Pathologie des dents temporaires
La maladie carieuse est considérée par l’OMS comme le troisième fléau de morbidité mondiale. C’est une maladies chroniques, infectieuse et transmissible.
L’apparition de ces lésions au niveau de la denture temporaire et la rapidité de leur évolution dépendent de plusieurs facteurs dont les principaux sont les particularités histologique et physiologique des tissus concernés, la quantité et la fréquence des hydrates de carbone dans le régime alimentaire, la présence de plaque bactérienne liée à l’hygiène buccodentaire ainsi que la quantité et la qualité de la salive.
- Étiologie et pathogénie de la carie :
La carie dentaire correspond à une maladie multifactorielle d’origine bactérienne. Elle survient quand la flore buccale pathogène produit des acides résultant de la dégradation des hydrates de carbone. Ces acides organiques, suite à la baisse du PH de la plaque, diffusent à travers l’émail et en dissolvent les éléments minéraux. Si le processus de déminéralisation ainsi entamé ne s’arrête pas, il mène à la cavitation : c’est la carie dentaire cliniquement observable.
Facteurs causals de la maladie carieuse
- Diagnostic de l’état pulpaire
Le diagnostic de l’état pulpaire est déterminant pour le choix d’un traitement approprié et donc, pour un bon pronostic, il repose sur :
- L’examen clinique.
- L’histoire de la symptomatologie
- La réponse au différent test.
La difficulté majeure pour un diagnostic est que le très jeune enfant a souvent beaucoup de difficultés à exprimer ce qu’il ressent par manque de vocabulaire.
La douleur exprimée par l’enfant aide le praticien dans l’interprétation des signes de vitalité ou de nécrose. L’examen radiographique permet d’apprécier le stade physiologique, de visualiser la morphologie radiculaire et la proximité du germe sous-jacent et, enfin, d’objectiver les résorptions internes ou les atteintes péri-apicales ou de la furcation.
Les conditions pulpaires des dents temporaires sont :
⇒ La pulpe est saine après exposition traumatique ou accidentelle pendant une préparation cavitaire. Elle peut être conservée vivante si elle est traitée correctement ;
⇒ La pulpe exposée par une lésion carieuse présente toujours une inflammation chronique partielle ou totale ou une nécrose ;
⇒ Une nécrose pulpaire partielle ou totale peut être la conséquence de caries non traitées, ou d’une exposition pulpaire traumatique.
⇒ Une nécrose pulpaire peut se développer après un traumatisme de luxation quand la circulation pulpaire a été interrompue.
- Pathologie carieuse de la dent temporaire
- Carie active et carie arrêtée
⇒ La lésion carieuse active : est évolutive et progresse rapidement vers la pulpe :
- Siège essentiel : faces proximales des molaires, des canines et des incisives.
- Peu étendue en surface mais se propage en profondeur.
- Elle aboutit très vite à la nécrose pulpaire et ne s’accompagne pas de formation de dentine réactionnelle.
- À l’examen clinique : elle paraît brunâtre et facilement excavable avec sensibilité dentinaire, mais la dent reste asymptomatique jusqu’à l’effondrement des crêtes marginales, moment où apparaît le syndrome du septum.
⇒ La lésion carieuse inactive ou arrêtée :
- Présente depuis longtemps et ne montre aucune progression
- Siège préférentiel : faces occlusales des molaires, faces vestibulaires et proximales des incisives et des canines.
- Elle est très étendue en surface mais, en général, elle n’atteint pas la pulpe.
- L’examen clinique révèle la présence d’une dentine réactionnelle dure, lisse, brillante, de couleur variable ; jaune, marron ou noire.
- Il n’y a pas de sensibilité dentinaire.
La frontière entre carie active et arrêtée est ténue. En fonction de la balance écologique du biofilm couvrant la zone et de l’environnement buccal, les différents stades peuvent exister.
- Caries rampantes : sont des lésions carieuses multiples et actives survenant chez un même patient et s’étendant en nappe. Elles sont souvent situées sur des surfaces lisses. Elles ont des terminologies différentes en fonction de leur étiologie.
- La caries précoces du jeune enfant ( CPE)» « Early Caries in young Children (ECC) », « carie ou syndrome du biberon »
- L’ECC est définie par la présence de plus d’une dent cariée, absente (due à la carie) ou obturée chez un enfant de 71 mois ou moins.
- Elles sont associées à une consommation fréquente des hydrates de carbone, qui se fait par différents moyens (biberons sucrés, lait chocolaté, médication sucrée …) et particulièrement au
moment du coucher, ou à un allaitement maternel prolongé (entre 1 et 2 ans) avec des durées de tétées très longues. Fréquemment à une hygiène buccale très insuffisante, voire inexistante.
Quatre stades cliniques peuvent être décrits :
⇒ Stade 1 : La lésion initiale de l’émail
- Atteinte initiale, les lésions sont réversibles
- S’observent entre 10 et 20 mois sur les dents antérieures maxillaires.
- Se caractérise par une zone de déminéralisation blanche, opaque située au niveau cervical de la dent, plus rarement sur les faces proximales.
- Le diagnostic nécessite de sécher soigneusement la dent à l’aide de la seringue air/eau.
- L’enfant ne se plaignant d’aucune douleur ou de sensibilité.
⇒ Stade 2 :
- Atteinte dentinaire.
- S’observe à l’âge de 16-24 mois.
- Se caractérise par des lésions carieuses plus prononcées au niveau des dents antérieures maxillaires touchant la dentine qui prend une couleur jaune-brun.
- Les enfants commencent à se plaindre d’une plus grande sensibilité au froid.
- Les premières molaires temporaires maxillaires présentent des lésions initiales au niveau des zones cervicales et proximales .
⇒ Stade 3 :
- Atteinte profonde.
- S’observe entre 20 et 36 mois.
- Se caractérise par des lésions importantes et profondes des dents antérieures maxillaires s’accompagnant d’irritations pulpaires.
- L’enfant se plaint de douleurs provoquées par la mastication, la boisson et le brossage ainsi que de douleurs spontanées la nuit et durant plusieurs minutes.
- Les premières molaires maxillaires sont au stade 2 et le stade 1 peut être diagnostiqué sur les premières molaires mandibulaires ainsi que sur les canines maxillaires .
⇒ Stade 4 : (polycaries évolutives)
- Atteinte traumatique.
- Il se diagnostique à l’âge de 30-48 mois.
- Se caractérise par une fracture de la couronne des dents antérieures maxillaires par suite de la destruction amélo-dentinaire.
- Ces dents sont nécrosées dans la plupart des cas.
- Les premières molaires maxillaires sont au stade 3 et sont à l’origine de douleurs pulpaires.
- Les deuxièmes molaires et les canines maxillaires peuvent être au stade 2 de même que les premières molaires mandibulaires.
- Complications de la pathologie carieuse de la dent temporaire : elles peuvent être locales, atteignant la dent ou le germe sous-jacent, ou générales pouvant affecter le développement général et/ou crâniofacial.
- Locales :
⇒ Syndrome du septum :
- Fréquente chez l’enfant, cette pathologie est une complication des caries touchant les faces proximales des premières et secondes molaires temporaires (caries jumelles). Elle est associée à l’effondrement des crêtes marginales.
- Douleurs spontanées, rythmées par les repas, qui sont liées à un tassement alimentaire dû à l’effondrement des crêtes marginales, créant ainsi un point de contact défectueux.
- La papille gingivale interdentaire est irritée par la compression des résidus alimentaires.
- Elle est œdématiée, inflammatoire et on observe parfois une destruction de l’os marginal.
- Le syndrome du septum peut être le point de départ d’une desmodontite. Dans ce cas, la pulpe des dents concernées peut être vitale ou montrer des signes d’inflammation réversible ou irréversible.
- Le traitement consiste à restaurer les contacts interproximaux et effectuer le traitement pulpaire approprié si nécessaire.
⇒ Inflammation pulpaire réversible :
- C’est une inflammation chronique due à une carie profonde.
- L’inflammation reste confinée à la chambre camérale.
- La thérapeutique de choix est la pulpotomie.
- Si l’hémorragie pulpaire est incontrôlable, il s’agit dans ce cas d’une inflammation irréversible.
⇒ Inflammation pulpaire irréversible :
- Une douleur spontanée, aigue, réveillant le patient la nuit, est le signe pathognomonique d’une pulpe présentant une inflammation irréversible.
- Elle est relativement fugace en denture temporaire.
- Le traitement est la pulpectomie si la dent temporaire est au stade I ou II, ou l’extraction si la résorption radiculaire est supérieure à la moitié radiculaire.
⇒ Nécrose pulpaire sans complication parodontale :
- C’est la pathologie la plus fréquente d’une dent temporaire cariée non traitée.
- Le plus souvent indolore, elle peut intéresser la totalité ou une partie de la pulpe radiculaire, et être responsable d’une pathologie mixte associant des signes d’inflammation pulpaire et des signes de nécrose.
- S’il n’existe pas de signe associé du parodonte et que la dent ne présente pas de résorption, il convient de réaliser une pulpectomie suivie d’une restauration coronaire étanche.
⇒ Nécrose pulpaire avec complications parodontales :
- C’est la complication la plus complexe et la plus grave du fait de ses répercussions possibles sur l’état général et le germe sous-jacent de la dent permanente.
- La forme aiguë s’observe le plus souvent sur la dent temporaire mature (stade II). Les signes cliniques sont les mêmes que pour les dents permanentes.
- L’examen radiographique permet d’apprécier l’importance de la destruction osseuse des zones inter-radiculaire et périapicale.
- La forme chronique est plus fréquente lorsque la dent temporaire est au stade III.
- Sur la gencive, on peut observer une rougeur, un œdème, un abcès ou une fistule.
- La présence d’une dépression ressentie à la palpation du vestibule est le signe d’une résorption de l’os alvéolaire qui indique l’extraction de la dent concernée.
- Dans le cas d’une lésion parodontale d’origine endodontique associée (fistule, abcès, résorption externe, radioclarté périapicale ou inter-radiculaire) ou de la présence de résorptions internes, l’extraction de la dent est accomplie.
⇒ Atteinte de la furcation
De par la faible épaisseur du plancher de la chambre pulpaire et de la multitude des canaux pulpo- parodontaux, on observe une atteinte très fréquente de la zone inter-radiculaire qui est
progressivement détruite. Au stade avancé, l’apparition d’une parulie en est le signe clinique.
⇒ Cellulite :
- Parfois, la nécrose pulpaire peut se compliquer d’une cellulite.
- Les deuxièmes molaires temporaires sont plus fréquemment en cause que les premières.
- On note un état fébrile, une asthénie et l’existence d’adénopathies.
- Complications intéressant le germe de la dent sous-jacente
Les pathologies pulpaires, si elles ne sont pas traitées, peuvent affecter le germe sous-jacent et être à l’origine :
- De dyschromie ; d’hypoplasies ;
- D’un arrêt du développement de la dent permanente ;
- D’un kyste folliculaire pouvant entraîner le refoulement du germe de la dent permanente ;
- De péricoronarites pouvant être responsables de l’exfoliation précoce du germe
- Complications générales : Les douleurs provoquées par les lésions carieuses peuvent être à l’origine de
- Troubles du sommeil.
- Une atteinte de l’état général de l’enfant (fièvre, ganglions).
- Il est important de surveiller cet état de près, même après réalisation des actes d’urgence et antibiothérapie. Si l’infection ne cède pas, il convient d’adresser le patient en milieu hospitalier.
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Conclusion
La lésion carieuse est un processus pathologique entraînant la destruction des tissus durs de l’organe dentaire par déminéralisation acide, elle peut se compliquer en absence de traitement et entrainer des extractions prématurées chez l’enfant.
Les édentations précoces chez l’enfant en croissance induisent une diminution du coefficient masticatoire et peuvent donc influer sur le développement craniofacial.
La prévention et le traitement précoce de la carie dentaire est un des objectifs majeurs afin d’éviter et de contrôler le développement des lésions carieuses.
Pathologie des dents temporaires
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- L’endodontie de A à Z: Traitement et retraitement
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- Guide d’odontologie pédiatrique, 3e édition: La clinique par la preuve
- La photographie en odontologie: Des bases fondamentales à la clinique : objectifs, matériel et conseils pratique
Pathologie des dents temporaires

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.

