L’ATTACHE EPITHELIALE (Parodontologie)
Introduction
La région gingivodentaire revêt un double intérêt :
Sur le plan biologique : elle permet la relation entre deux tissus embryologiquement identiques, la dent et la gencive.
Sur le plan clinique : cette région constitue le parodonte de protection et la lésion initiale débute à ce niveau.
Définition
L’attache épithéliale ou jonction gingivo-dentaire est la partie apicale de l’épithélium jonctionnel qui forme un collet autour de la région cervicale de la dent.
C’est un mécanisme unique dans l’organisme qui unit les cellules épithéliales de l’épithélium jonctionnel à une surface calcifiée.
On la définit également comme une barrière physique et physiologique dont la cohésion conditionne l’intégrité des structures parodontales sous-jacentes.
Topographie de l’Attache Épithéliale
L’épithélium jonctionnel s’étend de la jonction émail/cément (JEC) coronairement de 1 à 2 mm sur la surface de l’émail.
La notion d’attache épithélio-conjonctive a été établie par Gargiulo et coll. afin de quantifier les valeurs approximatives de la profondeur du sulcus gingival et de l’attache épithéliale et conjonctive. Les valeurs retrouvées sont les suivantes :
- Profondeur du sulcus : 0,69 mm
- Épithélium jonctionnel : 0,97 mm
- Attache conjonctive : 1,07 mm
L’espace biologique a donc été évalué à environ 2,04 mm.

Historique de l’Attache Épithéliale
Pour comprendre l’histologie de cet attachement et discuter des problèmes qui s’y associent, il est préférable de commencer par exposer son développement.
Concept de Black (avant 1921)
Selon Black, seule la partie apicale de l’épithélium créviculaire est attachée à la jonction amélo-cémentaire. Il décrit un espace capillaire entre l’émail et l’épithélium sulculaire jusqu’à la jonction émail-cément.
Concept de Gottlieb (1921)
Gottlieb décrit l’existence d’une cuticule primaire entre la dernière couche de l’émail et l’épithélium adamantin réduit (EAR). Lorsque la dent fait son éruption, les cellules les plus basales de l’EAR fusionnent avec l’épithélium oral et forment la cuticule secondaire. Il affirme que la hauteur de cette attache épithéliale était plus ou moins constante. Ce concept fut accepté pendant une trentaine d’années sans être modifié.
Concept de Wearhaug (1952)
Wearhaug affirma qu’il n’y avait pas de rapport de continuité et qu’il pouvait introduire très facilement de fins strips métalliques dans le sulcus gingival de sujets humains ou autres jusqu’à un niveau correspondant à la JEC.
Il décrit un manchon épithélial adhérant et pensait que le contact de contiguïté existant entre les cellules épithéliales et l’émail est dû au serrage dynamique des fibres du chorion.
Concept de Stern (1962)
Stern fut le premier à démontrer au microscope électronique que la jonction épithélium/améloblastes de l’incisive du rat se faisait par l’intermédiaire d’une lame basale et des hémidesmosomes. La lame basale se composait d’une lame dense (lamina densa) et d’une lame claire (lamina lucida).
Histogénèse de l’Attache Épithéliale
On décrit trois étapes dans l’histogénèse de l’attache épithéliale.
La Phase Pré-éruptive
Après avoir formé l’émail, les améloblastes localisés dans la couche profonde de l’organe de l’émail (« améloblastes postsécréteurs ») édifient une lame basale dite « interne », sur laquelle ils s’ancrent par des hémidesmosomes. Ils conservent une forme légèrement cylindrique et se rangent perpendiculairement à la surface amélaire.
Une couche superficielle de cellules, reposant sur les « améloblastes postsécréteurs », est constituée des reliquats de cellules de l’organe de l’émail devenues aplaties. L’ensemble de ces couches fusionne et constitue l’épithélium adamantin réduit (EAR) qui recouvre la totalité de la couronne dentaire avant son éruption dans la cavité buccale.
L’épithélium adamantin est séparé du tissu conjonctif gingival sous-jacent par une lame basale externe dont la structure est comparable à celle de la lame basale interne.
On retrouve donc de part et d’autre de l’EAR un complexe de liaison formé par une lame basale associée aux hémidesmosomes, qui permet d’assurer l’attachement de l’EAR avec l’émail d’un côté et le tissu conjonctif de l’autre côté. Cette structure particulière est nommée attache « épithéliale primaire » par Grant.
La Phase Éruptive
Alors que la dent s’approche de la cavité buccale, l’épithélium de la muqueuse orale fusionne avec l’EAR encore adhérant à la surface coronaire jusqu’au collet de la dent. Les améloblastes de la couche profonde se transforment en cellules épithéliales malpighiennes tout en préservant un contact intime avec la surface dentaire par les hémidesmosomes. Les cellules de la couche basale de l’EAR se transforment en cellules malpighiennes mais conservent leurs activités mitotiques et forment le sillon gingivo-dentaire.
La Phase Définitive
Pendant les phases tardives, toutes les cellules de l’EAR sont remplacées par l’épithélium jonctionnel. Cet épithélium est continu avec l’épithélium oral et forme l’attache de la dent à la gencive, encore appelée « attache épithéliale secondaire ».

Structure Morphologique de l’Attache Épithéliale
Les composants morphologiques de l’attache épithéliale sont :
- Des hémidesmosomes des cellules de l’épithélium jonctionnel adjacent à la surface dentaire.
- Une membrane basale interposée entre les cellules épithéliales et la surface dentaire, constituée d’une lamina lucida et d’une lamina densa.
On peut également trouver, interposée entre la lame basale interne et la surface de l’émail, du cément coronaire fibrillaire ou afibrillaire et une cuticule dentaire.

L’Éruption Dentaire
Selon Gottlieb, l’éruption dentaire ne s’arrête pas lorsque la dent entre en contact avec son antagoniste fonctionnelle. L’éruption se poursuit sous deux formes :
L’Éruption Dentaire Active
L’éruption active correspond au processus d’éruption de la couronne dentaire, jusqu’au plan d’occlusion.
L’Éruption Dentaire Passive
C’est la migration de l’attache épithéliale (AE) vers le cément avec l’âge.
- 0 – 15 ans : l’AE et le fond du sillon gingivodentaire (SGD) sont au niveau de l’émail.
- 15 – 25 ans : le fond du SGD au niveau de l’émail, et l’AE au niveau de la jonction émail/cément.
- 25 – 45 ans : le fond du SGD au niveau de la jonction émail/cément et l’AE au niveau du cément.
- Plus de 45 ans : le fond du SGD et l’AE au niveau du cément.

Physiologie de l’Attache Épithéliale
Le Dynamisme
L’attache épithéliale n’est pas statique. Au moment de l’éruption, l’épithélium recouvre toute la couronne dentaire. Avec l’éruption, il migre de l’émail et l’AE continue à migrer avec l’âge vers le cément.
L’Adhésion
L’adhésion gingivo-dentaire est assurée par les différentes structures qui composent l’attache épithéliale par des phénomènes physico-chimiques.
Homéostasie Cellulaire
Le renouvellement permanent des cellules se fait par :
- Les mitoses au niveau de la couche basale.
- Un turn-over court, de 4 à 6 jours.
- Un taux de desquamation plus important que celui de l’épithélium oral gingival, favorisant l’élimination des substances étrangères qui s’y fixent.
La Perméabilité
Le rôle des espaces intercellulaires et la faible densité des jonctions intercellulaires rendent l’épithélium perméable aux substances étrangères au tissu conjonctif.
Au niveau d’une gencive cliniquement saine, on observe une migration constante des leucocytes dans les espaces intercellulaires de l’épithélium jonctionnel.
L’épithélium jonctionnel et l’épithélium oral sulculaire constituent une voie de diffusion importante pour les macromolécules étrangères et pour les cellules du tissu conjonctif, mais c’est la nature physico-chimique des composants et leurs solubilités qui conditionnent le potentiel de migration.
Le Fluide Gingival
Le sillon gingival contient un fluide qui filtre à partir du tissu conjonctif à travers la fine paroi créviculaire. Son rôle est :
- Débarrasser le sillon gingivodentaire des substances étrangères qui s’y trouvent.
- Exercer une activité de défense.
- Contenir des protéines collantes qui assurent l’adhésion de l’épithélium jonctionnel à la dent.
- Posséder des propriétés antimicrobiennes.
Conclusion
L’attache épithéliale est une unité fonctionnelle très infime mais elle occupe une importance capitale dans la préservation de l’intégrité des tissus du parodonte profond.
Cette jonction épithéliale est fragile mécaniquement. De plus, étant perméable, elle permet l’entrée de bactéries dans le ligament parodontal, pouvant ainsi être à l’origine des parodontopathies.
L’ATTACHE EPITHELIALE (Parodontologie)
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L’ATTACHE EPITHELIALE (Parodontologie)

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.
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