Prise en charge des pathologies bucco-dentaires chez l’enfant handicap

Prise en charge des pathologies bucco-dentaires chez l’enfant handicap

Prise en charge des pathologies bucco-dentaires chez l’enfant handicap

▶ Le terme « handicapé » est rejeté aujourd’hui.

▶ En termes de santé bucco-dentaire, il s’agit de patients pour lesquels une déficience physique, mentale ou médicale s’oppose à une relation traditionnelle des soins ou d’hygiène bucco- dentaire.

▶ Actuellement, la dénomination de « patients en situation de handicap » est retenue.

  1. GENERALITES SUR LA PRISE EN CHARGE

Toute prise en charge nécessite l’accord de la ou des personnes en charge de l’enfant.

L’enfant en situation de handicap est généralement suivi par une équipe et intégré dans une structure.

Le dialogue avec l’entourage est indispensable pour, d’une part, recueillir les informations sur l’enfant et d’autre part, avoir une action d’information et de prévention au niveau des habitudes

d’hygiène bucco-dentaire, d’alimentation, d’interception des différents troubles.

  1. Anamnèse

▶ La connaissance du dossier médical (pathologies, traitements, interventions antérieures) est indispensable. Le médecin dentiste doit être considéré comme partie intégrante de l’équipe soignante et la première étape est de se mettre en contact avec le médecin ou le pédiatre traitant.

▶ Il est important d’évaluer la motivation ainsi que les besoins du patient et de l’entourage. L’interrogatoire ne doit pas se limiter au domaine purement médical.

La façon dont le patient se nourrit ou est nourri, donne des indications sur les pathologies attendues et les orientations des soins.

  1.  Examen bucco-dentaire

▶ L’examen bucco-dentaire doit non seulement suivre les grandes lignes de l’examen clinique de tout enfant mais aussi inclure la recherche spécifique de pathologies associées.

  1. Actes de soins et de prévention

Le rôle du médecin dentiste est d’effectuer les soins nécessaires sans multiplier les séances ni les anesthésies générales.

Les patients porteurs de handicap ont droit, comme les autres, aux meilleurs traitements possibles.

Lorsque deux traitements ou matériaux sont en balance, le choix doit se porter sur celui ayant la meilleure tenue dans le temps.

De même, la mise en place d’un suivi et d’une prévention adaptés au patient et à son environnement est une obligation.

Le matériel et les techniques doivent être adaptés à la déficience et au niveau d’autonomie de l’enfant.

Une brosse à dents électrique peut être une aide, si l’utilisateur (enfant ou parent) a appris l’utilisation.

Lorsque la déficience est plus importante, enfant grabataire, l’hygiène bucco-dentaire est assurée par les parents, au moyen d’une brosse à dents, compresse ou d’un doigtier en caoutchouc.

  1. ENFANT TRISOMIQUE
  1. Généralités

L’anomalie trisomie 21 est l’anomalie chromosomique la plus fréquente.

Elle atteint 1 enfant sur 700 à 800 naissances (5 naissances par jour).

Elle est aussi parfois appelée syndrome de Down. Il en existe trois formes : libre et homogène, par translocation et libre, associant manifestations physiques et déficience intellectuelle d’importance variable selon les personnes (QI moyen de 40-45 pour 86% d’entre elles).

Le risque vital peut être engagé lorsque l’anomalie cardiaque, rencontrée dans 40% des cas, est associée à un risque d’endocardite infectieuse.

Les règles de prophylaxie de l’EI doivent être appliquées.

De même, la compression médullaire peut dans certains cas représenter un danger pour le patient et, plus souvent, un inconfort qui amènera à choisir une position semi allongée, voire assise, plutôt qu’allongée.

L’une des conséquences de l’immunodépression associée à la trisomie 21 est la fréquence des atteintes parodontales

d’autant que l’hygiène buccodentaire est difficile à assurer à cause du manque de dextérité manuelle et du manque de coopération du patient. La gingivite est régulièrement

rencontrée. Elle prend souvent la forme d’un érythème gingival linéaire classiquement associé à une immunodépression.

L’extension à l’os sous-jacent est plus fréquente que dans la population générale, sous forme de parodontite agressive. La perte des dents est d’autant plus rapide que les racines dentaires sont courtes et que la langue est en propulsion, déstabilise les dents antérieures.

  1. Examen clinique

Les caractéristiques squelettiques crâniennes donnent au patient porteur de trisomie 2 1 un aspect très reconnaissable avec un profil plat, base crânienne et os occipital aplatie, ainsi qu’une brachycéphalie. On observe des anomalies morphologiques : nez court, oreilles petites.

  1. Caractéristiques buccales:

Les anomalies dentaires de nombre, de taille, de forme et

d’éruption sont fréquentes. En général, les couronnes sont de forme plus globuleuses et les dents conoïdes plus fréquentes que le reste de la population. Un retard d’éruption des dents temporaires et permanentes est fréquent. L’usure des dents est souvent rapide due à un bruxisme et à une érosion fréquente en rapport avec des reflux gastro-œsophagiens.

▶ L’hypotonie, les problèmes de coordination motrice et les voies respiratoires encombrées lors de nombreux problèmes ORL ont des conséquences fonctionnelles dont les plus notables sont

l’hypotonie labiale, la position basse et la protrusion de la langue, la ventilation buccale et une déglutition atypique.

  1. Prise en charge

Le rôle du praticien est d’informer l’entourage de ces différentes caractéristiques, d’instaurer un dépistage, une

interception et une prévention de ces problèmes et d’assurer les soins.

  1. Thérapie par plaque palatine: son premier but est

d’activer les zones hypotoniques (lèvres,langue) et de faire prendre de nouvelles habitudes de positionnement de la langue.

Le principe est de réaliser une plaque palatine qui sera maintenue par des effets ventouses avant l’apparition des

premières dents et par des crochets dès les dents en place. La plaque est régulièrement changée en fonction de la croissance de l’enfant.

  1. Action sur le parodonte: le contrôle de la plaque dentaire (ou du biofilm bactérien) est primordial pour empêcher

l’apparition ou le maintien de la gingivite. La mise en place d’une hygiène bucco-dentaire adaptée est un impératif.

  1. Soins : La coopération varie beaucoup entre les parents, permettant ou non des soins à l’état vigile ou sous sédation consciente, notamment au MEOPA.

L’anesthésie générale reste la dernière solution chez l’enfant comme chez l’adulte.

  1. ENFANT PRESENTANT UNE INFIRMITE MOTRICE CEREBRALE
    1. Généralités

▶ L’infirmité motrice cérébrale (IMC) résulte de lésions cérébrales précoces (anténatales ou périnatales jusqu’à l’âge de 2ans.

▶ On parle d’infirmité motrice cérébrale quand les facultés intellectuelles sont atteintes.

▶ D’une manière générale, le praticien rencontre des patients en hypotonie ou, plus fréquemment en hypertonie avec absence plus ou moins marquée de contrôle des mouvements.

L’épilepsie fait fréquemment partie du tableau clinique. En général le dépistage est précoce. La prise en charge se fait par une équipe pluridisciplinaire, dont le médecin-dentiste est souvent exclu.

  1. Caractéristiques bucco-dentaires

▶ Le risque carieux varie selon les enfants IMC. En revanche, les atteintes parodontales sont fréquentes, conséquence de la difficulté à assurer une bonne hygiène buccale. L’accroissement gingival consécutif à la prise d’antiépileptiques est régulièrement observé.

▶ Sa prévention passe par le contrôle du biofilm, un brossage adapté complété par des agents antiseptiques, des nettoyages prophylactiques et détartrages réguliers.

▶ Les traumatismes sont fréquents ; mauvais contrôle de la posture ou de la marche, crise d’épilepsie de même que l’usure par bruxisme et les automutilations.

  1. Prise en charge

▶ L’ouverture buccale est parfois mal contrôlée, de même que les mouvements de la tête et du reste du corps sur le fauteuil.

▶ Ces phénomènes cèdent entièrement ou en partie lors de l’administration du mélange équimolaire d’oxygène et de

protoxyde d’azote (MEOPA) pour des séances de soins sous sédation consciente.

  1. ENFANT ATTEINTS DE TROUBLES ENVAHISSANTS DE DEVELOPPEMENT
    1. Généralités

▶ Parmi les désordres neuropsychologiques, l’autisme est une maladie encore mal connue, dont l’expression reste très variable d’un individu à l’autre. On parle également de « Troubles envahissants du développement(TED) « regroupés en

« troubles du spectre autiste (TSA) ».

  1. Caractéristiques buccales

L’autisme est considéré comme un facteur prédictif de risque carieux élevé. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce risque :

▶ Les médicaments provoquant une absence de salive ;

▶ Une prédilection pour les aliments mous/sucrés ;

▶ Une mauvaise hygiène buccodentaire ;

▶ La nécessité d’une aide extérieure pour le brossage des dents ;

▶ Il n’existe pas de caractéristique buccale ou de symptôme spécifique à cette maladie.

  1. Prise en charge

▶ Le premier temps doit être un entretien avec les parents. Les séances sont répétitives avec un même ordre pour donner des repères à l’enfant.

▶ Préparation de l’enfant avec autisme à l’aide de photos décrivant le cabinet et la séance, ce qui donne des repères à l’enfant.

▶ Dans certains cas, les soins à l’état vigile sont impossibles. La sédation consciente par MEOPA est une solution, mais les échecs ne sont pas rares.

▶ L’anesthésie générale reste la dernière ressource pour les patients les plus réfractaires aux soins.

  1. ENFANT PORTEUR DU TROUBLE DE DEFICIT DE L’ATTENTION -HYPERACTIVITE
    1. Généralités

▶ Le trouble de déficit de l’attention-hyperactivité(TDAH) est une pathologie neurocomportementale, définie par l’existence d’une inattention et/ou d’une hyperactivité plus fréquente et plus sévère que chez des individus à un même stade de développement.

▶ Le TDAH est un trouble complexe et multifactoriel causé par la confluence de différents facteurs de risque d’ordre psychophysiologique, génétique, biochimique et environnemental.

▶ La stratégie thérapeutique est multidisciplinaire, elle s’appuie sur l’évaluation globale de l’enfant et de la famille.

  1. Caractéristiques buccales :

▶ Les enfants atteints de TDAH présentent plus de risques que les autres d’avoir des traumatismes crâniens, des blessures multiples.

▶ Les enfants sous amphétamines ont un risque accru de développer une hyperplasie gingivale.

On observe plus de bruxisme et plus d’attrition dentaire chez les enfants atteints de TDAH que chez les autres patients.

  1. Prise en charge

▶ Le praticien doit se comporter avec fermeté. Toutes les méthodes cognitivo-comportementales peuvent être utilisées, technique « expliquer, montrer, faire », renforcement positif. Les rendez-vous doivent être donnés de préférence le matin, lorsque l’enfant moins fatigué, sera plus attentif. Les séances de soins doivent être de courte durée pour ne pas trop solliciter l’attention de l’enfant.

▶ L’anesthésie locale doit être particulièrement efficace et non douloureuse. Sa bonne coopération doit être récompensée à la fin de la séance.

▶ Selon le comportement, la coopération de l’enfant, la difficulté et le nombre de soins à effectuer, des techniques de sédation pharmacologique (préméditation sédative, MEOPA) sont

indiquées et, en dernier recours l’anesthésie générale.

▶ Les conseils de prévention donnés aux parents sont répétés à l’enfant.

▶ Le brossage dentaire supervisé par les parents doit durer plus longtemps que chez les enfants du même âge.

  1. ENFANT PORTEUR DE DEFICITE SENSORIELLE
    1. Déficience visuelle

a-Répercutions buccales

▶ L’état buccal des enfants déficients visuels n’est pas différent de celui d’un enfant sans déficience.

b-Prise en charge

▶ Tous les soins peuvent être effectués. Il faut prévenir le patient avant tout contact ou toute utilisation d’instruments qui pourrait le surprendre et entrainerait un réflexe de défense.

  1. Déficiences auditives
    1. Répercutions buccales

▶ Comme pour les enfants déficients visuels, il n’y a pas de répercutions buccales spécifiques.

  1. Prise en charge

▶ Il est nécessaire de prévoir des séances de soins plus longues que d’habitude. Il faut éviter les bruits parasites et un

environnement sonore trop fort, ainsi que l’aspiration.

CONCLUSION

I l faut instaurer un guidage précoce, car il est inutile de rajouter le handicap dentaire.

Les parents seront informés sur l’hygiène alimentaire, le brossage et la nécessité de visites tous les 4 mois pour les jeunes patients et tous 6 mois pour les adolescents et les jeunes adultes.

BIBLIOGRAPHIE

▶ 1-Barkley RA. et al. International consensus statement on ADHD.J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 2002 ; 41:1389

▶ 2-Dorin M. et al. Evaluation des besoins en santé bucco- dentaire des enfants et des adolescents fréquentant un institut

médico-éducatif pour enfants et adolescents polyhandicapés en France.Prat Organ Soins 2006; 37:299-312

▶ 3-Sixou JL. Aspects bucco-dentaires de la trisomie21 chez l’enfant. Arch Pediatr 2008; 852-854

▶ 4-SixouJL.et al. L’enfant en situation de handicap. In Odontologie pédiatrique clinique JPIO 2012

Prise en charge des pathologies bucco-dentaires chez l’enfant handicap

  Les dents de sagesse peuvent provoquer des infections si elles ne sont pas extraites à temps.
Les couronnes dentaires protègent les dents fragilisées par des caries ou des fractures.
Les gencives enflammées peuvent être un signe de gingivite ou de parodontite.
Les aligneurs transparents corrigent les dents de manière discrète et confortable.
Les obturations dentaires modernes utilisent des matériaux biocompatibles et esthétiques.
Les brossettes interdentaires éliminent les débris alimentaires entre les dents.
Une hydratation suffisante aide à maintenir une salive saine, essentielle pour la santé dentaire.
 

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