Tumeurs des glandes salivaires Pathologie et Chirurgie Buccales

Tumeurs des glandes salivaires Pathologie et Chirurgie Buccales

Tumeurs des glandes salivaires Pathologie et Chirurgie Buccales


Introduction

Les tumeurs des glandes salivaires sont relativement rares, néanmoins leur méconnaissance peut impliquer des conduites diagnostiques et thérapeutiques inadaptées et graves. Leur présentation clinique variée, les possibilités diverses d’investigation paraclinique, la grande diversité des formes anatomopathologiques et des traitements souvent complexes sur le plan chirurgical dominent l’intérêt de l’étude de ces tumeurs.

Chez l’adulte, les tumeurs des glandes salivaires sont essentiellement localisées dans la glande parotide (80 % des tumeurs) et la glande submandibulaire (10 à 15 %), tandis que la glande sublinguale et les glandes salivaires accessoires sont rarement touchées (5 à 10 %).

Environ 80 % des tumeurs de la glande parotide et 50 % des tumeurs de la glande submandibulaire sont bénignes.

Anatomopathologie des tumeurs des glandes salivaires

Les connaissances anatomopathologiques sur les tumeurs des glandes salivaires ont considérablement progressé. De nouvelles techniques d’immunohistochimie, de cytophotométrie, de techniques d’hybridation, de culture tissulaire et d’analyse chromosomique ont permis l’évolution du pronostic.

Étude clinique

Les tumeurs

Les tumeurs épithéliales bénignes ou adénomes

Adénome pléomorphe ou tumeur mixte
Clinique

C’est la plus fréquente des tumeurs des glandes salivaires (74 %). Elle apparaît à tous les âges, mais surtout entre la 4e et 5e décade. C’est une tumeur arrondie ou fusiforme, ferme, régulière, d’évolution lente et indolore.
Siège : lobe superficiel de la parotide (¾ des cas), les 25 % restants sont à localisation sous-maxillaire et glandes accessoires. Elle se présente comme une boule en avant ou en dessous du lobe de l’oreille.
Aucun trouble sensitif ou moteur. Plus ou moins mobilisable, jamais fixe.

Anatomopathologie

Macroscopie :
Formation nodulaire de quelques millimètres à plusieurs centimètres de diamètre, ferme et non dure, d’aspect blanchâtre et translucide avec un aspect d’un faux encapsulement qui expose au risque de récidive après exérèse limitée.

Microscopie :
Structure caractéristique. Prolifération de cellules épithéliales et myoépithéliales enchâssées dans un stroma abondant myxoïde et/ou chondroïde, hyalin ou élastique, renfermant parfois des îlots de tissu adipeux ou osseux.

Diagnostic différentiel

Il se fait avec :

  • Toutes les tumeurs bénignes sous-cutanées.
  • Les lésions inflammatoires de la parotide.
  • Les lésions tumorales ou inflammatoires des tissus non salivaires.
  • Les adénopathies parotidiennes.
  • Les tumeurs vasculaires, nerveuses, lipome.
Examens complémentaires
  • Sialographie : Elle montre une lacune arrondie dans un parenchyme normal, image de « balle dans la main ».
  • Scintigraphie : Ne fixe pas le technétium.
  • La ponction est formellement proscrite.
Évolution

Les adénomes pléomorphes sont très récidivants localement, surtout dans les formes à stroma myxoïde abondant et lorsqu’il existe des brèches dans la capsule périphérique. La cancérisation est rare (5 %) (10-15 ans sans traitement).

Tumeur de Warthin ou cystadénolymphome (CAL)
Étude clinique

C’est une tumeur de l’adulte ou du sujet âgé, de sexe masculin. Elle siège au niveau du lobe superficiel de la parotide. C’est une tumeur de contours imprécis, de consistance liquidienne. Elle peut subir des poussées inflammatoires. Il n’y a jamais de paralysie faciale.
Le diagnostic différentiel peut se poser avec les kystes lymphoépithéliaux que l’on rencontre associés à l’infection VIH. À la coupe, la tumeur laisse échapper un liquide brunâtre et visqueux.

Examens complémentaires
  • Sialographie : Image de lacune plus ou moins hémicirculaire et limitée par des canaux efférents plus ou moins tassés les uns sur les autres.
  • Scintigraphie : Le cystadénolymphome capte le technétium.
Anatomopathologie

Macroscopie : Tumeur bien limitée à contenu épais, filant, brunâtre.
Microscopie : Végétation avec double couche épithéliale comprenant des cellules superficielles cylindriques, de disposition très irrégulière, et des cellules basales plus petites. On retrouve du tissu lymphoïde (+++) et des centres clairs. Les éléments superficiels ont une activité enzymatique.

Particularités

Le rôle du tabagisme a été souligné par de nombreux auteurs. Récemment, une augmentation de la fréquence de cette tumeur chez la femme a été signalée et pourrait être expliquée par l’augmentation du tabagisme féminin.
La mise en évidence de récepteurs aux hormones sexuelles sur la membrane des cellules de la tumeur de Warthin pourrait expliquer la dépendance hormonale observée et un mécanisme endocrinien pourrait contrôler la croissance tumorale.

Traitement

Énucléation.

Adénome à cellule basale

C’est une tumeur rare (1 à 2 % des tumeurs des glandes salivaires), survenant avec un âge de prédilection autour de 70 ans, affectant surtout la glande parotide (70 % des cas) et les glandes salivaires accessoires de la lèvre supérieure (20 % des cas).
Il existe quatre formes cellulaires : solide, trabéculaire, tubulaire et membraneuse.
Le risque de transformation en adénocarcinome à cellule basale existe.

Adénome oncocytaire (oncocytome)
Clinique

Rare, elle affecte surtout les sujets âgés de sexe masculin, de localisation parotidienne. Il n’existe pas de transformation maligne de ces lésions.

Histologie

Prolifération de cellules volumineuses à petits noyaux et à cytoplasmes acidophiles, avec beaucoup de mitochondries.

Diagnostic différentiel

Surtout avec l’adénome pléomorphe.

Les tumeurs épithéliales malignes : Carcinomes

Il existe une grande variété de carcinomes des glandes salivaires, mais quatre formes dominent :

  • Le carcinome à cellule acineuse.
  • Le carcinome mucoépidermoïde.
  • Le carcinome adénoïde kystique.
  • Le carcinome développé sur adénome pléomorphe.
Carcinome à cellule acineuse
Clinique

Elle est à localisation surtout parotidienne. Surtout chez les femmes, tous les âges sont touchés. Une paralysie faciale périphérique peut accompagner la tumeur. Les métastases sont le plus souvent disséminées par voie hématogène plus que par voie lymphatique, avec une prédominance vers l’os et le poumon.

Anatomopathologie

Macroscopiquement : La tumeur n’est pas encapsulée mais elle est généralement bien circonscrite. Elle peut prendre un aspect solide ou kystique.
Microscopie : La plupart de ces tumeurs sont infiltrantes. Elles sont formées de cellules semblables aux cellules séreuses des glandes salivaires, disposées en plages ou en acini, au cytoplasme pourvu de granulations basophiles caractéristiques.

Traitement

Le traitement est essentiellement chirurgical et la radiothérapie semble peu efficace.

Carcinome mucoépidermoïde

Cette tumeur est la plus fréquente des tumeurs malignes de la glande parotide et la seconde tumeur par ordre de fréquence de la glande submandibulaire.

Clinique

Environ 8 % de ces tumeurs s’associent à une paralysie faciale périphérique dans les formes de bas grade de malignité, et le traitement est chirurgical, la radiothérapie n’est pas nécessaire. Dans les formes de haut grade de malignité, la fréquence des paralysies faciales est voisine de 25 % et des métastases ganglionnaires existent dans 50 % des cas.

Anatomopathologie

Macroscopiquement : Les tumeurs sont bien circonscrites mais non encapsulées.
Microscopie : La tumeur est caractérisée par la présence de cellules épidermoïdes, de cellules muqueuses et de cellules intermédiaires. Elle peut présenter une formation kystique contenant une substance claire ou colorée et parfois hémorragique.

Traitement

Repose le plus souvent sur l’association chirurgie et radiothérapie.

Carcinome adénoïde kystique (cylindrome)

C’est une tumeur fréquente aussi bien au niveau parotidien que submandibulaire et dans les glandes salivaires accessoires.

Clinique

La tumeur atteint également les deux sexes et l’âge moyen de découverte est compris entre 40 et 60 ans. La plupart du temps, la tumeur apparaît comme une masse salivaire sans particularité clinique. Néanmoins, dans 20 % des cas, les patients signalent des paresthésies et dans 30 % des cas une paralysie faciale périphérique partielle ou totale. Ce fort pourcentage de paralysie faciale est la preuve de l’importance de l’extension nerveuse de ces tumeurs.

Anatomopathologie

Tumeur infiltrante avec trois profils possibles : glandulaire, tubulaire et solide. Un envahissement périneural ou périvasculaire est très caractéristique. Les tumeurs solides semblent avoir un moins bon pronostic, alors que les tumeurs de type glandulaire ou tubulaire ont un meilleur pronostic.

Traitement

L’exérèse chirurgicale.

Carcinome sur adénome pléomorphe

C’est une tumeur présentant des signes évidents de malignité, comme des caractéristiques cytologiques et histologiques d’anaplasie, des mitoses anormales, une évolutivité importante et une infiltration des tissus voisins, et dans laquelle la présence d’un adénome pléomorphe est nette.

Tumeurs conjonctives non lymphoïdes

Ces tumeurs non épithéliales représentent à peine 5 % des tumeurs des glandes salivaires. Environ 90 % de ces tumeurs sont bénignes.

Tumeurs bénignes

De loin les plus fréquentes :

  • Lipomes : Parotide ++.
  • Angiomes : Observés surtout chez l’enfant, ce sont surtout des lymphangiomes et des hémangiomes.
  • Neurinome, névrome, névrome plexiforme : Parfois observés dans le cadre de la maladie de Von Recklinghausen.
Tumeurs malignes

Décrites à titre exceptionnel. Il s’agit de rhabdomyosarcomes, de schwannomes malins ou de mélanomes.

Lymphomes malins

Les lymphomes malins peuvent être primitifs ou intégrer un lymphome plus diffus dont l’extension salivaire n’est qu’une part. Les lymphomes malins des glandes salivaires sont habituellement associés à une immunosialadénite chronique comme un syndrome de Sjögren ou des lésions bénignes lymphoépithéliales.
La plupart des lymphomes des glandes salivaires sont des lymphomes non hodgkiniens (85 %) et doivent être classés selon la classification usuelle des lymphomes de ce type.

Les tumeurs secondaires

Il s’agit le plus souvent d’une invasion directe de la glande par des cancers régionaux. Établir une différence entre tumeur primitive des glandes salivaires ou métastase intra-glandulaire d’une tumeur extra-salivaire est essentiel pour le traitement et le pronostic.

Les pseudotumeurs ou kystes salivaires

Kyste mucoïde (mucocèle) :
Kyste rétentionnel vrai par sténose inflammatoire ou traumatique d’un canal excréteur ou faux kyste par dégénérescence du parenchyme.
Surtout au niveau de la lèvre inférieure, se présente sous forme d’un nodule arrondi ou ovoïde, indolent, gris bleuté, rénitent ou fluctuant.
Au niveau du plancher, il occupe la totalité du plancher et devient bilobé avec évacuation de liquide filant (blanc d’œuf) après rupture.
Diagnostic différentiel :

  • Varicosité.
  • Angiome.
  • Kyste dermoïde.
  • Kyste du tractus thyréoglosse.

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