Le diagnostic des anomalies alvéolaires du sens antéro-postérieur

Le diagnostic des anomalies alvéolaires du sens antéro-postérieur

Le diagnostic des anomalies alvéolaires du sens antéro-postérieur

Définition des anomalies alvéolaires

Ce sont des anomalies qui concernent le compartiment alvéolo-dentaire des maxillaires (dent et parodonte), qui sont d’une grande plasticité et réagissent aux sollicitations d’origine fonctionnelles (mastication, déglutition, phonation) ainsi qu’aux parafonctions.


I/ La Proalvéolie

Définition

C’est une anomalie alvéolaire du sens sagittal, localisée aux incisives, et caractérisée par une inclinaison vestibulaire exagérée des incisives supérieures et/ou inférieures.
Formes cliniques : Symétrique ou asymétrique, uni ou bi-maxillaire (biproalvéolie avec biprochéilie).


1/ Proalvéolie supérieure

A- Diagnostic positif

a- Signes faciaux :
  • Prochéilie supérieure avec ou sans exagération du sillon labiomentonnier, par appui des incisives supérieures sur la lèvre inférieure.
  • Profil convexe selon Ricketts.
  • Absence du stomion.
b- Signes occlusaux :
  • Diastèmes interincisifs plus ou moins prononcés (signe de pronostic favorable).
  • Absence de diastèmes interincisifs en cas de DDM associée (pronostic réservé) ; dans ce cas, on parle de DDM masquée par la proalvéolie.
  • Overjet augmenté.
  • Rapports de classe I d’Angle canine et molaire.
  • L’overbite peut être normal, augmenté ou diminué.
c- Signes téléradiographiques :
  • Angle ANB est normal (ANB = 2.5° ± 2°).
  • Convexité osseuse augmentée (le point A de Downs est placé vers l’avant / plan facial : Na-Pog) : Profil osseux convexe selon Ricketts.
  • Angle entre grand axe des incisives supérieures et le plan de Francfort est augmenté : I/F > 107° ± 2°.
  • La valeur angulaire et linéaire entre les incisives supérieures et la ligne A-Pog sont augmentées :
    • I/A-Pog > 26° ± 4°
    • I/A-Pog > 3.5 mm ± 2 mm selon Downs.
  • La valeur angulaire et linéaire entre les incisives supérieures et la ligne Na-A sont augmentées :
    • I to N-A > 22°
    • I to N-A > 4 mm selon Steiner.
  • La lèvre supérieure touche ou est en avant par rapport à la ligne esthétique E de Ricketts.

B- Anomalies associées

Cette anomalie peut être isolée (d’origine fonctionnelle) ou associée à d’autres anomalies alvéolaires (infra-alvéolie ou supra-alvéolie antérieure) ou basales : Classe II division 1.

C- Diagnostic étiologique

a- Fonctionnelle :

La proalvéolie est une anomalie touchant l’équilibre du couloir dentaire de Château. Elle se manifeste à chaque fois que le déséquilibre est porté vers l’avant. Ce déséquilibre peut être d’origine :

  • Labiale : Hypotonicité labiale supérieure, brièveté de la lèvre supérieure, succion de la lèvre inférieure.
  • Linguale : Position haute et avancée de la langue, déglutition atypique par interposition linguale antérieure, phonation défectueuse (articulation phonétique pour les linguopalatales trop en avant), macroglossie (langue effilée et hypertonique).
  • Digitale ou objet étranger : Succion du pouce ou d’un objet (stylo).
b- Parafonction :
  • Le pouce : succion du pouce ou d’un objet.
  • On peut également incriminer une DDM provoquant une proalvéolie.

D- Diagnostic différentiel

  • Classe II division I squelettique avec toutes ses formes cliniques.
  • Rétroalvéolie inférieure.

E- Conséquences à long terme

En cas de pulsion linguale antérieure ou succion du pouce associée à une brièveté ou hypotonicité labiale supérieure, cette anomalie peut s’aggraver en classe II division 1 squelettique.


2/ Proalvéolie inférieure

Représentée par une inclinaison vestibulaire exagérée des incisives inférieures.

A- Diagnostic positif

a) Signes faciaux :
  • Prochéilie inférieure (rapport labial inversé).
  • Profil concave.
b) Signes occlusaux :
  • Les incisives sont en bout-à-bout ou en articulé inversé.
  • Classe I canine et molaire.
  • L’overbite est nul, normal ou augmenté.
  • L’overjet est diminué, nul ou négatif.
  • Diastèmes interincisifs plus ou moins prononcés (signe de pronostic favorable).
  • Absence de diastèmes interincisifs en cas de DDM associée (pronostic réservé) ; dans ce cas, on parle de DDM masquée par la proalvéolie.
c) Signes téléradiographiques :
  • Angle ANB normal (ANB = 2.5° ± 2°).
  • L’angle de l’incisive inférieure par rapport au plan mandibulaire est augmenté : i/m > 90° ± 2°.
  • L’angle de l’incisive inférieure par rapport au plan d’occlusion est diminué.
  • L’angle et la valeur linéaire de l’incisive inférieure par rapport à la ligne A-Pog sont augmentés :
    • i/A-Pog > 22° ± 4°
    • i/A-Pog > 1 mm ± 2 mm selon Downs.
  • L’angle et la valeur linéaire entre les incisives inférieures et la ligne Na-B sont augmentés :
    • i to N-B > 25°
    • i to N-B > 4 mm selon Steiner.
  • La lèvre inférieure est en avant de la ligne E de Ricketts.

B- Diagnostic différentiel

  • Malocclusion de classe III squelettique avec toutes ses formes cliniques.
  • Rétroalvéolie maxillaire.

C- Diagnostic étiopathogénique

  • Position basse et protrusive de la langue, surtout chez un respirateur buccal avec végétations adénoïdes.
  • Succion de la lèvre supérieure.
  • Cause digitale : succion des doigts.
  • Hypotonicité de la lèvre inférieure.
  • Macroglossie.

D- Conséquences à long terme

  • La position basse et protrusive de la langue peut entraîner un proglissement mandibulaire (pseudo-classe III) et, si cette anomalie persiste, elle entraînerait une classe III squelettique vraie.

3/ Biproalvéolie

C’est l’association des deux formes précédemment décrites.

A- Diagnostic positif

a- Signes faciaux :
  • Prochéilie supérieure et inférieure.
  • Profil cutané convexe.
b- Signes occlusaux :
  • Overbite diminué, nul ou négatif (en cas d’infra-alvéolie antérieure).
  • Overjet normal, augmenté ou diminué selon le cas.
  • Classe I canine et molaire.
c- Signes téléradiographiques :
  • L’angle d’attaque entre les grands axes des incisives supérieures et inférieures est diminué (fermé) : I/i < 125° ± 6°.
  • Profil osseux convexe selon Ricketts.
  • Les deux lèvres en avant de la ligne esthétique E de Ricketts.

B- Diagnostic étiologique

  • Hypotonicité des lèvres.
  • Position moyenne et protrusive de la langue.
  • Déglutition atypique par pulsion linguale antérieure.
  • Transmission génétique.
  • Le caractère ethnique (chez les Africains).

Remarque

Il y a une autre forme clinique de proalvéolie : la proalvéolie totale, qui touche la totalité de l’arcade et se caractérise par une inclinaison vestibulaire exagérée des procès alvéolaires.


II/ Rétroalvéolie

Définition

C’est une anomalie alvéolaire du sens sagittal, localisée au niveau des incisives et caractérisée par une linguo-version des incisives supérieures et/ou inférieures.
Formes cliniques : Uni ou bi-maxillaire. Dans les cas de birétroalvéolie, elle est systématiquement associée à une supraclusion.


1/ Rétroalvéolie supérieure

Caractérisée par une inclinaison palatine des incisives supérieures.

A- Diagnostic positif

a) Signes faciaux :
  • Rétrochéilie supérieure, la lèvre supérieure peut être fine ou effacée.
  • Profil cutané concave.
b) Signes occlusaux :
  • Overjet diminué, nul ou négatif avec un articulé antérieur normal, en bout-à-bout ou articulé inversé.
  • Encombrement incisif supérieur.
  • Rapport de classe I molaire et canine.
  • L’overbite peut être normal ou augmenté.
c- Signes téléradiographiques :
  • Angle ANB est normal (ANB = 2.5° ± 2°).
  • Convexité osseuse diminuée (le point A de Downs est placé vers l’arrière / plan facial : Na-Pog) : Profil osseux concave selon Ricketts (valeurs moyennes / l’âge).
  • Angle entre grand axe des incisives supérieures et le plan de Francfort est diminué : I/F < 107° ± 2°.
  • La valeur angulaire et linéaire entre les incisives supérieures et la ligne A-Pog sont diminuées :
    • I/A-Pog < 26° ± 4°
    • I/A-Pog < 3.5 mm ± 2 mm selon Downs.
  • La valeur angulaire et linéaire entre les incisives supérieures et la ligne Na-A sont diminuées :
    • I to N-A < 22°
    • I to N-A < 4 mm selon Steiner.
  • La lèvre supérieure est en retrait par rapport à la ligne esthétique E de Ricketts.
d- Anomalies associées :
  • Classe II division 2 avec ses formes cliniques.
e- Diagnostic étiologique :
  • Hypertonicité labiale supérieure avec une lèvre inférieure fine.
  • Cicatrice fibreuse par brûlure ou due à une fente labio-palatine au niveau de la lèvre supérieure.
f- Diagnostic différentiel :

Cette anomalie peut être confondue avec :

  • Proalvéolie inférieure.
  • Classe II division 2 avec ses formes cliniques.
  • Classe III avec ses formes cliniques.

2/ Rétroalvéolie inférieure

Elle est rarement isolée et se caractérise par une linguo-version des incisives inférieures.

A- Diagnostic positif

a) Signes faciaux :
  • Rétrochéilie inférieure avec généralement absence de stomion.
  • Profil convexe.
b) Signes occlusaux :
  • L’overjet et l’overbite sont souvent augmentés.
  • Encombrement incisif inférieur.
  • Rapports de classe I canine et molaire.
c) Signes téléradiographiques :
  • Angle ANB normal (ANB = 2.5° ± 2°).
  • L’angle de l’incisive inférieure par rapport au plan mandibulaire est diminué : i/m < 90° ± 2°.
  • L’angle de l’incisive inférieure par rapport au plan d’occlusion est augmenté : i/Occ > 104.5° selon Downs.
  • L’angle et la valeur linéaire de l’incisive inférieure par rapport à la ligne A-Pog sont diminués :
    • i/A-Pog < 22° ± 4°
    • i/A-Pog < 1 mm ± 2 mm selon Downs.
  • L’angle et la valeur linéaire entre les incisives inférieures et la ligne Na-B sont diminués :
    • i to N-B < 25°
    • i to N-B < 4 mm selon Steiner.
  • La lèvre inférieure est en retrait par rapport à la ligne E de Ricketts.

B- Diagnostic étiologique

  • Succion digitale.
  • Succion de la lèvre inférieure ou du sillon labiomentonnier.
  • Hypertonicité de la lèvre inférieure.
  • Microglossie.
    La rétroalvéolie inférieure est souvent la conséquence d’une proalvéolie supérieure, l’appui labial inférieur étant excessif.

B- Diagnostic différentiel

  • Proalvéolie supérieure.
  • Classe II division 1 et ses formes cliniques.

3/ Birétroalvéolie

C’est l’association des deux formes précédemment décrites.

A- Diagnostic positif

a- Signes faciaux :
b- Signes occlusaux :
  • Overbite augmenté (en cas de supra-alvéolie antérieure).
  • Overjet diminué ou normal selon le cas.
  • Classe I canine et molaire.
c- Signes téléradiographiques :
  • L’angle d’attaque entre les grands axes des incisives supérieures et inférieures est augmenté (ouvert) : I/i > 125° ± 6°.
  • Profil osseux concave selon Ricketts.
  • Les deux lèvres en arrière de la ligne esthétique E de Ricketts.

B- Diagnostic étiologique

  • Hypertonicité des lèvres.
  • Microglossie.

Le diagnostic des anomalies alvéolaires du sens antéro-postérieur

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