Les empreintes en prothèse partielle adjointe
Introduction
L’édentement, qu’il soit partiel ou total, représente un défi majeur en médecine dentaire, affectant non seulement l’esthétique, mais aussi la fonctionnalité masticatoire, la phonation et le confort psychologique des patients. Pour répondre à ce problème, la prothèse partielle adjointe constitue une solution efficace, permettant de restaurer les fonctions orales tout en s’intégrant harmonieusement aux structures buccales restantes. La réalisation de cette prothèse repose sur un processus clé : le transfert précis de la réalité clinique au laboratoire. Ce transfert s’effectue par le biais des empreintes, qui jouent un rôle fondamental dans la conception et la fabrication des prothèses.
Les empreintes permettent de capturer une représentation fidèle des arcades dentaires et des tissus environnants, servant de base pour la création de modèles d’étude ou de travail. Cet article explore en détail les différents types d’empreintes, leurs objectifs, les matériaux utilisés, les techniques employées, ainsi que les étapes pratiques pour leur réalisation, tout en mettant l’accent sur leur importance dans la réussite des prothèses partielles adjointes.
Types d’empreintes en prothèse partielle adjointe
Les empreintes en prothèse partielle adjointe peuvent être classées selon plusieurs critères, chacun correspondant à des besoins spécifiques dans le processus prothétique. Voici une présentation détaillée des différents types d’empreintes :
Empreintes selon leur étape dans le processus
Empreinte préliminaire (primaire)
L’empreinte préliminaire est la première étape dans la réalisation d’une prothèse partielle adjointe. Elle est effectuée à l’aide d’un porte-empreinte de série (PES), un dispositif standardisé en métal ou en plastique. Cette empreinte vise à obtenir un modèle primaire qui servira à plusieurs objectifs :
- Étude diagnostique : Permet d’analyser l’état des arcades dentaires et des tissus environnants.
- Fabrication du porte-empreinte individuel (PEI) : Le modèle primaire est utilisé pour concevoir un porte-empreinte sur mesure, adapté à la morphologie du patient.
- Réalisation de prothèses de courte ou moyenne étendue : Dans certains cas, l’empreinte préliminaire peut suffire pour des prothèses simples.
Empreinte secondaire
L’empreinte secondaire est réalisée à l’aide d’un porte-empreinte individuel (PEI), conçu à partir du modèle primaire. Cette empreinte, plus précise, capture les détails anatomiques et fonctionnels des tissus buccaux. Elle est essentielle pour :
- Les édentements complexes : Notamment les classes I et II de Kennedy ou les édentements intercalaires de grande étendue.
- La fabrication de la prothèse définitive : Le modèle secondaire obtenu sert de base pour la construction de la prothèse partielle adjointe.
Empreintes selon leur étendue
- Empreinte unitaire : Cible une zone spécifique de l’arcade dentaire, souvent utilisée pour des corrections localisées.
- Empreinte partielle : Concerne une partie de l’arcade, généralement pour les prothèses partielles.
- Empreinte globale : Englobe l’ensemble de l’arcade dentaire, utilisée pour les prothèses complètes ou les cas complexes.
Empreintes selon la localisation
- Empreinte supérieure : Concerne le maxillaire supérieur.
- Empreinte inférieure : Concerne le maxillaire inférieur, souvent réalisée en premier en raison de sa meilleure tolérance par le patient.
Empreintes selon leur finalité
- Empreinte d’étude : Destinée à l’analyse initiale et à la planification du traitement.
- Empreinte finale : Utilisée pour la fabrication de la prothèse définitive.
Empreintes selon la technique
- Anatomo-statique : Capture les structures buccales dans un état de repos, sans mouvement.
- Anatomo-dynamique : Enregistre les tissus buccaux en mouvement pour mieux reproduire les interactions fonctionnelles (mastication, déglutition, etc.).
Résultat des empreintes
Le résultat final d’une empreinte est un modèle d’étude ou un modèle de travail, qui constitue une réplique positive des structures buccales. Ces modèles permettent au prothésiste de concevoir une prothèse adaptée aux besoins spécifiques du patient.
Définition de l’empreinte en médecine dentaire
Selon le dictionnaire Larousse, une empreinte est une « marque en creux ou en relief ». En médecine dentaire, cette définition prend une dimension plus spécifique :
L’empreinte est l’enregistrement en négatif de l’arcade dentaire, permettant d’obtenir un modèle positif pour l’étude ou la réalisation d’une prothèse.
Cette définition met en lumière le rôle central des empreintes comme outil de transfert entre la réalité clinique et le laboratoire. Une empreinte de qualité garantit une prothèse bien adaptée, fonctionnelle et durable.
Objectifs des empreintes
Les empreintes en prothèse partielle adjointe poursuivent plusieurs objectifs, en fonction de leur type et de leur finalité :
Objectifs de l’empreinte préliminaire
- Obtention d’un modèle primaire :
- Analyse diagnostique de l’état des arcades et des tissus environnants.
- Conception d’un porte-empreinte individuel (PEI).
- Réalisation de prothèses pour des édentements de courte ou moyenne étendue.
Objectifs de l’empreinte secondaire
- Obtention d’un modèle secondaire :
- Utilisé pour les cas complexes, comme les édentements de classe I ou II de Kennedy, ou les édentements intercalaires de grande étendue.
- Sert de base pour la fabrication de la prothèse définitive, en tenant compte des interactions fonctionnelles des tissus buccaux.
Matériaux pour les empreintes
Le choix des matériaux pour les empreintes est crucial pour garantir leur précision et leur compatibilité avec les besoins cliniques. Les matériaux couramment utilisés incluent :
- Alginate : Matériau économique, souvent utilisé pour les empreintes préliminaires en raison de son faible coût et de sa facilité de manipulation.
- Silicone : Offre une précision supérieure, utilisé pour les empreintes secondaires ou finales.
- Plâtre : Moins courant aujourd’hui, mais utilisé dans certains cas pour des empreintes très précises.
Qualités requises des matériaux d’empreinte
Pour être efficace, un matériau d’empreinte doit répondre à plusieurs critères :
- Coût abordable et stockage facile : Pour une utilisation pratique en cabinet dentaire.
- Manipulation aisée : Doit être simple à préparer et à appliquer.
- Goût agréable : Pour améliorer le confort du patient.
- Non-irritant et non-toxique : Pour garantir la sécurité du patient.
- Temps de prise adapté : Entre 3 et 5 minutes, selon l’acte réalisé.
- Élasticité suffisante : Pour permettre un retrait facile sans déformation.
- Stabilité dimensionnelle : Pour conserver la précision de l’empreinte dans le temps.
- Fidélité : Doit reproduire les détails anatomiques avec exactitude.
- Compatibilité avec les matériaux de réplique : Pour garantir une coulée de modèle sans défauts.
Remarque : Aucun matériau ne réunit l’ensemble de ces qualités de manière parfaite, ce qui nécessite un choix judicieux en fonction des besoins cliniques.
Matériel nécessaire
Le matériel utilisé dépend du type d’empreinte et du matériau choisi. Voici les éléments principaux :
- Porte-empreinte de série (PES) : En métal ou en plastique, perforé pour une meilleure rétention du matériau.
- Porte-empreinte individuel (PEI) : Fabriqué en résine ou en plaque thermoplastique, adapté à la morphologie du patient.
- Bol et spatule à alginate : Pour la préparation du matériau.
- Plaque et spatule à malaxer : Pour les matériaux comme le silicone.
- Lampe à alcool, ciseau ou lame : Pour les ajustements du porte-empreinte ou du matériau.
Installation du patient
L’installation correcte du patient est essentielle pour garantir la précision de l’empreinte et son confort.
Empreinte du maxillaire supérieur
- Position du patient : Le buste et la tête doivent être droits, perpendiculaires au sol, pour équilibrer les forces de la pression bidigitale et éviter le refoulement du matériau vers les voies pharyngées.
- Hauteur de la cavité buccale : Elle doit être alignée au niveau du coude du praticien pour une manipulation confortable.
Empreinte du maxillaire inférieur
- Position du patient : Le buste est légèrement incliné vers l’arrière, de sorte que la crête inférieure soit horizontale lorsque la bouche est ouverte.
- Hauteur de la cavité buccale : Alignée au niveau du coude du praticien.
Empreinte préliminaire anatomo-statique à l’alginate
Définition
L’empreinte préliminaire anatomo-statique à l’alginate est la première empreinte réalisée pour reproduire un maxillaire édenté. Elle est effectuée avec un porte-empreinte de série garni d’alginate, un matériau précis mais économique. Cette empreinte est destinée à la fabrication d’un porte-empreinte individuel ou à la réalisation de prothèses simples.
Objectifs
- Diagnostic : Permet une analyse détaillée des structures buccales.
- Fabrication du PEI : Fournit un modèle primaire pour concevoir un porte-empreinte sur mesure.
- Prothèses de courte ou moyenne portée : Utilisée pour des cas moins complexes.
Matériel
- Porte-empreinte de série perforé (métal ou plastique).
- Bol et spatule pour la préparation de l’alginate.
Choix du porte-empreinte de série
Le porte-empreinte de série doit répondre à plusieurs critères :
- Neutralité : Ne doit pas interférer avec les propriétés du matériau.
- Rigidité : Pour éviter toute déformation pendant la prise.
- Adaptation : Doit correspondre à la forme de l’arcade et recouvrir tous les éléments anatomiques sans contact direct.
- Espace suffisant : Un espace de 1 à 2 mm entre l’intrados du porte-empreinte et la surface à mouler.
- Confort : Ne doit pas provoquer de distension des tissus périphériques.
Technique de l’empreinte du maxillaire inférieur
L’empreinte du maxillaire inférieur est généralement réalisée en premier, car elle est mieux tolérée par le patient.
- Essayage et correction du porte-empreinte :
- Vérifier l’adaptation du PES à l’arcade.
- Ajuster si nécessaire pour éviter tout contact direct avec les tissus.
- Préparation de l’alginate :
- Respecter le dosage eau/poudre indiqué par le fabricant.
- Mélanger vigoureusement jusqu’à obtenir une pâte homogène.
- Technique d’empreinte :
- Garnir le PES d’alginate.
- Insérer, centrer et maintenir le porte-empreinte sans mouvement pendant la prise.
- Retirer le PES d’un coup sec, dans l’axe longitudinal des dents antérieures, sans mouvements latéraux.
- Examen et traitement de l’empreinte :
- Inspecter minutieusement l’empreinte pour vérifier l’absence de défauts.
- Rincer à l’eau pour éliminer la salive ou la mucine.
- Éliminer les excès d’alginate.
Technique de l’empreinte du maxillaire supérieur
- Essais et correction du porte-empreinte :
- Vérifier l’adaptation du PES.
- Ajuster pour garantir un positionnement optimal.
- Préparation de l’alginate :
- Suivre les mêmes étapes que pour l’empreinte inférieure.
- Technique d’empreinte :
- Garnir le PES d’alginate.
- Centrer le porte-empreinte et incliner légèrement la tête du patient vers l’avant pour éviter l’écoulement du matériau dans les voies pharyngées.
- Maintenir en place jusqu’à la prise complète.
Traitement de l’empreinte et coulée du modèle
- Nettoyage : Rincer l’empreinte à l’eau pour éliminer les résidus.
- Préparation du plâtre : Mélanger plâtre et eau selon les proportions recommandées.
- Coulée :
- Poser l’empreinte sur un vibreur pour éviter les bulles d’air.
- Déposer progressivement le plâtre à l’aide d’une spatule jusqu’à remplissage complet.
- Réaliser un socle pour stabiliser le modèle.
- Séparation : Après cristallisation du plâtre, séparer délicatement l’empreinte du modèle.
Remarque : La coulée du modèle doit être réalisée dans un délai de 10 minutes à 1 heure pour garantir la précision de l’empreinte.
Empreinte secondaire anatomo-fonctionnelle
Définition
L’empreinte secondaire anatomo-fonctionnelle est une empreinte définitive réalisée avec un porte-empreinte individuel (PEI). Elle capture les détails fonctionnels des tissus buccaux, en tenant compte des mouvements physiologiques des organes para-prothétiques. Cette empreinte est utilisée pour la fabrication de la prothèse définitive.
Objectifs
- Enregistrement des mouvements physiologiques : Capture le libre jeu des organes para-prothétiques (lèvres, langue, joues, voile du palais).
- Obtention d’un modèle de travail précis : Sert de base pour la conception de la prothèse.
Matériaux
- Élastomères de synthèse : Comme le silicone, qui offre une grande précision.
- Pâte de Kerr : Utilisée pour les techniques segmentaires.
Matériel
- Plaque et spatule à malaxer.
- Lampe à alcool, ciseau ou lame pour les ajustements.
Technique
- Vérification du PEI sur le modèle :
- S’assurer que le PEI est parfaitement adapté au modèle primaire.
- Vérification du PEI en bouche :
- Effectuer des tests statiques et dynamiques pour confirmer l’ajustement.
- Enregistrement des organes para-prothétiques :
- Méthode segmentaire (pâte de Kerr) : Appliquer la pâte sur les bords du PEI pour enregistrer les zones spécifiques.
- Méthode globale (silicone) : Utiliser un silicone à moyenne viscosité pour capturer l’ensemble des tissus.
- Mouvements spécifiques :
- Empreinte inférieure :
- Région sublinguale : Déglutition, rétraction et élévation de la langue.
- Région latérale moyenne : Ouverture maximale.
- Région latérale postérieure : Ouverture maximale.
- Région latérale antérieure : Contraction de la lèvre.
- Région mylo-hyoïdienne et rétro-molaire : Déglutition et mouvements de la langue.
- Empreinte supérieure :
- Région latérale moyenne : Ouverture maximale.
- Région latérale postérieure : Ouverture maximale et balancement mandibulaire.
- Région antérieure : Tirer la lèvre vers le bas, projeter en avant, rétracter les commissures.
- Région palatine postérieure : Émission du phonème « A » pour enregistrer le mouvement du voile.
- Empreinte inférieure :
- Empreinte des surfaces d’appui :
- Préparer un matériau fluide (ex. : silicone).
- Garnir le PEI et insérer en bouche.
- Effectuer les mouvements correspondants pour enregistrer les zones fonctionnelles.
- Retirer délicatement l’empreinte après la prise et examiner soigneusement.
Traitement de l’empreinte
- Nettoyage : Rincer l’empreinte à l’eau.
- Coffrage : Préparer un coffrage pour la coulée.
- Coulée du modèle :
- Placer l’empreinte sur un vibreur.
- Préparer un mélange plâtre-eau.
- Verser progressivement le plâtre jusqu’à remplissage complet.
Autres types d’empreintes
Empreintes de correction ou fractionnées
Ces empreintes sont indiquées pour les édentements postérieurs (classes I, II ou IV de Kennedy) ou les cas d’appui mixte (ostéo-muqueux et dentaire). Elles permettent de corriger des zones spécifiques de l’empreinte pour améliorer la précision.
Conclusion
La réalisation d’une prothèse partielle adjointe repose sur la qualité des empreintes, qui assurent un transfert fidèle de la réalité clinique au laboratoire. Une empreinte précise garantit une prothèse bien adaptée, fonctionnelle et durable, tout en respectant les tissus de soutien. En combinant des matériaux adaptés, des techniques rigoureuses et une installation optimale du patient, le praticien peut optimiser les résultats prothétiques, améliorant ainsi la qualité de vie des patients.
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Les empreintes en prothèse partielle adjointe

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.

