OSTÉITES DES MAXILLAIRES (Pathologie Bucco Dentaire)
1. GÉNÉRALITÉS
Les inflammations du tissu osseux revêtent de nombreux aspects cliniques qui dépendent :
- de leurs étiologies,
- de leur topographie,
- et de la thérapeutique appliquée.
2. DÉFINITION
L’ostéite est un processus inflammatoire d’allure aiguë ou chronique du tissu osseux d’origine infectieuse ou irritative causé par un agent pathogène.
3. ÉTIOLOGIES
3-1 Causes locales
3-1-1 Infectieuses
- Origine dentaire : c’est la cause la plus fréquente.
- Nécrose pulpaire silencieuse.
- Obturation traumatisante pour la pulpe.
- Traitements canalaires incomplets.
- Origine parodontale.
- Lors de l’évolution des dents de sagesse.
- Implants : mal tolérés et non retirés à temps.
- Complications des infections cutanées.
3-1-2 Traumatiques
- Complications des fractures des maxillaires.
- Traumatismes prothétiques : (PPAC et Bridges).
- Ischémie : due soit à une rupture vasculaire, injections d’anesthésie avec vasoconstricteur, décollement périosté.
3-2 Causes générales
3-2-1 Atteintes diffuses du squelette
- Ostéomyélite hématogène.
- Ostéites spécifiques : tuberculose, syphilis.
3-2-2 Causes suivant le terrain
- Apparition d’ostéites sur un cancer de la sphère buccale.
- Diabète.
- Brûlures.
3-2-3 Causes suivant l’âge
Les trois tranches d’âge peuvent être touchées.
3-3 Causes exogènes
- La radiothérapie au niveau de la sphère oro-faciale.
- Le traitement par bisphosphonates.
- L’arsenic.
- Le phosphore et le fluor.
4. ÉTUDE CLINIQUE
4-1 Au niveau de la mandibule
On note une fréquence élevée d’ostéites au niveau de la mandibule, ceci est dû à la structure anatomique de celle-ci.
4-1-1 Ostéites de causes locales
4-1-1-1 Ostéopériostite et périostose
- Ostéopériostite : c’est la forme aiguë, se rencontre surtout chez l’enfant.
- L’examen clinique met en évidence des signes de desmodontite de la dent causale, associé à un épaississement douloureux d’une ou des deux tables osseuses avec un œdème plus ou moins important des parties molles.
- Pas de signes généraux.
- La radiographie : montre une image péri-apicale effleurant la corticale osseuse.
- Traitement : extraction de la dent causale et traitement médical.
- Périostose : c’est la forme chronique, on a les mêmes symptômes mais sans douleurs aiguës.
4-1-1-2 L’abcès sous-périosté
On le rencontre surtout dans les régions dépourvues d’insertions musculaires, région de la 1ère molaire inférieure et le bord alvéolaire.
4-1-1-3 Les ostéites circonscrites
Selon Dechaume et Grellet, on a 3 formes principales :
- Ostéites du rebord alvéolaire.
- Ostéites circonscrites centrales.
- Ostéites corticales qui parfois diffusent.
4-1-1-3-1 Ostéites du rebord alvéolaire
- Les alvéolites : consécutives à une extraction dentaire, caractérisées par l’association de :
- Douleurs violentes irradiées ;
- Absence de cicatrisation muqueuse ;
- Contact de l’os dénudé à l’examen du stylet.
- On a deux types d’alvéolites :
- L’alvéolite sèche : caractérisée par des douleurs persistantes pendant une quinzaine de jours, la plaie est sèche et atone, l’os est blanc grisâtre.
- L’alvéolite suppurée : les douleurs apparaissent vers le 2ème jour, la plaie est congestive, comblée par des bourgeons granulomateux infectés avec suppuration.
- Traitement :
- Anesthésie sans vasoconstricteur ;
- Curetage soigneux de l’alvéole associé à des irrigations au sérum physiologique et ne s’arrêter que lorsque le sang obtenu est propre ;
- Prescription d’antalgiques.
- Le syndrome du septum : déterminé par un mauvais point de contact : amalgame débordant, prothèse unitaire ou crochet de prothèse amovible.
- Cliniquement : on a une biarthrite avec ulcération de la papille interdentaire, un septum douloureux dénudé, voire nécrosé.
- La radiographie : montre un septum sous forme de fer à lance flou, voire amputé, parfois un séquestre.
- Ostéites sous selles de prothèse : les PPAC, lorsqu’elles sont mal étudiées, peuvent entraîner des ostéites parasellaires suite à des surcharges fonctionnelles.
4-1-1-3-2 Ostéites circonscrites centrales
- Cliniquement :
- Une élévation de la température ;
- Arthrite dentaire avec douleurs lancinantes ;
- Œdème des parties molles.
- La radiographie : montre une lésion apicale avec images assez floues de décalcification osseuse.
4-1-1-3-3 Ostéites circonscrites corticales
- Ces ostéites progressent de la superficie vers la profondeur de l’os, peuvent évoluer selon un mode sub-aigu sans suppuration ou aigu suppuré.
- La radiographie : peut montrer la présence ou non de séquestre.
- Ces ostéites peuvent diffuser secondairement, elles évoluent alors comme une ostéite diffusée mais sans signes généraux.
4-1-1-4 Les ostéites diffusées
La séquestration est le caractère primordial de ces ostéites qui évoluent en 4 phases :
- La phase de début : c’est la phase dentaire.
- Signes de desmodontite aiguë de la dent causale ;
- L’existence de signes généraux importants ;
- Plusieurs dents mobiles voisines de la dent causale, celles-ci sont mortifiées ;
- Possibilité de l’existence de signe de Vincent ;
- Le vestibule est soulevé et comblé par une masse dure, douloureuse et faisant corps avec l’os.
- La radiographie : à ce stade, montre la nature des lésions de la dent causale.
- En l’absence de traitement, l’évolution se fait vers la phase d’état en 2 ou 3 jours.
- La phase d’état : c’est le stade de collection.
- Signes fonctionnels : exacerbation de la douleur, trismus serré avec halitose et hypersialorrhée ;
- Signes physiques : déformation faciale avec une peau hyperhémiée ;
- Signe de Vincent positif ;
- Présence d’adénopathie ;
- Tuméfaction vestibulaire et linguale douloureuse à la palpation ;
- Mobilité douloureuse de la dent causale, faisant apparaître du pus au collet ;
- Mobilité des dents voisines.
- La radiographie : on note une raréfaction osseuse autour de la dent causale, l’os apparaît flou, décalcifié.
- L’évolution se fait vers la suppuration, l’évacuation du pus se fait par plusieurs fistules cutanées ou muqueuses, le pus est de couleur jaunâtre, épais et bien lié.
- La phase de séquestration : caractérisée par :
- La disparition des signes généraux et fonctionnels ;
- Élimination d’un ou de plusieurs séquestres spontanément, le plus souvent chirurgicalement ;
- L’exploration au stylet mène sur un os qui sonne clair et sec ;
- Mobilité d’une ou de plusieurs dents faisant partie d’un même séquestre ;
- La radiographie : est évocatrice : image floconneuse précède l’image du séquestre “image radio-opaque homogène entourée d’une zone radio-claire floue pommelée de décalcification”.
- La phase de réparation :
- Longue, peut durer plusieurs mois, il faut noter que la régénération osseuse n’intéresse que l’os basal.
- Complications :
- Locales :
- Diffusion de l’infection (ATM).
- Fractures spontanées.
- Générales : peuvent être :
- Vasculaires : thrombose veineuse, septicémies.
- Digestives : liées surtout à la déglutition de pus.
- Locales :
- Les séquelles : liées surtout à la séquestration :
- Troubles de l’articulé par perte dentaire.
- Déformation mandibulaire.
- Pseudo-arthroses.
- Cicatrices cutanées inesthétiques.
- Hypoesthésie du nerf mentonnier.
4-1-2 Ostéites de causes générales
4-1-2-1 Ostéite hématogène
- C’est une maladie générale à localisation osseuse secondaire due au staphylocoque doré, on la rencontre entre 6 et 20 ans, le siège de prédilection est l’angle mandibulaire, passe par 4 phases :
- Période de début septicémique :
- Le début est brutal marqué par un état de choc toxi-infectieux (teint pâle, température de 40°C, frissons, pouls rapide) qui dure entre 4 à 8 jours.
- Pas de signe local.
- Période de localisation osseuse : vers le 5ème jour.
- Signes fonctionnels : douleurs intenses, continues, pulsatiles sans épisode dentaire surtout au niveau de l’angle mandibulaire, trismus serré.
- Signes physiques : œdème dur, très douloureux, le signe de Vincent est inconstant. À l’examen endobuccal : un comblement vestibulaire, épaississement des tables osseuses, rougeur de la gencive avec mobilité dentaire.
- Période d’état :
- Suppuration et fistulisation muqueuse ou cutanée.
- Signe de Vincent en général positif.
- La radiographie : on note une raréfaction osseuse, pas d’image de séquestre, ni de lésion apicale.
- Période de séquestration et de régénération :
- Elle est longue, évolue selon un mode chronique, et aboutit à l’élimination d’un séquestre.
- La radiographie : met en évidence les séquestres.
- Période de début septicémique :
4-1-2-2 Autres ostéites de causes générales
- Ostéite tuberculeuse et syphilitique.
- Ostéite actinomycosique.
- Ostéite typhique : fièvre typhoïde.
4-1-3 Ostéites de causes exogènes
- Peuvent être causées par des agents physiques ou chimiques :
- L’ostéoradionécrose (ORN).
- L’ostéochimionécrose (ONM).
- Nécroses arsenicales.
- Nécrose phosphorée.
4-2 Au niveau du maxillaire
Leur fréquence est moindre, ceci est dû :
- À la structure anatomique du maxillaire ;
- À la vascularisation.
4-2-1 Ostéites de causes locales
- Abcès sous-périoste : au niveau du palais.
- Ostéite antérieure : bloc incisivo-canin.
- Ostéite postérieure : ou rétro-maxillite au niveau de la région prémolo-molaire.
- Ostéite totale : œdème de l’hémiface avec fermeture des paupières.
4-2-2 Ostéites de causes générales
- Ostéite hématogène : la localisation maxillaire est très rare.
- Ostéite à germe spécifique :
- Tuberculeuse : on note une perforation du palais.
- Syphilitique.
- Actinomycosique.
4-2-3 Ostéites de causes exogènes
- L’ostéoradionécrose : la localisation est rare au niveau du maxillaire.
5. DIAGNOSTIC DES OSTÉITES
- Le diagnostic positif : dépend des données :
- Cliniques ;
- Radiologiques ;
- Bactériologiques.
- Le diagnostic différentiel :
- Ostéites locales : se fait avec :
- Ostéomyélite hématogène.
- Ostéoradionécrose.
- Ostéochimionécrose.
- Tuberculose et syphilis des maxillaires.
- Cellulites et phlegmon péri-maxillaire.
- Parotidite et sous-maxillite.
- Tumeurs bénignes et malignes des maxillaires.
- Ostéites de causes générales : se fait avec :
- L’ostéite de cause locale.
- L’ostéoradionécrose.
- L’ostéochimionécrose.
- Ostéites locales : se fait avec :
6. TRAITEMENT DES OSTÉITES
6-1 Ostéites de causes locales
- Traitement préventif : il est étiologique : dentaire, parodontal et péri-maxillaire.
- Traitement curatif : il est médical et chirurgical.
- Le traitement médical : a) Antibiotiques : par voie générale ; antibiotiques : par voie locale : in situ. b) Antalgiques et anti-inflammatoires ; c) Myorelaxants pour lutter contre le trismus ; d) Amélioration de l’état général : repos, alimentation équilibrée.
- Le traitement chirurgical :
- Extraction des dents causales ;
- Incision des collections purulentes ;
- Élimination de séquestres quand ils sont mobiles.
- Le traitement des séquelles : se fait par des moyens :
- Orthopédiques : contention des fractures secondaires et maintien des greffes.
- Prothétiques : pour remplacer la perte de dents et prothèses obturatrices en cas de perforation palatine.
- La chirurgie : greffe osseuse, palatoplastie, et plasties en cas de fistules cutanées inesthétiques.
- Électrolytiques : rayons infrarouge, ozonothérapie…
6-2 Ostéites de causes générales
- Dans le cas de l’ostéite hématogène, il est surtout médical sous forme d’antibiothérapie spécifique massive et prolongée.
- Ostéites spécifiques : c’est le traitement de la tuberculose et la syphilis.
- Ostéites de causes exogènes : il est surtout prophylactique, médical et chirurgical en cas d’ostéoradionécrose (ORN) et ostéochimionécrose (ONM).
OSTÉITES DES MAXILLAIRES (Pathologie Bucco Dentaire)
Voici une sélection de livres:
Parodontologie Relié – 1 novembre 2005
Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011
Parodontologie Broché – 19 septembre 1996
MEDECINE ORALE ET CHIRURGIE ORALE PARODONTOLOGIE
Parodontologie: Le contrôle du facteur bactérien par le practicien et par le patient
Parodontologie clinique: Dentisterie implantaire, traitements et santé
Parodontologie & Dentisterie implantaire : Volume 1
Endodontie, prothese et parodontologie
La parodontologie tout simplement Broché – Grand livre, 1 juillet 2020
OSTÉITES DES MAXILLAIRES (Pathologie Bucco Dentaire)

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.

