Les Thérapeutiques Préventives en Dentisterie Pédiatrique
Introduction
La carie dentaire est une maladie infectieuse, chronique et multifactorielle. Elle est considérée par l’OMS comme troisième fléau de morbidité mondiale.
Le traitement de la carie doit prendre en compte l’interception des lésions amélaires pouvant être arrêté et /ou dont l’évolution peut être inversée.
Le médecin dentiste a un rôle primordial, celui de devoir identifier le plus rapidement possible les patients à risque et d’instaurer un plan de traitement pour éviter
l’apparition et la progression de cette maladie.
La conservation de la dent temporaire permet de :
- Maintien de l’espace mésiodistal,
- Guide l’éruption physiologique des dents successionelles,
- Prévenir l’apparition de para fonctions.
Les dents permanentes chez l’enfant sont immatures au cours des 3 à 4 premières années post éruptives; entre autres la dent de 6 ans ou première molaire permanente (PMP), qui est une dent symbole par sa chronologie d’éruption et par son rôle.
En effet :
-Elle est la 1ere dent permanente du jeune enfant (5 ans ½ % à 6 ans ½).
-Elle joue un rôle important dans la mastication.
-Elle est la dent de référence dans (les malocclusions), ainsi que le maintien de la dimension verticale (esthétique).
La DPI est une dent à risque carieux du fait de:
-Sa situation postérieure sur l’arcade,
-L’immaturité de l’émail,
-Degré d’immaturité radiculaire,
-La morphologie occlusale complexe,
-La compliance de l’enfant.
I-Identification du risque de carie individuel (RCI) :
L’évaluation du risque de carie individuel (RCI) influence le choix des méthodes de prévention primaire, mais également le choix des méthodes diagnostiques et de notre prise en charge.
La prise en charge thérapeutique doit intégrer la correction des facteurs de risque de la carie.
Le stade physiologique de la dent temporaire, l’immaturité des tissus minéralisés de la dent permanente, la compliance de l’enfant, la demande du patient et de ses parents sont à considérer.
L’évaluation du RCI est basée sur l’identification de facteurs de risque de carie.
- En denture temporaire :
Interrogatoire :
-Mauvaise état de santé bucco-dentaire de l’entourage
-Biberons nocturnes
-Allaitement prolongé au-delà de 18 mois
-Boissons sucrées (en particulier sodas en dehors des repas)
-Bonbons (surtout en âge préscolaire)
-Absence de brossage quotidien.
Examen clinique :
-Lésion carieuse cavitaire ou non des dents temporaires
-Plaque visible à l’œil nu
- En denture mixte
Interrogatoire :
-Prise quotidienne entre les trois repas et le gouter de :
-Boissons sucrées
-Aliments sucrés
-Bonbons
-Absence de brossage biquotidien avec dentifrice fluoré supérieur à 1000 ppm .
Examen clinique :
-Lésion carieuse cavitaire ou non des dents temporaires ou permanentes
-Plaque visible à l’œil nu
Autres :
-Dosage salivaire des Streptocoques mutants
-Faible capacité tampon .
IL est classique de définir deux catégories de RCI: RCI élevé et RCI faible.
Les facteurs de risque recherchés à l’occasion de l’examen clinique et des examens complémentaires pour évaluer le RCI sont les mêmes à tout âge.
Mais, le facteur »lésions carieuses cavitaires ou non », et en particulier « actives », des dents temporaires ou permanentes est celui qui influence le plus nos protocoles opératoires.
Le seul facteur de risque qui fait actuellement consensus, est la présence de lésions actives quelles soient initiales ou cavitaires.
Activité de la lésion:
L’activité de la lésion carieuse dépend de :
-Sa couleur « blanche, jaune, marron » marque une activité de la lésion carieuse. Elle est inactive si sa couleur est « noire ».
-Présence de plaque en rapport avec la localisation de la lésion,
- Porosité de surface, sensation au sondage mou (active), lisse (inactive).
La présence d’un seul facteur de risque de carie classe l’enfant en RCI élevé.
Un enfant est un individu potentiellement à risque de carie élevé (Andersen J).
Tous les enfants avec une lésion (initiale « cavitaire ») active sont considérés à RCI élevé.
En revanche, un enfant traité antérieurement pour des caries précoces (de la petite enfance indice (CPE), cao élevé), désormais indemne de caries et qui a changé ses mauvaises habitudes alimentaires et d’hygiène devient à RCI faible.
Les quatre facteurs de risque carieux de la première molaire permanente sont:
-L’évolution de cette dent se fait dans la majorité des cas à bas bruit (évolution n’est pas précédée de la chute de la dent temporaire), les parents la confondent avec une dent temporaire.
-La 1ére molaire permanente évolue à un âge ou l’enfant gère souvent son brossage seul, négligeant « les dents du fond ».
-Elle peut avoir un temps d’éruption lent de 5 à 28 mois. Les surfaces des dents restent longtemps en inocclusion, empêchant un « auto nettoyage ».
-La dent immature avec un émail poreux et des sillons anfractueux qui présentent un risque de carie élevé.
Il importe donc d’entreprendre des mesures préventives contre la progression ou même l’installation des lésions carieuses chez l’enfant, en s’intéressant aussi bien à
l’état futur de sa denture permanente mais aussi en intervenant en denture temporaire.
- Méthodes diagnostiques :
Quel que soit le RCI, le diagnostic doit être systématiquement basé sur un examen visuel minutieux.
- Examen Visuel : (aides optiques)
Classification ICDAS : International Caries Détection and Assessment System :
Coloration avec ou sans séchage, présence d’une cavitation non, présence d’une ombre dentaire par transparence, dentine visible ou non.
Activité de la lésion :
Présence de plaque en rapport avec la localisation de la lésion, Sensation tactile au sondage (sonde mousse).
- Examen radiographique : complète l’examen visuel en denture mixte :
-Bite –wings
-Retro-alvéolaire : si la déminéralisation dentinaire est profonde
- Examen par fluorescence : (lésion suspecte occlusale). La mesure de la fluorescence laser de la dent temporaire remplace avantageusement l’examen radiographique.
Après nettoyage des surfaces dentaires, il doit se référer à la classification ICDAS (International Caries Detection And Assessment System) à 7 scores.
- Prévention :
Quelles sont les préventions?
Actuellement trois niveaux de prévention sont définis :
-Prévention primaire,
-Préventions secondaire,
-Prévention tertiaire.
Le traitement de la carie dentaire a été assimilé au traitement des séquelles de la maladie.
La carie dentaire est une maladie infectieuse d’origine multifactorielle qui doit être abordée avec des thérapeutiques restauratrices aux stades avancés, mais aussi avec une perspective prophylactique précoce étant donné qu’elle est réversible aux stades initiaux.
Cette approche moins invasive est aujourd’hui rendue possible par de nouvelles données de la science et de nouvelles techniques:
- Une meilleure connaissance de la dynamique du processus carieux;
- L’avènement de différentes familles de biomatériaux des restaurations adhésives;
- Une dentisterie préventive efficace.
III-1- Définitions :
-Prévention primaire-primaire : programme destiné aux mères et futurs mères, il consiste en leur information sur le mode de transmission des streptocoques mutans et les méthodes d’hygiène à entreprendre (éviter l’utilisation commune de cuillère, mère-enfant).
-Prévention primaire est de supprimer les facteurs de risque de la maladie.
Ex: supprimer la consommation quotidienne de boissons sucrées.
-Prévention secondaire est de détecter et traiter précocement. Ex: intercepter la carie par application topique de fluorures.
–Prévention tertiaire est de réduire les complications.
Ex: éliminer la dentine cariée et restaurer la dent.
La prévention adaptée dépend de la compliance de l’enfant, des parents et de l’identification du risque de carie individuel (RCI).
Différents niveaux de prévention ( Berkowitz 2006, Muller-Bolla et al., 2009)
III-2 Généralités:
- Contrôle de l’hygiène bucco-dentaire : C’est une composante indispensable pour la prophylaxie de la carie dentaire. Elle doit commencer dès le plus jeune âge.
- – Evaluation de l’hygiène bucco-dentaire:
Les révélateurs de plaque : en comprimés ou en solution, dont le but est de
montrer à l’enfant et aux parents les progrès réalisés grâce à l’évolution de son indice de plaque.
- Evaluer l’hygiène buccodentaire de l’enfant.
- Eduquer l’enfant en lui montrant la distribution et la localisation de la plaque et la méthode efficace d’éliminer cette plaque.
- – Les techniques de brossage: quand commencer le brossage?
A l’éruption des premières dents :
On peut recommander aux parents de les nettoyer avec une compresse stérile. Il est conseillé aussi de faire boire de l’eau aux enfants après un apport alimentaire sucré, ce qui permet un nettoyage et un certain effet tampon dans le milieu buccal.
A l’éruption de la première molaire temporaire:
Les parents effectuent le brossage. Dès que l’enfant le peut, il commence à réaliser le mouvement sous la surveillance des parents qui complètent le brossage. Il faut conseiller une petite brosse à dents, avec un manche facile à tenir dans la main pour
l’enfant, les poils sont souples, la pâte dentifrice doit avoir un bon goût et être fluorée à un dosage précis en fonction de l’âge.
-2-1-3 – Les techniques de brossage:
Pour les petits de 2 à 5-6 ans : Deux mouvements sont à réaliser:
-Bouche ouverte, l’enfant se brosse toutes les surfaces occlusales des dents. Ce mouvement nettoie bien les surfaces masticatoires des dents.
-Dent serrées, dans un mouvement toujours horizontal, les faces vestibulaires sont nettoyées jusqu’aux collets où de la plaque dentaire aurait pu rester après le mouvement bouche ouverte.
Pour les plus de 6 ans :
A partir de cet âge, tous les mouvements s’effectuent bouche ouverte et l’enfant se brosse toutes les faces des dents.
-2-1-4- Apprentissage de l’hygiène bucco- dentaire:
Il nécessite une implication et une motivation de l’enfant et de ses parents. Il débutera dès la deuxième visite du patient, lequel est prévenu d’apporter sa brosse à dent et son dentifrice.
-Installer l’enfant sur le fauteuil.
-Lui montrer dans le miroir à main sa bouche et lui indiquer la différence entre une gencive saine et une gencive malade.
-Utiliser le révélateur de plaque et lui montrer la localisation de la plaque bactérienne sur ses dents.
-Lui demander de nettoyer ses dents sans lui montrer la méthode de brossage puis lui montrer le résultat.
-Expliquer la méthode de brossage.
-Faire à l’enfant un brossage devant vous.
-Faire un brossage prophylactique.
-2-2. Rôle de l’alimentation:
Une alimentation déséquilibrée et le grignotage sont les facteurs principaux sur lesquels le médecin dentiste doit attirer l’attention lors de la consultation.
Un grignotage répétitif et /ou l’absorption de boissons sucrées empêchent le système tampon salivaire de fonctionner correctement. Le pH buccal reste alors pratiquement en permanence sous un seuil critique (<5.5) et favorise le processus de déminéralisation et le développement de bactéries cariogènes.
- La reminéralisation des lésions carieuses réversibles :
La reminéralisation se fait par l’application de topique de fluorures.
Le fluor: les fluorures topiques restent à l’heure actuelle, un facteur essentiel de la lutte contre la carie. Son apport se fait par :
-Dentifrices fluorés,
-Vernis fluorés,
-Gels fluorés,
-Bains de bouches.
L’efficacité carioprotectrice maximale est obtenue grâce à des apports faibles, mais réguliers de fluorures (AFSSAPS 2008).
Le dentifrice fluoré est le topique fluoré de base, quel que soit le risque carieux
(Marinho 2008).
-Les données récentes invalident l’apport du fluor par voie systémique chez l’enfant de moins de 6 mois. (AFSSAPS 2008)
-Le fluor topique est plus efficace que le fluor systémique (AFSSAPS 2008).
-La dose toxique de fluor se situe autour des 5mg/kg/j.
De 6 mois à 2ans | De 2à6ans | De 6 à12ans |
-Les bénéfices anti-carieux ne sont significatifs qu’à partir de 1000ppm et les dentifrices à 500ppm ne semblent pas montrer de différence significative par rapport à un placebo (Walsh et al, 2010)
-Quel que soit le mode d’apport en fluor, il faut évaluer la dose d’apport en fluor à prescrire, selon le RCI et le bilan obligatoire d’apport journalier de fluor chez l’enfant.
L’application du rapport bénéfice (moins de carie)/risque (fluorose) nous guide dans nos prescriptions (WONG T.2010).
-Le développement des moyens de monitoring clinique « Diagnodent », permet d’évaluer la reminéralisation des lésions carieuses réversibles et d’orienter
l’augmentation ou la diminution de la dose d’apport en fluor.
-La fluoration systémique reste encore indiquée chez les enfants à RCI élevé qui ne peuvent pas encore utilisés un dentifrice à 1000 ppm sous surveillance des parents à condition de réaliser le bilan d’apports journaliers en fluor (M. Muller-Bolla, 2012).
- Dentifrice fluoré, stratégie:
Compresse humide ou un doigt « brosse à dent »Brosse à dent« baby » obligatoire dès l’apparition des 1ères molairesMéthode horizontale (20 allers et retours par secteur), par adulte au moins 1f/j, le soir. | -Dentifrice de 500 ppm, si RCI faible,-Dentifrice de 1000ppm si RCI élevé, par adulte en parallèle à une acquisition progressive del’autonomie de l’enfant,-Méthode horizontale ou circulaire (2mn). | -La brosse à dent junior garnie sur son 1/3 de dentifrice:-1000-1500ppm si RCIfaible-1500ppm si RCI élevé,-2500ppm si RCI élevé à partir de 10ans.-Brossage supervisé par adulte au moins jusqu’à 8ans,-2 à 3mn, 2f/j. |
III-3-2 Les vernis fluorés (Apport de fluor en complément du dentifrice):
Les vernis fluorés sont des concentrés de fluorures dans une base résine concentration de 22600 ppm ou synthétique.
En denture temporaire, une application 2 fois par an de vernis au moins dosé à 22600 ppm doit être recommandée.
En denture permanente, la même fréquence d’application est suffisante
Denture temporaire | Denture mixte et permanente |
Risque faible | 2fois/AN | 2fois/AN |
Risque élevé | HEBDOMADAIRE | 4 à6FOIS PAR SEMAINE SOUS SURVEILLANCE DIAGNODENT |
pour les thérapeutiques de reminéralisation des lésions carieuses de l’émail.
Dans ces indications, une application des vernis fluorés peut être également utilisée, en interception, dans les applications hebdomadaires avec un vernis de concentration élevée (22600ppm), et renouvelée jusqu’à reminéralisation complète de la lésion.
Les vernis représentent actuellement les seuls topiques fluorés à usage professionnelle et leurs utilisation est recommandée par L’AFFSAPS chez l’enfant à risque carieux tant en denture temporaire qu’en denture permanente.
Ils présentent des qualités intéressantes, des propriétés physiques et chimiques d’adhérence, ce qui permet de prolonger la durée de contact des fluorures avec les surfaces dentaires.
Cette application augmente la formation de fluoro-apatite d’une manière plus significative que les autres méthodes d’apports fluorés topiques.
Quelques points clés des recommandations de l’AFSSAPS (2008).
Lors de la détection d’une lésion carieuse initiale de l’émail, l’application d’un vernis fluoré doit être suivie de visites de contrôle régulières (tous les 06 mois).
Cette surveillance permettra de vérifier l’évolution de la lésion carieuse.
Si la lésion se stabilise, la même méthodologie est poursuivie;
Si la lésion évolue défavorablement, un traitement restaurateur est entrepris.
Contre-indications:
- Impossibilité d’une surveillance régulière;
- Prise de fluor par voie systémique;
- Contexte de risque carieux individuel élevé qui n’évolue pas favorablement lors des visites ;
-Zones endémiques.
Protocole opératoire :
- Nettoyage des dents ;
- Séchage des dents ;
- Application du vernis à l’aide d’un mini pinceau;
- Séchage du produit pendant 2 à 3 minutes.
Le patient doit éviter dans les heures qui suivent de se brosser les dents et de mastiquer des aliments durs.
III-3 -3- Autres méthodes d’apports topiques complémentaires en fluor:
-Les gels fluorés (gouttière).
-Les bains de bouche fluorés.
-Les chewing-gums fluorés
- Scellement de sillons :
Le scellement de sillons n’a pas fait la preuve de son efficacité sur les molaires temporaires. (BAUCHAMP J et al .JADA .2008).
Le scellement de sillons est réalisé sur dent permanente que lorsque le patient est défini à RCI élevé ou en présence de sillons anfractueux chez un patient à RCI faible (HAS 2005, AHOVUO et al 2008,Droz 2004 ).
Le scellement des sillons doit constituer une barrière étanche entre l’émail et l’environnement oral pour prévenir le développement de caries.
Il fait appel à un matériau adhésif qui doit recouvrir les puits et fissures de la face occlusale des molaires permanentes, sans interférer avec l’occlusion.
Les matériaux de scellement à base résine photo polymérisable sont indiqués.
Le ciment verre -ionomère ou le vernis fluoré peuvent être indiqués lors des conditions d’isolement insuffisantes.
Protocole opératoire du scellement des sillons :
-Nettoyage préalable de la surface de la dent à l’aide d’une brossette sèche,
-isolation à l’aide d’un champ opératoire étanche,
-mordançage à l’aide d’acide phosphorique 35 ou37% des puits et fissures pendant 15 à 20 secondes, rinçage pendant 20 secondes à l’aide d’une seringue. La surface doit apparaitre blanchâtre et mate après séchage,
-application du matériau de scellement sans excès et passage de la sonde dans les puits et fissures pour éliminer les bulles et améliorer l’étalement en faible épaisseur de la résine,
-un microbrush peut être utilisé dans le cas de matériau fluide .Une attente de 15-20 secondes avant polymérisation améliore la pénétration du matériau,
-Phopolymérisation pendant 20 secondes,
-Contrôle de l’occlusion. Protocole opératoire
La 46 avant le scellement de sillon
Mordançage Sealant en excès et avec bulle (à éliminer avec microbrush avant photopolymérisation)
Sealant après polymérisation
III-5 THERAPEUTIQUES PREVENTIVES EN ODONTOLOGIE PEDIATRIQUE:
Les différentes thérapeutiques préventives sont :
- Prévention primaire-primaire :
La prise en charge de la lésion carieuse préventive se base sur la réduction des bactéries en cause, essentiellement les S.mutans par des mesures d’hygiène orale et modifications des habitudes alimentaires (Listsas, 2010).
- Il faut orienter les mesures de prévention vers la population « en amont » en
s’adressant notamment aux mères de familles, Axelsson (1999) développe sous l’expression de « prévention primaire-primaire », ou ce que les américains appellent le « dental home »).
- Prévention primaire :
Que ce soit en denture temporaire ou mixte, elle vise à :
-Empêcher l’apparition de la maladie,
-Supprimer les facteurs de risque (supprimer la consommation quotidienne de boissons sucrées).
- Prévention secondaire :
Que ce soit en denture temporaire ou permanente, elle a pour corollaire de détecter la lésion carieuse et la traiter précocement.
3- 1-En denture temporaire : La prévention secondaire est différente selon que l’enfant est non compliant ou compliant.
- Si l’enfant est non compliant, nous pouvons réaliser :
- Reminéralisation
-Technique de Hall
- IRT (Intermédiaire Restoratif Treatment).
- -Technique de Hall consiste à recouvrir sans préparation des dents temporaires avec une CPP. La réussite de cette thérapeutique est dépendante du diagnostic de l’état pulpaire, parfois difficile d’évaluer chez le jeune enfant.
Selon une étude scientifique ,cette technique bien que temporaire, a eu la satisfaction en terme de performance de la restauration qu’elle offre à long terme.
- Intermédiaire Restorative Treatment (ITR) :
C’est une approche de traitement à minima de la lésion carieuse par un curetage
manuel d’élimination et la pose d’un ciment verre ionomère pour rechercher un effet de relargage du fluor. Ce sont des techniques de restauration provisoires en attendant une meilleure prise en charge de l’enfant.
3-1-2 Si l’enfant est compliant, nous pouvons réaliser :
-Reminéralisation,
-Micro-dentisterie.
La prévention primaire comme la prévention secondaire cherche à intervenir précocement sur les facteurs de protection ou de risque dits modifiables de la maladie.
Les enfants à RCI élevé doivent bénéficier de mesures de prévention et d’une prise en charge spécifique par le médecin dentiste .
Le concept de dentisterie à minima ou micro dentisterie repose sur la prévention, l’interception des lésions initiales ou réversibles et la préservation maximale des tissus amélo-dentinaires, dans le cadre d’un suivi régulier de l’enfant afin de contrôler son risque de carie.
La micro dentisterie peut faire appel à l’Air-abrasion, la Sono-abrasion ou la Micro- abrasion.
–Air-abrasion : Il s’agit de la projection à haute vitesse de poudre d’alumine (27 à 50µm) associée à une projection d’eau.
L’air abrasion se révèle une technique intéressante avant la pose d’un scellement de sillons pour la préparation de petites cavités, tout en réduisant l’inconfort du patient.
–Sono-abrasion : C’est un système de mise en forme cavitaire conçu à partir de l’action d’inserts diamantés ou non animés d’un mouvement de vibration d’une fréquence ultrasonore 8000à15000Hz.
Ce système trouve son intérêt dans l’éviction des lésions carieuses proximales: l’intervention se fait à minima:
Prophylaxie, traitement de petites lésions carieuses (microdentisterie).
-Micro-abrasion :Le principe de la micro-abrasion consiste à éliminer les colorations de faible intensité d’origine extrinsèque ou intrinsèque limitées aux couches superficielles de l’émail.
La micro-abrasion utilise de l’acide chlorydrique à 18% et de la ponce .Grace à cette combinaison, l’émail est abrasé et érodé d’environ 100µm .C’est une technique atraumatique et ultraconservatrice.
–Instruments rotatifs, la micro-instrumentation : Les instruments rotatifs à monter sur turbine sont nombreux.
Dans ce contexte de dentisterie à minima plusieurs coffrets ont été proposés. Ils contiennent classiquement des fraises diamantées bague rouge, dont la partie travaillante a la forme d’une boule de petit diamètre, souvent montée sur un long col
non travaillant.
D’autres fraises sont spécialement conçues pour élargir les sillons.
D’une façon générale, elles sont moins économes en tissus dentaires que le système hydrique d’air-abrasion et contrairement à la sono abrasion, elles peuvent léser la dent voisine en fonction de la localisation de la carie.
3-2-La prévention secondaire sur dent permanente immature :
Elle concerne les lésions carieuses ICDAS 1, 2, 3et 4.
Dans le cas de lésions carieuse initiales ICDAS 1ou 2, la prévention secondaire consiste à pratiquer une réminéralisation de ces lésions et/ou le scellement des sillons selon les méthodes sus-expliquées.
Dans le cas de lésion carieuse active ICDAS 3 et 4, la thérapeutique étant de la micro- dentisterie que ce soit de l’air-abrasion, sono-abrasion ou micro-instrumentation
Dans le cas d’une carie des puits et fissures, on réalise une fissurotomie. Lorsque la 1ére molaire présente des anfractuosités qui accrochent à la sonde,
l’ouverture des sillons ou fissurotomie est préconisée, suivie de leur obturation à l’aide d’un composite fluide.
4-La prévention tertiaire :
Elle a pour corollaire de réduire les complications 4-1-En denture temporaire :
Selon que l’enfant soit coopérant ou pas, la prévention tertiaire se fera avec ou sans sédation consciente et consiste à traiter les lésions ICDAS 5ou 6 par macro-dentisterie et ou traitement endodontique.
4-2-La prévention tertiaire en denture mixte :
La dent permanente immature recevra une thérapeutique d’apexogenèse ou
d’apexification , selon la présence ou non d’atteinte pulpaire irréversible en présence de lésion carieuse ICDAS 5ou 6.
Conclusion
Le praticien possède des outils thérapeutiques simples et efficaces à la fois en termes de prévention primaire que secondaire.
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- Michèle Muller-Bolla et al: Gradient thérapeutique de la dent temporaire: Revue Française d’Odontologie Pédiatrique Volume 7. Année 2012.
- Richard Portier et al. Thérapeutiques dentino-pulpaires des dents temporaires
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- S. El Arabi, B. Bousfiha et al . 2002Guide du stagiaire en pédodontie.
- Tests biologiques en odontologie : Les cahiers de l’ADF 2007.
- Yves Delbos et al : Traitements en denture temporaire
Pathologies pulpaires et pulpo-parodontales. L’information dentaire n° 9 – 3 mars 2010.
- Naulin Ifi C : Odontologie pédiatrique clinique; JPIO 2011.
Les Thérapeutiques Préventives en Dentisterie Pédiatrique
La maîtrise de l’anatomie dentaire est fondamentale pour des traitements précis.
Une bonne asepsie est indispensable pour prévenir les infections en cabinet dentaire.
Le diagnostic précoce des lésions carieuses permet des soins moins invasifs.
La gestion du stress du patient améliore la qualité des soins prodigués.
Les composites modernes offrent à la fois esthétique et durabilité en restauration.
La planification implantaire nécessite une analyse radiographique minutieuse.
La formation continue est cruciale pour rester performant dans cette spécialité en évolution.
Les Thérapeutiques Préventives en Dentisterie Pédiatrique

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.