Risques et Maladies Professionnelles – Hygiène et prévention
Introduction
Les chirurgiens-dentistes et les assistants dentaires sont exposés à des risques de toute nature, infectieux, chimiques, radiologiques, liés aux soins dentaires qu’ils prodiguent à leurs patients. D’autre part, les maladies professionnelles constituent un véritable enjeu de santé publique en raison de leurs coûts imputés à la caisse sociale, notamment les arrêts de travail, le remboursement des frais médicaux, l’hospitalisation et les frais de pharmacie.
Définitions
Risque
Le risque indique la probabilité avec laquelle un effet sur la santé surviendra suivant des conditions d’exposition à certaines nuisances, qu’elles soient chimiques, physiques ou biologiques.
Maladie professionnelle
Selon la loi n° 83-13 du 13 juillet 1983 relative aux accidents de travail et aux maladies professionnelles :
Article 63 : Sont considérées comme maladies professionnelles les intoxications, les infections et les affections d’origine professionnelle particulière. Elles sont celles pour lesquelles le facteur étiologique essentiel tient à l’exercice d’une profession déterminée.
Les différents risques liés à la pratique dentaire
Lors de la pratique des soins effectués par le médecin-dentiste, différents risques peuvent survenir, provoquant diverses pathologies.
Les risques infectieux
Le risque de transmission d’agents infectieux concerne l’ensemble des germes véhiculés par le sang ou les liquides biologiques du patient.
Mode de transmission
Transmission par voie aérienne directe
Favorisée par l’extrême promiscuité du contaminateur et du contaminé au cours des soins dentaires.
Contamination par voie parentérale
- Directe : Par contact entre le sang ou la salive infectée et une coupure, même minime, ou une piqûre au niveau des mains du praticien, ou encore par une projection sur une muqueuse (œil, bouche).
- Indirecte : Par le biais d’un instrument ou d’une aiguille souillée par le sang ou la salive lors des opérations de nettoyage et de désinfection des matériels et instruments médicaux.
Pouvoir pathogène des germes menaçant le praticien
La tuberculose pulmonaire
Le germe responsable est le bacille de Koch. La contagiosité disparaît en 2 à 4 semaines, à condition d’associer les antituberculeux et de les prescrire pendant au moins 6 mois.
Prévention : La meilleure prophylaxie est vaccinale. Il est recommandé aux praticiens de contrôler leur état d’immunité antituberculeuse par le test IDR (intradermoréaction) à la tuberculine.
La grippe
La grippe est une infection très contagieuse, transmise par voie aérienne et par contact direct (sécrétions nasales, salive, microgouttelettes en suspension lors d’éternuements, toux ou parole).
Les symptômes du « syndrome grippal » incluent : fièvre, toux, céphalées, douleurs musculaires et articulaires, asthénie. L’évolution se fait généralement vers une guérison spontanée en une semaine, mais des complications comme des pneumopathies peuvent entraîner une hospitalisation, voire le décès.
Prévention : La vaccination est recommandée.
Infections herpétiques
Communément appelées Herpès Simplex I et II. Les herpès virus peuvent être accidentellement transmis au praticien. Le type I est plus fréquent dans les éruptions labiales, et le type II dans les éruptions génitales.
Prévention : Le praticien doit appliquer rigoureusement les mesures d’hygiène et de prévention, et éviter de traiter des patients présentant une lésion herpétique manifeste.
Traitement : Le traitement curatif local repose sur l’application d’antiviraux.
Hépatites virales
Les hépatites B et C présentent un risque de transmission élevé en odontostomatologie. La transmission se fait par voie sanguine (piqûre, blessure même minime).
Prévention : La vaccination contre l’hépatite B est disponible, mais il n’existe aucun vaccin pour prévenir l’hépatite C.
SIDA
Selon l’OMS, le SIDA est le dernier stade de l’infection par le VIH, qui se déclare après 10 à 15 ans. La transmission se fait principalement par :
- Voie sanguine (toxicomanie, transfusions sanguines, matériel contaminé),
- Relations sexuelles,
- Voie fœto-maternelle.
Prévention : Aucun vaccin n’existe à ce jour. La prévention repose sur une désinfection parfaite du matériel et des surfaces de travail. Le virus peut être inactivé par : - Glutaraldéhyde à 0,01 % pendant 1 heure,
- Eau de Javel à 0,1 % pendant 1 heure,
- Éthanol à concentration supérieure à 20 % pendant 10 minutes,
- Incubation à 50 °C pendant 30 minutes.
Kérato-conjonctivite virale
Une contamination oculaire par projection dans l’œil du praticien lors de soins ou de séances de détartrage peut provoquer une kérato-conjonctivite virale.
Prévention : Port de lunettes de protection oculaires.
Mesures prophylactiques
Des mesures prophylactiques doivent être appliquées quotidiennement au cabinet dentaire pour minimiser les risques infectieux pour le personnel, son entourage et les patients. Ces mesures incluent :
- Application des règles d’hygiène et de stérilisation,
- Dépistage des patients à risque,
- Prise de précautions opératoires rigoureuses,
- Vaccination de tout le personnel soignant.
Hygiène du cabinet dentaire
Un cabinet dentaire doit être conçu et entretenu comme un bloc chirurgical. Les mesures d’hygiène incluent :
- Nettoyage (détergent) et désinfection (eau de Javel) biquotidiens des sols et des surfaces,
- Décontamination du fauteuil et du scialytique avec de l’eau de Javel après le passage de patients suspects,
- Lavage des mains du praticien et de l’assistante entre chaque patient avec du savon liquide, des robinets à pédale et des serviettes en papier,
- Port de masques, de gants et de lunettes de protection,
- Port de tenues opératoires complètes (pantalons, blouses, chaussures),
- Utilisation de gants stériles, changés après chaque patient,
- Désinfection, nettoyage et stérilisation des instruments non jetables,
- Utilisation d’instruments à usage unique pour les patients suspects,
- Orientation des instruments dans le même sens sur les plateaux pour limiter les risques de piqûre ou de blessure,
- Remplacement systématique des aiguilles (seringues, anesthésie, fils de suture) et des bistouris dans leur conditionnement d’origine après usage.
Le risque allergique et chimique
Les chirurgiens-dentistes utilisent des produits susceptibles d’être irritants, allergisants, voire toxiques. Ces produits se retrouvent dans les préparations utilisées (méthacrylate de méthyle, silicone, bisphénol), les métaux (nickel, chrome, cobalt) et les matériaux médicaux (latex).
L’allergie au latex
Des affections allergiques (lésions eczématiformes, urticaire de contact) peuvent être provoquées par les protéines du latex (gants chirurgicaux).
Lésions chimiques
- L’usage répété de désinfectants et détergents, notamment ceux contenant des tensio-actifs cationiques (ammoniums quaternaires), peut provoquer des dermatoses irritatives aux mains.
- Le glutaraldéhyde, utilisé pour la stérilisation à froid, peut induire irritation, sensibilisation et troubles respiratoires.
- L’hypochlorite de sodium, utilisé pour les soins dentaires ou le nettoyage, est caustique pour la peau et les muqueuses, provoquant des dermites irritatives. Une projection dans les yeux est très corrosive, et l’inhalation de di-chlore gazeux peut être toxique pour les alvéoles pulmonaires.
- Les frictions répétées avec des gels hydroalcooliques altèrent le film hydrolipidique de la peau, entraînant dessèchement, irritation et parfois érythèmes légers.
Prévention :
- Mise en place de crèmes protectrices,
- Utilisation de gants en néoprène en cas d’allergie au latex,
- Technique de lavage des mains correcte : choix du savon, température de l’eau de rinçage, serviette à usage unique.
Les risques liés aux métaux : nickel, chrome, cobalt, or et mercure
Malgré le développement des résines composites et des céramiques, divers métaux utilisés dans les prothèses, les produits d’obturation ou les instruments peuvent induire des manifestations toxiques ou allergiques. Ces métaux peuvent provoquer des bronchites, trachéites, rhinites, asthme et eczéma.
Prévention : Port de gants, de masques de protection et aération des locaux.
Risque physique
Les troubles musculo-squelettiques (TMS)
Un travail minutieux avec des postures contraignantes, des gestes répétitifs et des contraintes visuelles expose les chirurgiens-dentistes et leurs assistants à des troubles musculo-squelettiques et angioneurotiques. Le travail précis, debout avec une posture asymétrique ou en position penchée pour une vision rapprochée avec les bras tendus, entraîne fréquemment :
- Dorso-lombalgies et cervicalgies,
- Tendinopathies des membres supérieurs (épaules, coudes),
- Syndromes du canal carpien,
- Insuffisance veineuse liée à la station debout et au piétinement.
Positions de travail
Position debout idéale :
- Le praticien doit être rigoureusement droit,
- Le travail minutieux impose une distance de vision de 35 à 40 cm.
Position assise idéale :
- Le praticien est assis normalement,
- Les pieds bien à plat sur le sol,
- Les jambes sous le dossier du fauteuil,
- Les cuisses horizontales reposent sur le siège, le dos bien droit, avec une distance de vision de 35 à 40 cm,
- Les coudes en dessous des épaules.
Les troubles oculaires
Le travail en lumière artificielle permanente et intense est une source d’éblouissement et de fatigue oculaire. L’œil n’est pas adapté à cette accommodation permanente, et les muscles oculaires se fatiguent après des efforts prolongés. Cette fatigue se traduit par :
- Une vue de plus en plus trouble,
- Des picotements et rougeurs oculaires,
- Des larmoiements,
- Des clignements intempestifs des paupières,
- Des maux de tête.
Les troubles auditifs
Les nuisances sonores générées par le matériel (aspiration chirurgicale, vibreur à amalgame et à plâtre, compresseur, détartreur à ultrasons, turbine à air) présentent un risque auditif.
Prévention :
- Séparation des ateliers (pièce, cloison) pour limiter la pollution sonore,
- Isolation phonique des machines générant un bruit supérieur à 60 dB (seuil de fatigue auditive), comme les ventilateurs ou compresseurs,
- Utilisation de protections auditives lorsque le bruit dépasse 85 dB.
Le stress
La profession de médecin-dentiste peut être source de stress. Le facteur « patient » est stressant pour 39 % des praticiens. Les patients les plus stressants incluent :
- Patients anxieux (61 %),
- Patients atteints d’une maladie générale à risque (53 %),
- Enfants (20 %).
Les risques radiologiques
Les rayons X, ultraviolets et lasers utilisés dans les cabinets dentaires peuvent causer des dommages importants à long terme. Lors des radiodiagnostics, le chirurgien-dentiste est exposé à des doses répétées de rayons X, qui s’accumulent tout au long de la vie.
Les effets des irradiations « in utero » sont particulièrement délétères (effets tératogènes). D’autres effets, différés et sans seuil évident, incluent :
- Cancers radio-induits (thyroïde, sarcomes osseux, leucémies),
- Possibles malformations dans la descendance.
Les ultraviolets émis par certains générateurs pour la polymérisation des composites peuvent provoquer des réactions cutanées avec photosensibilisation et des troubles oculaires. La technique du laser expose les yeux aux rayons, générant des risques de dommages oculaires.
Précautions :
- Port du tablier plombé,
- Position de l’opérateur dans un angle compris entre 90 et 135° par rapport au faisceau primaire.
Conclusion
Il est généralement admis que le métier de médecin-dentiste est à haut risque de maladies professionnelles. Cependant, ces risques peuvent être réduits par la mise en place de mesures prophylactiques quotidiennes, débutées dès les premières années d’études dentaires.
Risques et Maladies Professionnelles – Hygiène et prévention
La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.
Risques et Maladies Professionnelles – Hygiène et prévention

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.
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