Le diagnostic des malocclusions de classe II
Le diagnostic des malocclusions de classe II
Introduction
La classe II d’Angle est caractérisée par une arcade inférieure en relation distale par rapport à l’arcade supérieure.
La classe II squelettique de Ballard peut être due à :
- Une rétrognathie mandibulaire ;
- Une prognathie maxillaire ;
- Ou bien l’association des deux, conduisant alors à une dysmorphose sévère.
Malocclusion de classe II division 1
Définition
La classe II division 1 d’Angle est caractérisée par une vestibulo-version des incisives supérieures, un surplomb incisif exagéré et une distocclusion de l’arcade mandibulaire. Elle est associée le plus souvent à une classe II squelettique de Ballard.
Formes cliniques
L’analyse du type facial permet de différencier trois formes cliniques :
Classe II division 1 face longue
Le type de croissance mandibulaire est de tendance rotation postérieure.
Diagnostic positif
Signes faciaux :
Le retentissement esthétique facial peut être assez sévère :
- Face longue et étroite ;
- Étage inférieur augmenté ;
- Angle goniaque ouvert ;
- Profil sous-nasal très convexe ;
- Absence souvent du stomion au repos avec déformation des téguments en « peau d’orange » à la fermeture buccale volontaire ;
- Les lèvres sont desséchées et souvent fissurées ;
- Dents plus ou moins apparentes ;
- Procheilie supérieure ;
- Lèvre inférieure hypotonique ;
- Le nez souvent de taille réduite ;
- Menton petit et fuyant dans le profil (rétrogénie) : si la responsabilité est mandibulaire.
Signes occlusaux :
Agencement intra-arcades :
- L’arcade maxillaire est en forme de V. Souvent, malgré la vestibulo-version des incisives, on relève un encombrement incisif.
- L’arcade inférieure est en forme de U dans sa partie antérieure mais elle est souvent courte.
Relations inter-arcades :
- Sens sagittal : Overjet augmenté, rapport de classe II canine et molaire ;
- Sens transversal : L’occlusion peut être normale, inversée uni- ou bilatérale (on peut constater une latéro-déviation mandibulaire en cas d’occlusion unilatérale inversée) ;
- Sens vertical : Béance antérieure fréquente. S’il n’existe pas d’interposition digitale ou linguale, une supraclusion incisive peut apparaître.
Signes téléradiographiques de profil :
- Forme mandibulaire présentant des signes de rotation postérieure de Björk ;
- FMA, angle goniaque et axe Y sont augmentés ;
- ANB augmenté avec :
- SNB diminué et/ou SNA augmenté (en fonction de la responsabilité mandibulaire, maxillaire ou mixte) ;
- AC augmenté ;
- I/F augmenté ;
- i/m normal ou augmenté.
Aspects TLR des voies aériennes supérieures (VAS) chez le respirateur buccal :
- Leur forme est « en entonnoir », élargie à double entrée à leur partie supérieure et rétrécie à leur partie inférieure ;
- La présence constante de végétations adénoïdes volumineuses et les hypertrophies amygdaliennes ;
- L’existence d’un espace clair entre la langue, le voile et le palais osseux ;
- Absence de stomion ;
- L’abaissement parfois important de l’os hyoïde.
Diagnostic étiologique
- Augmentation de l’activité des muscles rétropulseurs (chef postérieur du temporal) + réduction de la composante propulsive lors des déflections latérales du cycle masticateur de la mastication ;
- Ventilation buccale en rapport avec un encombrement pharyngé. Elle intervient par différents mécanismes : l’inocclusion labiale, l’adaptation céphalique en extension, la position basse de la langue et la réduction des sollicitations ventilatoires au niveau de l’étage nasal ;
- Déglutition atypique, allaitement au biberon ;
- La succion digitale.
Classe II division 1 face courte
Le type de croissance mandibulaire est de tendance rotation antérieure.
Diagnostic positif
Signes faciaux :
Le retentissement esthétique est moins marqué que pour la classe II/1 face longue :
- Face courte et large (carrée) ;
- Étage inférieur diminué ;
- Angle goniaque fermé ;
- Profil sous-nasal de moindre convexité par rapport à celui des cas de classe II/1 face longue ;
- Présence ou absence du stomion ;
- Dents plus ou moins apparentes ;
- Procheilie supérieure ;
- Lèvre inférieure éversée vers le bas avec un sillon labio-mentonnier et saillie mentonnière bien marqués, ou bien elle peut s’insinuer derrière les incisives supérieures (apparence de « lèvre avalée »). Elle est souvent hypertonique et s’appuie fortement contre les incisives inférieures ;
- Forte tonicité musculaire.
Signes occlusaux :
Relations inter-arcades :
- Sens sagittal : Overjet plus ou moins augmenté, rapport de classe II canine et molaire ;
- Sens transversal : L’occlusion paraît normale ou bien exagérée uni- ou bilatérale ;
- Sens vertical : Avec supraclusion incisive (cas moyen : contacts incisifs ; cas sévère : les bords libres des incisives inférieures sont en contact avec la muqueuse palatine), ou sans supraclusion incisive car elle peut être masquée par la succion digitale ou l’interposition linguale antérieure.
Signes téléradiographiques de profil :
- Forme mandibulaire présentant des signes de rotation antérieure de Björk ;
- FMA, angle goniaque sont diminués ;
- ANB augmenté avec SNB diminué et/ou SNA augmenté ;
- AC modérément augmenté ;
- I/F augmenté ;
- i/m normal ou diminué.
Diagnostic étiologique
- Typologie héréditaire : l’étiologie fonctionnelle semble beaucoup moins déterminante.
Classe II division 1 face moyenne
Le type de croissance mandibulaire est de tendance rotation antérieure légère. Elle s’apparente à la classe II division 1 face courte, de moindre intensité. Ce sont les cas les plus fréquents.
Malocclusion de classe II division 2
Définition
C’est une anomalie caractérisée par une palato-version des deux incisives centrales supérieures ou de trois ou quatre incisives supérieures, un recouvrement incisif exagéré (supraclusion incisive) et une distocclusion de l’arcade mandibulaire. Elle est associée le plus souvent à une classe II squelettique de Ballard (faible décalage) et à une hypodivergence mandibulaire dans un contexte musculaire hypertonique.
Formes cliniques
Selon Bassigny, il existe trois formes cliniques :
- Forme 1 : (Deck biss) Palato-version des incisives centrales et vestibulo-version apparente des incisives latérales supérieures (la plus fréquente) ;
- Forme 2 : Palato-version de trois ou des quatre incisives supérieures, les canines sont ectopiques en position vestibulaire ou incluse palatine ;
- Forme 3 : Occlusion « en couvercle de boîte » avec palato-version du groupe incisivo-canin, supraclusion des canines et vestibulo-version exagérée ou une inoclusion vestibulaire des prémolaires (la plus sévère).
Diagnostic positif
Signes faciaux :
- Face courte et large (carrée) ;
- Étage inférieur diminué ;
- Angle goniaque fermé ;
- Profil sous-nasal concave (surtout si la symphyse et le nez sont marqués) ;
- Lèvre supérieure courte et mince ;
- Lèvre inférieure tonique ourlée, parfois éversée, avec un sillon labio-mentonnier marqué ;
- Lèvres intimement jointives avec un stomion en position haute ;
- Le sourire est fréquemment gingival et inesthétique ;
- Symphyse mentonnière assez importante ;
- Muscles élévateurs hypertoniques (masséters, temporaux).
Signes occlusaux :
- Palais profond au niveau antérieur ;
- Peu ou pas d’encombrement au niveau des incisives inférieures ;
- Sens sagittal : Rapport de classe II canine et molaire, overjet diminué (environ 1 mm), courbe de Spee maxillaire inversée ;
- Sens vertical : Overbite augmenté (supraclusion incisive due à l’arcade maxillaire et/ou mandibulaire), espace libre molaire (ELM) augmenté au repos.
Signes téléradiographiques de profil :
- Forme mandibulaire présentant des signes de rotation antérieure de Björk ;
- FMA et angle goniaque diminués ;
- ANB augmenté ;
- I/F diminué ;
- i/m normal ou diminué ;
- I/i augmenté.
Diagnostic étiologique
Facteurs héréditaires.
Facteurs fonctionnels :
- La musculature élévatrice est dominante ;
- La forte activité du chef postérieur du temporal qui contribue à la position rétrusive de la mandibule ;
- L’hypertonicité de la lèvre inférieure ;
- La pression très haute et distale de la langue sur la voûte palatine ;
- Appui de la lèvre inférieure sur le bord libre des incisives supérieures et inférieures.
Facteurs dentaires :
- Angulation courono-radiculaire importante des incisives centrales supérieures, qui entraîne ou accentue l’effet de palato-version ;
- La mésialisation des secteurs latéraux qui est favorisée par la position trop mésiale des germes des canines maxillaires.
Diagnostic différentiel
Il se fait avec :
- Linguo-version iatrogène des incisives maxillaires suite à l’action excessive d’un appareil destiné à corriger une proalvéolie supérieure ;
- Classe I birétroalvéolie.
Conclusion
Les classes II constituent un ensemble très hétérogène. Les formes cliniques sont extrêmement variées car ces malocclusions peuvent être associées à d’autres anomalies orthodontiques qu’elles compliquent. Le praticien doit accorder une importance particulière à effectuer un diagnostic précis qui permettra d’évaluer la pertinence d’un traitement d’interception.
Bibliographie
- Bassigny F. Manuel d’orthopédie dento-faciale. Masson, 1983, 218 p.
- Boileau M-J. Orthodontie de l’enfant et du jeune adulte. Tome 2 : traitement des dysmorphies et malocclusions. Elsevier Masson, 2012, 291 p.
- Bouton A., Deviot M. Rétrognathie mandibulaire : traitement précoce ou traitement tardif ?. Rev Odont Stomat, 2018, 47 : 276-290.
- Delaire J. Les signes téléradiographiques de la respiration buccale. Bulletin de l’UNIODF, 2008, 35 : 4-19.
- Frapier L., Massif L., Gonzales J., Canal P. Classe II division 2. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Odontologie/Orthopédie dentofaciale, 23-472-E-50, 2010.
- Kolf J. Les classes II division 1. Historique et évolution des concepts. EMC (Elsevier SAS, Paris), Odontologie/Orthopédie dentofaciale, 23-472-E-10, 2006.
Le diagnostic des malocclusions de classe II
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Conception et Réalisation des Châssis en Prothèse Amovible Partielle
Prothèses supra-implantaires: Données et conceptions actuelles
Prothèse complète: Clinique et laboratoire Broché – Illustré, 12 octobre 2017
Le diagnostic des malocclusions de classe II

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.