptée et, au besoin, des protocoles de sédation appropriés.
 

L’édentement total uni-maxillaire (Prothèse Dentaire)

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