Orthodontie de l’adulte
Introduction
La demande adulte en orthodontie s’est considérablement développée ces dix dernières années. Cela est principalement dû à trois facteurs : la santé, qui est devenue une préoccupation majeure ; la demande esthétique, notamment celle concernant le sourire ; et l’apparition des appareils esthétiques. Ces patients adultes ne peuvent pas être reçus ni traités comme des jeunes enfants.
Définitions
Adulte (dictionnaire Larousse) : Toute personne parvenue au terme de sa croissance et ayant atteint ou dépassé 18 ans, par opposition à l’adolescent ou à l’enfant.
Melsen : Quand je parle d’adultes, je parle d’individus dont la croissance est terminée et j’y inclus les adultes les plus âgés avec des dentures en dégénérescence.
Langlade : Le facteur primordial pour définir l’orthodontie de l’adulte est l’absence de croissance. Certains facteurs comme les changements du parodonte, l’adaptation physiologique à un déséquilibre ou le comportement psychologique peuvent varier énormément d’un individu à l’autre.
Particularités de l’orthodontie de l’adulte
Le traitement de l’adulte se distingue de celui de l’enfant par quelques particularités qu’il est indispensable de connaître afin de mener à bien notre traitement. Ces différences, psychologiques, diagnostiques, biologiques et thérapeutiques, font des traitements orthodontiques de l’adulte des traitements spécifiques qui demandent une attention particulière, non seulement de l’orthodontiste, mais aussi du chirurgien-dentiste, du parodontiste, voire du chirurgien, d’où l’intérêt d’un traitement pluridisciplinaire concerté et cohérent.
Particularités psychologiques
Accueil
L’accueil doit être différent, non seulement sur le plan du discours mais également sur le plan de l’environnement. Il faut passer du temps pour l’explication du traitement, ceci à chaque rendez-vous, avant l’acte proprement dit ; cela permet une mise en condition qui facilite l’installation de la confiance et donc une certaine décontraction qui est indispensable. Il faut écouter ces patients, se renseigner sur leurs besoins, leurs envies ; il faut donc prévoir des séances de traitement plus longues que pour les enfants.
La décoration d’une salle de traitement pour enfants peut surprendre les adultes ; de même, l’utilisation d’une salle de soins commune n’est pas forcément la meilleure solution. Les adultes préfèrent l’intimité d’une salle réservée ; la discussion est alors plus facile et plus discrète.
Motivation
La motivation des patients adultes est différente de celle des enfants :
- Ils sont beaucoup plus sensibles à l’aspect inesthétique des appareils, au port d’appareils extra-oraux.
- Il est difficile de convaincre le patient que le traitement demande du temps et de la patience ; ainsi, il est préférable de ne pas envisager une durée de traitement longue, ce qui nous oblige à réaliser des compromis.
- Sur le plan des instructions concernant l’hygiène et la diététique, le patient adulte collabore généralement bien.
- La tolérance à la douleur est diminuée pour des raisons tissulaires et biologiques ; ainsi, l’adulte est un patient qui se plaint facilement.
Chez l’adulte, nous retrouvons fréquemment deux situations :
- Une motivation esthétique, où le patient vient de lui-même ; dans ce cas, il est bien motivé.
- Une motivation fonctionnelle ; il nous est alors adressé par un confrère (besoin préprothétique), lequel l’a préalablement informé. Dans ce cas, sa motivation est plus difficile à obtenir.
Explication, information, consentement éclairé
L’adulte doit être informé ; avant le début du traitement, tout doit lui être expliqué : le plan de traitement, les appareils, la durée du traitement, ceci afin qu’il comprenne les exigences de la thérapeutique et ainsi qu’il coopère pleinement.
Le patient adulte a besoin qu’on lui donne des explications précises sur ce qui est fait à chaque rendez-vous, sur l’avancement du traitement et qu’on le conforte dans le choix qu’il a fait. De même, l’adulte étant plus sensible aux irritations des muqueuses, l’adaptation des fonctions étant plus lente, le patient adulte doit être clairement informé de ces problèmes, du risque de douleurs, d’irritations et des difficultés lors de la réalisation des différentes fonctions.
Il est aussi important d’exposer clairement les contraintes et les risques liés aux traitements orthodontiques, en particulier les résorptions radiculaires ; étant donné la tendance actuelle d’augmentation des procédures de litige, il serait intéressant que celles-ci apparaissent dans le devis, la notion de consentement éclairé étant importante chez l’adulte.
Particularités biologiques
Croissance
L’absence de croissance chez l’adulte modifie les plans de traitement ; ainsi, les traitements orthodontiques de l’adulte permettent d’agir sur les dents et sur les procès alvéolaires mais n’ont que peu ou pas d’effets sur les bases osseuses. Les décalages squelettiques ne peuvent être traités que par chirurgie orthognathique ou par compensations alvéolodentaires.
Vieillissement des tissus
Tissus mous
Lors du vieillissement, les tissus mous montrent des changements importants :
- Le nez s’affaisse et s’élargit : son profil devient convexe en vieillissant car le soutien osseux de l’os nasal reste stable, alors que la pointe s’épaissit, et tombe en bas et en avant.
- Les lèvres s’amincissent et la bouche apparaît de plus en plus pincée. Les commissures labiales s’abaissent vers le menton. L’angle nasolabial devient plus aigu.
- Le stomion s’abaisse. Les sillons nasogéniens se marquent fortement.
Toutes ces modifications liées à l’âge sont à prendre en compte lors de nos traitements afin de ne pas aggraver ces changements morphologiques.
Parodonte superficiel et profond
Modification du parodonte avec l’âge (physiologique)
Avec l’âge, la physiologie du parodonte se modifie et la maladie parodontale se fait plus fréquente. La sénescence parodontale n’est pas une maladie au sens vrai. Il s’agit plutôt d’une lyse parodontale généralement lente et régulière.
Parodonte superficiel
- Modifications anatomiques : Il existe pratiquement toujours une légère migration du système d’attache probablement due à des phénomènes inflammatoires épisodiques. Celui-ci garde tout au plus, dans les cas les plus favorables, sa hauteur initiale. De plus, avec le vieillissement, les papilles se rétractent et le rebord de la gencive marginale s’émousse. On doit éviter de déplacer une dent vers une zone où la gencive attachée est de faible hauteur et peu épaisse.
- Modifications histologiques : Le parodonte superficiel est caractérisé par une désorganisation tissulaire progressive. Les possibilités de défense et de réparation sont alors plus difficiles et le temps de cicatrisation augmente.
Parodonte profond
- Cément : La formation de cément à l’extrémité de la racine est un phénomène constant qui ne s’achève qu’avec la disparition de la dent, pour compenser l’usure physiologique ; il apparaît donc à la radiographie un épaississement cémentaire, une réduction de l’espace desmodontal et une diminution du pool cellulaire de remaniement ligamentaire, ce qui ralentirait le déplacement dentaire.
- Desmodonte : Il est reconnu qu’avec l’âge la structure du ligament devient plus irrégulière. On assiste à une diminution de la vascularisation avec artériosclérose des vaisseaux. Le renouvellement des cellules et des fibres se faisant plus difficilement et plus lentement, le mouvement dentaire est ralenti, le temps de contention allongé, et la mobilité augmentée au cours du traitement.
- Os alvéolaire : En plus des modifications de densité et du renouvellement osseux, il existe des modifications anatomiques, avec une perte de support osseux quasi inévitable. L’os s’atrophie avec l’âge et la quantité de tissu calcifié se réduit. La quantité totale d’os diminue.
Incidence de la maladie parodontale (modification pathologique)
- Sur le parodonte : La maladie parodontale induit une récession du système d’attache épithélioconjonctif, associée à des pertes d’os alvéolaire et à une exposition du cément.
- Sur les dents : La perte de support parodontal et l’inflammation favorisent les migrations secondaires : mésioversions des dents cuspidées, ouverture de diastèmes antérieurs.
Conséquences sur le déplacement dentaire
Histophysiologie du déplacement dentaire chez l’adulte
Les modifications principales liées au vieillissement de l’os chez l’adulte se caractérisent par une diminution de la vascularisation entraînant une réduction des échanges métaboliques et de l’apport des cellules. Tous ces facteurs contribuent à modifier le cycle activation/résorption/inversion/formation décrit par Baron.
Conséquences
- Le déplacement dentaire est plus lent chez l’adulte. Le remaniement alvéolaire est plus lent mais n’est en rien un obstacle au déplacement dentaire. Cette différence est due à ce que l’os adulte est moins vascularisé. Le turn-over est influencé négativement par la présence d’un moins grand nombre d’ostéoblastes ; les échanges cellulaires régissant la résorption et l’apposition sont plus faibles car la population cellulaire est moins intense.
- Pour Stuzmann et Petrovic, le déplacement est moins rapide après 16-17 ans, mais pas plus difficile à 50 qu’à 20-25 ans ; la différence provient d’une hyalinisation plus intense ; après une phase de 3 jours, le déplacement se fait à la même vitesse et avec la même amplitude que chez l’enfant.
- Le mouvement dentaire initial est plus lent à apparaître. Les résorptions alvéolaires sont plus intenses chez l’adulte.
- La stabilisation et la cicatrisation sont également plus lentes, par conséquent, la contention doit être plus longue.
Patients dits « à risques »
Endocardite infectieuse
Certains cas d’endocardite ont été rapportés après une visite chez l’orthodontiste. Une bactériémie peut être provoquée par la pose de séparateurs, l’ajustage et le scellement de bagues ainsi que leur dépose. L’American Heart Association recommande pour les patients « à risque d’endocardite » une antibio-prophylaxie à la pose initiale des bagues. Elle est recommandée pour le groupe A et optionnelle pour le groupe B d’après la conférence de consensus. Elle n’est cependant pas nécessaire avant le collage de brackets.
Diabète
À partir du moment où la glycémie est contrôlée, il n’y a pas de contre-indication aux traitements orthodontiques. En cas de déséquilibre, le traitement orthodontique est discuté avec le médecin traitant.
Incidences des traitements pharmacologiques
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : Réduisent le turn-over osseux, suggérant une diminution du mouvement orthodontique.
- Anti-inflammatoires stéroïdiens : Quelques études animales suggèrent que l’administration prolongée de cortisone ou de prednisolone semble augmenter le taux de mouvement orthodontique.
- Bisphosphonates : Leur action majeure est de diminuer la résorption osseuse en inhibant directement l’activité ostéoclasique. Ils ont une très longue durée de vie tissulaire (avec une demi-vie pouvant atteindre 10 ans). Traiter un adulte sous bisphosphonates nécessite d’évaluer le risque de limitation du mouvement dentaire par l’inhibition du remodelage osseux et le risque d’ostéonécrose maxillo-mandibulaire.
Particularités diagnostiques
Motif de consultation
Il est important d’interroger le patient sur ce qu’il attend du traitement ; en effet, nous essayons de respecter ses demandes, même s’il faut réaliser des compromis tout en respectant les objectifs des traitements d’orthodontie.
Antécédents
Il est souhaitable de connaître l’hérédité et les antécédents familiaux : maladies générales ; problèmes dentaires et parodontaux. L’état général du patient et les traitements médicaux en cours peuvent influencer la santé parodontale et la santé des articulations. Ainsi, les problèmes hormonaux, psychologiques ou psychiatriques, les cardiopathies, l’état de grossesse doivent être connus.
Examen dentaire et occlusal
L’examen intra-arcade va permettre de déterminer le nombre et l’état des dents, et l’environnement parodontal. Il faut noter les restaurations prothétiques présentes, les traitements endodontiques et les soins conservateurs, les extractions dentaires remplacées ou non (dans ce cas, noter les éventuelles versions et/ou égressions), les lésions carieuses et/ou endodontiques qui doivent être soignées avant de commencer le traitement. L’examen dentaire est complété par les informations fournies par la radiographie panoramique et le bilan rétro-alvéolaire long cône.
Après avoir réalisé le bilan dentaire, un examen occlusal précis doit être réalisé en bouche puis sur moulages des arcades dentaires montés sur articulateur semi-adaptable afin de mettre en évidence des facteurs dentaires de déséquilibre de l’appareil manducateur.
Examen parodontal
Un bilan parodontal complet est indispensable avant de commencer tout traitement chez l’adulte, afin de s’assurer de l’absence d’inflammation en cours. Il faut d’abord éliminer toute maladie parodontale avant de commencer le traitement d’orthodontie.
À l’examen clinique, il faut noter l’état gingival avec la présence de récessions, saignements, la recherche de poches parodontales et de mobilités dentaires, et le niveau d’hygiène du patient. Ces examens, ainsi que le contrôle de plaque dentaire, doivent être répétés au cours du traitement, ce qui permet de surveiller avec précision l’évolution du parodonte pendant la thérapeutique.
Particularités biomécaniques
Ancrage
Chez l’adulte, l’ancrage naturel est souvent diminué :
- Le nombre de dents présentes est diminué.
- La densité osseuse est moindre.
- La hauteur d’os est diminuée.
- La maladie parodontale, si elle est présente, peut entraîner des mobilités plus ou moins importantes.
On peut conserver, en l’absence d’infection, des dents naturelles condamnées le temps du traitement pour augmenter l’ancrage.
Déplacement du centre de résistance
Chez l’adulte, le niveau osseux est réduit (parodontites, vieillissement) ; de ce fait, le centre de résistance des dents est déplacé vers l’apex. Ainsi, le rapport force/moment est augmenté. Pour une même activation, on obtient un moment plus important si l’os est résorbé et donc un mouvement de version plus facile qui peut créer, s’il n’est pas contrôlé, des déhiscences et des fenestrations.
Intensité de la force
Les forces utilisées chez l’adulte doivent être encore plus légères au moment de l’initialisation du mouvement pour permettre un déplacement physiologique de la dent. Melsen et Burstone suggèrent de commencer le traitement avec des forces peu élevées et de poursuivre en augmentant la force appliquée, mais ce qui est important, c’est la distribution de la force par unité de surface plutôt que la force appliquée sur chaque dent.
Durée de l’application de la force
D’après Stuzmann et Petrovic, les forces appliquées chez l’adulte doivent être de préférence de type discontinu pour permettre une réorganisation tissulaire entre chaque activation. Selon Fontenelle, l’utilisation de forces constantes permet d’assurer une distribution constante du stress et d’assurer un régime permanent. Il faut donc concevoir des systèmes mécaniques qui délivrent des forces aussi légères que possible, tout en gardant une intensité suffisante pour que le déplacement dentaire ne soit pas interrompu.
Particularités thérapeutiques
Appareillage discret
Pour des raisons psychologiques, il faut utiliser de préférence des appareillages esthétiques :
- La segmentation des arcs permet de traiter des secteurs latéraux moins visibles, avant de s’intéresser aux secteurs antérieurs. Cela permet de diminuer le temps de port d’un appareil visible.
- Des attaches résines ou céramiques de la couleur de la dent peuvent être utilisées.
- L’orthodontie linguale doit son apparition à Fujita et à Kurz qui utilisent des attaches collées au niveau de l’aire linguopalatine et des arcs en forme de champignons.
- Gouttières thermoformées.
Durée du traitement
Quand un adulte vient consulter, l’orthodontiste se doit en tout premier lieu de lui rendre service : le praticien peut être plus tolérant quant aux objectifs à atteindre, afin de limiter la durée de traitement tout en assurant une stabilité fonctionnelle et esthétique. Certaines corrections qui s’imposent chez un enfant ne sont pas toujours impératives à réaliser chez un adulte ; ainsi, une non-concordance des milieux interincisifs peut être acceptée, l’extraction d’une incisive est aussi acceptable pour corriger rapidement une dysharmonie dentomaxillaire, souvent des extractions unimaxillaires sont réalisées et aboutissent à une classe II molaire thérapeutique, une supraclusion modérée est tolérée.
L’accélération du déplacement dentaire orthodontique peut être réalisée par des moyens chirurgicaux ou non chirurgicaux.
Collage sur substrats non naturels
L’orthodontie moderne et le traitement des adultes nous conduit à coller des attaches sur des supports multiples (céramique, amalgame, composite…). Il est nécessaire de connaître et de maîtriser les protocoles de collage adaptés aux spécificités de ces supports.
Objectifs de l’orthodontie de l’adulte
Améliorer l’esthétique
Le praticien doit analyser l’esthétique du visage, du sourire et de la denture. Ainsi, il va apprécier les proportions du visage de face et de profil, l’équilibre des saillies et des dépressions le long du profil, le jeu du sourire, la forme et la couleur des incisives. L’architecture générale de la face ne peut être modifiée chez l’adulte que par la chirurgie.
Obtenir une occlusion fonctionnelle
Philippe retient deux principes :
- Le respect des fonctions occlusales : centrage, calage et guidage de la mandibule.
- L’absence de compression articulaire.
L’occlusion physiologique recherchée chez l’adulte est celle qui correspond à un état harmonieux de tolérance mutuelle des différents constituants de l’appareil manducateur, en acceptant quelques variations par rapport à l’occlusion idéale. Il s’agit d’une orthodontie de compromis.
Assurer la pérennité du système dentaire
Une des conditions fondamentales pour la mise en œuvre d’un traitement orthodontique de l’adulte est l’absence d’inflammation. Un assainissement parodontal préalable est indispensable : motivation à l’hygiène, thérapeutique initiale, chirurgie d’assainissement si nécessaire et soins parodontaux de soutien tout au long du traitement.
Contribuer à la réalisation prothétique
L’orthodontie peut faciliter la réalisation de réhabilitations prothétiques, plus esthétiques, plus fonctionnelles et plus fiables.
Indications de l’orthodontie de l’adulte
Esthétiques
- Fermeture d’un diastème incisif médian ou latéral.
- L’ingression d’une dent extrusée.
- La correction d’une version pathologique ou d’une rotation inesthétique.
- La correction d’une linguoclusion.
Préprothétiques ou restauratrices
- Redressement de l’axe pilier d’un bridge.
- Ouverture d’un espace pour loger une dent prothétique.
- Fermeture d’un espace pour éviter une coiffe trop large.
- Désinclusion.
- Correction d’une supraclusion excessive et restauration d’une hauteur prothétiquement utilisable.
- Réhabilitation d’un guidage incisif.
- L’intégration d’une dent dans une occlusion stable et fonctionnelle.
Parodontales
- Élargissement du septum interdentaire (atteinte osseuse verticale).
- Correction d’un chevauchement source de rétention alimentaire et de tartre.
- Égression (traitement des poches et récession).
- Correction des migrations secondaires.
Articulaires
Dans le cadre du traitement pluridisciplinaire du DAM.
Chirurgicales
Chirurgie orthognathique pour corriger des décalages des bases osseuses dans les trois sens de l’espace.
Contre-indications
- Mouvements dommageables pour le parodonte.
- L’obligation d’une restauration prothétique importante.
- Ancrage impossible.
- Impossibilité d’obtenir une occlusion fonctionnelle.
- Stabilité délicate après correction.
- Motivation insuffisante du patient.
La conduite thérapeutique
Traitement orthodontique seul
Ancrage
L’ancrage est une nécessité vitale dans le cas de l’adulte chez qui on souhaite des mouvements très localisés à certaines dents et où les éléments dentaires restants ne doivent en aucun cas être déplacés. C’est pourquoi il est indispensable d’éviter tout mouvement parasite qui risquerait de perturber l’équilibre occlusal et fonctionnel préexistant. L’ancrage pourra être assuré par :
- Barres transpalatines conventionnelles telle que l’arc palatin de Nance ; arc lingual… ou des ancrages squelettiques absolus (miniplaques et minivis).
- Les minivis d’ancrage constituent une alternative intéressante chez l’adulte ; elles paraissent particulièrement indiquées lorsque l’ancrage orthodontique est insuffisant, réduit (diminution du support parodontal) ou absent (perte de dents), ou lorsque la compliance du patient à un traitement orthodontique conventionnel est défaillante. De plus, les moyens mécaniques de renfort d’ancrage utilisés couramment chez l’enfant ou l’adolescent sont plus difficiles à intégrer dans un traitement adulte. Les indications des minivis peuvent pallier les carences d’une solution orthodontique conventionnelle sans manifestation parasite. On pense notamment aux mouvements d’ingression unitaires (égression passive sans antagoniste) ou sectoriels (supra-alvéolie incisive, bascule du plan d’occlusion dans le plan frontal).
Dispositifs et moyens de traitement
Les dispositifs de traitement doivent répondre à un certain nombre de critères :
- Être esthétiques (attache céramique, orthodontie linguale).
- Être le moins gênant possible.
- Être efficaces.
Il s’agit le plus souvent des traitements de la DDM et de compensation des décalages squelettiques qui peut nécessiter des extractions, du stripping, utilisation des TIM…
Stripping
La réduction amélaire interproximale est une technique permettant d’éliminer une quantité contrôlée d’émail interproximal sans abîmer la dent. En orthodontie, cette technique est très utilisée car elle permet, par la modification de la forme du point de contact interproximal, de parfaire l’alignement, de traiter de petits encombrements antérieurs (4 mm) et d’améliorer l’occlusion, ainsi que la stabilité à long terme. L’avènement des techniques non extractionnistes rend le stripping populaire et de plus en plus répandu.
Les principes fondamentaux du stripping (Sheridan et Fillion) :
- Ne pas sculpter avant la pose de l’appareil.
- Ne pas sculpter les dents en rotation.
- Sculpter en priorité molaires et prémolaires.
- Utiliser un matériel de choix pour la réduction et le polissage.
- Ne pas sculpter sans protection gingivale et même labiale.
Limites du stripping :
Le stripping ne pourra être utilisé sur des dents ayant une très faible épaisseur d’émail, peu de convexité interproximale et sur des patients ayant déjà des sensibilités aux variations de températures.
Extraction
- On peut conserver, en l’absence d’infection, des dents naturelles condamnées le temps du traitement pour augmenter l’ancrage.
- L’extraction d’une incisive inférieure dans le traitement orthodontique de l’adulte est un compromis acceptable.
- Extraire la dent avec valeur de pérennité la plus défavorable.
Traitement associant orthodontie et parodontologie
Thérapeutique initiale parodontale
- Motivation du patient et conseils d’hygiène.
- Assainissement non chirurgical ou thérapeutique étiologique.
- Réévaluation.
- Thérapeutique chirurgicale complémentaire (interventions de chirurgie parodontale).
- Maintenance parodontale.
Fibrotomie supracrestale
La tension des fibres cémentogingivales, et de façon moins durable, desmodontales, peut perdurer plusieurs mois, voire plus de 1 an après achèvement du traitement orthodontique, devenant ainsi source d’une récidive orthodontique que la contention ne prévient pas toujours. Afin de minimiser ce risque de récidive, il a été proposé par Edwards de sectionner les fibres cémentogingivales par une incision intrasulculaire circonférencielle, atteignant la crête osseuse ou même la ligne mucogingivale. Cette technique a été modifiée en ajoutant des incisions verticales interdentaires.
Accélération du déplacement dentaire
Les nombreuses études consacrées à la corticotomie sont convergentes en un même point : les déplacements dentaires orthodontiques sont plus rapides lorsqu’ils sont associés à la corticotomie.
Chirurgie mucogingivale
- Recouvrement des récessions.
- Freinectomie.
Extraction orthodontique
Un mouvement d’égression est indiqué face à une lésion verticale qui ne peut être traitée. Le déplacement dentaire permettra alors de reconstruire l’os, mais, bien évidemment, provoquera un allongement de la couronne clinique et nécessitera souvent un traitement endodontique avant la restauration de la dent, ou nécessitera l’avulsion de la dent et la mise en place d’un implant au niveau du site régénéré. L’orthodontie parodontale implique également des extractions orthodontiques qui consistent à égresser la dent jusqu’à ce qu’elle soit hors de son support afin d’amener de l’os ou des tissus mous et préparer le site implantaire.
Traitement associant orthodontie et prothèse
L’orthodontie réalisée avant une restauration prothétique peut être simple, visant souvent à redresser, mésialer, distaler, égresser, ingresser une dent ou un groupe de dents afin de rendre une reconstitution prothétique possible ou d’améliorer sa fiabilité. L’orthodontie réalisée avant une restauration prothétique peut être complexe, incorporée dans un plan de traitement pluridisciplinaire.
Gestion des sites d’édentation
Agénésies des incisives latérales maxillaires :
- Ouverture d’espace : Il est préférable de conserver ou d’ouvrir les espaces chez des patients présentant une occlusion de classe I molaire sans anomalie associée ou de classe III. Un autre élément à prendre en considération est la morphologie et la teinte de la canine. L’utilisation de technique multi-attaches est indispensable pour contrôler en particulier les axes radiculaires des dents controlatérales avant la mise en place d’une reconstitution prothétique fixe ou d’un implant le plus souvent.
- Redistribuer et optimiser les espaces prothétiques : Lors d’une réhabilitation prothétique, on peut faire face à des espaces inadéquats : ces espaces édentés peuvent être trop petits ou trop grands, ce qui empêcherait une solution prothétique esthétique fonctionnelle, dans de bonnes conditions parodontales et stable à long terme.
Aménagement des piliers prothétiques
Redressement des piliers :
- Le redressement des molaires mésioversées peut être réalisé dans les différentes techniques orthodontiques.
- En technique Edgewise standard comme en technique de Tweed, le mouvement de redressement distal peut être réalisé par des ressorts, des boucles ou des informations de tip-back.
- En technique d’arc droit, l’utilisation de fils super-élastiques ou à mémoire de forme permet le redressement de la dent.
Répartition des piliers :
- La répartition des piliers par mésialage ou distalage se réalise à l’aide de techniques fixes. En cas d’édentement postérieur, le distalage est un mouvement difficile à obtenir. L’essor des techniques implantaires, en particulier l’utilisation des minivis, permet la création d’un ancrage postérieur facilitant ce mouvement et permet de réaliser un bridge de meilleure qualité et devra en même temps améliorer les rapports d’occlusion.
Récupérer les dents en malposition :
- Des dents en malposition peuvent entraver une réhabilitation prothétique. Plutôt que de les extraire sous l’appellation « d’extractions stratégiques », leur récupération orthodontique peut au contraire être un apport pour le plan de traitement prothétique.
Traitement chirurgico-orthodontique
Phase orthodontique préparatoire
L’orthodontie préchirurgicale doit répondre à un certain nombre de règles :
- Décompensation des malocclusions.
- Correction de l’encombrement des arcades. Cela peut se réaliser au moyen d’extractions dont le choix est lié à l’état dentaire et à l’âge du patient.
- Coordination des arcades.
- Simulation des résultats de l’intervention.
Phase chirurgicale
Phase de finition orthodontique post-chirurgicale
Après un temps moyen de consolidation osseuse de 2 mois, l’orthodontiste peut poursuivre le traitement et parfaire l’occlusion. Cette phase peut durer de 6 à 8 mois et va garantir la stabilité des résultats obtenus.
La contention
À l’issue du traitement orthodontique, la phase de contention doit absolument être longue, idéalement à vie. Insistons sur le rôle déterminant de l’occlusion de fin de traitement sur la pérennité de l’équilibre fonctionnel à long terme. La qualité des finitions occlusales s’impose quel que soit le choix du type de contention ou du système de collage. Les contentions peuvent être fixes ou amovibles mais les dispositifs fixés sont généralement préférés chez l’adulte pour des raisons de confort. Le praticien sera donc confronté au problème capital du nombre de dents à inclure en fonction de la sévérité de la destruction parodontale, du degré de mobilité, de la localisation des dents sur l’arcade.
Conclusion
Les malocclusions chez les adultes peuvent être corrigées avec efficacité quel que soit l’âge du patient, compte tenu de la qualité des tissus de soutien des dents, qui doivent être déplacées, et de la force utilisée, qui doit être douce et rester dans les limites des forces fonctionnelles naturelles de la mastication. Le pronostic de ces traitements est bon avec un risque de récidive plus important que chez l’enfant. Une thérapie très précise, un jugement clinique parfait de la part du praticien, aidé généralement par une meilleure coopération du patient, sont nécessaires et sont la clé du succès thérapeutique.
Voici une sélection de livres:
- “Orthodontie de l’enfant et de l’adulte” par Marie-José Boileau
- Orthodontie interceptive Broché – Grand livre, 24 novembre 2023
- ORTHOPEDIE DENTO FACIALE ODONTOLOGIE PEDIATRIQUE
- Orthopédie dento-faciale en dentures temporaire et mixte: Interception précoce des malocclusions Broché – Illustré, 25 mars 2021
- Nouvelles conceptions de l’ancrage en orthodontie
- Guide d’odontologie pédiatrique: La clinique par la preuve
- Orthodontie linguale (Techniques dentaires)
- Biomécanique orthodontique
- Syndrome posturo-ventilatoire et dysmorphies de classe II, Bases fondamentales: ORTHOPÉDIE ET ORTHODONTIE À L’USAGE DU CHIRURGIEN-DENTISTE
Orthodontie de l’adulte

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.