THERAPEUTIQUE CHIRURGICALE DES MALADIES GINGIVALES
Curetage gingival Gingivectomie – gingivoplastie
Introduction :
La plupart des formes de maladies parodontales sont des troubles liés à la présence de plaque, et donc le traitement chirurgical ne peut être considéré ; que comme un complément de la thérapeutique initiale (étiologique), permettant de contribuer au contrôle de la plaque et à la préservation à long terme du parodonte.
Donc après l’élimination des dépôts sous gingivaux et des facteurs d’irritation iatrogéniques, le traitement de la poche peut alors commencer.
Les objectifs de ce traitement sont :
-L’élimination des micro-organismes responsables de l’inflammation.
– L’élimination des tissus infiltrés ou pathologiques.
-La création d’une surface radiculaire propre et lisse permettant un réattachement des tissus mous.
Rappels :
- L’accroissement gingival : est un terme strictement clinique qui fait référence à une augmentation du volume de la gencive.
Il s’agit d’une description clinique de la maladie afin d’éviter les connotations pathologiques des termes comme « hypertrophie gingivale » ou « hyperplasie gingivale »
Classification :
Pour Carranza , plusieurs types d’accroissement gingival peuvent être classés selon :
Selon les facteurs étiologiques et changements pathologiques :
1.Accroissement gingival inflammatoire | AiguChronique |
2.Accroissement gingival médicamenteux | Anti convulsivantsInhibiteurs calciques c-Immunosuppresseurs |
3.Accroissement gingival associé à une maladie ou condition systémique | Accroissement conditionnéGrossessePubertéCarence en vitamine CGingivites à plasmocytesAccroissement conditionné non spécifique b-Accroissement associé à des maladies systémiquesLeucémieMaladies granulomateuses |
4.Accroissement néoplasique | a-Benin b-Malin |
5.Faux accroissement |
Selon la localisation et la distribution :
En fonction de l’ampleur et l’étendue de l’atteinte, l’accroissement gingival est qualifié de :
- Localisé : l’accroissement concerne une dent ou un secteur.
- Généralisé : toute la cavité buccale est concernée par l’accroissement
- Marginal : l’accroissement est confiné à la gencive marginale.
- Papillaire : l’accroissement est confiné à la gencive papillaire.
- Diffus : l’accroissement concerne en même temps la gencive marginale, attachée et papillaire.
- Isolé : concerne les masses circonscrites, pseudo-tumorales (sessiles ou pédiculées).
- La poche parodontale : est un approfondissement pathologique du sillon gingivo- dentaire avec décollement de sa partie coronaire.
Les éléments qui constituent la poche parodontale sont :
- La paroi dure : représentée par le cément radiculaire décalcifié infiltré par les produits bactériens avec altération de sa dureté et sa
perméabilité. Cette paroi est recouverte par le tartre et la plaque bactérienne.
- La paroi molle : formée par une paroi gingivale enflammée, composée d’un tissu conjonctif œdémateux et largement infiltré avec des degrés de dégénérescence, recouverte d’un épithélium parfois hyperplasique, le plus souvent aminci jusqu’à disparition.
- Le contenu : les poches parodontales contiennent des microorganismes et leurs produits de dégradation (enzymes, toxines), du fluide gingival, des débris alimentaires, des cellules épithéliales desquamées, des leucocytes.
- Le fond : représenté par les cellules superficielles de l’épithélium parodontal jonctionnel.
LE CURETAGE GINGIVAL
- Définition : le curetage consiste à enlever le tissu dégénéré et nécrotique qui borde la paroi gingivale des poches parodontales.
On distingue :
- le Curetage gingival (curetage fermé) : Technique par laquelle l’épithélium de la poche et le conjonctif infiltré sont éliminés sans faire un lambeau, c’est-à-dire sans vision directe des surfaces de la racine. Le curetage gingival est classé comme une technique chirurgicale.
- le Curetage ouvert : Technique par laquelle l’épithélium de la poche et le tissu conjonctif est faite sous vision directe ; obtenue après une incision à biseau inverse et le décollement conservateur de la gencive marginale (opération de Widman modifiée).
- Objectifs du curetage :
Le curetage parodontal (aveugle) a pour but :
-de vérifier et de parfaire sous anesthésie la suppression des dépôts mous et calcifiés de la surface dentaire ;
- d’éliminer le cément infiltré ;
- de polir la surface radiculaire (surface lisse et propre permettant un réattachement des tissus mous) ;
- il permet aussi d’éliminer le tissu épithélial pathologique bordant la base de la poche et d’éliminer le tissu conjonctif infiltré de l’attache.
- il accélère la cicatrisation en réduisant la tâche des enzymes et des phagocytes qui éliminent habituellement les débris tissulaires au cours de la cicatrisation.
Cette intervention aboutit à :
-la diminution de l’inflammation (œdème, saignement gingival)
-la formation d’une nouvelle attache conjonctive et/ou épithéliale au niveau de la surface radiculaire.
-la contraction tissulaire qui en résulte contribue à la réduction de la profondeur de la poche et l’amélioration du niveau d’attache.
- Avantages :
- Le curetage fermé est moins traumatisant et saigne moins qu’une intervention chirurgicale radicale. Ainsi, la rétraction gingivale au cours de la cicatrisation est moindre, ce qui est important esthétiquement.
- En ce qui concerne le maintien de l’attachement, les résultats obtenus avec le curetage fermé sont bons si le traitement d’entretien est parfaitement appliqué.
- Inconvénients :
- Lorsque le traitement est fait sans contrôle de la vue, quelques surfaces radiculaires échappent totalement aux soins et d’autre ne sont que partiellement débarrassées du tartre et de la plaque.
- En cas de poches étroites et profondes, de furcation et d’irrégularités radiculaires le curetage et le surfaçage ne peuvent assurer un succès à 100% .le risque de récidive existe toujours. La dextérité manuelle du praticien joue un rôle important.
- Les indications :
Le curetage parodontal à l’aveugle est indiqué :
- pour la plupart des variétés de gingivite, à l’exception de l’hyperplasie gingivale ;
- en présence d’une poche parodontale de 6 mm ou moins.
- pour évaluer la réponse tissulaire cicatricielle.
- c’est l’étape préparatoire à la chirurgie parodontale (d’épaisseur partielle , ou d’épaisseur totale en présence de poche supérieure à 6 mm ) .
- Dans les atteintes de furcation classe I et II de Glickman.
- en cas d’abcès parodontal.
- dans le cas de parodontite sévère et avancée, le curetage sous gingival peut constituer une préparation à la chirurgie et favoriser la cicatrisation.
Remarque :
- Pour que le curetage donne de bon résultat, il faut que la paroi de la poche soit
œdémateuse de telle sorte qu’elle puisse rétrécir jusqu’à atteindre la profondeur d’un sillon normal.
- Si la paroi de la poche est ferme et fibreuse il serait nécessaire de recourir à un traitement chirurgical pour éliminer la poche, sans tenir compte de profondeur, car cette paroi fibreuse ne pourra pas rétrécir de façon suffisante après que l’on ait procédé au curetage.
- Les contre-indications :
sont de deux ordres :
* locales:
- pour les patients qui ne peuvent maintenir une qualité d’hygiène bucco-dentaire satisfaisante
- présence d’une gencive de consistance fibreuse
* générales :
- certains patients atteints de maladies générales graves méritent une attention particulière ; les malades sous anti-coagulant doivent avoir un bilan de l’hémostase et l’accord du médecin traitant.
- S’il existe un facteur de risque infectieux, une antibiothérapie préventive est obligatoire en raison de la bactériémie transitoire provoquée par le curetage.
- Instrumentation :
Les grattoirs et les curettes sont les instruments de choix pour l’élimination des grandes accumulations de tartre sous –gingival. Les curettes sont exclusivement
utilisées pour l’ablation de la plaque, le surfaçage radiculaire et le curetage des tissus mous.
Chaque école dentaire et chaque praticien possède ses instruments préférés. Mais il est important que la série de curettes choisies puisse atteindre toutes les surfaces radiculaires
En pratique le bord travaillant de l’instrument fait un angle de 80° avec la surface de la racine.
Tous les instruments doivent être affutés avant leur utilisation.
A noter que les curettes universelles sont coupantes sur leurs deux bords, alors que les curettes de Gracey spéciales ne possèdent qu’un seul bord coupant. Les curettes de Gracey sont davantage utilisées pour le surfaçage radiculaire que pour le curetage des tissus mous.
-Utilisation des instruments :
Le curetage fermé peut être efficace s’il est pratiqué de façon systématique, généralement par quadrant ou sextant, sous anesthésie locale.
Le praticien doit connaître à l’avance la profondeur des poches et la perte d’attachement sur toutes les surfaces de chaque dent à traiter.
Ce curetage peut être fait de deux façons : « dent par dent » ou « instrument par instrument ».il est plus rationnel (prudent), plus rapide et plus facile de traiter toutes les
surfaces d’un segment de l’arcade dentaire accessible à un même instrument puis de passer à un autre instrument. Mais lorsque la profondeur des poches varie beaucoup d’une dent à l’autre et lorsque les dents présentent des racines fusionnées, une atteinte de la furcation ou toute autre particularité anatomique, il est souvent plus efficace de nettoyer toutes les surfaces d’une même dent, même s’il faut changer plusieurs fois d’instrument.
C’est le seul moyen de s’assurer que chaque surface dentaire est convenablement traitée.
Figure : Avec un grattoir double en forme de houe(Ash 210-211),le praticien nettoie d’abord toutes les surfaces distales des dents maxillaires droites; puis ,avec l’autre bout de l’instrument, il nettoie toutes les surfaces mésiales des mêmes dents. La même méthode est appliquée pour les surfaces vestibulaires et palatines au moyen d’un grattoir en forme de houe TC 212-213.
Figure : La méthode est différente quand on utilise les curettes de Gracey qui ont un seul bord coupant ,alors que les curettes universelles en ont deux, la paire de curettes doubles qu’on voit ici est utilisée pour nettoyer successivement les surfaces mésio-vestibulaire(GRA 11 ),mésio-linguale (GRA 12),disto-vestibulaire (GRA13) et disto -linguale(GRA14).
- Protocole opératoire :
Etape préparatoire : Lors des séances précédentes une thérapeutique initiale sera
systématiquement mise en œuvre, elle consistera à la préparation initiale de toute chirurgie parodontale.
Elle comprend :
Traitement des épisodes aigus
- la motivation à l’hygiène et enseignement des méthodes de brossage
- détartrage, surfaçage et polissage
- remise en état de la cavité buccale
La réévaluation : C’est une étape importante, car elle permet au praticien de juger les capacités du patient à maintenir une hygiène bucco-dentaire correcte, de la réaction tissulaire et de décider de la poursuite du traitement.
C’est après une réponse favorable de cette dernière que le praticien acceptera le traitement chirurgical.
L’instrumentation :
Le curetage parodontal est réalisé à l’aide d’instruments manuels qui sont les Curettes. A titre indicatif, on préconisera l’instrumentation suivante :
- un plateau de consultation, une seringue d’anesthésie de préférence munie d’aspirateur, des grattoirs de formes variées et des curettes.
- les grattoirs et les curettes sont les instruments de choix pour l’élimination des grandes accumulations de tartre sous gingival.
- les curettes comprennent : 2 types les curettes de Gracey et les curettes universelles
- les grattoirs comprennent : Houes, Falciforme, Ciseau à émail .
- Bistouris gingivaux : pour d’épaissir le volume papillaire. On utilisera également des dispositifs de nettoyage :
- pipettes, seringue à usage unique
- produits antiseptiques (chlorhexidine, sérum physiologique)
- hémostatiques locaux : eau oxygénée, Surgicel
- compresses humides
- un champ
- des gants stériles
- plateau spécial pour l’instrumentation chirurgicale.
L’intervention proprement dite :
- préparation du champ opératoire :
- asepsie du champ opératoire :
- anesthésie :
On utilise une anesthésie topique, injectable ou régionale.
Les anesthésiques topiques suffissent généralement pour l’élimination des poches peu profondes, mais pour des poches plus profondes, il est recommandé de procéder à une anesthésie plus puissante par injection.
*Remarque : il vaut mieux employer un peu trop d’anesthésie que pas assez
L’anesthésie est faite des deux côtés vestibulaire et palatin ou lingual ; pour diminuer le
saignement quelques gouttes d’anesthésie sont injectées dans chaque papille, surface lisse et dure.
- Curetage de la paroi dure de la poche :
L’instrument tenu selon la méthode dite porte-plume modifié avec un point d’appui assuré par l’annulaire ou le majeur, est amené au fond de la poche jusqu’à ce qu’il rencontre une résistance.
La face de la lame est parallèle à la surface de la racine en léger contact avec elle, l’instrument est alors tourné en position de travail et la lame est déplacée selon un angle de 60° à 80° en direction coronaire. Les mouvements sont répétés plusieurs fois jusqu’à avoir une surface lisse après un nettoyage à l’aide d’antiseptique (sérum physiologique),
Après un rinçage abondant, les surfaces radiculaires sont contrôlées à l’aide d’une curette qui permet d’apprécier le contact avec une surface lisse et dure.
- Curetage des parois molles :
La curette est appliquée partie travaillante contre la paroi interne de la poche, puis déplacée de manière continue depuis la base de la poche vers la crête gingivale.
La paroi de la poche est soutenue par une douce pression digitale (index de la main non travaillant) appliquée sur la face externe.
L’attache épithéliale est éliminée par un mouvement d’évidage de la curette vers la surface dentaire.
Puis un désépaississement de la paroi interne papillaire
(vestibulaire, palatin, lingual) à l’aide d’une curette parfaitement affûtée ou de ciseaux, ou d’une lame de bistouri N° 15.
Le curetage enlève le tissu dégénéré, les bourgeons épithéliaux en proliférations, et le tissu de granulation qui , à eux tous forme la face interne de la paroi de le poche et donne naissance à une surface de tissu conjonctif , cruentée et hémorragique .
Le saignement provoque la diminution de la hauteur de la gencive et la réduction de la profondeur de poche et facilite la cicatrisation en entrainant les débris tissulaires.
- lavage à l’aide d’antiseptique (Chlorhexidine, sérum physiologique).
- compression très ferme est effectuée à l’aide d’une compresse de gaz pendant 2 à 3 mn afin de favoriser l’adaptation des tissus parodontaux superficiels à la surface radiculaire et la formation d’un caillot sanguin adéquat.
- pansement chirurgical ou des points de sutures seront faites pour une bonne réadaptation de tissus mous sur la surface radiculaire, et réduire au minimum le caillot entre la gencive et la surface radiculaire. (Une suture parfois s’impose).
Figure : A, Elimination du revetement de la poche. Figure: Curetage gingival horizontal B, Elimination de l’epithelium jonctionnel et
du tissu de granulation.
C,fin du curetage.
- Soins post-opératoires :
- prescription médicamenteuse à base d’antalgique aussi d’un anti-inflammatoire
- prescription des bains de bouche à base de chlorhexidine pendant 8 jours
- il est recommandé d’utiliser des brosses à dents souples.
- éviter l’alimentation chaude et épicée.
- application des compresses glacées.
- Contrôle périodique :
Le patient sera informé des conséquences suivantes possibles :
- une légère récession gingivale
- d’hypersensibilité au niveau des surfaces dentaires
- La cicatrisation :
« Le réattachement épithélio-conjonctif » : Pour réussir un réattachement tissulaire, il faut que :
- la dent soit saine, que la racine soit débarrassée du tartre et soit biologiquement compatible avec les tissus, ce qui signifie qu’elle ne doit pas être imprégnée de toxines et d’antigènes microbiens.
- L’épithélium soit parfaitement débarrassé sur sa face interne de la poche pour permettre le contact intime entre le tissu conjonctif et la racine.
L’histologie a montré que l’épithélium peut dans certains cas adhérer à la racine en formant un long manchon épithélial, mais ce type d’attachement reste fragile et sous l’effet de la plaque bactérienne peut disparaître et permettre aussi aux micro-organismes de recoloniser la racine.
Le meilleur moyen pour obtenir un réattachement est de procéder par décollement complet des tissus afin d’opérer en vision directe.
GINGIVECTOMIE-GINGIVOPLASTIE
Le traitement des maladies parodontales fait appel à différents procédés de la chirurgie parodontale ; celle-ci peut être résectrice, conservatrice ou reconstructrice.
La gingivectomie fait partie de la chirurgie résectrice, c’est une technique d’exérèse gingivale. Elle représente l’un des premiers procédés pour le traitement des poches gingivales. La méthode de la gingivectomie telle qu’elle est employée aujourd’hui, a été décrite par Goldman en 1951.
- Définition :
La gingivectomie est un procédé chirurgical qui consiste à supprimer les poches gingivales en enlevant du tissu gingival.
La gingivectomie signifie le plus souvent l’excision du tissu gingival hyperplasique pour l’allongement de la couronne clinique.
Selon la direction de l’incision, la gingivectomie se dit « à biseau externe GBE » ou « à biseau interne GBI ».
La gingivoplastie consiste en un remodelage du bord et de la surface de la gencive.
Gingivectomie à biseau externe GBE :
* Indications :
- Traiter les hyperplasies et les hypertrophies gingivales.
- Fibromatose gingivale idiopathique
- Poches supra osseuses peu profondes
- Sites d’accès difficile
- Petites interventions et corrections à des opérations à lambeau
- Chirurgie pré-prothétique (élongation coronaire si la gencive est suffisamment attachée)
* Contre-indications :
-Une contre-indication absolue : l’impossibilité d’obtenir de son malade une hygiène rigoureuse et efficace.
- Gencive attachée étroite ou absente ;
- Poches intra-osseuses ;
- Epaississement osseux marginaux
* Avantages
-Technique simple ; bon accès visuel ;
-Élimination complète de la poche
-Obtention d’une morphologie favorisant le contrôle de plaque
* Inconvénients
- Indications très limitées
- Plaie importante ; douleur post-opératoire
- Cicatrisation en seconde intention (0,5 mm par jour)
- Risque d’exposition de l’os
- Perte de la gencive attachée
- Mise à nu des collets des dents (Sensibilité, aspect inesthétique, risque de caries)
- Problèmes d’élocution et d’esthétique dans la région incisivo-canine
* Instruments pour la gingivectomie :
Chaque fabricant d’instruments dentaires en propose une grande variété répondant à toutes les interventions de gingivectomie.
Les instruments créés à l’origine de cette technique sont déjà vieux de plusieurs décennies (par exemple bistouri de Kirkland) mais sont toujours modifiés et améliorés.
La qualité d’instrument est essentiellement dépendante de la taille, de la forme et de l’angle d’attaque de l’extrémité travaillante et aussi du manche qui doit être fonctionnel.
-Précelles de marquage « CRANE-KAPLAN » droite et gauche.
-Bistouri de KIRKLAND n°15 ou 16 ou bien lame n° 12 B ou 15 montée sur manche de Bard-Parker.
- Bistouri d’ORBAN n°1 ou 2, ou de WAERHAUG n°1 ou 2.
- Curettes chirurgicales de KIRKLAND n°13 ou 14.
-Ciseaux à gencive droits et courbes ou bien meule diamantée montée sur pièce à main.
-Sérum physiologique, eau oxygénée à 30 volumes
-Pansement parodontal. Il est conseillé de n’utiliser que des pansements sans eugénol, par exemple Perio-Care, Peripac, Coe-pak, Barricaid. Le Coe-pack, par exemple, est un pansement à deux composants résultant du mélange extemporané d’oxyde de zinc et d’acides gras.
* Technique opératoire : Points sanglants :
Après l’anesthésie, il s’impose de visualiser extérieurement la profondeur des poches. On emploiera la sonde parodontale classique. Après avoir introduit cette sonde dans le sillon et noté la profondeur de la poche, il s’agit de retirer la sonde du sillon et de la placer vestibulairement sur la gencive avec le repère millimétré au niveau du rebord gingival. Elle doit alors effectuer une rotation tout en gardant sa pointe au même endroit et en devenant perpendiculaire au tissu gingival. C’est le moment d’exercer une pression de façon à perforer la gencive. Un saignement survient dans les secondes qui suivent et le point de saignement indique le niveau de la base de la poche.
On peut aussi employer une précelle d’un type particulier, un des deux mors de cette précelle présentant une pointe qui vient s’appliquer contre l’autre. Le mors dépourvu de pointe est introduit dans la poche, l’autre situé vestibulairement. En pinçant la précelle, un point sanglant apparaît.
Incision
En prenant comme repère les points sanglants, on pratique une incision de type biseau externe, c’est-à-dire que la zone cruentée se trouve en regard du vestibule. L’incision se réalise légèrement apicalement aux points sanglants, de manière discontinue (A), dent par dent, ou continue (B) à l’aide d’un bistouri de Kirkland ou d’une lame
Débridement et excision :
Après l’incision, la partie à éliminer est détachée du tissu gingival à l’aide d’une curette ou d’un faucille.
Détartrage et nettoyage des dents à vue :
Même si le détartrage a été très soigneux, le traitement initial laisse dans les pseudo-poches des résidus de plaque et de tartre.
L’étape la plus importante du traitement est donc le nettoyage et le surfaçage radiculaire qui créent une surface bio-acceptable pour la nouvelle gencive et l’épithélium jonctionnel.
Correction :
Après l’excision du tissu gingival souhaité, a lieu une correction de l’anatomie gingivale de façon à obtenir la configuration normale d’un tissu gingival. Cette correction se fera surtout en interdentaire où il s’agit de rétablir une déflection normale. On s’aidera du bistouri d’Orban ou de Kirkland, d’une lame habituelle ou de fins ciseaux.
Hémostase :
C’est souvent la phase la plus longue de la gingivectomie. Des millions de capillaires ont été ouverts d’où un saignement en nappe dont le contrôle demande du temps. Cette hémostase se réalise à l’aide de compresses imbibées de sérum physiologique et maintenues fermement sur le site opératoire pendant 10 minutes environ. Il est également possible de mettre quelques points de cyanoacrylate biocompatible de type Histoacryl.
Pansement parodontal :
Un pansement chirurgical de type Coe-pack est mis en place pour protéger la plaie.
Soins postopératoires :
-prescription de bain de bouche à commencer dès le lendemain pendant 08 jours ;
- Le brossage de la zone opérée sera évité.
- Éviter les aliments chauds et épicés.
Cicatrisation :
elle est de deuxième intention
- 7 ème jour : reépithélialisation de la plaie à partir des berges
- 8 ème jour : un nouveau sillon se reforme par prolifération en direction occlusale du tissu conjonctif
- 14 ème jour : rekératinisation de la surface externe de la gencive
- 35 ème jour : épithélialisation du sillon et maturation de la nouvelle attache
- après 5 semaines : rétablissement de la microcirculation gingivale.
Gingivectomie à biseau interne GBI
*Définition :
Elle consiste à pratiquer une incision à biseau interne vestibulaire (à direction corono- apicale) complétée par une incision intra-sulculaire pour permettre l’exérèse, le bord gingival étant rabattu contre les dents, des suture sont réalisées
*Indications et contre-indications:
L’indication de la G.B.I s’impose dans le cas ou la G.B.E est contre-indiquée soit par souci esthétique soit par insuffisance de hauteur de la gencive attachée
* Technique opératoire :
-L’anesthésie et le marquage des poches, se font de la même façon que pour la G.B.E,
-Les incisions sont du type «Widman modifié» . La première incision se trace légèrement, coronairement aux points sanglants et rejoint la surface radiculaire un peu en-dessous du niveau estimé du fond de l’épithélium de jonction.
La deuxième incision suit la racine jusque dans le tissu conjonctif supra-crestal
-Après léger décollement du tissu gingival séparé de la surface dentaire par la première incision, le tissu adhérant à la dent s’élimine à l’aide d’un faucille ou d’une curette. Au besoin, le détartrage se parachève et une suture termine l’intervention.
* Avantages :
Cette technique présente plusieurs avantages, comparée à la première, par biseau externe :
-hémostase rapide
-visualisation immédiate du futur contour gingival ; la rétraction cicatricielle est minime et compensée par la reformation du rebord gingival
-suites opératoires moins pénibles.
* Cicatrisation :
La cicatrisation de la GBI se fait par première intention.
Dans la mesure où les tissus gingivaux ont été parfaitement repositionnés sur la surface dentaire en fin d’intervention, sans interposition d’un caillot sanguin trop épais et qu’ils sont adaptés entre eux de façon hermétique, sans laisser d’os à nu, Cette nouvelle attache se reconstitue en 2 semaines d’après WAERHAUG en 1978 mais en 7jours d’après STAHL en 1976.
Autres techniques de gingivectomie
–L’électrochirurgie :
C’est un moyen d’excision rapide, le courant délivré par l’appareil sera ajusté sur le réglage le plus bas permettant d’inciser sans ressentir de résistance appréciable à la pointe de
l’électrode bistouri. Son avantage est que l’incision entraîne une hémorragie minime.
L’instrument permet d’inciser le tissu gingival suivant l’angle souhaitable mais à condition que l’électrode ne vient pas au contact de l’os ou du cément.
– Meules en diamants :
Elle est réalisée avec des meules diamantées, mais l’emploi de ces dernières ne constitue pas un procédé aussi sûr et efficace qu’un bistouri bien affûté.
-La gingivectomie chimique :
Elle consiste à employer une pâte de para formaldéhyde contenant les produits suivants :
La poudre Le liquide
oxyde de zinc Eugénol
Acétate de zinc Huile de coton Stéarate de zinc
Résine
Para formaldéhyde
Elle présente des effets indésirables qui sont :
-Formation d’abcès parodontaux;
-Nécrose tissulaire;
-Gingivectomie aux Laser:
C’est une nouvelle technique assez innovante non sanglante. Actuellement, elle est au stade expérimental et nécessite un appareillage très coûteux.
Gingivoplastie :
C’est le remodelage de la gencive visant à créer des contours gingivaux physiologiques, elle a souvent lieu en tant qu’opération secondaire sur une gencive cicatrisée sur laquelle les anomalies ont persisté malgré un traitement préalable.
*Technique :
La gingivoplastie peut être faite à l’aide d’un bistouri, d’un scalpel ou de fraises diamantées ou de procédés d’éléctrochirurgie.
– on procède à un effilage de la gencive marginale,
–création d’un contour marginal dentelé,
–amincissement de la gencive attachée et création de sillons inter-dentaires verticaux ainsi que modelage des papilles inter-dentaires visant à produire des voies de passage pour les aliments.
Opérations correctrices, techniques mineures
La papillectomie :
- Définition:
La papillectomie consiste en l’excision des papilles inter dentaires
- Indications
-Allongement de la couronne clinique dans les cas suivants :
*Carie proximale distante de la crête osseuse (au moins 2mm)
*En prothèse, léger manque de hauteur proximale pour un moignon outre l’allongement de la couronne clinique,
Elle possède d’autres indications à savoir :
-Excisions de papilles flottantes ne reposant sur aucune surface osseuse, durant le surfaçage, afin de bien dégagé les embrasures et permettre par la suite une hygiène parfaite.
-Ablation des hypertrophies ou des hyperplasies papillaires localisées
-Technique:
La papillectomie peut se faire à l’aide d’un bistouri d’ORBAN d’une lame fine montée sur un manche classique.
– La lame s’insère dans le sillon mésial ou distal parallèlement à la surface radiculaire jusqu’à ce qu’elle éprouve une résistance .Ensuite la partie tranchante se positionne
perpendiculairement à la racine et la papille est sectionnée, la papille est éliminée à l’aide d’une curette.
-La gingivoplastie termine le travail.
-Les soins postopératoires comprendront des bains de bouche à la chlorhexidine 2fois par jour après les repas, pendant une semaine.
Conclusion
Le principal facteur de succès de toute intervention sur les tissus parodontaux est le contrôle des facteurs étiologiques. La chirurgie ne doit être pratiquée que chez celui qui la mérite.
Sans la coopération continue du patient ; tous les efforts du praticien n’aboutissent qu’à un succès restreint et de courte durée.
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THERAPEUTIQUE CHIRURGICALE DES MALADIES GINGIVALES
La maîtrise de l’anatomie dentaire est fondamentale pour des traitements précis.
Une bonne asepsie est indispensable pour prévenir les infections en cabinet dentaire.
Le diagnostic précoce des lésions carieuses permet des soins moins invasifs.
La gestion du stress du patient améliore la qualité des soins prodigués.
Les composites modernes offrent à la fois esthétique et durabilité en restauration.
La planification implantaire nécessite une analyse radiographique minutieuse.
La formation continue est cruciale pour rester performant dans cette spécialité en évolution.
THERAPEUTIQUE CHIRURGICALE DES MALADIES GINGIVALES

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.