LA CONTENTION EN ODF

LA CONTENTION EN ODF

LA CONTENTION EN ODF

1. INTRODUCTION :

Face au problème majeur de l’orthodontie, la récidive, qui suscite l’intérêt des praticiens, plusieurs auteurs soulignent l’importance d’un contrôle systématique et rigoureux en instaurant une phase de contention qui suit toujours la phase active du traitement. Château relève son impact en disant qu’un traitement ne vaut que dans la mesure où son résultat est durable, s’il n’est pas durable, il est nuisible. Toutefois, nos connaissances des facteurs du déséquilibre post-orthodontique restent insuffisantes, pour cela tout un arsenal de dispositifs nous est offert pour maintenir nos résultats.

2. DEFINITION :

C’est la phase finale d’un traitement orthodontique. Elle est destinée à maintenir ou parfaire les résultats obtenus et éviter la récidive des anomalies (F. BASSIGNY). C’est la phase de traitement qui suit immédiatement la période de traitement actif, elle fait appel à tout un ensemble de procédés et de dispositifs destinés à s’opposer à la récidive ; c’est-à-dire à la prédisposition naturelle qu’ont les dents à retourner vers leur position d’origine (C. CHABRE).

3. LES BUTS DE LA CONTENTION :

Le but principal de la contention est de stabiliser les dents pendant la réorganisation tissulaire.

  • Pour REITAN ; il convient de maintenir les dents pendant la réorganisation tissulaire ; pour EUGLAT ; la contention n’est plus nécessaire.
  • Alors que BURSTANE trouve que la contention n’est pas toujours utile ; si les relations ont été corrigées au début du traitement actif.
  • Pour BEGG ; lorsque la dent est maintenue d’une façon rigide dans toutes les directions, après la fin du traitement actif, l’os ne se déplace pas de façon à résister aux forces de la mastication.
  • Pour TWEED, la contention n’est souhaitable dans la mesure où l’orthodontiste ne connaît pas tous les déterminants de l’occlusion de ses patients, il ne peut pas d’emblée leur imposer une occlusion idéale, à la fin du traitement actif, en présence d’une malocclusion il faut laisser l’occlusion individuelle s’établir.

4. LES OBJECTIFS DE LA CONTENTION :

  • Assurer la stabilité des résultats en s’opposant à la récidive.
  • Maintenir la correction des anomalies dentaires le temps que l’environnement tissulaire se réorganise.
  • Maintenir une correction des dysmorphies des bases.
  • Favoriser l’établissement d’une bonne occlusion.
  • Contrecarrer l’effet de la croissance résiduelle allant dans le sens opposé du traitement.
  • Maintenir les conditions favorables à une bonne fonction.

5. LES PRINCIPES DE LA CONTENTION :

Le choix du type de contention doit être guidé par quelques principes : une bonne contention doit être immédiate, intelligente, prolongée et chaque fois que possible fixée.

5.1. UNE CONTENTION IMMEDIATE : car la récidive commence dès la dépose de l’appareil actif. REITAN a bien montré qu’après dépose du dispositif actif, le mouvement de récidive était maximal durant les deux premières heures, très important durant les cinq heures suivantes, puis allait en décroissant pour se stabiliser et continuer à un taux plus faible. Parker, de son côté, a estimé que la moitié de la récidive totale avait lieu au cours des douze premières heures.

5.2. UNE CONTENTION INTELLIGENTE : Une contention semble être intelligente lorsqu’elle s’oppose précisément et individuellement aux risques de récidive que présente le patient. Cette règle a été parfaitement formulée par ANGLE : « Puisque les dents ont tendance à retourner à leur position initiale, le premier principe à retenir pour le dessin de l’appareil de contention est qu’il doit s’opposer au mouvement des dents vers leurs positions premières, et seulement à ce retour ».

5.3. UNE CONTENTION PROLONGÉE : La contention doit être prolongée jusqu’à ce que les tissus environnants les dents ainsi que les fonctions orales soient adaptés à la nouvelle position des dents et à la nouvelle forme des arcades. La contention post-orthodontique prend fin lorsque toutes les causes de récidive, liées au traitement, ont disparu. En reprenant la liste de ces causes, on voit que la contention doit être poursuivie :

  • Jusqu’à la fin de la croissance faciale.
  • Jusqu’à ce que l’équilibre occlusal soit stable.
  • Jusqu’à ce qu’il soit avéré que l’équilibre des pressions musculaires soit en harmonie avec les dimensions que le traitement a donné aux arcades.
  • Jusqu’à ce que les fibres transeptales soient redevenues « passives », c’est-à-dire réorganisées en fonction de la nouvelle position des dents.

5.4. UNE CONTENTION FIXÉE : Tous les systèmes de contention ne peuvent être fixés, mais chaque fois que c’est possible, il faut préférer les appareils fixés et éviter les appareils amovibles. En effet, une plaque amovible peut être facilement cassée, perdue ou oubliée. Un traitement d’orthodontie représente trop d’efforts des deux partenaires, et son résultat trop d’importance pour le patient, pour être à la merci d’un coup de malchance ou d’un mouvement d’impatience. D’autre part, poser une contention amovible, c’est admettre que la contention cessera, en fait, à l’initiative du patient et non à celle du praticien. Bien évidemment, la contention fixée n’est pas toujours indiquée car elle n’a pas non plus que des avantages, et implique en particulier un contrôle régulier du collage. En conclusion, le point le plus important à souligner est que le type de contention doit être choisi selon les particularités de chaque cas et de chaque type de traitement, et en fonction de la récidive possible.

6. LES DIFFERENTS TYPES DE CONTENTION :

La contention peut être naturelle ou artificielle, active ou passive, fixe ou amovible, uni ou bi maxillaire, temporaire ou permanente.

6.1. LES DISPOSITIFS DE CONTENTION :

6.1.1. LES DISPOSITIFS UNI MAXILLAIRES :

6.1.1.1. DISPOSITIFS UNI MAXILLAIRES AMOVIBLES :

  • La plaque de HAWLEY : Les plaques amovibles de type Hawley (HAWLEY, 1919) stabilisent les dents grâce à une plaque en résine plus ou moins renforcée avec un contact sur chaque dent en palatin et un fil en acier inoxydable vestibulaire. Elles trouvent essentiellement leur indication dans les cas d’endognathie traitée par expansion maxillaire afin de maintenir la dimension transversale et la forme d’arcade. Il existe plusieurs variantes : La plaque peut être évidée au niveau palatin pour permettre les contacts de la langue avec la muqueuse palatine nécessaire à la fonction linguale. Plaque sans arc vestibulaire ni ADAMS : plaque bien ajustée tenue par deux bras en fil 0,7mm qui passent derrière la dernière molaire, suivant les collets des prémolaires, et se terminent par un crochet où le patient fixe un élastique de très faible force qui s’ajuste sur les faces vestibulaires des incisives maxillaires. Il est très légèrement activé, pas sujet aux fractures et ne perturbe pas l’occlusion.
  • Plaque avec arc vestibulaire circonférentiel : afin d’éviter le passage des fils dans les embrasures et les perturbations occlusales qui résultent, on préférera un arc vestibulaire circonférentiel passant en distal de la dernière dent sur l’arcade.

Ses qualités :

  • Capacité de laisser les dents s’adapter verticalement à une nouvelle occlusion.
  • Bon contrôle du sens transversal.
  • Possibilité de retouche au fauteuil.

Ses défauts :

  • Contrôle moins précis de chaque dent en fonction des points de contact entre le fil et la dent.
  • Volume relativement important et gênant.
  • Résultat moins esthétique.
  • La plaque de Sved : Il s’agit d’une plaque palatine avec un retour de résine englobant le bord libre des incisives maxillaires. Les incisives mandibulaires viennent au contact de la plaque juste en arrière des incisives maxillaires sur un plan de résine.
  • La plaque amovible inférieure : La plaque de contention à l’arcade mandibulaire est plus gênante qu’à l’arcade maxillaire. Elle est étonnamment fragile et sujette à la perte, d’où l’indication primordiale d’une contention fixe à l’arcade inférieure.
  • Les gouttières thermoformées :
    • Il s’agit d’une gouttière réalisée avec un matériau thermoplastique transparent rigide chauffé et mis en forme sous vide sur le moulage en plâtre de fin de traitement.
    • C’est une contention rigide :
    • Indiquée pour le maintien de la forme d’arcade et de l’alignement dentaire.
    • S’oppose à la réouverture de diastèmes ou d’espaces d’extractions et à la réapparition de malpositions et rotations, notamment des incisives.

Leurs avantages :

  • Peu encombrantes et transparentes donc bien acceptées.
  • Elles assurent la contention dans les trois sens de l’espace.

Leurs inconvénients :

  • Interfèrent avec l’occlusion : surtout si une gouttière est portée à chaque arcade. Elles sont portées à mi-temps : lorsqu’elles sont en place il n’y a pas d’intercuspidation, et une fois qu’elles sont ôtées, la pression occlusale pousse les dents vers une autre position. Ce mouvement de « va et vient » à savoir de « jiggling » est néfaste pour le parodonte.
  • Relativement fragiles : le praticien peut confectionner une deuxième gouttière dans le cas où la première se casse ou se perd.

6.1.1.2. DISPOSITIFS UNI MAXILLAIRES FIXES : Il s’agit de dispositifs collés essentiellement sur les faces linguales des dents. Certains le sont pour un temps limité, d’autres pour plus longtemps, enfin certains le sont à titre définitif.

  • Contention collée intermédiaire ou temporaire : Ces contentions collées ont pour but de maintenir un groupe de dents en attendant l’éruption des dents voisines qui viendront stabiliser l’ensemble. C’est par exemple le cas lorsque les incisives centrales maxillaires, du fait d’un trajet d’éruption anormal ou d’un frein médian particulièrement hypertrophique, font leur éruption aux dépens des quatre incisives temporaires. Il en résulte un diastème médian important et une place réduite pour l’éruption des latérales définitives lesquelles risquent alors de faire leur éruption en malposition. Avec un système multi-attaches simple, il est possible de fermer le diastème médian rapidement et ainsi de restituer toute la place nécessaire à l’éruption des incisives latérales définitives. Dans l’attente de leur éruption et pour éviter la réouverture du diastème, un fil tressé peut être collé en palatin des deux centrales, ce qui permet la dépose rapide du multi-attaches vestibulaire. On veillera à ce que le fil collé n’interfère pas avec l’occlusion.
  • Contention collée semi-permanente : C’est le type de contention le mieux adapté pour s’opposer aux récidives des malpositions (rotation, version, égression) et de réouverture d’espaces après fermeture d’un site d’extraction ou d’un diastème. Il en existe de très nombreuses variantes selon la nature du fil, les dents concernées, la méthode de collage.

Nature du fil : Selon les cas, on utilise :

  • Soit un fil rond d’assez gros diamètre .030 si celui-ci n’est collé qu’à ses extrémités sur les canines.
  • Soit un fil tressé plus fin .0175 si celui-ci est collé sur toutes les dents. Par sa souplesse, il laisse aux dents un certain degré de mobilité en rapport avec leurs fonctions.
  • Soit des fibres de natures diverses qui seront alors noyées dans la colle.
  • Soit des grilles métalliques.

Les défauts :

  • Blessure linguale, si elles ne sont pas totalement recouvertes par la colle.
  • Irritation gingivale.
  • Immobilisation totale des dents.
  • Recollage difficile.
  • Contention collée permanente : Dans certains cas, une contention post-orthodontique doit être envisagée de façon permanente. Pour choisir une contention coulée collée, trois paramètres sont à prendre en considération :
    • L’état du parodonte : tissus mous, l’os et tissu de soutien de la denture.
    • Intégrité des dents restantes et la présence ou non de restauration.
    • Degré de mobilité dentaire.
    • Fil collé intra coronaire (fil continu de molaire à molaire).

Ce fil suit l’arrondi antérieur, aborde les prémolaires entre les cuspides juste sur le sillon occlusal, poursuit son trajet entre les cuspides molaires.

Pour qu’il puisse s’insérer entre prémolaires et molaires, il faut creuser dans l’émail de la face occlusale un sillon mésio-distal peu profond de 0,50 à 0,55mm selon le type de fil, n’atteint pas la dentine. Ce type de contention convient très bien aux contentions de longue durée chez l’adulte. Reste moins mutilant que les attelles collées.

  • Les attelles coulées collées en denture adulte : Ce sont des systèmes de contention fixés dits permanents, imposant une préparation des tissus dentaires et leur mise en œuvre au laboratoire. Ils regroupent les attelles en composite fibré, les attelles métalliques continues ou discontinues et les couronnes solidarisées ou bridges.
  • Les attelles en composite fibré :

Avantages :

  • Précision d’adaptation.
  • Résistance mécanique.
  • Résultat esthétique.
  • Économie tissulaire.

Inconvénients :

  • Coût financier assez élevé.
  • Manque de résistance pour les attelles de longue portée.
  • Les attelles métalliques coulées ou attelle-bridges : Système de contention reconnu pour sa pérennité mais de réalisation difficile, faite par le prothésiste.

Avantages :

  • Peu simultanément combler l’absence d’une ou deux dents : Attelle-bridge. Ce procédé est une réelle alternative à l’implantologie lorsqu’elle est refusée, impossible ou contre-indiquée.
  • Préserve l’esthétique vestibulaire.
  • Économie de tissu dentaire par rapport à une prothèse conventionnelle.

6.1.2. LES DISPOSITIFS BIMAXILLAIRES :

6.1.2.1. LES DISPOSITIFS BIMAXILLAIRES AMOVIBLES :

  • Le « tooth positionner » de KESLING : Fabriqué en caoutchouc naturel, très souple et très résistant, l’appareil est construit sur un montage des dents du patient, placées en parfait alignement et en parfaite intercuspidation, selon une position approximative de l’ATM. L’appareil enveloppe les deux arcades.
  • L’activateur : Lorsqu’un activateur est fait pour la contention, il doit être aussi peu encombrant que possible. Il devient ainsi moins encombrant qu’un tooth-positionner. Cependant, son port doit être parfaitement régulier car, si le moindre déplacement dentaire a lieu, l’appareil ne peut plus être remis en place. Pour cette raison, l’activateur reste difficilement accepté pour les contentions de longue durée.

6.1.2.2. LES DISPOSITIFS BIMAXILLAIRES FIXES :

  • Les butées cingulaires : Ce sont de petites masses de composite placées sur les cinquums des incisives et souvent des canines maxillaires, destinées à empêcher la récidive de la supracclusion. En augmentant le volume des cinquums, elles leur permettent de jouer le rôle de cuspides linguales qui maintiennent les rapports des groupes incisifs antagonistes dans le sens vertical et constituent donc un dispositif à effet bimaxillaire. Le plus souvent, les butées s’ajoutent au fil de contention collé sur les incisives maxillaires, de même que la contention de la supracclusion s’ajoute à celle de l’alignement des incisives.

7. LA DUREE DE LA CONTENTION :

On attribue à Oppenheim, traitant de la durée de la contention, la réponse suivante : « jusqu’au mariage pour les filles ! ».

La stabilité de certaines corrections orthodontiques augmente avec la durée de la contention ; le temps de contention souhaitable varie selon les auteurs et les anomalies traitées :

  • IZARD et CHATEAU recommandent de porter l’appareil jour et nuit, puis quelques semaines après uniquement nocturne pour permettre de noter le nouvel articulé.
  • THEUVNEY arrête la contention au bout d’une année.
  • Selon R.S. et S.K. NANDA (1992), « peut-être la solution à la question de la récidive à long terme est-elle la contention à long terme ».
  • SHERIDAN, KOKICH, TUVERSON et bien d’autres sont partisans d’une contention gardée la vie durant.
  • SCHUDY, jusqu’à la fin de la croissance et l’évolution des DDS.

Selon les anomalies traitées :

  • Pour une classe I avec DDM : un an.
  • Pour une classe II : deux ans.
  • Pour une classe III : jusqu’à la fin de la croissance.

8. CONCLUSION :

La contention, au même titre que le traitement, doit être spécifiquement adaptée à chaque cas et sa durée ne doit pas être abrégée par l’humeur du praticien ou celle du patient.

Ainsi, le type de contention doit être choisi selon ses propres caractéristiques, les particularités de chaque cas et de chaque type de traitement, et en fonction de la récidive possible.

Concernant la durée de maintien des dispositifs de contention, la tendance étant à prolonger cette durée le plus possible, il ne faut en aucun cas négliger les aspects de l’information et du consentement éclairé du patient, ainsi que de la responsabilité du praticien.

LA CONTENTION EN ODF

Voici une sélection de livres:

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