Généralités sur la Muqueuse Buccale, Gencive et Attache Épithéliale

Généralités sur la Muqueuse Buccale, Gencive et Attache Épithéliale

Généralités sur la Muqueuse Buccale, Gencive et Attache Épithéliale

Introduction

La muqueuse buccale représente le revêtement de la cavité buccale ; elle est constituée par une mosaïque de domaines hétérogènes adjacents. Elle revêt la paroi interne des lèvres et la cavité buccale ; elle est en continuité avec la peau à la jonction vermillon, versant externe des lèvres. Elle se poursuit en arrière avec la muqueuse digestive (pharynx) et respiratoire (larynx).

Sur le plan histologique, elle est revêtue d’un épithélium malpighien non ou peu kératinisé. Elle est appelée gencive autour des dents et contracte ainsi une jonction étanche avec la dent, toute modification de cette jonction étant l’amorce des phénomènes pathologiques de parodontose.

Fonctions

La muqueuse buccale joue de multiples rôles :

  • Protection : Protection des tissus profonds contre les compressions et abrasions provoquées par les forces mécaniques mises en jeu dans la préhension des aliments et dans leur mâchage. Protection également contre les nombreux micro-organismes saprophytes de la cavité buccale qui deviendraient agressifs en cas de blessure de la muqueuse.
  • Fonction sensorielle : Assurée par de nombreux récepteurs à la température, au tact, à la douleur disséminés dans la muqueuse. Fonction gustative liée aux bourgeons du goût situés dans la muqueuse linguale dorsale.
  • Régulation thermique : Très importante chez les animaux (en particulier le chien) mais ne jouant qu’un rôle secondaire chez l’homme.

Organisation Anatomique

Sur le plan anatomique, on peut distinguer deux portions dans la cavité buccale :

  • Vestibule externe : Bordé par les lèvres et les joues.
  • Cavité buccale proprement dite : Séparée du vestibule par l’alvéole avec les dents et la gencive. En haut, la muqueuse revêt le palais dur et le palais mou ; en bas, elle tapisse le plancher buccal et la base de la langue ; en arrière, elle est limitée par les piliers du voile et les amygdales qui la séparent du pharynx.

En fonction de ses relations avec les structures osseuses ou musculaires sous-jacentes, on y individualise plusieurs territoires de la muqueuse buccale :

Les Lèvres

Riches en muscles striés (en particulier l’orbiculaire), elles ont un versant exobuccal cutané et un versant interne muqueux riche en glandes salivaires accessoires (siège électif de la biopsie de ces dernières). Entre les deux, existe une zone transitionnelle rouge, le vermillon ou zone de Klein.

La Muqueuse Jugale

Elle est séparée du muscle buccinateur par un tissu conjonctif et adipeux abondant avec de nombreuses glandes salivaires accessoires.

La Langue

Organe très différencié, elle intervient non seulement dans la fonction du goût mais aussi dans la parole et la mastication. La muqueuse y repose sur une musculeuse constituée de faisceaux intercroisés en tous sens. Sur son dos, elle présente de nombreuses papilles dont on distingue trois variétés :

  • Papilles filiformes : Dispersées sur toute la surface, elles confèrent au dos de la langue son aspect râpeux.
  • Papilles fongiformes : Plus grosses, intriquées aux précédentes, elles prédominent sur les bords de la langue.
  • Papilles caliciformes ou circumvallées : Très apparentes, alignées le long du sulcus terminalis, elles forment le V lingual et limitent le foramen coecal.
  • Papilles foliées : Situées dans la région postérieure et sur les bords, de forme irrégulière, elles sont constituées de tissu lymphoïde.

La muqueuse de la face ventrale de la langue, d’aspect lisse, est dépourvue de papilles. Elle se poursuit avec celle du plancher buccal. Langue et plancher sont réunis sur la ligne médiane par le frein de la langue.

Le Plancher

La muqueuse y revêt les glandes sublinguales. Elle présente deux saillies, les caroncules sublinguales, qui sont obliques d’arrière en avant et dessinent un V dont le sommet est situé sur la ligne médiane. Sur ces saillies s’abouchent les nombreux canaux excréteurs des glandes sublinguales.

Les Gencives

À ce niveau, la muqueuse circonscrit le collet des dents et recouvre l’os alvéolaire auquel elle est étroitement fixée. Entre la face externe de la gencive et la muqueuse jugale, se creuse le sillon vestibulaire.

Le Palais Dur

La muqueuse y est étroitement amarrée au tissu conjonctif et au plan osseux sous-jacent et est sillonnée de plis transversaux.

Le Palais Mou

Situé en arrière du palais dur, il est revêtu d’une muqueuse mince.

Variations Histologiques Selon la Topographie

La muqueuse buccale, de type malpighien, ressemble à la peau, mais en diffère par l’absence d’annexes (bulbes pileux, glandes sudoripares, glandes sébacées) et le petit nombre de mélanocytes. De plus, elle tire son originalité d’une humidification permanente par la salive sécrétée par les nombreuses glandes salivaires accessoires qui lui sont annexées et du turnover très rapide des cellules de son épithélium (25 jours au lieu de 50 à 75 jours pour l’épiderme).

Quelques glandes sébacées hétérotopiques sont parfois visibles dans la lèvre supérieure et dans la muqueuse buccale, donnant des nodules jaunâtres appelés taches de Fordyce.

Il est classique de décrire trois types de muqueuse buccale en fonction de sa topographie :

Muqueuse Masticatrice

Tapissant les gencives et le palais dur, elle aide à la compression mécanique des aliments. Kératinisée en surface, solidement amarrée aux structures osseuses sous-jacentes (palais et os alvéolaire), elle présente des crêtes épithéliales longues s’invaginant profondément dans le tissu conjonctif. Ce dernier est riche en fibres collagènes.

Muqueuse Bordante

Revêtant le versant muqueux des lèvres, des joues, du plancher, de la face ventrale de la langue et du palais mou, elle est flexible et se laisse distendre par les aliments. Non kératinisée en surface, elle ne présente que des crêtes épithéliales basales peu accusées. Son chorion, très vascularisé, est connecté aux muscles sous-jacents par une sous-muqueuse de texture lâche.

Muqueuse Spécialisée

Cantonnée au dos de la langue, elle est kératinisée comme les muqueuses masticatrices. De plus, elle est pourvue de papilles intervenant dans la fonction gustative.

Étude Histologique de la Muqueuse Buccale

La muqueuse buccale est constituée d’un épithélium malpighien et d’un tissu conjonctif séparés par une membrane basale.

Épithélium

Il forme une barrière entre la cavité buccale et les tissus profonds. De type malpighien, il est constitué de plusieurs couches de cellules étroitement attachées les unes aux autres, appelées kératinocytes. L’aspect histologique de l’épithélium varie selon qu’il est kératinisé ou non.

Zones Kératinisées

Dans les zones kératinisées, les couches suivantes se superposent :

  • Stratum germinatum (couche basale ou germinative) : Repose sur la membrane basale. Les cellules, cubiques ou cylindriques, ont un gros noyau très chromophile. Elles sont disposées en une ou deux assises et sont le siège de nombreuses mitoses.
  • Stratum spinosum (couche squameuse) : Composé de cellules polygonales ou arrondies accrochées les unes aux autres par des ponts linéaires correspondant aux desmosomes.
  • Stratum granulosum (couche granuleuse) : Formé de cellules aplaties renfermant dans leur cytoplasme de fines granulations de kératohyaline, colorées en violet par l’hématoxyline.
  • Stratum corneum (couche kératinisée) : Constitué de fines squames acidophiles de kératine. Au sein de cette couche persistent souvent quelques noyaux résiduels pycnotiques, ou des espaces clairs représentant l’emplacement de noyaux dégénérés, caractérisant la parakératose.

Zones Non Kératinisées

Dans les zones non kératinisées, la couche granuleuse est absente. Les cellules conservent jusqu’en surface un noyau rond et leur cytoplasme renferme un glycogène abondant.

Autres Cellules

En dehors des kératinocytes, on retrouve des cellules claires, possédant un halo clair périnucléaire, correspondant à trois types cellulaires : mélanocytes, cellules de Langerhans et cellules de Merkel. De plus, on peut retrouver des lymphocytes intraépithéliaux.

Jonction Épithélium-Chorion

Cette zone, où les papilles conjonctives alternent avec les crêtes épithéliales, est fondamentale pour les échanges épithélio-conjonctifs. Elle est constituée de la membrane basale, qui sert d’attache aux kératinocytes, contrôle leur différenciation et leur renouvellement, et intervient comme un filtre sélectif. On y distingue :

  • Lamina densa : Couche de matériel granulofilamenteux de 50 nm d’épaisseur, parallèle à la membrane basale cellulaire épithéliale, mais séparée d’elle par la lamina lucida. Elle contient du collagène IV.
  • Lamina lucida : De 45 nm d’épaisseur, zone claire avec de légères condensations en regard des hémidesmosomes de la membrane cellulaire. Elle renferme des glycoprotéines, en particulier de la laminine.
  • Fibrilles d’ancrage : Houppes de petites fibrilles insérées dans la lamina densa, émanant de fibrilles collagènes qui s’entremêlent à la lamina densa pour former une attache flexible.

Lamina Propria ou Chorion

C’est le tissu conjonctif qui sert de support à l’épithélium. On le divise en deux zones :

  • Superficielle : Associée aux papilles et crêtes épithéliales, avec des fibres collagènes fines entourées d’anses capillaires nombreuses.
  • Profonde : Avec un arrangement des fibres collagènes en réseau.

On distingue deux types de fibres : collagènes et élastiques, enrobées dans une substance fondamentale riche en protéoglycanes, acide hyaluronique et protéines dérivées du sérum. Le collagène est essentiellement de type I, avec du collagène de type IV dans la lame basale. Les fibres élastiques sont enrobées dans une élastine formée de glycoprotéines et de microfibrilles.

Le chorion renferme :

  • Fibroblastes : Cellules les plus nombreuses, élaborant la substance fondamentale et les fibrilles collagènes. Ils jouent un rôle fondamental dans le maintien de l’intégrité de la muqueuse et interviennent dans la cicatrisation.
  • Mastocytes : Grandes cellules rondes ou ovales à petit noyau central, avec de nombreux grains foncés intracytoplasmiques contenant de l’héparine et de l’histamine.
  • Cellules immunocompétentes : Macrophages (ou histiocytes, phagocytes).
  • Vaisseaux sanguins et nerfs.

Glandes Salivaires Accessoires

Annexes de la muqueuse buccale, elles assurent l’humidification permanente de la bouche grâce à leur sécrétion salivaire continue. Très nombreuses, elles se répartissent dans toute la muqueuse, y compris sur le versant interne des lèvres, où leur abord biopsique est facile.

Physiologie de la Muqueuse Buccale

La muqueuse buccale assure plusieurs fonctions physiologiques :

  • Mitoses : Division cellulaire au niveau de la couche basale.
  • Migration cellulaire : Migration des nouvelles cellules vers la couche superficielle.
  • Desquamation : Élimination des cellules superficielles de l’épithélium par rupture des jonctions intercellulaires.
  • Turnover : Temps nécessaire à l’élimination, par desquamation, de la totalité des cellules épithéliales et leur remplacement par un nombre équivalent de cellules. Il est de 4 à 15 jours au niveau de la muqueuse buccale.
  • Kératinisation : Processus permettant à une cellule basale de se différencier, au cours de sa migration vers la couche de surface, en cellule kératinisée ou kératinocyte.

La kératinisation procure une protection maximale à l’épithélium buccal par la formation d’une couche de surface particulièrement résistante (couche de kératine ou couche cornée). On la rencontre là où cet épithélium est le plus agressé, comme au niveau des gencives, du palais dur et du dos de la langue.

La kératinisation peut être physiologique, correspondant à une adaptation du tissu, ou pathologique, comme dans le cas de certaines tumeurs. Son développement exubérant entraîne des hyperkératoses, tandis que son absence favorise l’apparition d’ulcérations en réponse aux irritations.

Gencive

La gencive débute au niveau de la ligne mucogingivale, recouvre les parties coronaires des procès alvéolaires et se termine au niveau du collet des dents, où elle les entoure et forme un anneau épithélial (épithélium jonctionnel), l’attache épithéliale.

La gencive libre est classiquement subdivisée en différentes zones topographiques :

Gencive Libre ou Marginale

Portion de gencive étroite, mobile, festonnée et sans soutien osseux, qui se termine coronairement par un bord effilé en lame de couteau ou bord gingival libre.

Gencive Attachée

Limitée en direction apicale par la ligne mucogingivale, qui la sépare de la muqueuse alvéolaire.

Papille Interdentaire

La gencive interdentaire s’enfonce contre le septum interdentaire apicalement par rapport au point de contact (ou à la surface de contact) des dents.

Types d’Épithélium de la Gencive

L’épithélium qui recouvre la gencive peut être différencié en trois types :

  • Épithélium buccal : Tapisse la cavité buccale.
  • Épithélium sulculaire : Fait face à la dent sans y adhérer.
  • Épithélium jonctionnel : Réalise l’adhésion entre la gencive et la dent.

L’Épithélium Jonctionnel : Attache Épithéliale

Ce système anatomique particulier concerne l’attache de la gencive à la dent. On distingue trois types d’épithélium au niveau de cette zone jonctionnelle :

  • Épithélium malpighien gingival : Stratifié et kératinisé, caractéristique des zones masticatrices de la muqueuse buccale, s’arrête à la crête gingivale au bord de la gencive libre.
  • Épithélium malpighien non kératinisé : Succède au précédent au niveau du sillon gingival en regard de la dent.
  • Épithélium jonctionnel proprement dit : Recouvre le plancher du sillon et s’unit à la jonction améliocémentaire au niveau du collet dentaire.

L’épithélium jonctionnel, dont la hauteur peut atteindre 2 mm, entoure le collet de la dent comme un anneau. Plus épais que celui du sulcus, il comporte 15 à 30 couches cellulaires, mais s’amincit progressivement vers la dent, où il ne comporte plus que trois ou quatre couches cellulaires.

Il est composé de deux couches :

  • Couche basale : Active sur le plan de la division cellulaire.
  • Couche suprabasale : Cellules filles.

Les cellules basales et suprabasales sont allongées selon un axe parallèle à la surface de la dent. Les trois autres couches cellulaires de la stratification (moyenne, granuleuse, cornée) n’apparaissent pas.

La membrane des cellules de l’épithélium jonctionnel présente des hémidesmosomes en direction de l’émail. L’épithélium n’est donc pas seulement en contact avec l’émail, mais est physiquement attaché à lui. Les cellules malpighiennes, disposées parallèlement à la surface de la dent, sont aplaties. La couche profonde est attachée par des hémidesmosomes à une membrane basale rectiligne qui diffère des autres basales, car elle ne renferme pas de collagène de type IV.

Généralités sur la Muqueuse Buccale, Gencive et Attache Épithéliale

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