Tracé du châssis dans les cas d’édentements intercalés – Prothèse Dentaire

Tracé du châssis dans les cas d’édentements intercalés – Prothèse Dentaire

Introduction

La connaissance des tracés théoriques de châssis correspondant aux différentes classes d’édentements et la compréhension des mouvements permettent au praticien, après une étude au paralléliseur et en tenant compte de différents paramètres cliniques tels que la morphologie des dents, leur position, leur support parodontal, le rapport d’occlusion avec les dents antagonistes, de concevoir le châssis métallique de la prothèse partielle amovible. Cette conception doit aboutir à la fois à l’équilibre de la PPAM sur ses surfaces d’appui et à l’équilibre physiologique des dents restantes, assurant ainsi leur pérennité.

Notions biomécaniques et équilibre de la PPAM

L’équilibre de la prothèse est assuré par le respect de la triade de Housset : sustentation, stabilisation et rétention.

Les notions biomécaniques à prendre en considération lors de la réalisation de la PPAM

1. Les axes de rotation : Les axes de rotation sont des axes qui passent par les dents limitant l’édentement. Ils sont déterminés par l’emplacement des appuis dentaires de la prothèse et c’est autour d’eux que se font les mouvements indésirables des PPAM.
2. L’aire de sustentation : Les lignes passant par les appuis dentaires forment un polygone appelé aire de sustentation. La prothèse doit s’inscrire dans cette aire. Un polygone de sustentation le plus symétrique possible et le plus étendu possible limite l’apparition des axes de rotation et des phénomènes de levier liés aux forces occlusales.

Axe de rotation principal et polygone de sustentation : La prothèse se projette à l’intérieur de l’aire de sustentation.

Impératifs de conception d’un châssis métallique

Il est indispensable de concevoir un châssis en équilibre sur les surfaces d’appui tout en tenant compte de certains impératifs :

• Répartir et orienter favorablement les forces sur les dents et les surfaces ostéo-muqueuses par un châssis rigide et une bonne répartition des appuis dentaires.
• Respecter le parodonte par un décolletage suffisant de 5 mm.
• Éviter la redondance des éléments à appui dentaire qui favorise le dépôt de plaque bactérienne.
• Ne pas altérer l’esthétique par un élément métallique trop visible.
• Limiter l’encombrement et rendre le tracé symétrique pour des raisons de confort.

Décolletage de Housset

Chronologie d’un tracé du châssis

Il doit être conduit selon un ordre précis, commandé par les différentes fonctions à assurer : la sustentation, la rétention, la réciprocité d’action, et la stabilisation.

• Dans un premier temps, les appuis occlusaux et cingulaires sont tracés. Ils doivent figurer un polygone de sustentation le plus étendu possible sans redondance.
• Puis, les bras rétentifs de crochets sont représentés. Ils ne doivent pas altérer l’esthétique.
• Ensuite, sont tracés les bras de réciprocité d’action (les bras de calage) qui doivent s’opposer à l’action nocive des extrémités rétentives des crochets lorsqu’elles passent la ligne guide.
• Enfin, les éléments de la PPA s’opposant à la désinsertion par rotation (barre cingulaire, appuis indirects) ainsi que les potences, en respectant un décolletage de 5 mm, et l’élément de connexion principale sont représentés.

Tracé type dans les cas d’édentements intercalés

1. Tracé du châssis dans le cas de classe III de K.A

• Il s’agit d’un édentement intercalé bilatéral.
• L’appui est strictement dentaire.
• Les conditions d’équilibre sont favorables.
• La prothèse s’inscrit dans un quadrilatère de sustentation (aire de sustentation).

La connexion principale

• Au maxillaire :
  • Édentement peu étendu : plaque palatine étroite.
  • Édentement de moyenne étendue : double barre palatine.
• À la mandibule : barre linguale ou bandeau lingual selon les conditions cliniques.

Les crochets

Quatre crochets Ackers sur les dents bordant l’édentement, crochet Anneau modifié de Ney dans le cas d’une dent postérieure isolée. Chaque crochet sera relié directement à la selle par la connexion secondaire.

• Tracé du châssis au maxillaire avec une plaque palatine étroite.

• Tracé du châssis au maxillaire avec une double barre palatine.

• Châssis type de Classe III de K.A à la mandibule.

2. Tracé du châssis dans le cas de classe IV de K.A

• Il s’agit d’un édentement encastré antérieur de part et d’autre de la ligne médiane.
• En fonction de l’étendue de l’édentement, l’appui peut être strictement dentaire dans le cas d’un édentement peu étendu (perte uniquement des dents antérieures) ou un appui mixte dento-ostéo-muqueux dans le cas d’un édentement étendu (perte des prémolaires en plus de la perte des dents antérieures).
• Les conditions d’équilibre sont défavorables : la prothèse est en extension mésiale, les forces déstabilisatrices autour de l’axe de rotation sont neutralisées par les appuis occlusaux les plus distaux.

Mouvement de bascule antéro-supérieur : Les forces de déstabilisation, exercées dans le polygone rouge, doivent être neutralisées par la recherche de moyens de rétention.

Au maxillaire

La connexion principale

• Édentement peu étendu : double barre palatine dont le segment antérieur sera solidaire à la grille de rétention.
• Édentement de moyenne ou de grande étendue : la plaque est pleine.

Les crochets

• Pour l’édentement antérieur : crochets Ackers reliés directement à la selle par la connexion secondaire.
• Sur les dents postérieures : des crochets Ackers inversés si la face distale est suffisamment haute pour le passage de la potence. Cette dernière relie le crochet à la connexion principale.
• N.B. : Des crochets Bonwill sont indiqués sur les dents postérieures dans le cas d’une hauteur distale insuffisante.

• Tracé du châssis avec la double barre palatine.

• Tracé du châssis avec la plaque palatine pleine.

• Tracé du châssis avec des crochets Bonwill sur les dents postérieures.

À la mandibule

La connexion principale

En fonction des conditions cliniques : barre ou bandeau lingual.

Les crochets

Deux crochets Ackers sur les dents bordant l’édentement et deux crochets Bonwill sur les dents postérieures.

• Tracé du châssis à la mandibule dans le cas de classe IV de K.A.

3. Tracé du châssis dans le cas de classe V de K.A

• Il s’agit d’un édentement intercalé bilatéral avec perte d’au moins d’une canine.
• Il en découle un problème d’ordre esthétique ainsi qu’une perturbation de l’occlusion. De plus, l’incisive latérale bordant l’édentement ne peut servir de pilier vu sa faible résistance mécanique, la selle étant considérée comme libre à son niveau, l’appui est donc mixte, il en résulte un problème de dualité tissulaire.
• Les conditions d’équilibre ne sont pas favorables, la prothèse subit un mouvement de translation et de rotation autour de l’axe diagonal.

Au maxillaire

La connexion principale

Plaque palatine pleine.

Les crochets

• Du côté de la perte canine : la dent la plus postérieure recevra un Ackers ou un Anneau de Ney lorsqu’elle est isolée.
• Du côté opposé à la perte de la canine : crochets type Ackers sur les dents bordant l’édentement; la dent la plus postérieure recevra un crochet de stabilisation qui sera un Ackers inversé avec une potence située en disto-palatin. Si la dent ne présente pas une face distale haute, on utilisera un Bonwill.

• Tracé type du châssis de classe V de K.A supérieure.

À la mandibule

La connexion principale

Barre linguale ou bandeau lingual.

Les crochets

Ackers et Anneau modifié de Ney si la dent est isolée. Un élément de stabilisation (barre cingulaire ou corono-cingulaire) est utilisé.

• Tracé type du châssis de classe V de K.A inférieure.

4. Tracé du châssis dans le cas de classe VI de K.A

• Il s’agit d’un édentement encastré unilatéral.
• L’appui est strictement dentaire.
• C’est un édentement asymétrique, afin d’assurer l’équilibre de la prothèse et améliorer la répartition des forces, il faut inclure des dents piliers de bonne résistance mécanique du côté opposé à l’édentement.

Au maxillaire

La connexion principale

Plaque palatine étroite.

Les crochets

• Côté édenté : deux Ackers sur les dents bordant l’édentement. Si la dent qui borde l’édentement postérieure est isolée, on utilisera un crochet Anneau modifié de Ney.
• Côté opposé : crochet Bonwill qui permet une meilleure stabilisation. Il sera relié à la connexion principale du côté palatin.

• Tracé du châssis de la classe VI de K.A supérieure.

À la mandibule

La connexion principale

Barre linguale ou bandeau lingual selon les indications anatomiques et les impératifs cliniques.

Les crochets

• Côté édenté : deux crochets Ackers. Si la dent qui borde l’édentement postérieure est isolée, on utilisera un crochet Anneau modifié de Ney.
• Côté denté : on équilibre l’édentement unilatéral par le crochet Bonwill.

• Tracé du châssis de la classe VI de K.A inférieure.

Conclusion

La conception du châssis métallique lors de la démarche thérapeutique d’un édentement partiel constitue une étape très importante qui allie les concepts biologiques et biomécaniques afin d’assurer la pérennité des dents restantes en préservant le parodonte, et maintenir l’équilibre de la PPAM au cours des différentes fonctions.

Bibliographie

1. J-N Nelly. La prothèse partielle amovible à châssis coulé : Principes et technique – 1979
2. Jean et Estelle Schittly. Prothèse amovible partielle : Clinique et laboratoire. Editions CDP. 2006
3. Pierre Santoni. Maitriser la prothèse amovible partielle. Editions CDP. 2004
4. Jean-Claude Borel, Jean Schittly, Joseph Exbrayat. Manuel de prothèse partielle amovible. Editions Masson. 1994
5. Marcel Bégin et Isabelle Fouilloux. La prothèse partielle amovible : Conception et tracés des châssis. Editions Quintessence international. 2004
6. H. Triki, S. Bekri, M. Trabelsi. Intégration esthétique d’une prothèse partielle amovible à châssis métallique. Le courrier du dentiste.com. 2016

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