Les antalgiques en odontostomatologie
Introduction
Les antalgiques sont des médicaments symptomatiques agissant de façon aspécifique sur les sensations douloureuses qu’ils atténuent ou abolissent sans agir sur leur cause.
La douleur, qu’elle soit secondaire à une intervention ou symptôme d’un état pathologique, est aujourd’hui de plus en plus difficilement admise par le malade et le soulagement rapide de sa souffrance apparaît comme une priorité thérapeutique.
La douleur a un aspect pluridimensionnel comportant une perception et une expression différentes d’un individu à un autre.
À partir de ces notions, il est évident que tout traitement de la douleur ne peut se limiter à une prescription médicamenteuse seulement, mais il doit comporter :
− un volet psychologique
− bien souvent un traitement étiologique.
- Douleur
- Définition
La douleur est, selon une définition bien connue de l’IASP (International Association for the Study of Pain) : « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes ». Cette définition est également celle retenue par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)
- Types de douleurs
Nous pouvons distinguer trois types de douleurs selon leur profil évolutif :
- Douleur aiguë
La douleur aiguë survient après une atteinte tissulaire brutale. Le terme aigu ne décrit pas forcément son intensité, mais sa durée. En effet, elle ne peut pas être présente plus de trois mois . Elle peut être très brève, comme à la suite d’un traumatisme, ou plus longue, dans
le cas d’une douleur aiguë d’origine viscérale par exemple. C’est également ce type de douleur que l’on retrouve en phase postopératoire. Elle disparaît une fois la lésion causale traitée. C’est sa caractéristique principale, on l’appelle aussi « douleur symptôme » , elle constitue un « signal d’alarme » pour le corps humain .
- Douleur chronique.
La Haute Autorité de Santé (HAS) a défini en 2008 la douleur chronique comme étant un
« syndrome multidimensionnel », sans intensité ou topographie données, persistante ou récurrente au-delà de la durée habituelle pour la cause présumée, ne répondant pas ou peu au traitement, et engendrant une « détérioration significative et progressive des capacités fonctionnelles et relationnelles du patient » . La douleur chronique n’est pas un signal d’alarme comme la douleur aiguë, mais bien une douleur « maladie » qui ne cède pas malgré le traitement et le rend inefficace. Elle perdure plus de 3 mois et est à l’origine de répercussions psychologiques, sociales, familiales, physiques, professionnelles ou encore comportementales chez le patient La prise en charge de la douleur chronique se fait de manière plus globale que pour la douleur aiguë
- Mécanisme de la douleur
Le message nociceptif périphérique est véhiculé par différentes fibres nerveuses (fibres A delta et C de petit calibre. De nombreuses substances chimiques participent à la genèse des messages nociceptifs (histamine, sérotonine, prostaglandines…).
Figure 1 : mécanisme de la douleur
Classification des antalgiques
- Antalgiques non opioïdes
- Paracétamol
Il possède une action antalgique et antipyrétique. Son mode d’action n’est pas bien élucidé cependant il a été démontré qu’il a une action sur les COX. Cette action diminue en présence de fortes concentrations de peroxyde(en cas d’inflammation) d’où son inefficacité en cas de douleur d’origine inflammatoire.
Aucune action sur les plaquettes ou le système cardiovasculaire n’est remarqué. Le paracétamol est la molécule antalgique la plus tolérée.
- Propriétés pharmacocinétiques
- le paracétamol à une excellente biodisponibilité. Son délai d’action est rapide : pic plasmatique 30 minutes à 1heure.
- L’effet antalgique du paracétamol est à courte durée (4 à 6 heures) ce qui explique la nécessité de prises répétées.
- Le paracétamol est à élimination hépatique (hépatotoxicité possible).
- Modalités d’utilisation
- La posologie adulte efficace : 1000mg /prise (15 mg/Kg chez l’enfant).
- La dose maximale est de 4 gr par jour (60 mg/kg/jour).
- Alors sa prise sera avec une dose de 1gr par prise toutes les 6 heures.
- Chez l’enfant : 15 mg/kg par prise toutes les 6heures chez l’enfant.
- Effets indésirables
- Le paracétamol possède une très bonne tolérance à dose habituelle.
- Aux doses toxiques : on peut remarquer une hépatotoxicité en cas d’ingestion en dose unique de 10 à 15 gr. À partir de 20 à 25 grammes, on a un risque fatal.
- Interactions médicamenteuses
- Souvent le paracétamol n’a pas d’interaction médicamenteuse. Il peut éventuellement accentuer un traitement par AVK (anticoagulant) s’il est donné à longue durée avec dose maximale (4g/jour).
- Contre-indications
- Hypersensibilité au paracétamol.
- Insuffisance hépatocellulaire sévère.
- Aspirine et AINS
Possèdent une action antalgique antipyrétique et anti-inflammatoire.
- Leurs effets indésirables :
- irritation de la muqueuse gastrique ;
- effet antiagrégant plaquettaire (troubles de la coagulation) ;
- action allergisante.
- Mode d’action : inhibition des prostaglandines.
- Propriétés pharmacocinétiques :
- Élimination rénale.
- Action relativement rapide : 30 minutes à 1heure 30).
- Antalgiques dits « adjuvants »
Il s’agit de médicaments qui n’ont pas d’action antalgique directe ; mais qui agissent sur une autre composante de la douleur (psychologique par exemple).
Parmi ces substances on peut citer les antidépresseurs les anxiolytiques le tegretol….
- Antalgiques opioïdes
Ils sont représentés par les dérivés de l’opium. Les opioïdes ont une activité sur les récepteurs morphiniques (au niveau central).
On distingue :
- Antalgiques opiacés faibles.
- Antalgiques opioïdes mixtes (associés à des antalgiques non opioïdes notamment le paracétamol).
- Analgésiques morphiniques.
Dans la plupart des cas, las antalgiques opiacés faibles seront suffisants pour prévenir les douleurs aiguës rencontrées en odontostomatologie.
- Antalgiques opiacés faibles
Comprend des molécules dérivées de la morphine telles que la codéine, le dextropropoxyphène et le tramadol. Ils sont peu efficaces chez l’enfant et présentent plusieurs contre-indications (femme enceinte, allaitante…) avec dépendance possible en cas de prise prolongée.
- Antalgiques opioïdes mixtes
c’est des associations des substances suscitées avec un antalgique non opioïde.
→ La codéine+ paracétamol= Co-doliprane. Efferalgan codéiné.
→ Le dextropropoxyphène+ paracétamol= Xalgésic, Di-Antalvic.
→ Le tramadol+ paracétamol= Xamadol.
- Antalgiques opioïdes forts ou morphiniques
La morphine ou la buprénorphine (Tamgésic). Ils sont très forts et réservés à des douleurs plus intenses.
- Modalité de prescription d’antalgique en odonto-stomatologie
Les antalgiques sont définis en trois paliers selon l’intensité de la douleur :
- Niveau 01 : douleurs d’intensité faible à modérée : Indication des antalgiques non morphiniques.
- Niveau 02 : douleurs moyennes ou sérieuses : C’est l’indication des morphiniques faibles tel que la Codéine, Dextropropoxyphène seul ou en association au paracétamol (Efferalgan, di-antalvic…) Di-antalvic(Xalgésic).
- Niveau 03 : douleurs fortes ou très fortes (rare en odontostomatologie) : Indication des morphiniques.
Conclusion
Les antalgiques sont un outil irremplaçable dans la lutte contre la douleur, mais le traitement étiologique est toujours nécessaire et parfois suffisant à lui seul.
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Les antalgiques en odontostomatologie
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Les antalgiques en odontostomatologie

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.