Maintenance Parodontale /  Parodontologie

Maintenance Parodontale /  Parodontologie

Maintenance Parodontale /  Parodontologie

Introduction

Pour le maintien de la santé parodontale, l’importance d’une élimination des dépôts bactériens la plus parfaite possible par le patient, ainsi que le suivi professionnel, a été largement démontrée. Cet effort partagé est déterminant pour stopper l’évolution d’une maladie parodontale et prévenir la récidive.

Rappels

Maladie Parodontale

Les maladies parodontales sont des maladies inflammatoires multifactorielles, qui résultent d’une infection opportuniste par des bactéries couramment présentes dans la cavité buccale. Leur traitement se base sur la diminution de l’inflammation et l’élimination des bactéries causales. Cette élimination ne peut être complète, d’où la notion du contrôle du facteur bactérien.

Thérapeutique Parodontale

Une fois le diagnostic de parodontite posé, le traitement parodontal comporte classiquement différentes étapes réalisées chronologiquement. Les quatre étapes du traitement parodontal sont les suivantes :

  1. Étape 1 : Traitement étiologique (contrôle de la plaque et élimination des facteurs irritants).
  2. Étape 2 : Traitement non chirurgical (détartrage, surfaçage radiculaire).
  3. Étape 3 : Traitement chirurgical (si nécessaire).
  4. Étape 4 : Maintenance parodontale.

Les critères de succès des étapes thérapeutiques dépendent de la réduction de l’inflammation, de la diminution de la profondeur des poches parodontales, et de l’absence de saignement au sondage.

Définition de la Maintenance Parodontale

La maintenance parodontale est une étape clé de la thérapeutique parodontale. Elle a été l’objet de diverses dénominations : thérapeutique parodontale de soutien, soins parodontaux de soutien ou encore suivi parodontal. Le suivi parodontal peut être défini comme suit :

“Procédures professionnelles pratiquées à un rythme spécifique sous la responsabilité d’un chirurgien-dentiste et visant à assister le patient parodontal dans le maintien de sa santé orale. Il fait partie intégrante du plan de traitement.”
(Bouchard P, 2015).

Objectifs de la Maintenance Parodontale

Les objectifs du suivi parodontal sont bien définis. Ils ne se résument pas à contrôler l’absence de perte d’attache. Le suivi consiste à :

  • Éviter l’apparition de nouvelles lésions et prévenir les récidives.
  • Aider le patient à maîtriser la charge bactérienne intra-orale.
  • Contrôler les facteurs/indicateurs de pronostic.
  • Rendre optimales les conditions de cicatrisation pour favoriser la maturation des tissus parodontaux.
  • Assurer un suivi de la denture (caries, occlusions, etc.).
  • Dépister et traiter toute pathologie ayant un effet sur la cavité orale.

Récidive de la Maladie Parodontale : Pronostic Parodontal

Le suivi parodontal est profondément conditionné par le risque de récidive et nécessite l’évaluation de ce dernier afin d’identifier les paramètres à surveiller, les actes à réaliser et le rythme annuel des séances. Cette évaluation du risque se fait à quatre niveaux :

Patients à Risque de Récidive

Les caractéristiques des sujets à risque de récidive après traitement actif sont identiques à celles des sujets qui risquent de déclencher une parodontite :

  • Présence d’antécédents familiaux de parodontites sévères.
  • Tabagisme.
  • Absence totale ou relative de caries dentaires.
  • Susceptibilité innée ou acquise aux infections.
  • Réponse défavorable au stress psychologique.
  • Antécédents de gingivite ulcéronécrotique ou de péricoronarite suppurée.

Pathologies à Risque de Récidive

Certains types de parodontites sont plus à risque de récidive que d’autres. Compte tenu de la sévérité et de la rapidité des pertes d’attache avant traitement, quelques pathologies méritent une maintenance particulièrement rigoureuse, comme les parodontites agressives.

Dents à Risque de Récidive

Certaines dents risquent plus que d’autres d’être perdues si les patients ne sont pas revus régulièrement en maintenance :

  • Dents pluriradiculées.
  • Dents présentant des lésions endodontiques.
  • Dents mobiles.
  • Dents aux pertes d’attache sévères.
  • Dents support de prothèses.

Sites à Risque de Récidive

Chez un patient revu en maintenance et dont la bouche et les dents ont été évaluées, il est possible de déterminer quels sont les sites à risque de récidive :

  • Sites interproximaux.
  • Sites BUS+ (Bleeding Upon Stimulation).
  • Lésions intra-osseuses.
  • Sillons radiculaires verticaux, fréquemment présents au niveau des incisives et de la face mésiale des premières prémolaires.
  • Espaces interradiculaires.
  • Sites positifs pour Aggregatibacter actinomycetemcomitans (Aa), Porphyromonas gingivalis (Pg), Prevotella intermedia (Pi), ainsi que pour les spirochètes et les bâtonnets mobiles.

Protocole de la Maintenance Parodontale

Maintenance Personnelle

Le patient réalise au quotidien une maintenance personnelle par un contrôle de plaque minutieux :

  • Brossage dentaire : Utilisation d’une brosse à dents adaptée.
  • Adjuvants mécaniques : Brossettes interdentaires, fil interdentaire, etc.
  • Adjuvants chimiques : Révélateurs de plaque, dentifrices, bains de bouche, etc.

Maintenance Professionnelle

La maintenance professionnelle comprend une partie diagnostique et une partie thérapeutique.

Phase Diagnostique

La partie diagnostique se subdivise comme suit :

Mise à Jour du Questionnaire Médical

Recherche de nouveaux facteurs de risque susceptibles d’influer sur l’évolutivité de la maladie parodontale ou concernant de nouvelles précautions à prendre. Par des questions simples, toutes les modifications intervenues depuis la dernière séance seront notées :

  • Problèmes de santé, nouveaux traitements médicamenteux ou modification de la posologie.
  • Modifications environnementales.
  • Traitements dentaires effectués depuis la dernière visite.
  • Gingivorragies au brossage, accidents gingivaux.
Données Cliniques

Les paramètres cliniques permettent d’adapter le suivi aux besoins de chaque patient. L’examen clinique est rapide puisque l’essentiel des données a été noté au début du traitement. Il comporte :

  • Examen exobuccal et endobuccal : Palpation rapide des ganglions cervicofaciaux, dépistage d’éventuelles lésions des muqueuses buccales et recherche des signes de maladie parodontale.
  • Contrôle de la plaque : La quantité de plaque est réévaluée à chaque séance de maintenance grâce à l’indice de plaque, qui permet de vérifier l’efficacité de l’hygiène orale du patient. Un indice dichotomique est conseillé.
  • Examen dentaire : Recherche d’éventuelles caries et analyse des sites à risque (piliers de bridge, dents avec perte d’attache sévère, restaurations défectueuses, absence de points de contact, malpositions dentaires).
  • Examen parodontal : Recherche d’éventuelles zones d’inflammation gingivale, dépistage de la présence de saignements ou de suppuration, d’approfondissements des poches parodontales, d’atteintes de furcations, de récessions gingivales et de mobilités dentaires.
  • Contrôle de l’occlusion et des attelles de contention : Les rapports dento-dentaires sont contrôlés, de même que les éventuels déplacements dentaires, ouverture de diastèmes secondaires, etc. Les attelles de contention sont systématiquement vérifiées pour s’assurer qu’aucun décollement n’est intervenu depuis la dernière visite.
Examens Complémentaires
  • Examens radiographiques : Réalisés tous les 3 à 5 ans (Wilson, 1996). Ils sont corrélés avec le bilan de fin de traitement parodontal. En cas de récidive ou d’apparition de nouvelles lésions, des clichés radiographiques sont immédiatement réalisés avec une technique précise et reproductible (rétroalvéolaires selon la technique des plans parallèles). L’examen panoramique est insuffisant pour examiner les structures parodontales.
  • Examens microbiologiques : Indiqués pour les sites ayant fait l’objet de prélèvements bactériens dans le cadre du traitement parodontal actif, en cas de récidive ou d’aggravation, ou pour confirmer l’éradication des pathogènes parodontaux après une antibiothérapie ciblée.

Phase Thérapeutique

À chaque séance de maintenance, la phase thérapeutique présente des spécificités en fonction de la réévaluation. Après avoir relevé la présence éventuelle de marqueurs de récidive, une synthèse est faite et détermine la réponse thérapeutique à adopter, allant du détartrage supragingival à la chirurgie parodontale.

Renforcement de l’Hygiène

Les patients suivis en maintenance ont subi un traitement long et parfois douloureux, une lassitude peut s’installer, ainsi qu’un relâchement en matière d’hygiène bucco-dentaire. L’usage régulier des instruments de brossage interdentaire est généralement le premier à en souffrir. Le praticien doit faire preuve de psychologie et de persuasion pour retrouver leur entière coopération, sans laquelle la stabilisation de la maladie ne peut être espérée.

Détartrage, Surfaçage Radiculaire (DSR)

La plus grande partie de la phase thérapeutique de maintenance est occupée par le DSR. L’instrumentation est plus douce que lors de la thérapeutique étiologique, et le débridement mécanique est essentiellement supragingival. Le DSR sous-gingival n’est indiqué qu’en présence de signes inflammatoires ou de récidive de la maladie parodontale.

Le polissage des surfaces dentaires se fait avec des cupules en caoutchouc, des brossettes souples et une pâte à polir fluorée pour limiter l’hypersensibilité dentinaire, ou des pâtes abrasives en cas de colorations importantes chez les fumeurs.

Antiseptiques
  • Solution de refroidissement des détartreurs ultrasoniques : Un produit antimicrobien peut être adjoint à l’élimination mécanique effectuée par les ultrasons.
  • Irrigation ponctuelle sous-gingivale : Débridement et irrigation en profondeur des poches résiduelles à l’aide d’antiseptiques (eau oxygénée à 3 %, povidone iodée, chlorhexidine à 0,12 ou 0,20 %).
Antibiotiques

L’emploi d’antibiotiques en phase de maintenance signifie une récidive de la maladie parodontale. Lorsque les signes sont discrets et n’intéressent que 1 ou 2 sites, une antibiothérapie n’est pas recommandée en première intention. Un renforcement de l’hygiène bucco-dentaire, un contrôle de l’occlusion, et un surfaçage des zones concernées permettent souvent d’éliminer l’infection. La persistance des signes au bout de 2 semaines, malgré un bon contrôle de plaque, ou l’apparition de signes plus sévères ou généralisés, justifie une antibiothérapie systémique.

Différents Types de Maintenance Parodontale

Maintenance Primaire

Réalisée chez les patients à risque, principalement ceux présentant des antécédents familiaux de parodontite, afin d’éviter l’apparition d’une maladie parodontale.

Maintenance Secondaire

Réalisée chez les patients ayant développé une parodontite et ayant été traités. Elle commence dès la fin du traitement initial et constitue le cas le plus fréquent. Elle permet de maintenir l’état de santé parodontale.

Maintenance Palliative

Réalisée chez certains patients qui ne sont pas motivés à diminuer leur consommation de tabac, présentant une pathologie générale (ex. : SIDA) ou n’arrivant pas à mettre en place un contrôle de plaque adapté (patients handicapés, personnes âgées). Elle permet de ralentir le développement d’une parodontite.

Fréquence et Durée des Visites de Maintenance Parodontale

Fréquence des Visites

Le rythme annuel des séances de suivi est de 2 à 4 et adapté à chaque patient. La fréquence du suivi doit être ajustée au risque. Le délai entre deux séances est réévalué régulièrement en fonction des critères cliniques, notamment :

  • Présence d’antécédents familiaux de maladie parodontale.
  • Type de parodontite (agressive/chronique).
  • Indice de plaque et quantité de dépôts de tartre.
  • Existence de caries.
  • Présence de facteurs de risque.
  • Qualité et nombre de restaurations prothétiques.
  • Traitement orthodontique en cours.

Durée des Séances

Le temps au fauteuil de chaque séance est dicté par les facteurs suivants : le nombre de dents, la coopération du patient, l’efficacité de l’hygiène buccale, la santé générale, la fréquence antérieure du suivi, l’accès pour les instruments, l’histoire de la maladie ou les complications, et la distribution de la profondeur des poches.

  • 10 à 15 minutes sont réservées à la réévaluation clinique.
  • 30 à 40 minutes sont dévolues à une instrumentation douce et à un polissage.

Compliance

L’observance ou compliance est un élément clé de la réussite à long terme du traitement parodontal. Cette observance concerne la régularité des visites et la qualité du contrôle de plaque effectué par le patient. Elle a été définie par Haynes comme :

“Un état dans lequel le comportement du patient correspond aux instructions médicales données par le praticien pour améliorer sa santé.”

Les patients qui se conforment le mieux au suivi parodontal sont les femmes, les patients âgés, ceux qui ont eu un traitement chirurgical et ceux ayant une prise en charge par leur mutuelle. Les fumeurs, les patients stressés et les patients jeunes respectent moins la maintenance.

Conclusion

Le succès à long terme d’un traitement parodontal ne peut être obtenu qu’avec un suivi régulier, qui doit être adapté à chaque patient en fonction de son risque parodontal et de sa capacité à maintenir un contrôle de plaque efficace au fil du temps.

Bibliographie

  1. Bercy P, Tenenbaum H : Parodontologie. Du diagnostic à la pratique. De Boeck ; 1996 : 277-281.
  2. Bouchard P : Parodontologie et dentisterie implantaire t.1; Médecine parodontale. Lavoisier Médecine Science, Paris ; 2015 : 543-546.
  3. Charon J, Mouton C. Parodontie médicale. Édition Cdp : 373-379.
  4. Danan M, Fontanel F, Brion M. Parodontites sévères et orthodontie. Editions Cdp, 2004 : 127-136.
  5. HBIBI A, RHISSASSI M, ENNIBI OK. La maintenance parodontale : aspects théoriques et pratiques. AOS 2014 ; 267 : 12-19.

Objectifs du Cours

  • Définir la maintenance parodontale et connaître ses objectifs.
  • Connaître les différents types de maintenance parodontale.
  • Établir un protocole de maintenance parodontale adapté à chaque patient.

Maintenance Parodontale /  Parodontologie

  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

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