Prise en charge des maladies parodontales chez l'enfant / Odontologie Pédiatrique

Prise en charge des maladies parodontales chez l’enfant / Odontologie Pédiatrique

Prise en charge des maladies parodontales chez l’enfant / Odontologie Pédiatrique

Introduction

La maladie parodontale chez l’enfant risque d’évoluer en parodontite à l’âge adulte. Il est donc nécessaire d’identifier les enfants, les familles ou les populations plus susceptibles à la maladie parodontale, afin de les suivre régulièrement et de prévenir son développement. Les odontologistes doivent se familiariser au diagnostic et à la prise en charge d’une maladie parodontale chez l’enfant et l’adolescent.

Le parodonte de l’enfant

  • La gencive est décrite plus rouge avec un épithélium plus mince. La gencive marginale est rose, de consistance ferme et élastique, d’aspect lisse ou finement granité. La papille inter-dentaire est plus plate, plus courte. Le sulcus a une profondeur constante de 1 mm en moyenne.
  • Chez l’enfant, le desmodonte est plus large que chez l’adulte, en particulier en regard de la zone de furcation. Le LAD s’élargit en cas d’hyperfonction et se réduit en cas d’hypofonction.
  • La densité et l’épaisseur du cément des dents temporaires sont moindres que celles des dents permanentes.
  • L’os alvéolaire est moins calcifié et est parcouru par une vascularisation sanguine et lymphatique dense. Les corticales sont fines, les crêtes alvéolaires peuvent être convexes ou plates.

Description des pathologies parodontales chez l’enfant et l’adolescent

Les études épidémiologiques concernant la santé parodontale des enfants et des adolescents indiquent que la gingivite, de sévérité variable, est quasi universelle. La prévalence des maladies parodontales est plus faible chez les enfants et adolescents que chez les adultes.

Pathologies gingivales

Caractérisée par une inflammation de la gencive marginale sans perte d’attache ou perte osseuse.

Maladies gingivales induites uniquement par la plaque

Sans influence de facteurs locaux

Il s’agit d’une simple réponse physiologique de défense du parodonte à un irritant local : la flore bactérienne. Cliniquement, les premiers signes de la gingivite chez l’enfant sont la rougeur due à l’hyperhémie, l’œdème et le saignement au moindre contact. Les papilles interdentaires sont les zones les plus précocement affectées.

Avec influence de facteurs locaux

Chez l’enfant, des facteurs locaux comme l’éruption dentaire, l’exfoliation des dents temporaires, le tassement alimentaire, les appareillages orthodontiques et la respiration buccale peuvent aggraver l’inflammation gingivale.

Pathologies gingivales modifiées par des facteurs systémiques

Associées au système endocrinien
  • Gingivite associée à la puberté
    La modification des taux d’œstrogènes et de progestérone conduirait à une altération de la perméabilité des capillaires et à une augmentation de la quantité d’exsudat, provoquant une gingivite œdémateuse et hémorragique.
  • Gingivite associée à un diabète de type 1
    Les enfants atteints de diabète de type 1 présentent un degré d’inflammation gingivale supérieur à celui d’enfants témoins, mais cette différence n’est pas significative pour la perte d’attache. C’est une pathologie à suspecter en cas de gingivite persistante.
Associées à un déficit immunitaire
  • Les déficits immunitaires primaires rencontrés chez l’enfant peuvent avoir des répercussions parodontales.
  • La dépression immunitaire des leucémies aiguës de type lymphoblastique (LAL), majoritaire chez l’enfant, favorise l’apparition de lésions buccales telles que les gingivorragies, les hypertrophies gingivales, les ulcérations muqueuses et parfois des mobilités dentaires.

Pathologies gingivales modifiées par les médicaments

Trois groupes de médicaments sont associés à l’hyperplasie gingivale : les anticonvulsivants, les immunosuppresseurs et éventuellement les agents bloquants les canaux calciques.

Pathologies gingivales liées à une carence en vitamine C

L’hypertrophie gingivale, le saignement et les ulcérations peuvent être des manifestations d’une déficience en vitamine C.

Maladies gingivales non induites par la plaque

Infections candidosiques

Les enfants porteurs d’une maladie systémique comme une immunodépression (par exemple liée au VIH), un diabète, une endocrinopathie, ou traités par antibiothérapie ou corticothérapie au long cours développent plus fréquemment des candidoses.

Aphtes récurrents

Chez l’enfant, la présence d’aphtes au niveau muqueux ou gingival peut être la manifestation buccale d’une maladie cœliaque.

Gingivostomatite de la primo-infection herpétique

Elle est produite par le virus herpès de type 1 (HSV1) et survient plus fréquemment chez les enfants de 2 à 4 ans. Des vésicules peuvent apparaître sur la gencive, la langue, les lèvres, les muqueuses labiales jugales et palatines. Cette primo-infection dure 1 à 2 semaines pendant lesquelles l’enfant peut avoir des difficultés à boire et à manger. La complication majeure de cette infection virale est la déshydratation nécessitant l’hospitalisation du jeune enfant.

Parodontites

Parodontite chronique

La parodontite chronique n’a pas fait l’objet de description spécifique à l’enfant ou l’adolescent.

Parodontite agressive

La parodontite agressive se caractérise par la présence de perte d’attache, d’alvéolyse rapide, et associée à une susceptibilité familiale. Le diagnostic repose sur l’interrogatoire du patient, l’examen clinique et radiographique.

Parodontite ulcéro-nécrotique

Atteinte inflammatoire du parodonte dans sa globalité caractérisée par une perte d’attache importante et une lyse osseuse. Elle représente l’évolution épisodique de la gingivite ulcéro-nécrotique (GUN).

Parodontites manifestations de maladies systémiques

Parodontites associées à un désordre hématologique
  • Neutropénies acquises
    En fonction de la sévérité de la neutropénie, la symptomatologie buccale varie de la gingivite à la parodontite précoce.
  • Leucémies
    De type lymphoblastique (majoritaires chez l’enfant), elles favorisent l’apparition de lésions buccales. Les saignements, les hypertrophies gingivales, les ulcérations muqueuses et parfois des mobilités dentaires s’associent à cette maladie.
Parodontites associées à une maladie génétique
  • Neutropénie cyclique et familiale
    Cette maladie héréditaire autosomique dominante est caractérisée par une variation périodique du nombre des neutrophiles. Les épisodes neutropéniques durent de 3 à 6 jours et s’accompagnent d’ulcérations buccales, et souvent leur répétition provoque une parodontite.
  • Syndrome de Down
    Associé aux parodontites prépubertaires d’origine systémique par diminution des systèmes de défense (diminution du chimiotactisme et de la phagocytose des neutrophiles, une altération du fonctionnement des lymphocytes B et T). Chez ces enfants, une inflammation gingivale plus rapide et plus importante.
  • Syndromes de déficience de l’adhérence des leucocytes (LAD)
    Cette maladie héréditaire à transmission autosomique récessive résulte de la mutation d’un gène codant pour la molécule d’adhésion des leucocytes. La parodontite est à début précoce.
  • Syndrome de Papillon-Lefèvre
    Maladie rare qui touche environ une à quatre personnes par million d’origine héréditaire (autosomique récessive). Ce syndrome se manifeste par une hyperkératose palmoplantaire et une parodontite précoce très destructrice avec perte précoce des dents.
  • Hypophosphatasie
    C’est une maladie héréditaire polymorphique à caractère autosomique dominant dans ses formes prépubertaires et adultes, et récessif dans ses formes périnatales et infantiles à un défaut d’activité de la phosphatase alcaline. D’un point de vue buccal, perte prématurée des dents.
  • Syndrome de Chédiak-Higashi
    Cette maladie héréditaire, autosomique récessive, est rare, due à des mutations qui ont pour conséquences : un système immunitaire déficient (en particulier une atteinte des granulocytes neutrophiles), des modifications cutanées (albinisme) et des anomalies neurologiques. Les manifestations buccales : ulcérations à répétition, exfoliation prématurée des dents temporaires, gingivite et parodontite sévères sont essentiellement liées au déficit immunitaire.
  • Histiocytose
    Appelée aujourd’hui histiocytose à cellules de Langerhans. C’est une lésion qui touche les os plats et courts entre 6 et 15 ans. Les manifestations parodontales sont principalement osseuses et engendrent une parodontite sévère et rapide, l’exfoliation prématurée des dents est habituelle au niveau des sites atteints.

L’examen parodontal chez l’enfant

L’examen parodontal, réalisé après un interrogatoire médical détaillé de l’enfant et de sa famille, se déroule en deux temps : d’une part l’observation globale de la cavité buccale de l’enfant, puis l’examen parodontal proprement dit à l’aide des indices parodontaux.

La radiographie panoramique constitue un outil de dépistage permettant d’objectiver des lésions osseuses. Elle est complétée par des clichés rétrocoronaires pour visualiser les septums interdentaires et le niveau de l’os crestal.

Thérapeutiques parodontales et prise en charge de l’enfant

Thérapeutique initiale

Motivation de l’enfant

Expliquer à l’enfant le but du brossage, la notion de la plaque, les effets de la plaque sur l’odonte et le parodonte, en lui montrant des schémas, des photographies saines et des vidéos.

Enseignement des méthodes de brossage

  • Les méthodes de brossage et le rythme du brossage, sur modèle puis en bouche sans dentifrice et devant une glace, puis avec du dentifrice, doivent être enseignés.
  • Une brosse à dents électrique peut être conseillée chez les enfants peu coopératifs.
  • Selon un protocole guidé par le diagnostic parodontal, la thérapeutique non chirurgicale de détartrage supragingival et de surfaçage radiculaire ne diffère pas de celle de l’adulte et peut intervenir en denture temporaire ou mixte.
  • Dans les cas de parodontites agressives, une antibiothérapie systémique est recommandée.

Réévaluation

8 à 12 semaines, une réévaluation parodontale est nécessaire pour décider de la suite du traitement.

Phase correctrice

Cette phase correctrice comprend les techniques de chirurgies parodontales d’assainissement et mucogingivales, mais aussi les traitements orthodontiques et prothétiques et une équilibration occlusale. Cette phase intervient une fois l’infection parodontale contrôlée afin de reconstruire une anatomie dentaire et parodontale fonctionnelle et esthétique.

Maintenance

Elle vise à maintenir les résultats obtenus après le traitement actif et préserver la santé des dents restantes.

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  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

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