Manifestations à distance des foyers infectieux bucco- dentaires (Pathologie Bucco Dentaire)

Manifestations à distance des foyers infectieux bucco- dentaires (Pathologie Bucco Dentaire)

Manifestations à distance des foyers infectieux bucco- dentaires (Pathologie Bucco Dentaire)

Introduction

Les foyers infectieux bucco-dentaires peuvent entraîner des infections à distance, localisées à un organe précis, par des mécanismes directs et indirects.


I. Les foyers infectieux bucco-dentaires

Les lésions bucco-dentaires susceptibles de constituer des foyers primaires à l’origine de manifestations à distance sont :

a. Les foyers muqueux

  • Accidents d’éruption des dents
  • Incisions muqueuses au cours des actes de chirurgie buccale
  • Plaies muqueuses par traumatisme
  • Ulcérations de la muqueuse buccale

b. Les foyers dentaires

  • Pulpite ou mortification pulpaire
  • Granulome ou kyste radiculaire
  • Polype pulpaire
  • Dents surnuméraires
  • Racines résiduelles

c. Les foyers péri-dentaires

  • Péri-coronarite (accident d’évolution de la dent de sagesse)

II. Les mécanismes de la propagation de l’infection

La propagation de l’infection se fait à partir d’un foyer primaire par différents mécanismes :

a. Contiguïté

L’infection se propage par l’intermédiaire des voies anatomiques.

b. Pyrophagie et inhalation

  • Au cours de la pyorrhée alvéolo-dentaire, il peut y avoir déglutition volontaire ou non de pus provenant des dents.
  • L’inhalation par la bouche de microorganismes (pendant le sommeil ou une anesthésie) peut être à l’origine de foyers pulmonaires secondaires.

c. Bactériémie-toxémie

Passage de germes ou de toxines dans le sang ou le système lymphatique.


III. Processus explicitant la localisation de foyers secondaires

La bactériémie

La bactériémie (passage fugace de germes dans le sang) s’observe lors :

  • D’une mastication vigoureuse (physiologique dans ce cas)
  • D’une avulsion dentaire
  • D’un traitement endodontique au-delà de l’apex
  • D’un détartrage

Durée d’exposition quotidienne aux bactériémies :

  • Environ 15 minutes chez les sujets présentant une cavité buccale saine.
  • Environ 3 heures chez les sujets porteurs d’une infection buccale.

La bactériémie peut être exacerbée lors d’une intervention traumatique sur un foyer infectieux ou en cas de déficience immunitaire. Les métastases de microorganismes et la diffusion de leurs métabolites se font alors par voie sanguine ou lymphatique vers des organes cibles : cœur, reins, articulations, ganglions.

a. Affinité élective des micro-organismes

Certains microorganismes des foyers bucco-dentaires possèdent une virulence spécifique pour certains organes, appelée “affinité élective”.

b. Anachorèse ou lieu de prédilection

Phénomène où les germes de la flore buccale, au lieu d’être détruits par les cellules immunocompétentes, sont attirés par une zone inflammatoire ou un lieu de prédilection dont la résistance locale est diminuée.

c. Notion de terrain

La vulnérabilité dépend du terrain génétique ou acquis, notamment chez :

  • Les dénutris
  • Les toxicomanes
  • Les alcooliques
  • Les diabétiques
  • Les irradiés
  • Les patients sous chimiothérapie ou corticothérapie prolongée
  • Les patients présentant des troubles de la lignée leucocytaire

IV. Formes cliniques

Les infections à distance, issues d’un foyer initial ou de leurs toxines, peuvent créer des foyers secondaires plus ou moins apparents. Les formes principales incluent les septicémies aiguës et chroniques ainsi que les thrombophlébites.

1. Septicémies aiguës

Caractérisées par des décharges importantes et répétées de germes pathogènes dans le sang, souvent dues à une carie. La dissémination microbienne se fait de la pulpe vers le tissu osseux péri-apical via les canaux radiculaires, pouvant entraîner un état septicémique.

Signes cliniques :

  • Apparition de signes généraux intenses : fièvre, frissons
  • Pâleur
  • Tachycardie
  • Abattement ou agitation

a. Septicopyoémies

Similaires à une septicémie pure, mais avec des localisations métastatiques :

  • Cardio-vasculaires :
    • Atteinte du myocarde, péricarde, ou endocarde (endocardite bactérienne, souvent à streptocoque, favorisée par une cardite ou un rhumatisme articulaire aigu).
  • Pulmonaires :
    • Latentes, touchant la plèvre et/ou le parenchyme.
  • Rénales :
    • Prostatites, urétrites, cystites, pyélonéphrites.
  • Osseuses :
    • Ostéomyélites hématogènes (staphylocoques pathogènes).
  • Digestives :
    • Ulcères, gastrites, pancréatites, cholécystites, appendicites d’origine infectieuse hématogène.
  • Articulaires :
    • Arthralgies ou arthrites, pouvant évoluer vers une suppuration.

b. Septicémies avec choc septique

  • Peuvent survenir d’emblée ou secondary à une complication locale (cellulite, ostéite) ou à distance.
  • Le choc septique est un facteur très péjoratif pour le pronostic.
  • Diagnostic basé sur les signes cliniques et l’identification du germe dans le foyer primaire, secondaire, et le sang (hémoculture positive lors des pics thermiques).

2. Septicémies chroniques

Observées dans les infections chroniques évoluant à bas bruit, comme les suppurations intarissables associées aux alvéoles ou granulomes apicaux.

3. Thrombophlébites

Caractérisées par l’inflammation d’une veine avec formation d’un caillot.


Les mécanismes indirects

1. Troubles allergiques

La pathogénie allergique repose sur une sensibilisation de l’organisme par les toxines des germes des foyers dentaires. L’organe pulpo-dentaire, le complexe péri-apical et le parodonte marginal sont des voies de sensibilisation locale et systémique, permettant une diffusion antigénique.

2. Troubles réflexes (neurovégétatifs)

Résultent de l’interconnexion entre la racine sensitive du trijumeau et le système nerveux autonome. Une irritation pulpaire entraîne une atteinte trigéminale et sympathique.

Manifestations réflexes :

  • a. Troubles moteurs :
    • Paralysie faciale.
  • b. Troubles de la sensibilité :
    • Synalgie (perception quasi-simultanée de douleurs dans une zone saine éloignée).
    • Hyperesthésie des branches du nerf trijumeau (V) avec troubles cutanés.
  • c. Troubles muqueux :
  • d. Troubles oculaires :
    • Névralgie ophtalmique (causée par une molaire, prémolaire ou canine maxillaire).
    • Troubles sécrétoires : larmoiement, rarement sécheresse.
    • Troubles vasomoteurs : conjonctivite hyperhémique réflexe (pulpite de la canine ou prémolaire supérieure).
  • e. Troubles auriculaires :
    • Otalgies.
  • f. Troubles glandulaires :
    • Atteinte des glandes salivaires, lacrymales, sudorales (troubles sécrétoires ou tumoraux).
  • g. Troubles de la vie pilaire :
    • Pelade, dépilation diffuse, ralentissement de la vie pilaire, canitie, hyperesthésie pilaire.

Manifestations à distance des foyers infectieux bucco- dentaires (Pathologie Bucco Dentaire)

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Manifestations à distance des foyers infectieux bucco- dentaires (Pathologie Bucco Dentaire)

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