Lithiases des glandes salivaires
La lithiase salivaire ou sialolithiase est l’une des pathologies les plus fréquentes des glandes salivaires et constitue une cause majeure de dysfonctionnement des glandes salivaires.
C’est la formation et migration de concrétions calciques dans les voies excrétrices de la salive.
- Epidémiologie :
Les lithiases salivaires sont plus fréquentes au niveau de la glande submandibulaire (83%) par rapport à la parotide (17%).
Au niveau de la glande submandibulaire, les complications mécaniques sont beaucoup plus fréquentes (76.50%) par rapport aux complications infectieuses, contrairement à la parotide où les complications infectieuses priment.
Les lithiases surviennent à tout âge (2ans à 90ans)
Il n’existe pas de prédominance pour le sexe. Il existerait des formes familiales dans 25%
- Pathogénie :
La fréquence des lithiases salivaires au niveau des glandes salivaires submandibulaires est expliquée par trois théories :
- Hypothèse en rapport avec des erreurs diagnostiques :
Le nombre de lithiases parotidiennes sont restées méconnues et l’arrivée de l’endoscopie a permis de diagnostiquer des lithiases parotidiennes inaccessibles à la radiographie.
- Hypothèse anatomique :
Le canal de Wharton étant plus long, son ostium plus étroit et la salive devant s’écouler de bas en haut sont des éléments en faveur de la stase salivaire.
- Hypothèse physicochimique :
La salive submandibulaire est plus riche en mucines et plus épaisse favorisant la précipitation calcique.
- Structure du calcule salivaire :
Le calcule salivaire est constitué d’une structure cristalline, le calcul salivaire se compose de phosphate et de carbonate de calcium sous forme d’hydroxyapatite.
Il se développe à partir d’un noyau central qui représente la matrice organique, autour de laquelle se dépose des couches successives de sels minéraux et d’éléments organiques
Il se compose alors de 25% de matière organique (centrale) et 75% de matière minérale.
Figure 1 : Multiples lithiases salivaires
- Diagnostic positif :
- Circonstances de découverte :
- Phase de latence :
La découverte est fortuite lors d’un examen radiologique de routine (panoramique dentaire) ou lors de la palpation du plancher.
- Lors de complications mécaniques :
Plus fréquentes au niveau de la glande submandibulaire que la parotide. Elles sont caractérisées par la rythmicité lors des repas :
- Hernie salivaire : c’est une tuméfaction aigue à répétition, survenant au cours des repas.
- Colique salivaire : douleurs glandulaires irradiantes lors des repas, associée à l’hernie salivaire et cessant parfois avec l’expulsion spontanée du calcul.
Figure 2 : Hernie salivaire : tuméfaction de la glande submandibulaire lors des repas.
- Lors des complications infectieuses :
Plus fréquentes au niveau de la glande parotide. On distingue trois formes : Inflammation dans le canal salivaire : sténonite/ whartonite
| Sténonite :Douleurs en avant de l’oreille, fièvre modérée, ostium rouge, purulent avec une salive louche. | Whartonite :Tuméfaction de la crête salivaire, ostium rouge avec issue de pus, signes généraux modérésLithiases antérieures proches de l’ostium++ |
Inflammation autour du canal salivaire : péristénonite/ périwhartonite
| Péristénonite :Abcès jugal, otalgies, trismus,Signes généraux parfois marqués imposent l’hospitalisation.Fistulisation possible | Périwhartonite :Véritable abcès du plancher Signes généraux marqués Le plancher buccal soulevéPersistance du sillon gingivolingual Fistulisation possible, drainage urgent |
Inflammation en amont du canal salivaire : parotidite/ submandibulite
| Parotidite :Tuméfaction pré-auriculaire, rougeur cutanée avec induration à la palpationEcoulement de pus par l’ostium inflammatoire, adénopathie . | Submandibulite :En rapport avec gros calcul postérieurTuméfaction submandibulaire douloureuse, ostium purulent, fistulisation à la peau possible + signesgénéraux |
- Examens paracliniques :
- Panoramique dentaire :
Ne visualise pas les petits calculs antérieurs.
Le calcul apparait sous forme d’une image radio-opaque qui se projette sur une ligne allant de l’angle à la région incisive.
Figure 3 : Panoramique dentaire : lithiase salivaire submandibulaire.
- Clichés occlusaux :
On distingue le cliché occlusal antérieur pour les calculs antérieurs et le cliché occlusal postérieur (incidence de Bonneau).
Figure 4 : Cliché occlusal : lithiase salivaire antérieure
- Echographie :
Examen fondamental en pathologie salivaire, utilise des ultra-sons (non irradiante) Elle permet de visualiser les calculs de plus de 2mm de diamètre.
Elle montre une dilatation canalaire en amont du calcul salivaire
Figure 5 : Echographie : lithiase salivaire + dilatation canalaire en amont du calcul
- Tomodensitométrie (TDM):
Très sensible pour la détection des calculs et voir l’état du parenchyme glandulaire Possibilité d’injection de produit de contraste intra canalaire (sialo-TDM)
- Diagnostic différentiel :
La discussion différentielle se fait avec les autres tuméfactions non lithiasiques :
- Parotidite et submandibulite non lithiasique : imagerie
- Les cellulites et les ostéomyélites : tuméfaction faisant corps avec l’os, présence d’une dent causale.
- Les adénites : aucune symptomatologie au niveau des ostiums
- Kystes dermoïdes et grenouillettes surinfectées : clinique et imagerie.
- Autres (sur le panoramique dentaire) : apex résiduel, adénopathie calcifiée, angiome calcifié
- Traitement :
- Traitement médical :
Antibiothérapie : Amoxicilline ou macrolides en cas d’infection ou d’acte invasif. Antalgiques en cas de douleurs.
Antispasmodiques qui permettent d’augmenter le diamètre canalaire.
Sialogogues : ce sont des médicaments qui stimulent la sécrétion salivaire. Exp: « Sulfarlem »
🡪 Petit calcule.
La sialographie au Lipiodol a une action antiseptique et peut amener à une sédation des signes fonctionnels.
- Traitement conservateur :
La sialendoscopie : devant un calcule postérieur de petit diamètre < 5mm en utilisant une caméra et une sonde panier.
Figure 6 : Sialendoscopie
La lithotripsie extracorporelle (stone breaker) : indiquée dans le cas de calcule entre 5 et 7mm.
C’est une technique mini-invasive qui permet de fragmenter le calcule salivaire par l’émission des ondes de choc à partir d’un dispositif extra-oral. Les petits fragments peuvent être expulsés spontanément ou par sialendoscopie.
Figure 7 : Lithotripsie extracorporelle d’un calcul parotidien.
- Traitement conservateur :
- Taille endo-buccale :
Consiste en l’exérèse chirurgicale du calcule salivaire par une taille endo-buccale est réservée pour les calculs postérieurs de plus de 8mm de diamètre avec cathétérisme du canal excréteur.
- Traitement chirurgical par sialedenectomie :
La submandibulectomie et la parotidectomie sont de moins en moins indiquées avec l’émergence des thérapeutiques conservatrices.
Elles sont indiquées devant un échec thérapeutique ou devant un calcul salivaire intra glandulaire
- Autres lithiases :
- Lithiase sublinguale :
Se présente comme une lithiase submandibulaire : Tuméfaction au niveau de la crête salivaire avec calcul (palpable ou visible à la sialographie) en dehors du trajet de Wharton
Traitement : ablation du calcul par voie transmuqueuse ou ablation de la glande (sublingualectomie)
- Lithiase des glandes salivaires accessoires :
Rare, survient préférentiellement chez le sujet âgé
Réalise une tuméfaction d’une glande salivaire accessoire (lèvre, palais, joue) centrée par un calcul.
La pression laisse sourdre du pus ou de la salive purulente. Une Rx par film dentaire pourrait montrer la calcification. Traitement : ablation du calcul ou de la glande.
Conclusion :
Les lithiases salivaires sont des affections les plus fréquentes des glandes salivaires. Ceci impose au médecin dentiste une parfaite connaissance de leur symptomatologie clinique et radiologique, leurs différentes présentations cliniques.
La prise en charge de ces pathologies est actuellement de plus en plus conservatrice.
Lithiases des glandes salivaires
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- Parodontologie Relié – 1 novembre 2005
Lithiases des glandes salivaires

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.

