LES REACTIONS TISSULAIRES AU COURS DES DEPLACEMENTS DENTAIRES

LES REACTIONS TISSULAIRES AU COURS DES DEPLACEMENTS DENTAIRES

LES REACTIONS TISSULAIRES AU COURS DES DEPLACEMENTS DENTAIRES

  1. INTRODUCTION : Le déplacement des dents sur leurs arcades, ou des arcades sur leurs bases osseuses ne peuvent se réaliser que dans le cadre d’un véritable remaniement parodontal qui affecte : le ligament, l’os alvéolaire et parfois le cément et la dentine radiculaire, ils forment un système coordonné dont chacun de ces éléments réagit à toutes les impulsions extrinsèques, mais de manière particulière et avec une intensité variable selon l’importance des forces et le type du déplacement désiré.
  1. RAPPELS
    1. Organisation histologique et physiologique des tissus de soutien de la dent :

Le parodonte est constitué par l’ensemble des tissus qui entourent et soutiennent la dent. Il comprend la gencive (parodonte superficiel), l’os alvéolaire, le ligament alvéolodentaire ou desmodonte et le cément.

  1. La gencive :

C’est la partie de la muqueuse buccale qui recouvre les procès alvéolaires et entoure le collet des dents. Elle protège le parodonte profond contre les sollicitations externes tel que la mastication, et est le seul élément du parodonte qui persiste après la chute des dents.

  1. Le cément :

Le cément participe activement par les fibres d’ancrage à la mise en place et au maintien de la dent dans une position fonctionnelle, contrôle la largeur de l’espace desmodontal en compensant l’usure des faces occlusales et proximales, protège la dentine et répare les lésions radiculaires par des micro-adaptations cementaires.

  1. Le ligament alvéolo-dentaire ou desmodonte : c’est un tissu conjonctif fibreux richement vascularisé et innervé qui entoure la racine d’une dent et la relie à son alvéole. Constitué : d’éléments cellulaires, d’éléments fibrillaires, d’éléments vasculo-nerveux : une vascularisation sanguine et lymphatique et une innervation très riche.

Les éléments cellulaires : très riches :

  • des cémentoblastes répartis à la surface du cément et des cémentoclastes
  • des ostéoblastes et des ostéoclastes disposés à la surface de la paroi alvéolaire
  • des fibroblastes répartis dans l’épaisseur du desmodonte.

Les éléments fibrillaires :

Les fibres de collagènes du desmodonte sont organisées en fibres principales qui traversent la largeur du desmodonte pour s’ancrer dans l’os et le cément où elles prennent le nom de fibres de SHARPEY

Ces fibres de collagène sont disposées en forme sinusoïdale, présentées en plusieurs groupes.

Rôles :

  • mécanique et protecteur : fixation de la dent dans son alvéole et l’amortissement des charges occlusales.
  • suspension de la dent pendant sa fonction occlusale : mobilité physiologique + un retour à la position initiale de la dent après cessation de la force.
  • nutritif par son système artério- veineux surtout vis-à-vis du cément.
  • sensoriel et proprioceptif par les éléments nerveux qu’il contient.
  • un rôle ostéogène par production d’ostéoblastes.
  1. L’os alvéolaire et la paroi de l’alvéole :

L’os alvéolaire, constitue la partie des mâchoires ou sont implantées les dents. La paroi de l’alvéole est bordée par une lame osseuse percée de nombreux canaux vasculaires : c’est la lame cribliforme. C’est à ce niveau qu’est assuré l’ancrage des fibres desmodontales.

Du point de vue microscopique : on retrouve dans l’os alvéolaire :

Les cellules osseuses :

L’ostéoclaste : grosse cellule de surface responsable de la résorption osseuse.

  1. Le remodelage ligamentaire et le remodelage osseux :
  2. Remodelage ligamentaire :

Remaniement cellulaire :

Le fibroblaste est le pilier central du déplacement dentaire provoqué ou non par sa capacité à inhiber directement ou indirectement l’action des ostéoclastes ainsi que des cellules à l’origine de la résorption progressive de la racine (sans sa présence (ankylose) le déplacement est impossible).

Remaniement fibrillaire :

Les fibres de collagènes sont détruites et reconstruites de façon continue, turnover extrêmement rapide.

  1. Le cycle de remodelage osseux :

Il a été clairement démontré que les structures osseuses sont en continuel remaniement ou remodelage. La chronologie de ce remodelage osseux, est : activation-résorption- formation (A-R-F). Ce cycle est réalisé de façon asynchrone en permanence, avec l’apparition de nouvelles unités fonctionnelles de remodelage.

  • activation : – recrutement des ostéoclastes
  • résorption : – les ostéoclastes détruisent le tissu osseux
  • formation : – apposition de tissu ostéoïde
  • minéralisation.
  1. LES RÉACTIONS TISSULAIRES AU COURS D’UN DÉPLACEMENT DENTAIRE PROVOQUÉ

La dent ne se déplace pas si elle ne possède pas de ligament ou s’il est lésé sur une partie de la racine. Le cas des implants ou des dents ankylosées en est un exemple évident.

  1. LES EFFETS MÉCANIQUES IMMÉDIATS :

Dès l’application de la force on note un déplacement immédiat de la dent, correspondant à une compression du desmodonte du côté du déplacement (côté en pression) et à un étirement du desmodonte du côté opposé au déplacement (côté en tension). A l’arrêt de la force la dent revient à sa position initiale en 1 à 1 minute 30 (dans des conditions physiologiques).Si la force augmente il y aura une déformation des tissus : tout d’abord osseux (flexion alvéolaire) puis si la force augmente encore, des tissus dentaires.

Paramètres de la force : force horizontale se traduit par un mouvement de translation + des mvt parasites de version et de rotation (toutes les dents ne sont pas parallèles entre elles+ imprécision du collage+déformation du fil dans la gorge du bracket).

Anatomie radiculaire :

Tout point de la surface radiculaire ne sera pas soumis à la même intensité ni à la même direction de force. Une force parfaitement caractérisée en intensité et en direction sera transmise au niveau radiculaire en une kyrielle de force d’intensité et de direction variable selon la région anatomique considérée.

  1. LES EFFETS BIOLOGIQUES À COURT TERME :

Ils sont la conséquence directe du déplacement immédiat de la dent.

  1. Côté pression :

La compression du ligament et la pression alvéolaire induisent à certains niveaux l’apparition de cellules ostéodestructrices (à l’origine d’une résorption osseuse directe ou indirecte) et à d’autres niveaux la disparition progressive des éléments cellulaires (⇒une hyalinisation) selon le degré de pressi on exercée.

  • Cas d’une force de faible intensité

L’espace desmodontal est rétréci, entraînant une compression du tissu conjonctif ligamentaire et des vaisseaux, la vascularisation est perturbée mais peut quant même se produire permettant aux éléments cellulaires d’atteindre la zone en compression. L’organisme va alors essayer de recréer, un espace desmodontal normal en mettant en jeu des ostéoclastes qui vont résorber la lame criblée correspondant à la zone de compression par une résorption osseuse directe. Cette résorption sera entretenue aussi longtemps que la force durera.

  • Cas d’une force d’intensité importante

Dans ce cas, le rétrécissement ligamentaire étant plus important cela provoque un écrasement vasculaire et une compression des cellules desmodontales entraînant une diminution partielle ou totale de l’apport vasculaire métabolique et une dégénérescence cellulaire. Il se produit à ce niveau une nécrose aseptique, cette zone présente en microscopie optique un aspect vitrifié acellulaire : c’est la zone hyaline.

Cette hyalinisation débute au bout de 36 heures et dure en moyenne 12 à 15 jours, pendant lesquels aucun mouvement n’est perceptible. Chez l’adulte ou lors de l’utilisation de force excessive, elle peut persister 40 jours et plus. La hyalinisation en empêchant la formation et la migration des cellules, notamment des ostéoclastes, va empêcher la résorption osseuse directe et donc bloquer le mouvement, même si à sa périphérie la résorption osseuse directe débute.

Les tissus vont essayer de réagir à cette nouvelle situation en tentant de recréer un nouvel équilibre en rendant au desmodonte sa largeur initiale. C’est au niveau des espaces médullaires de l’os spongieux situé en regard de la zone hyaline que l’on aura une activité ostéoclastique. Cette résorption osseuse indirecte va résorber le mûr alvéolaire puis la lame criblée par voie centripète, aboutissant à un élargissement important du desmodonte.

L’os alvéolaire, le cément et la dentine peuvent être résorbés à partir d’un certain seuil de compression. Le seuil de résorption radiculaire (cément et dentine) est plus élevé que le seuil de résorption osseuse rendant ainsi possible le mouvement dentaire provoqué.

Même si l’hyalinisation est le résultat de forces importantes, REITAN a montré que lorsque des forces légères (50 à 100 gr), sont utilisées, il ne semble pas possible d’éviter une phase de hyalinisation.

La zone hyaline est éliminée après une période de 3 à 5 semaines si l’on effectue que des réactivations douces.

Comme dans le cas du déplacement dentaire spontané, la résorption osseuse sur la face ligamentaire du desmodonte sera contrebalancée par une apposition modelante sur la face endosté de la paroi alvéolaire, toutefois sa quantité ne sera pas forcément égale à la quantité de tissu osseux résorbé.

  1. Côté tension :

Côté pression on observe un élargissement desmodontal avec une orientation générale des faisceaux de fibres dans le sens de la traction et une déformation des éléments vasculaires qui s’élargissent dans le même sens. On observe au bout de quelques heures une augmentation importante de l’activité mitotique des cellules desmodontales qui est maximum au bout d’un jour pour se stabiliser au troisième jour. Les cellules mésenchymateuses ainsi formées vont se différencier en cellules ostéoblastiques et fibroblastiques Il se produit donc une réorganisation ligamentaire avec une apposition osseuse modelante et dès le 3ème – 4ème jour on a l’apparition de nouveaux faisceaux de fibres de collagène.

  1. LES EFFETS BIOLOGIQUES À LONG TERME :

Comme l’explique BARON, pour le biologiste, la logique tissulaire implique que lorsque le cap des réactions initiales et donc des latences cellulaires de division et de différenciation, est franchi, il faut entretenir un niveau suffisant de force pour se maintenir au-dessus du seuil cellulaire et donc utiliser pleinement le pool de cellules spécialisées, ostéoblastes et ostéoclastes déjà produits.

REITAN considère qu’il est difficile d’éviter la hyalinisation initiale mais qu’il est possible d’éviter sa récidive.

Si l’on interrompt la force pendant une durée supérieure à la latence de différenciation cellulaire, les ostéoclastes cessent leur activité et disparaissent ce qui provoque une nouvelle phase de hyalinisation lorsque la force reprend. Les forces intermittentes ou les F E O restent donc efficaces si les périodes d’arrêt sont inférieures au temps nécessaire à la cessation de l’activité cellulaire. L’expérience clinique montre que le seuil de déclanchement est de 6 h, celui de la résorption indirecte est de 7 à 14 J et d’après PROFFIT, les réactivations ne devraient pas être pratiquées plus fréquemment qu’en 3 semaines. De plus, la force qui devra être suffisamment importante pour maintenir l’activité cellulaire, devra également être toujours inférieure au seuil de résorption radiculaire.

L’avis des différents auteurs est divergent sur la stratégie de délivrance des forces pour obtenir un déplacement optimal :

  1. TRANSDUCTION DE L’EFFET MÉCANIQUE EN EFFET BIOLOGIQUE :

L’application de la force entraîne un ensemble de réactions cellulaires et donc de transformations tissulaires par une série de réaction en cascade et le changement de concavité de la surface osseuse :

  • l’augmentation de la concavité par la déformation provoque une apposition osseuse.
  • la diminution de la concavité par la déformation provoque elle une résorption osseuse.
  1. LES DIFFÉRENTS TYPES DE DÉPLACEMENT DENTAIRE :
    1. Version :

5.1.1. Mécanique :

Si l’on applique une force sur une dent qui ne porte pas d’attachement rigide on bascule la dent dans un mouvement de version. Ce mouvement se produit avec l’utilisation de ressorts sur plaque amovible ou d’appareils fixes non rigides.

La force exercée par l’appareil pousse la dent contre la crête alvéolaire du côté opposé à la force et une première zone de pression apparaît dans le desmodonte. Cette résistance fait pivoter la dent et une nouvelle compression naît au niveau apical. Le mouvement final de la dent est une rotation basculante autour d’un centre de rotation situé plus apicalement que le centre de résistance. Plus ce centre de rotation va s’éloigner du centre de résistance plus on va se rapprocher du mouvement de translation. Dans le mouvement de version classique, le centre de rotation se situe dans la zone apicale relativement proche du centre de résistance, c’est à dire approximativement au tiers apical de la racine.

Pour une force de 100gr appliquée au niveau coronaire sur une dent ayant une racine de 2cm de longueur, la force délivrée au niveau apical avoisine 300gr. Même si la force appliquée est légère, la pression peut être importante sur une petite surface de la zone marginale et plus encore au niveau de l’apex.

  1. Les mouvements de torque et de redressement après version :

5.2.1. Mécanique :

Il s’agit de déplacements de la racine alors que la couronne est stabilisée. C’est le mouvement que l’on cherche à obtenir lorsque l’on veut redresser une dent Qui était versée au départ Ou qui a été versée mécaniquement auparavant.

Ce mouvement de redressement peut s’effectuer dans :

  • Le sens mésio-distal (par des courbures de 2e ordre).
  • Le sens vestibulo-lingual (par des courbures de 3e ordre, c’est le torque).

Au cours de ce mouvement la dent tourne autour d’un centre de rotation situé au niveau de l’attache orthodontique. La couronne ne se déplace donc pas dans la mesure où le dispositif mécanique utilisé la maintient en place. Ce mouvement est obtenu en appliquant à la dent un couple de forces au niveau de la couronne grâce à un dispositif approprié.

  1. Le mouvement de translation :

5.3.1. Mécanique :

Ce mouvement correspond à un déplacement de la dent parallèlement à son grand axe ; la racine se déplace donc de la même distance que la couronne par un système de forces dont la résultante par le centre de résistance, le centre de rotation étant situé à l’infini.

Pour obtenir uniquement le mouvement de translation, il faut donc annuler l’effet de rotation en appliquant un couple de forces déterminant une rotation d’intensité égale et de sens opposé. Seuls les dispositifs fixes multibagues autorisent cette possibilité grâce à l’effet de torque.

  1. Le mouvement d’ingression :

C’est un mouvement qui s’effectue dans le même sens que les forces occlusales, C’est donc le mouvement qui rencontre le maximum de résistance de la part de la dent. Ce déplacement provoque au niveau histologique :

  • Un étirement de toutes les fibres ligamentaires
  • Une compression du système hydraulique desmodontal
  • Une compression de l’os alvéolaire

La compression pourra être à l’origine de l’apparition d’une zone hyaline

Pour DELLINGER, la résorption radiculaire est directement liée à l’intensité de la force utilisée. Pour lui la force optimale d’ingression se situe à 50gr en restant satisfaisante jusqu’à 100gr (à 300gr la résorption radiculaire est sévère).

REITAN conseille, dans ce type de mouvement, d’agir doucement surtout au début du mouvement et de ne pas dépasser 20gr à ce moment là. Selon lui, c’est le mouvement qui entraîne le plus de résorption radiculaire en particulier au niveau des incisives latérales supérieures.

  1. Le mouvement d’égression :

L’égression est le mouvement qui déplace la dent dans le sens de son évolution. C’est donc théoriquement le plus facile à réaliser puisqu’il est physiologique.

Dans ce type de mouvement on a uniquement un étirement des fibres desmodontales avec théoriquement aucune zone de compression. On aura un remodelage ligamentaire associé à une apposition osseuse.

Lors de ce type de mouvement il faudra se méfier des récidives et observer une phase de contention suffisante pour éviter la rétraction des fibres étirées.

  1. Le mouvement de rotation :
  • Ce mouvement correspond à une rotation autour du grand axe de la dent après l’application d’un couple de force. Trois éléments vont influencer ce déplacement : La forme de la racine en section, Le nombre de racine, La localisation de l’axe de rotation autour duquel se fait le mouvement.
  • Pour une monoradiculé :
  • Si la racine est ronde (incisives supérieures et prémolaires inférieures) et l’axe de rotation correspond à l’axe de la racine, il se produit un étirement des fibres ligamentaires sans aucun rétrécissement ou élargissement desmodontal et donc sans pression alvéolaire. On a donc dans ce cas une participation osseuse nulle mais une participation des fibres desmodontales maximum. Ces fibres peuvent être longtemps étirées sans pour autant modifier leur structure. Elles gardent ainsi un potentiel de récidive important On va donc retrouver des zones de compression ligamentaire (avec hyalinisation éventuelle) qui seront le siège d’une résorption osseuse (direct ou indirect selon la pression exercée) et des zones d’élargissement ligamentaire où se fera une apposition osseuse.
  • Pour une Pluriradiculée :

– L’axe de rotation est approximativement centré sur la dent et passe donc par le septum inter radiculaire. On se retrouve alors pour chaque racine prise individuellement devant un déplacement en translation avec apposition osseuse côté tension et résorption osseuse côté pression.

La rotation est un mouvement particulièrement récidivant que la plupart des auteurs conseillent d’effectuer dès le début du traitement pour permettre une contention longue avec hyper correction. Cette récidive semble particulièrement due à la présence des fibres conjonctives supra alvéolaires (et de nombreux auteurs préconisent une gingivectomie supracrestale préalable comme prévention des récidives après rotation.

  1. LES FACTEURS INFLUENÇANT LE DÉPLACEMENT DENTAIRE :
    1. Les facteurs biologiques intrinsèques :
  2. Les facteurs généraux :
  • L’âge du patient :

Avec l’âge on observe des modifications quantitatives et qualitatives des tissus parodontaux qui vont pouvoir influencer les caractéristiques du déplacement dentaire.

Pour REITAN, il n’y a pas de conditions plus favorables au déplacement que celles rencontrées chez un enfant de douze ans. En effet les tissus sont en voie d’élaboration et de croissance avec des cellules conjonctives jeunes et abondantes en pleine prolifération. Chez l’adulte, les tissus sont beaucoup moins actifs mais le déplacement dentaire est néanmoins réalisable. La hyalinisation est plus fréquente. Il semble préférable d’appliquer chez l’adulte des forces légères et contrôlées. La prolifération cellulaire apparaît après 8 à 10 jours alors qu’on l’observe déjà au bout de 2 à 3 jours chez l’enfant. L’os adulte possède moins de trabéculations osseuses que l’os jeune. La résorption alvéolaire est alors plus importante et crée des mobilités dentaires.

  • Les facteurs nutritionnels et endocriniens :

On peut penser qu’une carence en une substance intervenant lors du déplacement dentaire peut altérer celui-ci. Une diminution du taux de prostaglandines dans l’os aboutit à une diminution du déplacement dentaire ou une diminution du taux de Ca²+ qui active l’hormone parathyroïdienne provoque une diminution de la densité osseuse et un mouvement dentaire plus rapide.

L’addition de forces orthodontiques accentue les effets d’une carence en vitamine C. Cette carence affecte les structures parodontales avec notamment une baisse de la synthèse du collagène par les fibroblastes et les ostéoblastes et une augmentation de l’activité de résorption par les ostéoclastes.

  1. Les facteurs locaux :
    • Les facteurs anatomiques :

Les pressions résultant d’une force orthodontique se répartissent sur les racines dont la longueur et le nombre varient selon la dent considérée. La position de la dent a également une importance, les dents maxillaires semblent se déplacer plus vite et plus loin que les dents mandibulaires.

  • Les facteurs histologiques :

La densité osseuse est variable d’un patient à l’autre et selon le site. Un os très dense avec des espaces médullaire réduits présentera une hyalinisation plus intense et une résorption plus difficile qui va retarder le déplacement. L’os maxillaire présente par rapport à l’os mandibulaire des espaces médullaires plus grands et plus nombreux et des corticales plus fines, ce qui explique que, le déplacement dentaire y soit plus rapide. Dans l’os spongieux, moins dense, la vitesse de déplacement est supérieure par rapport à l’os compact. (RICKETTS préconise un ancrage sur l’os compact par rotation des molaires contre les corticales).

La hauteur de l’os alvéolaire : elle peut diminuer par vieillissement ou suite à une maladie parodontale. Il va en résulter :

  • Une diminution de la surface radiculaire subissant la force
  • Un déplacement apical du centre de résistance.
  1. Les facteurs extrinsèques :

6.2.1. Les modalités d’application de la force :

  • L’intensité de la force :

Les forces utilisées en orthodontie son dites « biologiques », c’est à dire comprises entre un seuil minimum suffisant pour induire un déplacement et un seuil maximum fonction de la sensibilité du patient et de l’apparition éventuelle de lésions irréversibles des tissus dentaires et peri-dentaires. La notion de force optimale est encore assez discutée et sera différente pour chaque type de déplacement et chaque type de dent. L’intensité de la force sera directement à l’origine de la qualité histologique de la réponse tissulaire lors du déplacement. Le concept, de force optimale produit le maximum de déplacement dans un minimum de temps en respectant les tissus dentaires et péridentaires. Il est très difficile de déterminer la force idéale à appliquer à chaque dent pour obtenir un déplacement donné, du fait en particulier de la diversité des réactions individuelles.

L’utilisation de forces légères est le meilleur moyen de réaliser un mouvement dentaire physiologique par résorption directe et apposition de compensation. Dans ce type de déplacement la dent se déplace avec tout son environnement parodontal l’amplitude du déplacement dentaire peut atteindre la valeur théorique maximale de 100µ par jour soit 3mm par mois.

  • Le rythme d’application :

Pour de nombreux auteurs il semble que le rythme d’application de la force soit plus important que l’intensité de la force.

  • Les forces continues :

L’énergie libérée par le dispositif est très progressivement décroissante grâce à de nombreuses boucles ou des fils à mémoire de forme au rapport charge flexion faible.

Des auteurs comme BARON conseillent d’utiliser des forces continues très progressivement décroissantes.

  • Les forces discontinues :

L’énergie libérée par le système mécanique diminue très rapidement dès que la dent commence à se déplacer. Pour certains auteurs l’application de forces de courte durée présente des avantages cliniques. En faisant succéder des phases courtes d’activation il se produirait moins de hyalinisation, de lésions tissulaires, de résorptions radiculaires et d’ischémie.

  • Les forces intermittentes :

Des périodes sans aucun dispositif actif alternent avec des phases d’activité. C’est le cas d’appareils amovibles comme les activateurs, les FEO ou les forces directionnelles.

Avec ce type de force, apposition d’ostéoïde côté tension, lors du port de l’appareil, va s’opposer au mouvement quotidien de récidive potentielle lors des phases sans appareillage.

Des auteurs comme PETROVIC préconisent d’utiliser des forces intermittentes pour permettre à la circulation sanguine de reprendre et de poursuivre son apport en ostéoclastes et précurseurs d’ostéoclastes.

  • La direction de la force :

Elle peut être verticale, horizontale, ou oblique entraînant différents types de déplacement.

  1. LES LÉSIONS TISSULAIRES DUES AU DÉPLACEMENT DENTAIRE PROVOQUÉ :
    1. Les résorptions radiculaires :

Les constatations cliniques permettent de penser que :

  • Un individu présentant des résorptions radiculaires en début de traitement verra ses lésions augmenter d’autant plus que l’amplitude des mouvements et les forces pour les réaliser seront importantes.

Conduite à tenir :

  • Utiliser des forces légères.
  • Préférer les mouvements de gression /version.
  • Éviter le mouvement d’aller-retour.
  • Surveillance radiologique.
  • À la 1ére alerte, supprimer la force pendant 4 semaines réparation/ formation de tissu cémentoide.
  1. Les coudures radiculaires :

Elles se produisent au cours du déplacement orthodontique d’une dent en cours de calcification. Il y a une flexion des tissus dentaires apicaux non calcifiés et en cours de formation. Ces tissus se minéralisent ensuite en suivant cette coudure, et la racine sera ainsi déformée à l’apex. Ces coudures radiculaires vont altérer l’équilibre occlusal et rendent les traitements difficiles.

  1. Les effets sur le parodonte :

Certains auteurs ont mis en évidence l’apparition de lésion après traitement orthodontique, il s’agit de :

  • Gingivites par difficulté de brossage
  • Mobilité et récession : selon le terrain
  • Fenestrations : pour lesquelles on évoque souvent des mouvements trop vestibulaires des racines ou une trop grande vitesse de déplacement.
  • Fissures ou fentes gingivales : après fermeture d’espaces d’extraction, on évoque le plus souvent une vitesse de déplacement dentaire trop rapide par rapport au phénomène d’apposition / résorption ; cela n’a cependant pu être histologiquement démontré.

En dehors de l’hygiène la cause de ces lésions parodontales est à rechercher dans :

  • La composante inflammatoire du déplacement dentaire qui augmente avec l’intensité de la force.
  • Les traumatismes occlusaux ponctuels et momentanés qui accompagnent le traitement orthodontique.
  1. CONTRÔLE RADIOLOGIQUE DU DÉPLACEMENT DENTAIRE :

Il est indispensable car il permet:

Avant le traitement :

  • D’évaluer l’état de santé parodontal
  • D’apprécier les rapports dent structures voisines

Au cour du traitement :

  • Contrôler la stabilité des dents d’ancrage.
  • Noter d’éventuelles atteintes dentaires ou parodontales.

En fin de traitement :

  • Apprécier les résultats par l’orientation des racines dentaires.

CONCLUSION

L’orthodontiste déplace, modèle, remodèle l’ensemble du complexe dento-parodontal : la dent, le desmodonte, l’os de soutien et les tissus de recouvrement. Ce type de déplacement ne peut s’accomplir que si trois conditions sont remplies :

  • Mécanique : la force doit être telle que la hyalinisation et la résorption osseuse indirecte soient limitées, et que la résorption osseuse directe soit favorisée.

(Donc les forces au départ doivent être légères afin de réduire le côté en pression et donc diminuer la durée de la hyalinisation et obtenir ainsi un mouvement plus rapide tout en évitant les lésions dentaires ou parodontales.

A long terme, une fois le temps de latence nécessaire à la production cellulaire et différenciation ostéoclastique passé, on peut augmenter peu à peu l’intensité des forces).

  • Anatomique : le parodonte doit être complet (sans ligament pas de déplacement).
  • Physiopathologique : le parodonte doit être sain. Il ne doit pas y avoir d’inflammation du parodonte, car elle provoque la destruction des tissus en remodelage avec des lésions souvent irréversibles du complexe dento-parodontal lors du déplacement orthodontique.

BIBLIOGRAPHIE :

1-B. Melsen, M.Dalstra, P.M Cattaneo. Réaction osseuse au déplacement dentaire provoqué

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  2. Madline Houchmand-Cuny, Nathalie Chretien, Laurent Le Guehennec , Joël Deniaud, Stéphane Renaudi , Hervé Boutigny et Assem Soueidan . Le déplacement dentaire orthodontique : histologie, biologie et effets iatrogènes. Orthod Fr 2009 ; 80:391-400.
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  4. Bassigny.F ; Manuel d’orthopédie dento-faciale ; MASSON.1983.
  5. Duhart.AM, Bardinet. E ; Biomécanique et notion de force légère ; EMC 23-490-B-10 ; 1997 ; P.23
  6. L. Massif, L. Frapier ; Orthodontie et parodontie, EMC 23-490-A-07 ; P.16

LES REACTIONS TISSULAIRES AU COURS DES DEPLACEMENTS DENTAIRES

  Une bonne hygiène bucco-dentaire repose sur un brossage efficace et l’usage régulier du fil dentaire.
Le diagnostic précoce des caries permet des soins moins invasifs et une meilleure conservation dentaire.
Maîtriser les techniques d’anesthésie locale améliore le confort du patient pendant les soins.
Les maladies parodontales demandent une approche pluridisciplinaire pour prévenir la perte dentaire.
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