PATHOLOGIE INFLAMMATOIRE DES GLANDES SALIVAIRES

PATHOLOGIE INFLAMMATOIRE DES GLANDES SALIVAIRES

PATHOLOGIE INFLAMMATOIRE DES GLANDES SALIVAIRES

Introduction

Les affections inflammatoires des glandes salivaires, ou sialites, présentent une grande variété et des étiologies diverses. Elles peuvent se manifester sous une forme aiguë ou chronique. L’inflammation des glandes salivaires affecte soit le parenchyme, soit le système canalaire, mais le plus souvent les deux compartiments (parenchyme et canaux excréteurs).

Le terme sialites regroupe l’ensemble des pathologies inflammatoires des glandes salivaires. Plus précisément :

  • Sialadénite : atteinte du parenchyme (acino-canaliculaire).
  • Sialadochite : inflammation des canaux.
  • Sialoses : affections salivaires chroniques.

Étiopathogénie

À l’état normal, la salive est stérile dans les acini. L’infection peut survenir par différentes voies :

  • Ascendante : d’origine buccale.
  • Hématogène ou septicémique : propagation par le sang.
  • Envahissement local : à partir d’une infection de voisinage.

Ces infections sont favorisées par :

  • Une stase salivaire.
  • Une immunodépression.
  • Un dysfonctionnement des enzymes salivaires.

Étude clinique

Les sialadénites

Sialadénites virales : les oreillons (parotidite ourlienne)

La parotidite ourlienne, causée par un paramyxovirus à ARN, est la plus fréquente des atteintes virales des glandes salivaires. Elle se transmet par contact direct ou par gouttelettes de salive, et se manifeste souvent sous forme de petites épidémies en hiver ou au printemps. Elle touche principalement l’enfant et l’adulte jeune, affectant les deux sexes, mais les complications (notamment l’orchite, avec risque de stérilité) sont plus graves chez les garçons.

Clinique

Forme typique :

  • Phase d’incubation : 18 à 21 jours.
  • Phase d’invasion : courte (24 à 36 heures), correspondant à la période de contagiosité maximale. Isolement du malade requis.
  • Symptômes :
  • Douleur à la palpation des points de Rillet (articulation temporo-mandibulaire, mastoïde, angle mandibulaire).
  • Tuméfaction unilatérale, comblant le sillon rétro-mandibulaire, sensible à la palpation, qui se bilatéralise en 2 à 3 jours.
  • Apparition d’adénopathies parotidiennes ou sous-maxillaires.
  • Énanthème oro-pharyngé érythémato-pultacé, associé à une pharyngite inconstante.
  • Bouche sèche, salive rare (jamais purulente), rougeur autour de l’ostium du canal de Sténon.
  • Signes généraux inconstants : fièvre, bradycardie, signes méningés (céphalées, raideur), leucosie modérée.
  • Guérison clinique : en environ 10 jours.

Formes trompeuses :

  • Formes frustes unilatérales ou sous-mandibulaires.
  • Formes associées (salivaires et lacrymales).
Diagnostic différentiel
  • Premier épisode de parotidite bactérienne chronique de l’enfant.
  • Premier épisode infectieux d’une lithiase.
  • Parotidite allergique ou toxique.
  • Sialomégalie nutritionnelle.
Diagnostic positif

Le diagnostic est principalement clinique, mais peut être confirmé par une culture du virus à partir de la salive.

Traitement
  • Éviction et repos.
  • Antalgiques (ATG) et anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
  • Prophylaxie vaccinale : vaccin R.O.R (rougeole, oreillons, rubéole).
Pronostic

Bon, avec une guérison généralement complète.

Sialadénites bactériennes

Parotidites aiguës à bactéries pyogènes banales
Clinique
  • Début brutal ou progressif.
  • Unilatéralité des signes, orientant le diagnostic.
  • Signes inflammatoires marqués, locaux et généraux :
  • Tuméfaction.
  • Otalgie.
  • Trismus.
  • Fièvre.
  • Paralysie faciale possible.
  • Ostium rouge et turgescent, avec présence de pus ou de salive purulente.
  • Risque de fistulisation en l’absence de traitement ou de drainage canalaire.
  • Échographie : confirme le diagnostic en montrant :
  • Augmentation nette de l’épaisseur de la glande atteinte.
  • Aspect hétéroéchogène du parenchyme.
  • Dilatation des canaux intraglandulaires et du canal de Sténon (diamètre > 2 mm).
Traitement
  • Préventif : lutte contre la stase salivaire.
  • Curatif :
  • Antibiothérapie adaptée aux germes en cause.
  • Incision et drainage en cas de suppuration.
  • Lavage de la glande par voie canalaire.
Sous-maxillite aiguë suppurée non lithiasique de l’adulte

Exceptionnelle, elle simule un phlegmon du plancher.

  • Symptômes :
  • Augmentation brutale du volume de la glande sous-maxillaire.
  • Douleur insupportable.
  • Pus parfois visible à l’ostium du canal de Wharton.
  • Échographie : confirme le diagnostic et distingue les atteintes glandulaires des atteintes extraglandulaires.
  • Images hypoéchogènes multiples dans un parenchyme peu homogène.
  • Sialographie : petites images cavitaires rondes, parfois appendues à des canaux dilatés, avec un aspect pathognomonique d’« arbre en fleur » ou de « plombs de chasse ».
  • Échodoppler : montre une importante hypervascularisation, témoignant du caractère inflammatoire des lésions.
Sous-maxillite aiguë du nouveau-né

Due à une infection par staphylocoque ou streptocoque, elle se traduit par une augmentation de volume de la glande sous-maxillaire.

  • Échographie : met en évidence une glande sous-maxillaire volumineuse et hétéroéchogène.
Parotidite bactérienne chronique de l’enfant

Non exceptionnelle, elle débute souvent vers 5 ans et peut être confondue avec les oreillons. Elle est récurrente, survenant par crises douloureuses avec augmentation du volume de la glande parotide, pouvant se bilatéraliser.

  • Examen clinique :
  • Salive mucoïde ou purulente à l’ostium.
  • Altération modérée de l’état général, dominée par une asthénie précédant les troubles de quelques heures.
  • Échographie : parenchyme ponctué de petites formations rondes hypoéchogènes, donnant un aspect miliaire.
  • Évolution : régression possible à la puberté.
Parotidite bactérienne chronique ou récidivante de l’adulte
  • Symptômes :
  • Épisodes aigus (tuméfaction + douleurs parotidiennes).
  • Guérison spontanée en 3 à 10 jours.
  • Fistulisation rare.
  • Siège à bascule, mais peut rester unilatéral ; une localisation bilatérale suggère une cause générale.
  • Sialographie : grosses gouttes de lipiodol avec dilatations canalaires régulières.
  • Traitement :
  • Antibiothérapie prolongée, même après guérison clinique.
  • Lavage au lipiodol ou aux antibiotiques (pénicilline).

Sialadénites à germes spécifiques

Les sialites syphilitiques ont presque disparu, mais les sialites tuberculeuses restent d’actualité.

Sialadénites tuberculeuses
  • Touche deux fois plus la parotide que la sous-maxillaire.
  • Concerne l’adolescent et l’adulte d’âge moyen, souvent unilatérale, secondaire à une tuberculose.
  • Symptômes :
  • Nodule froid prétragien ou sous-maxillaire.
  • En l’absence de traitement, apparition d’autres nodules, pouvant se ramollir et fistuliser à la peau.
  • Diagnostic :
  • Courbe thermique, téléthorax, intradermoréaction (IDR), culture.
  • Échographie : nodules avec centre anéchogène (caséification).
  • Sialographie : image d’empreinte sur parenchyme inflammatoire.
  • Échodoppler : hypervascularisation de la lacune.
  • Diagnostic différentiel : adénites.
  • Traitement :
  • Antituberculeux pendant 6 à 12 mois.
  • Chirurgie éventuelle (parotidectomie, sous-maxillectomie).
Sialadénites para-tuberculeuses
  • Observées chez le très jeune enfant, dues à des mycobactéries atypiques.
  • Tableau clinique proche de la tuberculose parotidienne ou sous-maxillaire.
  • Diagnostic : confirmé par culture.
  • Pronostic : favorable, avec guérison complète en quelques semaines.

Parotidites allergiques et toxiques

  • Sémiologie :
  • Gonflement parotidien bilatéral ou pluriglandulaire, d’allure subaiguë, sans suppuration, persistant ou récidivant.
  • Sialographie :
  • Opacification parenchymateuse dense et peu homogène (inflammation subaiguë).
  • Multiples canalicules dilatés.
  • Étiologie :
  • Médicaments anti-inflammatoires, comme la phénylbutazone.

Les sublingualites

  • Étiologie : encore mal définie.
  • Sémiologie :
  • Sublingualite proprement dite : soulèvement unilatéral de la crête, parfois nodulaire, ne dépassant pas le canal de Wharton en avant, avec salive claire.
  • Semblable à une sous-maxillite : même sémiologie.
  • Sialographie :
  • Aspect normal de la sous-maxillaire, argument en faveur d’une sublingualite.
  • Diagnostic différentiel :
  • Cylindrome.
  • Mucocèle infectée.
  • Lipome.
  • Cellulite chronique.
  • Traitement :
  • Presque toujours chirurgical.

Sialodochite proprement dite

L’infection chronique canalaire est principalement liée à des mégacanaux ou des lithiases. L’infection canalaire aiguë n’existe que comme stade initial d’une parotidite ou d’une sous-maxillite bactérienne ascendante.

Voici une sélection de livres:

PATHOLOGIE INFLAMMATOIRE DES GLANDES SALIVAIRES

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *