Stabilisation des prothèses par l’empreinte tertiaire

Stabilisation des prothèses par l’empreinte tertiaire

Stabilisation des prothèses par l’empreinte tertiaire

Introduction :

Le concept biomécanique de stabilité et d’équilibre impose que les prothèses amovibles complètes prennent leur place dans un espace délimité par les surfaces d’appui, la musculature périphérique (lèvres, joues, langue) et les surfaces occlusales.

Lors de la réalisation des prothèses, les surfaces d’appui et les surfaces occlusales sont appréhendées au moment de la prise d’empreinte, de l’enregistrement des rapports inter-arcades, du montage des dents. Mais la musculature périphérique n’est pas réellement prise en compte pour la détermination du couloir prothétique.

Les surfaces polies stabilisatrices (extrados prothétique) peuvent être sculptées selon des normes bien définies (cas présentant une stabilisation favorable) ou bien enregistrées par une empreinte spécifique dite tertiaire ou par la piézographie (cas présentant un manque de stabilisation).

  1. Définitions :
    1. Couloir prothétique :

L’espace prothétique disponible n’est ni une zone neutre ni un espace passif, c’est l’espace édenté où la résultante des forces horizontales développées par la langue et la sangle buccinato – labiale ne doit pas dépasser la rétention globale des prothèses (Klein, 1988) .

2.png
1.png

Coupe sagittale et frontale montrant les limites du couloir prothétique

  1. Les surfaces polies stabilisatrices :

Ce sont des zones ménagées au niveau de l’extrados prothétique, ayant pour rôle de permettre à la musculature para prothétique de participer à l’équilibre des prothèses, mais aussi de faciliter l’évacuation du bol alimentaire.

  1. Facteurs influençant la stabilité prothétique en PAC :

La stabilité́ prothétique est définie comme une réaction favorable qui s’oppose aux forces

(transversales ou antéro-postérieures) exercées parallèlement à la surface d’appui.

Elle est en rapport avec le calage de la prothèse et évite la mobilisation de la base prothétique par translation ou rotation sous l’effet des forces occlusales ou musculaires dans les mouvements excentrés. Elle est influencée par les facteurs anatomiques, musculaires et le facteur occlusal.

Sans%20titre.png

Facteurs qui influencent la stabilité prothétique

  1. Rôles des extrados prothétiques dans la stabilité des PAC :

La stabilité́ prothétique est directement influencée par les contractions musculaires et les pressions qui en découlent, et indirectement par les extérocepteurs et les propriocepteurs périphériques.

En fonction de l’orientation des fibres musculaires, on peut diviser les muscles en deux groupes :

  • Un groupe stabilisateur dont la traction est parallèle au plan d’occlusion. C’est le cas des muscles s’appuyant contre les surfaces d’appui secondaires.
  • Un groupe déstabilisateur dont la tension s’effectue perpendiculairement aux limites du

couloir prothétique, ce sont les muscles en contact avec le joint périphérique.

La prothèse doit se situer au point d’équilibre entre les pressions vestibulaires labiales et jugales

d’un côté et linguales de l’autre, pour assurer une meilleure stabilité́.

Sans%20titre.png

Équilibre entre l’action de la langue et les muscles jugaux

Relations musculaires dans l’espace prothétique.

Lorsque les extrados sont bien orientés, ils permettent aux différents muscles de plaquer la prothèse sur ses surfaces d’appui.

  1. Comment exploiter le spectre d’action musculaire ?
  2. Sculpture des surfaces polies stabilisatrices :

Elles sont classiquement sculptées selon certaines règles de façon à permettre le positionnement dynamique satisfaisant des muscles périphériques. Ces règles de modelage de l’extrados prothétique sont différentes selon les auteurs.

Schéma résumant les différentes méthodes de sculpture des surfaces polies stabilisatrices.

  1. Empreintes tertiaires :

On appelle empreinte tertiaire ou complémentaire, l’empreinte de tous les éléments anatomiques et physiologiques en relation avec l’extrados, et l’intrados d’une prothèse complète.

Elle peut indifféremment utiliser des porte-empreintes individuels, en complément d’une empreinte secondaire, des duplicatas de prothèses ou la prothèse elle-même.

  1. Objectifs :
    • Améliorer une prothèse existante.
    • Compléter une empreinte secondaire.
    • Augmenter les surfaces prothétiques en contact avec les tissus.
    • Favoriser l’intégration organique et psychique de la prothèse.
    • Eviter les stases alimentaires dans les cavités jugales ou linguales.
    • Améliorer l’esthétique, la phonation et les fonctions de mastication et de déglutition.
  1. Impératifs :
    • La DVO doit être parfaitement rétablie. Pour cela, l’empreinte doit être prise avec des prothèses en occlusion correcte.
    • Un rempart d’épaisseur réduite au minimum doit être constitué afin de créer un support indispensable au matériau à empreintes. Il peut s’agir soit des dents, soit du bourrelet d’occlusion.
    • L’empreinte tertiaire ne doit être entreprise qu’après une mise en condition pré ou post- prothétique destinée à augmenter au maximum le volume de l’espace utile réservé́ à la future prothèse.

4.2.3 Indications :

  • Crêtes sans reliefs.
  • Brides cicatricielles déstabilisatrices.
  • Tubérosité́ ou trigone estompes ou absents.
  • Voûtes ogivales profondes recouvertes de tissus dépressibles.
  • Perte de substance maxillaire.
  • Patients ayant une exigence phonétique particulière (instrumentistes à vent, chanteurs…).

4.2.4 Les différents stades de réalisation des empreintes tertiaires :

Cette empreinte peut être construite aux différents stades de la construction prothétique.

  • Au stade de l’empreinte secondaire de la surface d’appui immédiatement après la réalisation de cette dernière.
  • Au stade de l’enregistrement de la relation inter maxillaire centrée.
  • Au stade consacré à l’essai fonctionnel.
  • Au stade post – prothétique.

Avantages de l’enregistrement de l’empreinte tertiaire au stade post- prothétique :

  • Il sera préférable d’utiliser les bases prothétiques définitives polymérisées sur les modèles issus des empreintes secondaires car elles constituent les bases idéales stables pour l’enregistrement de l’empreinte tertiaire. Elles permettront à la langue et aux orbiculaires de se mouvoir et de se relâcher sans aucune gêne ni interférence avec les dents. Un contact

généralisé et harmonieux de la prothèse avec la surface d’appui assure une amélioration notable de la rétention par adhésion de l’empreinte tertiaire intégrale ainsi obtenue.

  • La restauration prothétique de l’esthétique et de la phonation obtenue par un montage correct des dents antérieures supérieures et inferieures assure mieux que n’importe quel autre rempart le repositionnement optimal de la sangle orbiculo-buccinatrice.

L’empreinte tertiaire peut être réalisée quelques jours après la mise en bouche de la prothèse définitive mais également dès l’examen pré-prothétique à l’aide d’une prothèse transitoire ou d’une prothèse d’usage lorsque la réalisation de cette dernière s’impose (ex : prothèse ancienne, défectueuse, fracturée…).

4.2.5. Matériaux :

Il est possible d’utiliser une cire plastique type Korecta Wax, Adheseal, un matériau fluide classique tel que l’oxyde de zinc ou un élastomère de synthèse. Mais la résine à prise retardée (Hydrocast, Fitt de Kerr,Coe- Comfort…) représente le matériau idéal pour ce type d’empreintes car elle possède un temps de plasticité suffisant.

4.2.6. Technique :

  • Une première empreinte ambulatoire est réalisée, elle permet de révéler toutes les zones de contraintes. La prothèse est garnie de résine à prise retardée puis positionnée en bouche.
  • Le patient aidé par le praticien mobilisera les organes péri-prothétiques, puis par des mouvements de déglutition répétés, le praticien guidera le patient en relation centrée afin d’obtenir une empreinte sous pression occlusale.
  • Après la prise, la prothèse est contrôlée. Les zones en surpression ou surextension sont déchargées et réenregistrées avec la résine à prise retardée.
  • Une deuxième empreinte est réalisée selon la même technique que l’empreinte précédente puis la prothèse est retirée, analysée et modifiée si besoin comme précédemment. Le patient est alors libéré et sera revue deux à trois heures après pour vérifier la qualité́ de l’empreinte. Si cette dernière est satisfaisante, elle est alors envoyée au laboratoire pour une réfection totale. Sinon, le praticien réalise une troisième empreinte.
  • Cette troisième empreinte suit le même protocole mais seules les surfaces de la prothèse en contact avec les organes périphériques sont concernées (l’extrados).
  • Dans tous les cas, les empreintes sont traitées de façon conventionnelle, c’est-à-dire soigneusement coffrées, puis coulées en plâtre afin d’obtenir un modèle avec un socle d’épaisseur habituelle. Deux clés vestibulaire et linguale sont réalisées en silicone lourd

afin de reproduire les surfaces de l’extrados enregistrées par l’empreinte tertiaire.

/Users/samia/Desktop/r.png

Coffrage en trois parties d’une empreinte tertiaire

Conclusion :

En PTA, le praticien doit assurer l’entière responsabilité de la forme des extrados prothétiques, surtout quand la rétention et la stabilisation sont difficiles à obtenir imposant ainsi l’exploitation au maximum de l’action bénéfique des organes para prothétiques qui s’appliquent sur les extrados prothétiques et plaquent au mieux les prothèses en place.

Bibliographie :

1-O. Hue,MV Bertereche. Prothèse complète : réalité clinique, solution thérapeutique. Quintessence international ; 2003

  1. Le joyeux J. Prothèse complète : Traitement (Tome 1). Paris : Maloine ; 1978.
  2. Le Joyeux J. Les empreintes dans le traitement de l’édentation totale. Paris : Cdp, 1986.

4-A. Regragui. Intérêt des surfaces polies stabilisatrices dans la gestion d’un cas complexe de prothèse amovible complète. Actualités Odonto-Stomatologiques – n° 249 – mars 2010

  1. Nabid A. Traité odontologique de piézologie. ENAG édit, Alger, 2014.
  2. Pompignoli M, Doukhan J, Raux D. Prothèse complète clinique et laboratoire.Éd. Cdp ; 2011
  3. F. Guessous, Comment garantir la stabilité prothétique en prothèse amovible complète (PAC) conventionnelle ? . Actualités Odonto-Stomatologiques n° 289 – 2018.

Stabilisation des prothèses par l’empreinte tertiaire

  Une occlusion équilibrée est cruciale pour la santé bucco-dentaire à long terme.
Le contrôle de la plaque dentaire reste la clé de la prévention des parodontopathies.
L’utilisation correcte de la digue en caoutchouc améliore la qualité des soins endodontiques.
Une anamnèse détaillée permet d’éviter de nombreuses complications en chirurgie orale.
Les matériaux dentaires évoluent rapidement, nécessitant une veille technologique constante.
La gestion du stress pré-opératoire fait partie intégrante de la relation patient-praticien.
L’analyse céphalométrique reste un outil fondamental en orthodontie diagnostique.
 

Stabilisation des prothèses par l’empreinte tertiaire

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *