Les Traumatismes Alvéolo-Dentaires, OCE

Les Traumatismes Alvéolo-Dentaires, OCE

Les Traumatismes Alvéolo-Dentaires, OCE

Introduction

Compte tenu des implications fonctionnelles et esthétiques des traumatismes alvéolo-dentaires, une prise en charge précoce et une surveillance attentive sont indispensables.


Définition

Les traumatismes alvéolo-dentaires désignent toute lésion affectant la dent et/ou les tissus qui l’entourent (pulpe, parodonte, os alvéolaire, gencive).


Épidémiologie

  • Les traumatismes dentaires touchent principalement les enfants et les jeunes adultes.
  • Les incisives supérieures sont les plus fréquemment atteintes en raison de leur position proéminente.

Étiologies

Causes accidentelles (externes)

  • Chute lors des jeux.
  • Accidents de la route.
  • Morsure à vide ou sur un corps étranger inattendu.

Causes iatrogènes

  • Action néfaste des appareils orthodontiques : déplacement orthodontique brutal.
  • Manœuvres opératoires intempestives : avulsion, dépose d’une couronne.

Facteurs de risque

  • Pratique de sports ou loisirs à risques.
  • Risque lié à une atteinte neurologique (ex. : épilepsie).

Facteurs favorisants (prédisposants)

  • Dysmorphie dentofaciales : rétrognathie mandibulaire, proalvéolie, protrusion incisive.
  • Malocclusion, parafonctions (bruxisme).

Physiopathologie

Chez les enfants

  • Les enfants représentent une population à risque pour les traumatismes dentaires et alvéolaires.
  • L’os alvéolaire des dents temporaires est plus souple et meuble, favorisant les luxations et expulsions.
  • Entre 6 mois et 3 ans :
    • Forte croissance des maxillaires et remodelage osseux important.
    • Formation d’un os alvéolaire peu dense et peu minéralisé, donc malléable.
    • Résultat : luxations des organes dentaires plus fréquentes que les fractures.
    • Retard de croissance de la mandibule par rapport au maxillaire, entraînant une proalvéolie supérieure relative, exposant les incisives supérieures.
  • Entre 3 et 6 ans :
    • Os alvéolaire reste malléable.
    • Attaches parodontales lâches.
    • Racine raccourcie par la rhizalyse physiologique.
  • Entre 6 et 12 ans :
    • Les incisives centrales supérieures, premières à apparaître, sont les plus touchées.
    • La racine courte favorise les luxations.
    • Le canal radiculaire large protège le paquet vasculo-nerveux des forces de cisaillement.

En denture permanente

  • À partir de l’adolescence, la denture définitive est établie, rendant les conséquences des traumatismes plus lourdes.
  • Chez les jeunes : activités sportives, rixes, agressions, accidents entraînent fractures et luxations.
  • Avec l’âge : le vieillissement des tissus parodontaux favorise le retour des luxations, quelle que soit la nature du traumatisme.

Mécanisme des Traumatismes Dentaires

Traumatisme direct

  • Touche principalement les incisives du maxillaire supérieur.

Traumatisme indirect

  • La fracture est située loin du point d’impact.
  • Exemple : un choc sur le menton se répercute aux dents du maxillaire supérieur, provoquant des fractures coronaires ou corono-radiculaires.

Classifications des Traumatismes Dentaires

Classification de l’OMS

Classe I : Traumatismes des tissus dentaires durs et de la pulpe

  1. Fêlure de l’émail.
  2. Fracture de l’émail.
  3. Fracture coronaire sans exposition pulpaire.
  4. Fracture coronaire avec exposition pulpaire.
  5. Fracture corono-radiculaire.
  6. Fracture radiculaire.

Classe II : Traumatisme alvéolo-dentaire avec mobilisation

  1. Contusion.
  2. Subluxation.
  3. Extrusion et luxation latérale.
  4. Intrusion.
  5. Avulsion.

Classe III : Traumatismes des supports osseux

  1. Comminution alvéolaire.
  2. Fracture des murs alvéolaires.
  3. Fractures maxillaires.

Classe IV : Traumatismes gingivo-muqueux

  1. Contusion gingivo-muqueuse.
  2. Abrasion gingivo-muqueuse.

Classification de Vanck (1980)

  1. Fêlures coronaires.
  2. Fracture coronaire sans exposition pulpaire.
  3. Fracture coronaire avec exposition pulpaire.
  4. Fracture coronaire complète.
  5. Fracture corono-radiculaire oblique.
  6. Fracture radiculaire.
  7. Luxation.
  8. Avulsion.

Examen Clinique Typique d’un Traumatisé en Odontologie

Anamnèse

  • Primordiale pour préciser les circonstances du traumatisme, guider l’examen clinique et orienter le choix thérapeutique.

Évaluation globale du patient

  • Vérifier : pouls, perte de connaissance, vomissements, maux de tête, troubles de la vue ou de l’équilibre.

Anamnèse médicale

  • Rechercher d’éventuels antécédents médico-chirurgicaux.
  • Vérifier le statut vaccinal (vaccination antitétanique).
  • Noter les traitements bucco-dentaires en cours.
  • Questions clés :
    • Quand le traumatisme s’est-il produit ? (Facteur temps crucial pour la thérapeutique).
    • Qu’a produit le traumatisme ? (Pour un traitement antitétanique si nécessaire).
    • Âge du patient.

Examen Clinique

Examen exo-buccal

  • Évalue l’importance du traumatisme.
  • Consiste en :
    • Examen des plaies de la face, des lèvres et du menton (sutures si nécessaire).
    • Palpation des rebords osseux (nez, maxillaire sous-orbitaire, angle mandibulaire) pour rechercher une fracture osseuse.
    • Examen des mouvements mandibulaires : une limitation ou déviation à l’ouverture buccale peut indiquer une fracture condylienne ou un déplacement méniscal.

Examen endo-buccal

  • Examen des tissus mous :
    • Évaluer les lésions des muqueuses (plaies des lèvres, langue, joues).
    • Rechercher des corps étrangers par une palpation minutieuse.
  • Examen des tissus durs :
    • Inspection :
      • Absence de couronne : luxation totale ou fracture radiculaire.
      • Examen des couronnes : recherche de fêlures, fractures coronaires.
    • Palpation : trois tests à effectuer :
      • Mobilité :
        • Sens axial : section de la vascularisation pulpaire.
        • Sens horizontal : fracture radiculaire ou luxation.
      • Percussion : évalue la sensibilité et le son.
        • Percussion axiale douloureuse : atteinte du ligament parodontal et/ou pulpaire.
        • Percussion horizontale : son sourd (subluxation ou extrusion).
      • Vitalité :
        • Tests de vitalité possibles mais interprétation aléatoire (sidération du paquet vasculo-nerveux).
    • Examen d’occlusion : recherche de déplacement dentaire ou anomalie de la position d’intercuspidie maximale (ICM).

Examens Radiologiques

  • Complément indispensable à l’examen clinique.
  • Cliché panoramique :
    • Montre une image des deux maxillaires, leurs bases osseuses alvéolaires et basilaires, les branches montantes et les articulations temporo-mandibulaires (ATM).
  • Clichés rétro-alvéolaires :
    • Fournissent des renseignements précis sur le traumatisme subi.
  • Radiographie occlusale :
    • Utile pour dépister les fractures incomplètes des structures osseuses, non visibles sur la panoramique.
    • Visualise les luxations latérales, fractures radiculaires et alvéolaires.
  • En cas d’impossibilité de réaliser ces radiographies :
    • Maxillaire défilé.
    • Face basse.
    • Incidence de Blondeau.

Consultations de Contrôle

  • Réalisées après quelques jours, une semaine et un mois.
  • Comparaison des radiographies, tests de sensibilité et examens cliniques pour évaluer l’état de la dent traumatisée.
  • Contrôles réguliers programmés (1 mois, 3 mois, 6 mois, 1 an) en fonction de l’importance du traumatisme et de l’immunité dentaire.

Principe de Traitement et Guérison Tissulaire

Traumatismes de Rupture

  • Lésions des fibres du ligament parodontal ou des tissus pulpaires.

Traumatismes d’Écrasement

  • Plusieurs semaines nécessaires pour la réparation.

Processus de Réparation

  • Réparation primaire :
    • Formation immédiate de tissu de réparation.
  • Réparation secondaire :
    • Revascularisation des tissus ischémiques, formation de nouveaux tissus par les fibroblastes.
  • Ligament parodontal :
    • Après une semaine, revascularisation et réattachement des fibres desmodontales sur la racine.
  • Tissu pulpaire (dents immatures) :
    • Revascularisation à raison de 0,5 mm par jour.
    • Peut être stoppée par une colonisation bactérienne via les tubuli dentinaires exposés.

Traumatismes des Dents Permanentes

  • Les luxations et expulsions sont les plus fréquentes pour les dents permanentes immatures.
  • Les fractures prédominent pour les dents permanentes matures.

Traumatisme du Germe

  • Lié à des séquelles de la dent temporaire traumatisée et à l’âge du patient lors du traumatisme.
  • Types :
    • Déplacement du germe.
    • Coudure : dilacération coronaire, dilacération corono-radiculaire.
  • Les germes antérieurs (incisives permanentes) sont les plus touchés.

Fêlures

  • Définition : Solution de continuité partielle de l’émail sans perte de substance amélaire.
  • Examen clinique :
    • Mise en évidence par transillumination ou faisceau lumineux (lampe à photopolymériser).
    • Signes de craquelures au niveau de l’émail, sans traverser la jonction amélo-dentinaire.
    • Signes cliniques souvent absents, mais possible légère sensibilité au froid.
  • Traitement :
    • Abstention thérapeutique de rigueur, mais contrôle régulier nécessaire.
    • La fêlure peut être une voie de pénétration bactérienne vers la pulpe.
    • En cas de sensibilité dentinaire : scellement du trait de fêlure par une résine fluide.

Fractures Coronaires sans Exposition Pulpaire (Coronaire Simple – Non Pénétrante)

Fracture Amélaire

  • Examen clinique :
    • Fréquente au niveau des incisives, souvent limitée à un angle du bord libre.
    • Signes cliniques absents, mais possible désagrément lié aux bords tranchants irritant les muqueuses.
    • En cas de traumatisme violent, complications possibles nécessitant un contrôle clinique et radiologique régulier (tous les mois pendant 6 à 8 semaines).
  • Traitement :
    • Coronoplastie des bords d’émail avec une fraise diamantée sous irrigation constante.
    • Polissage sous irrigation et application d’un gel fluoré.

Fracture Amélo-Dentinaire

  • Description :
    • Le trait de fracture intéresse l’émail et la dentine.
    • Directions possibles :
      • Transversale : horizontale, d’une face proximale à l’autre, au tiers incisif de la couronne.
      • Oblique : partant du bord incisif vers une face proximale.
  • Signes cliniques :
    • Proportionnels à la sévérité du traumatisme (étendue de l’exposition dentinaire, proximité pulpaire).
    • Syndrome dentinaire : hyperesthésie dentinaire (douleur aux changements de température, acides, sucres).
  • Signes radiologiques :
    • Évaluation de l’épaisseur de dentine restante.
  • Traitement :
    • Objectifs :
      • Sceller hermétiquement les tubuli dentinaires exposés (protection contre chocs thermiques et invasion bactérienne).
      • Restaurer l’esthétique et la fonction.
      • Préserver le tissu pulpaire.
    • Options thérapeutiques :
      • Collage du fragment (si conservé) :
        • Possible immédiatement si le trait de fracture est éloigné de la pulpe.
        • Différé si nécessaire : conservation du fragment dans du sérum physiologique au réfrigérateur (1°C), solution changée tous les jours, conservation de 4 à 8 mois.
        • Protocole opératoire :
          • Anesthésie (si nécessaire).
          • Nettoyage des fragments avec pâte prophylactique désinfectante.
          • Choix de la teinte du composite.
          • Isolation par digue.
          • Vérification de l’adaptation des fragments.
          • Préparation de la dent et du fragment : mordançage (2 mm), rinçage, séchage.
          • Application de composite fluide, adaptation du fragment, essuyage des excédents.
          • Photopolymérisation.
          • Finition et polissage avec fraises ou cupules siliconées de granulométrie décroissante.
      • Restauration par composite collé :
        • Choix de la teinte du composite.
        • Pose du champ opératoire.
        • Préparation de la dent : biseautage sur tout le pourtour (augmente la surface d’adhésion, ancre le joint dent-composite, favorise un fondu chromatique).
        • Application d’adhésif.
        • Application d’une couche de résine fluide pour sceller les hiatus et permettre une polymérisation totale.
        • Finition et polissage.
    • Surveillance clinique à 1 semaine.

Fractures Coronaires avec Exposition Pulpaire (Coronaire Compliquée – Pénétrante)

  • Signes cliniques :
    • Pulpe visible comme un point sanguinolent.
    • Douleurs importantes au passage de l’air, au froid, au chaud et au moindre contact.
  • Traitement :
    • Dépend de :
      • Stade d’évolution radiculaire.
      • Taille de l’exposition.
      • Temps écoulé entre le traumatisme et la consultation.
    • Dent mature :
      • Exposition minime et récente (< 3 heures) :
        • Coiffage direct ou pulpotomie partielle (CaOH₂ ou MTA).
        • Reconstitution par composite ou collage du fragment.
        • Pronostic réservé, surveillance primordiale (tests de vitalité, radiographies).
      • Exposition importante ou ancienne :
        • Pulpectomie totale.
        • Obturation canalaire avec ZnOE ou gutta-percha (+ séance de CaOH₂ pour assainir).
    • Dent immature :
      • Apexogenèse selon le temps et la taille de l’exposition :
        • Coiffage ou pulpotomie pour favoriser la formation radiculaire.
      • Si trauma ancien (absence de réponse aux tests de vitalité, abcès ou fistule) :
        • Apexification.

Fracture Coronaire Totale

  • Description :
    • Le trait passe au niveau cervical.
    • Signes cliniques identiques aux fractures coronaires avec exposition pulpaire.
  • Traitement :
    • Traitement endodontique suivi d’un traitement prothétique.

Fractures Corono-Radiculaires

  • Types :
    • Simple : Traverse la dentine et le cément sans exposition pulpaire.
    • Compliquée : Traverse l’émail, la dentine et le cément avec exposition pulpaire.
    • Peut être supra- ou infra-osseuse, avec saignement parodontal et pulpaire.
  • Diagnostic clinique :
    • Le fragment dentaire reste en place, attaché à l’os alvéolaire ou à la gencive par le ligament parodontal.
    • Évaluer l’étendue de la fracture et la présence d’une exposition pulpaire ou d’un saignement.
  • Traitement :
    • Fractures corono-radiculaires simples :
      • Trait de fracture superficiel :
        • Retirer le fragment fracturé.
        • Polissage de la dent.
        • Prescription d’un bain de bouche (1 semaine).
        • Restauration par composite ou collage du fragment (conservé dans du sérum physiologique au réfrigérateur).
      • Trait de fracture profond (limite supraginigivale possible après gingivoplastie ou ostéotomie) :
        • Retrait du fragment.
        • Dégager le trait de fracture par gingivoplastie ou ostéotomie.
        • Polissage de la surface dentinaire.
        • Protection pulpo-dentinaire + ciment verre ionomère (CVI).
        • Après cicatrisation gingivale (2 à 4 semaines) : reconstitution par composite ou fragment.
    • Fractures corono-radiculaires compliquées :
      • Fixation du fragment fracturé.
      • Selon le cas :
        • Dent mature : Pulpectomie totale.
        • Dent immature : Apexogenèse (coiffage ou pulpotomie) pour rétablir l’espace biologique, suivi d’une contention (2 à 3 semaines).
      • Restauration définitive (composite ou prothétique).
      • Extraction si le trait de fracture est trop bas ou si le rapport racine/couronne est défavorable.

Fractures Radiculaires

  • Description :
    • Impliquent le cément, la dentine et la pulpe.
    • Superficielles si le trait est au-dessus de la crête alvéolaire.
  • Examen et diagnostic :
    • Expression clinique variable : dent en position normale, extrusée ou déplacée.
    • Mobilité plus importante si le trait est proche de la zone cervicale.
    • Douleur à la pression (tension des fibres desmodontales).

Fractures Horizontales

  • Types :
    • Fracture du 1/3 cervical.
    • Fracture du 1/3 moyen.
    • Fracture du 1/3 apical.
  • Signes cliniques :
    • Fracture du 1/3 cervical :
      • Sensibilité marquée au contact et aux variations thermiques.
      • Mobilité importante.
    • Fracture du 1/3 moyen :
      • Mobilité moindre.
      • Hémorragie sous-gingivale.
    • Fracture du 1/3 apical :
      • Aucune sensibilité ni mobilité.
      • Douleur à la percussion.
  • Examen radiographique :
    • Fractures coronaires objectivées par clichés rétro-alvéolaires avec plusieurs incidences.
  • Traitement :
    • Facteurs clés : degré de maturation de l’apex et position du trait de fracture.
    • Objectif : maintenir la vitalité pulpaire.
    • Fracture du 1/3 apical :
      • Abstention et surveillance si absence de mobilité ou déplacement.
      • En cas de fracture de la table osseuse :
        • Extraction du fragment apical (via lambeau chirurgical).
        • Obturation canalaire du fragment coronaire avec MTA et gutta-percha.
    • Fracture du 1/3 moyen :
      • Si temps post-trauma court et déplacement de la partie coronaire :
        • Réduction et contention (appui sur dents adjacentes).
      • Si réduction impossible :
        • Extraction de la dent ou du fragment apical, dévitalisation et contention du fragment coronaire.
      • Sans déplacement ou mobilité faible :
        • Contention non nécessaire.
      • En cas de complication :
        • Traitement endodontique, embrochage ou enclouage définitif avec tenon radiculaire.
    • Fracture du 1/3 cervical :
      • Sans communication avec le milieu buccal et déplacement faible : abstention et surveillance.
      • Sinon :
        • Extraction du fragment coronaire.
        • Si trait supra-alvéolaire : traitement endodontique, extrusion du fragment apical (orthodontie ou chirurgie), traitement prothétique.
        • Si pronostic défavorable : extraction, maintien de l’espace et solution implantaire.
  • Suivi postopératoire :
    • Contrôles à 3 semaines, 6 semaines, 3 mois, puis tous les 6 mois (examen clinique et radiologique).
    • Tests de vitalité positifs : pulpe vivante, dépose de la contention après 3 mois.
    • Mobilité persistante : prolonger la contention de 3 mois ; si persiste, fixation définitive ou extraction.
    • Tests de vitalité négatifs : pulpe nécrosée, traitement endodontique.
  • Pronostic :
    • Dépend du stade de développement radiculaire et du déplacement du fragment coronaire.
    • Traumatisme faible : aucun déplacement, vitalité pulpaire conservée.
    • Traumatisme moyen : légère mobilité, revascularisation possible.
    • Traumatisme sévère : mobilité importante, nécrose pulpaire, absence de cicatrisation.
  • Guérison et complications :
    • Cicatrisation possible sous 4 formes :
      1. Interposition de tissu calcifié.
      2. Interposition de tissu fibreux.
      3. Interposition de tissu osseux.
      4. Absence de cicatrisation (tissu de granulation, nécrose).

Les Luxations Dentaires

  • Définition : Déplacement de la dent dans son alvéole, avec perte des rapports normaux avec celui-ci.
  • Types :
    • Partielle : contact persistant entre racine et alvéole.
    • Totale : avulsion complète.
  • Objectifs du traitement :
    • Repositionnement physiologique de la dent.
    • Réparation des fibres du ligament parodontal et de la pulpe.
    • Contention selon le type de traumatisme.

Concussion (Contusion ou Commotion Dentaire)

  • Circulation sanguine pulpaire rarement affectée.
  • Tests pulpaires positifs.
  • Écrasement des fibres du ligament alvéolo-dentaire (LAD) sans déchirure.
  • Traitement : Surveillance.

Subluxation

  • Impact plus fort que dans la concussion.
  • Dent légèrement mobile mais non déplacée.
  • Sensible au toucher et à la percussion.
  • Tests pulpaires positifs.
  • Patient ressent une dent « plus longue » et une gêne à la mastication.
  • Traitement :
    • Ajuster l’occlusion si traumatisante.
    • Alimentation molle (1 à 2 semaines).
    • Contention (1 à 2 semaines) selon la mobilité.
    • Surveillance de la vitalité pulpaire pendant 1 an.
  • Complications possibles :
    • Oblitération pulpaire.
    • Nécrose.

Luxation Dentaire

  • Importance du déplacement : partielle ou totale.
  • Sens : axial ou horizontal.

Luxations Axiales

  • Extrusion ou égression : tend à expulser la dent de son alvéole.
    • Partielle : ligament desmodontal étiré ou déchiré.
    • Totale : avulsion complète.
  • Intrusion ou ingression : dent impactée dans son alvéole.

Luxations Latérales ou Horizontales

  • Déplacements palatins (linguaux) ou vestibulaires.
Luxation Partielle – Extrusion
  • Description :
    • Choc oblique déplace la dent partiellement hors de son alvéole.
    • Ligament parodontal et système neurovasculaire pulpaire sévèrement atteints.
  • Examen clinique :
    • Dent déplacée hors de l’alvéole (racine plus ou moins exposée).
    • Apparence plus longue que les dents controlatérales.
    • Grande mobilité.
    • Tests pulpaires souvent négatifs.
    • Percussion : légère douleur, son sourd.
    • Saignement au niveau du ligament parodontal.
  • Examen radiographique :
    • Racine intacte, élargissement de l’espace desmodontal en région apicale.
  • Traitement :
    • Repositionnement manuel doux et contention.
    • Prescription d’antibiotiques (NTB) et antalgiques (AN).
Intrusion
  • Description :
    • Forme la plus sévère des déplacements dentaires.
    • Choc axial force la dent dans son alvéole, souvent avec perforation.
    • Dommages considérables au système neurovasculaire et aux fibres desmodontales (déchirées ou écrasées).
  • Examen clinique :
    • Différence de hauteur entre le bord libre de la dent traumatisée et sa controlatérale.
    • En dentition mixte : diagnostic différentiel avec un retard d’éruption.
    • Mobilité normale ou dent bloquée dans l’alvéole.
    • Percussion douloureuse, son métallique (vs. son sourd pour retard d’éruption).
    • Tests de vitalité souvent négatifs, mais pas d’indication immédiate pour un traitement endodontique.
  • Examen radiographique :
    • Diminution ou disparition totale de l’espace desmodontal en région apicale.
    • Racine généralement intacte.
  • Traitement :
    • Dent mature (rare) :
      • Déplacement minime (< 1/3 de la couronne) :
        • Ré-éruption naturelle possible.
        • Suivi nécessaire (risque élevé de nécrose).
      • Déplacement important :
        • Extrusion chirurgicale ou orthodontique + NTB + AN.
        • Contention et traitement endodontique.
        • Risque important d’ankylose.
    • Dent immature :
      • Ré-éruption spontanée possible en quelques semaines.
      • Suivi nécessaire (risques de résorptions inflammatoires, oblitérations pulpaires).
      • En cas de nécrose : traitement endodontique.
      • Si absence de descente après 4 semaines : extrusion par traction orthodontique + NTB + AN.
Luxation Latérale
  • Description :
    • Déplacement dans une direction non axiale.
    • Dent souvent fermement bloquée dans sa nouvelle position.
  • Examen clinique :
    • Possible déchirure de la commissure gingivale.
    • Percussion douloureuse, son métallique.
    • Tests de vitalité souvent négatifs, mais pas de dévitalisation immédiate.
    • Mobilité normale ou accentuée.
  • Examen radiologique : Indispensable.
  • Traitement :
    • Repositionnement manuel (ou au davier) et contention.
    • Si consultation > 48 heures après le choc : repositionnement orthodontique ou suivi régulier.
Luxation Totale
  • Description :
    • Avulsion complète : ligament alvéolaire et gencive arrachés, paquet vasculo-nerveux pulpaire sectionné.
    • Concerne surtout les dents immatures (racine courte, laxité ligamentaire).
  • Examen clinique :
    • Alvéole désinhabitée.
    • Radiographie nécessaire pour différencier d’une intrusion totale ou détecter une fracture alvéolaire associée.
  • Facteurs de guérison :
    • Survie pulpaire.
    • Cicatrisation du ligament parodontal.
  • Facteurs déterminants :
    • Temps extra-alvéolaire.
    • Milieu de conservation (lait, sérum physiologique, salive) pour éviter le dessèchement et maintenir un pH/osmolarité compatibles.
  • Traitement :
    • Réimplantation (réinsertion de la dent dans son alvéole).
    • Lésion desmodontale réversible (temps extra-oral < 60 min) :
      • Dent mature :
        • Phase 1 : Traitement d’urgence (réimplantation) :
          • Rincer la dent avec du sérum physiologique (tenir par la couronne, non la racine).
          • Vérifier le positionnement par radiographie.
          • Antibiothérapie, hygiène bucco-dentaire (bain de bouche à la chlorhexidine), alimentation ferme.
        • Phase 2 : Traitement endodontique :
          • 7 à 10 jours après réimplantation, avant dépose de la contention.
          • Obturation canalaire avec Ca(OH)₂ en inter-séance, puis gutta-percha.
          • Note : Ca(OH)₂ non utilisé immédiatement après réimplantation (attendre 1 semaine).
      • Dent immature :
        • Phase 1 : Traitement d’urgence (réimplantation) :
          • Immersion de la dent dans une solution de doxycycline (1 mg dans 20 ml de sérum physiologique) pendant 5 minutes.
          • Réimplantation identique à la dent mature.
        • Phase 2 : Surveillance (apexogenèse) :
          • Tests de vitalité mensuels.
          • Espoir de revascularisation/ré-innervation pulpaire.
          • Traitement endodontique (Ca(OH)₂) si nécrose.
    • Lésion desmodontale irréversible (temps extra-oral > 60 min) :
      • Dent mature et immature :
        • Tremper la dent dans une solution de fluorure de sodium à 2,4% pendant 20 minutes (incorporation d’ions F pour retarder la résorption).
        • Retirer le ligament parodontal nécrosé avec une gaze stérile.
        • Traitement endodontique extra-oral.
        • Réimplantation.
        • Contention semi-rigide pendant 4 semaines.
        • Suivi : tests de vitalité, percussion, radiographies rétro-alvéolaires (1 semaine, 3 semaines, 6 semaines, 2 mois, puis annuel).

Repositionnement et Contention

Repositionnement

  • Objectif : Replacer la dent dans sa position physiologique initiale pour une réparation optimale du ligament parodontal et du tissu pulpaire.
  • Effets :
    • Repositionnement incomplet : réparation plus lente, mais résultat final identique.
    • Repositionnement optimal : revascularisation pulpaire plus rapide et prévisible.
  • Techniques :
    • Repositionnement digital :
      • Méthode la plus douce.
      • Praticien derrière le patient, palpation du sillon vestibulaire (apex) avec l’index d’une main, pression ferme sur la surface palatine avec l’autre main pour libérer la dent.
      • Claquement fréquent lors du déblocage.
    • Repositionnement au davier :
      • Dégagement de la racine par légère extrusion, puis repositionnement en arrière.
      • Contrôle radiographique pour vérifier le positionnement.
    • Repositionnement orthodontique :
      • Préconisé si consultation > 48 heures après le choc.

Contention

  • Objectif : Favoriser la réparation pulpaire et parodontale en maintenant la dent dans sa position physiologique.
  • Contention semi-rigide recommandée, durée selon le type de traumatisme (1 à 4 semaines).

Les Traumatismes Alvéolo-Dentaires, OCE

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