MALADIES GINGIVALES : INDUITES PAR LA PLAQUE

MALADIES GINGIVALES : INDUITES PAR LA PLAQUE

MALADIES GINGIVALES : INDUITES PAR LA PLAQUE

  1. INTRODUCTION :

Après avoir abordé lors des précédents cours la classification et formes cliniques des affections et maladies parodontales, nous voilà désormais face aux premières entités cliniques représentées par les maladies gingivales induites par la plaque ou selon la nouvelle classification induites par le biofilm dentaire.

  1. DÉFINITION :

Dans la première catégorie de la nouvelle classification des conditions parodontales saines et pathologiques (consensus 2017), est cité :

  1. Santé parodontale et santé gingivale ;
  2. Gingivites induites par le biofilm dentaire ;
  3. Maladies gingivales non induites par le biofilm dentaire.

Les gingivites induites par le biofilm dentaire correspondent aux affections et maladies gingivales faisant suite à l’action du biofilm dentaire et l’expression clinique du processus pathogénique inflammatoire qui suit d’où l’appellation gingivite « ite=inflammation). Elles même sont divisées en trois sous-classes :

  1. Seulement associées au biofilm ;
  2. Modifiées par des facteurs de risque locaux ou systémiques ;
  3. Accroissement gingival médicamenteux(1).
  1. CARACTÉRISTIQUES COMMUNES :

Bien que sensiblement différentes entre elles, elles présentent néanmoins certaines caractéristiques communes :

Présence des signes de l’inflammation et changement des caractéristiques cliniques d’une gencive saine (couleur, forme, consistance, aspect, contour) ;

Saignement (BOP « Bleeding on probing » selon Ainamo et Bay 1975)≥10% ,utilisé comme suit :

  • Indice dichotomique (+ présence de saignement, – absence de saignement) ;
  • 04 sites par dent sont examinés (2 vestibulaires, 2 buccaux) ;
  • Il est exprimé en pourcentage (%): nombre de sites +/nombre de sites examinés.

Absence de perte d’attache et d’alvéolyse ;

Peuvent être localisées(< 30 % des dents touchées)ou généralisées(≥ 30 % des dents touchées) ;

Sont réversibles (restitution ad-integrum) avec la suppression de l’étiologie(1),(2),(3).

  1. GINGIVITES INDUITES PAR LE BIOFILM DENTAIRE-SEULEMENT ASSOCIÉES AU BIOFILM :

Ces formes cliniques sont caractérisées par la présence d’uniquement le biofilm dentaire comme facteur étiologique, expliquant leurs présences.

À l’examen clinique, sont mis en évidence les signes cliniques de l’inflammation précédemment cités ainsi que la présence du biofilm, objectivé par le plaque-index (PI) selon Löe et Silness(2),(4),(5),(6).

Figure N° 1 : Aspect clinique d’une gingivite seulement associée au biofilm dentaire (seulement associé au biofilm)

Source : https://www.google.com/search?q=gingivite&sca_esv=582576413&hl=fr&tbm

  1. GINGIVITES INDUITES PAR LE BIOFILM-MODIFIÉES PAR DES FACTEURS DE RISQUE LOCAUX OU SYSTÉMIQUES :

Comme leur nom l’indique, cette sous-classe comprend toutes les formes de gingivites où en plus de l’action étiologique du biofilm, est associée l’action d’autres facteurs de risque, soit locaux ou systémiques(généraux).

Par rapport à cela, en les comparant avec les précédentes, on déduit qu’à quantité égale de biofilm, le tableau clinique est plus marqué, dû à l’implication des facteurs de risque et ce qui permet de confirmer le diagnostic(2),(7).

Ces facteurs de risque sont les suivants :

Facteurs de risque locaux (facteurs prédisposants) :

  1. Facteurs de rétention du biofilm dentaire :

Exemple : les couronnes mal adaptées, les restaurations mal finies, les cavités de caries, les appareils orthodontiques ….etc(2),(7).

Figure N°2 : Aspect clinique d’une gingivite induite par le biofilm dentaire-modifiée par des facteurs de risque locaux(appareillage orthodontique)

Source :https://www.google.fr/search?q=gignivite+avec+appareil+d%27odf&sca_esv=582673243&hl

  1. Sécheresse buccale :

Observée en cas de brièveté labiale(absence du stomion), la sécheresse buccale en plus de la défaillance du rôle protecteur de la salive, est responsable d’une certaine vulnérabilité secondaire à la déshydratation et donc d’une action plus marquée du biofilm(2),(7).

Figure N°3 : Aspect clinique d’une gingivite induite par le biofilm dentaire-modifiée par des facteurs de risque locaux (sécheresse buccale)

Source : https://www.google.fr/search?q=gingivite+dentaire&tbm=isch&ved

Facteurs de risque systémiques(modifiants) : Ces facteurs incluent :

  1. Tabagisme (actif -passif) : par son action directe et indirecte sur les tissus gingivaux, le tabagisme constitue un facteur de risque avéré (voir cours des étiologies des maladies parodontales).
  2. Hyperglycémie :

Les conséquences de l’hyperglycémie sur les tissus gingivaux sont responsables d’une exagération de la réaction face à l’agression bactérienne(voir cours des étiologies des maladies parodontales)(2),(7).

.

  1. Nutrition :

Dans ce contexte on retrouve essentiellement les gingivites qui font suite à une faible teneur en micronutriments anti-oxydants tels que la vitamine C(acide ascorbique)(scorbut).

Cette pathologie peut se manifester à travers de nombreux signes : asthénie-irritabilité- anorexie-amaigrissement- douleurs musculaires et articulaires. À ceci se surajoute le syndrome hémorragique (saignements spontanés sous cutanés) : purpura pétéchial.

La symptomatologie au niveau gingival est caractérisée par une inflammation gingivale marquée (augmentation du volume gingival), associée à des gingivorragies.

Ces troubles apparaissent après 3 mois de carence complète d’apports en vitamine C, lorsque les réserves totales de l’organisme sont inférieures à 300 mg et que le taux d’acide ascorbique dans le sang « ascorbémie » se trouve inférieur à 2mg/l(2),(7),(8).

Figure N°4 : Aspect clinique d’une gingivite induite par le biofilm dentaire-modifiée par des facteurs de risque systémiques (nutrition-scorbut)

Source : https://www.google.com/search?q=gingivite+et+scorbut&sca_esv=582743473&h

  1. Prise de médicaments :

Ce sont les médicaments surtout immuno- modulateurs qui sont retrouvés. Ces médicaments ont pour principal rôle de moduler la réponse du système immunitaire. Ils sont prescrits dans de nombreuses pathologies telles que les pathologies auto- immunes. Face à une agression bactérienne, l’organisme, ainsi que la gencive se trouvent incapables d’y résister(2),(7).

  1. Niveaux élevés d’hormones stéroïdiennes :

Les fluctuations hormonales et les niveaux élevés de hormones stéroïdiennes sont souvent associées à des réponses exagérées du tissu gingival face à l’action du biofilm(voir cours des étiologies des maladies parodontales), exprimant des formes cliniques bien distinctes au cours de la :

  • Puberté (gingivite pubertaire) ;
  • Cycle menstruel (gingivite menstruelle) ;
  • Grossesse (gingivite gravidique),(épulis gravidique=granulome pyogénique de la grossesse)

Figure N°5 :Aspect clinique d’un granulome pyogénique de la grossesse

Source : https://www.google.com/search?q=%C3%A9pulis+gravidique&tbm=isch&ved

  • Contraceptifs oraux(2).
  1. Troubles hématologiques : Exemple :la neutropénie(2).
  2. ACROISSEMENT GINGIVAL MÉDICAMENTEUX :

Le terme « accroissement gingival » a remplacé celui d’hypertrophie ou d’hyperplasie gingivale faisant allusion à l’aspect anat-path de l’entité. L’accroissement gingival médicamenteux correspond à l’effet secondaire et indésirable de certains médicaments sur le parodonte. Cliniquement, la gencive se présente par une augmentation excessive du volume gingival .La consistance est souvent fibreuse sans pour autant exclure la consistance molle.

Les principaux médicaments incriminés sont :

Les antiépileptiques ,en particulier les hydantoïnes(phénytoïne,exemple :Di-Hydan) ; Les immunosuppresseurs : exemple la ciclosporine A ;

Les inhibiteurs calciques : exemple la nifédipine.

Les hypothèses physiopathologiques évoquent une augmentation de la matrice extracellulaire du chorion gingival(2).

Figure N°6 :Aspect clinique d’un accroissement gingival médicamenteux

Source :https://www.google.com/search?q=accroissement+gingival+m%C3%A9dicamenteux&tbm

  1. CONCLUSION :

Concluons ensemble.

Bibliographie/Webographie :

  1. Mattout C. Nouvelle classification des conditions saines et pathologiques des tissus parodontaux et péri-implantaires. J Parodontol D’Implantologie Orale. 2018;37:1–10.
  2. BOUCHARD P. PARODONTOLOGIE & DENTISTERIE IMPLANTAIRE. VOLUME 1. LAVOISIER; 2015.
  3. Charon JA. Parodontie médicale: innovations cliniques. 2e éd. Éd. CdP; 2010.
  4. Davido N, Yasukawa K. Médecine orale et chirurgie orale, parodontologie. Maloine; 2016.
  5. Ouhayoun JP. Le traitement parodontal en omnipratique. Quintessence international; 2011.
  6. Guide clinique d’odontologie. 2e édition. Elsevier-Masson; 2014.
  7. Bellahsen Y. La nouvelle classification des maladies parodontales [Thèse]. Université Paris Descartes; 2019.
  8. Scorbut. In: Wikipédia [Internet]. 2023 [cited 2023 Nov 21]. Available from: https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Scorbut&oldid=206996585.

MALADIES GINGIVALES : INDUITES PAR LA PLAQUE

Voici une sélection de livres:

Parodontologie Relié – 1 novembre 2005

Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011

Parodontologie Broché – 19 septembre 1996

MEDECINE ORALE ET CHIRURGIE ORALE PARODONTOLOGIE

Parodontologie: Le contrôle du facteur bactérien par le practicien et par le patient

Parodontologie clinique: Dentisterie implantaire, traitements et santé

Parodontologie & Dentisterie implantaire : Volume 1

Endodontie, prothese et parodontologie

La parodontologie tout simplement Broché – Grand livre, 1 juillet 2020

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