Les Phénomènes De Croissance
1. Définition de l’ostéogénèse
C’est un terme général qui englobe l’ensemble des processus responsables de la construction des pièces osseuses (histogenèse) mais aussi la croissance et les remaniements du tissu osseux.
2. Définition de l’histogenèse
Le tissu osseux dérive du mésenchyme qui est un tissu embryonnaire provenant de la différenciation du mésoblaste.
Le mésenchyme est caractérisé par des cellules indifférenciées au sein de ce dernier, il y a augmentation quantitative des fibres de collagène et multiplication cellulaire aboutissant à la formation d’un blastème mésenchymateux squelettogène, à partir de celui-ci l’os peut se former de deux façons :
- Par ossification membraneuse, ou bien
- Par ossification enchondrale.
2.1. Ossification membraneuse
L’os se forme directement à partir du blastème, cette ossification donne naissance aux “os de membrane” c’est le cas des os de la voute du crâne et de la face.
L’ossification débute pour chaque pièce osseuse dans une zone limitée appelée centre primaire de l’ossification ce dernier se distingue du reste du blastème mésenchymateux par l’accroissement du nombre de cellules, de grosses fibres de collagène et une vascularisation intense.
Les cellules se différencient en ostéoblastes qui déposent sur les fibres collagènes une substance pré osseuse qui se minéralise rapidement.
L’ossification progresse de proche en proche à partir de centre de d’ossification, les points d’ossifications s’étendent en taches d’huile rapprochant ainsi de plus en plus les pièces squelettiques ainsi formées.
Lorsque la forme de l’os est suffisamment ébauchée, celui-ci s’entoure d’une condensation conjonctive de sorte que les pièces membraneuses demeurent séparées par des bandes conjonctives étroites appelées : sutures membraneuses ou syndesmoses.
Les sutures seront le siège d’une croissance ultérieure active, elles n’ont pas de potentiel de croissance propre mais doivent être sollicitées (selon DELAIRE).
2.2. Ossification enchondrale
L’os se forme à partir d’une maquette cartilagineuse (provenant elle-même du blastème mésenchymateux) par substitution cette ossification donne naissance aux “os de substitution” c’est le cas des os du squelette axial, des membres et des os du la base du crane.
Après une phase de multiplication, les cellules mésenchymateux du blastème squelettique élaborent une substance fondamentale cartilagineuse.
Le blastème mésenchymateux se transforme donc en cartilage hyalin, cette pièce cartilagineuse a grossièrement la forme du futur os.
Puis il y a modification des cellules cartilagineuses par hypertrophie suivie d’une dégénérescence des chondrocytes ce qui crée des cavités séparées par des cloisons cartilagineuses calcifiée, bientôt ces cavités seront envahies par des chondroblastes et des cellules mésenchymateuses indifférenciées qui se transforment en ostéoblastes. Les chondroblastes détruisent partiellement les cloisons et les ostéoblastes dépassent la substance pré osseuse sur les vestiges des cloisons. Le tissu osseux fibreux obtenu va se transforme en tissu osseux lamellaire compact par ossification secondaire.
Les pièces osseuses obtenues gardent la même morphologie que la maquette cartilagineuse initiale.
Elles s’unissent entre elles mais il persiste des bandes conjonctives dites sutures cartilagineuses ou synchondroses qui peuvent accroître leur épaisseur interstitielle.
NB : Les deux modes d’ossification membraneuse et enchondrale peuvent être retrouvés pour un même cas, c’est le cas de la clavicule et la mandibule, ce sont des os de membrane mais il y a apparition ultérieure de cartilages secondaires.
3. Croissance et modelage osseux
Une fois l’os formé, la pièce osseuse peut augmenter ses dimensions de deux manières :
3.1. Croissance suturale
Les sutures sont le siège d’une croissance active avant de se synostosé.
Les synchondroses ont une croissance interstitielle pour les syndesmoses, les os membraneux qu’elles séparent s’accroissent par opposition osseux de chaque coté de la ligne suturale ce qui va éloigner les pièces squelettiques les unes des autres.
3.2. Croissance remodelante
C’est un processus de croissance qui se fait constamment et qui sert à maintenir forme et proportion de chaque pièce osseuse.
Ce phénomène se fait par opposition d’os nouveau et résorption d’os ancien de la lame opposée.
Ce processus produit deux types de résultats : croissance et déplacement de la pièce osseuse.
4. Facteurs influençant la croissance
4.1. Facteur génétique
Le message héréditaire est plus ou moins unanimement reconnu comme le déterminant essentiel dans la formation et la croissance des os. Les dimensions, les formes des os sont génétiquement prédéterminées.
4.2. Facteur endocrinien
L’action hormonale endocrinienne est considérée comme prédéterminée et rentre dans le cadre génétique.
L’hypophyse, la thyroïde et les glandes sexuelles secrètent des hormones qui agissent directement ou indirectement sur la croissance.
La somathormone STH secrétée par l’hypophyse agit par voie indirecte en activant la croissance.
Les hormones thyroïdiennes associées à la STH augmentent l’action de celle-ci.
Les hormones sexuelles mâles et femelles jouent un rôle modérateur, décélérateur sur la croissance en hâtant la soudure des épiphyses.
4.3. Facteurs nutritionnels
La notion d’équilibre alimentaire est essentielle, il existe des rations qualitatives et quantitatives optimales selon le stade de croissance.
Une sous-alimentation peut retarder la croissance sur le plan qualitatif les métabolites essentiels (protéines, glucides, vitamines A1-B2-D) jouent un rôle essentiel.
4.4. Facteur fonctionnel
Les os se développent en réagissant contre les influences qui s’exercent sur eux.
L’activité musculaire intervient de façon prépondérante sur la morphogénèse des os.
Des pressions développées sur le squelette en formation, à l’aide d’une force assez puissante peuvent provoquer d’importants changements dans la direction de croissance de nombreuses parties du corps.
Remarque : Rappelons l’action des bondages sur les pieds des chinoises et sur la tête de certaines peuplades primitives, les déformations produites par les brides cicatricielles dues aux brûlures et aux traumatismes.
4.5. Maladies
Les maladies chroniques peuvent retarder la croissance.
Certaines maladies produisent une réponse inflammatoire au niveau de l’ATM : rougeole, diphtérie peuvent par exemple provoquer une ankylose de cette dernière et par la suite des déformations faciales.
Les affections respiratoires sont également souvent admises comme facteurs étiologiques de certaines dysmorphoses.
4.6. Facteurs socio-économiques
Les enfants de classes sociales favorisées ont un développement plus rapide et plus régulier que les autres.
4.7. Facteurs affectifs
Une carence maternelle peut provoquer un ralentissement voire arrêt de la croissance par changement de la conduite alimentaire, par diminution du taux de sécrétion des hormones somatotropes somatomédines.
Il existe donc un véritable mécanisme psycho-neuro-endocrinien dont la perturbation provoque des troubles de croissance.
Rythme et Direction de Croissance
Estimation du stade de la croissance
La croissance n’est pas un phénomène régulier ; elle passe par des phases d’accélération et de décélération de la naissance jusqu’à l’âge adulte.
Ce rythme correspond au taux de croissance par unité de temps.
La courbe de BJORK et taux de croissance staturale
La maturation : La maturation permet à un organe de remplir sa fonction par le biais d’une différenciation cellulaire. La maturation induit un aspect qualitatif.
Taux de croissance : C’est la quantité de croissance survenue dans un laps de temps donné. L’augmentation de taille par unité de temps est visualisée par la courbe de croissance de BJORK ou courbe du taux de croissance staturale.
La connaissance du taux de croissance staturale présente un grand intérêt pour l’orthodontiste car la face en générale, le maxillaire et la mandibule en particulier s’accroissent selon le même rythme que la taille.
Le pic de croissance staturale précède d’environ 3 mois le pic de croissance faciale.
L’étude de croissance staturale permet de suivre la croissance faciale.
Toutefois nous ne pouvons situer un sujet sur la courbe de Bjork de façon fiable étant donné que cette dernière ne tient compte que de l’âge civil.

a. L’âge civil
Nous ne pouvons nous baser sur l’âge civil car il existe des variations très importantes de développement osseux d’un individu à l’autre à un même âge civil.
b. L’âge dentaire
Il ne semble pas y avoir de corrélation significative entre croissance faciale et âge dentaire (stade de dentition atteint par un sujet à un moment donné de son développement).
c. L’âge osseux
C’est le stade de maturation des os d’un sujet à un moment donné.
La lecture de l’âge osseux se fait à partir d’une radiographie de la main, il faut savoir que :
- L’apparition d’un petit os ; le sésamoïde, en regard de la face interne de la diaphyse de la première phalange du pouce signe la survenue de la grande poussée de croissance pubertaire.
Cet os est visible en moyenne 1 an avant le pic de croissance plus précisément 9 mois avant chez les filles et 12 mois avant chez les garçons.

Radiographie de la main et l’apparition de l’os sésamoïde
Terminologie
Chaque doigt de la main présente 3 phalanges :
- PP : première phalange
- MPкому: moyenne phalange
- DP : distale phalange

Les doigts sont numérotés de 1 à 5 du pouce à l’auriculaire.
Chaque stade de maturation phalangienne est en corrélation avec la croissance staturale et faciale.
La maturation phalangienne
La maturation phalangienne passe par 3 stades :
- Stade lenticulaire (stade =) : correspond à une épiphyse à bord fin aussi large que la diaphyse
- Stade capsulaire (stade cap) : épiphyse à bord épais et large dépassant la diaphyse
- Stade d’union (stade U) : soudure des épiphyses aux diaphyses correspondantes ce qui signe la maturation osseuse.
Direction de la croissance mandibulaire
Bjork différencie 3 types de direction de croissance mandibulaire, selon les formes mandibulaires observables sur téléradiographie de profil :
- Un type de rotation mandibulaire antérieure : la direction de croissance étant plutôt horizontale.
- Un type de rotation mandibulaire moyen.
- Un type de rotation postérieure : la direction de la croissance étant plutôt dirigée verticalement.
A. Signes de rotation antérieure
- Condyle dirigée verticalement.
- Col du condyle épais.
- Branche montante longue et large.
- Courbure antégoniaque légère ou absente.
- Symphyse mentonnière épaisse (en bulbe d’oignon) et à axe vers l’arrière.
- Bord inférieure de la mandibule horizontal.
- Canal dentaire courbe.
- L’angle inter-incisif augmente. Étage inférieur de la face diminue.
B. Signes de rotation postérieure
- Condyle dirigé en arrière.
- Col du condyle fin.
- Branche montante étroite et courte.
- Forte courbure goniaque.
- Symphyse à grand axe dirigé vers l’avant et fine (en goutte d’eau).
- Bord inférieur de la mandibule dirigé vers le bas.
- Canal dentaire rectiligne.
- Angle inter-incisif fermé.
- L’étage inférieur de la face augmente.
Caractères | Rotation antérieure | Rotation postérieure |
---|---|---|
1. Direction du col du condyle | Trapu et dirigé en avant | Allongé, grêle et incliné en arrière |
2. Image du canal dentaire inférieur | Courbe | Rectiligne |
3. Angle mandibulaire | Fermé | Ouvert |
4. Échancrure pré angulaire | Bord inférieur de la mandibule en “rocking chair” | Existence d’une échancrure pré angulaire |
5. Angle inter incisif | Ouvert | Fermé |
6. Symphyse mentonnière Corticale osseuse | Épaisse | Peu épaisse |
7. Angle postérieur entre les axes des dents de 6 ans | Épaisse | Mince |
8. Hauteur de l’étage inférieur | Diminuée | Augmentée |
Fig. 19 : Tableau des caractères déterminants dans la typologie de BJORK (Philippe et Loreille, 2000).
Les Phénomènes De Croissance
Voici une sélection de livres:
“Orthodontie de l’enfant et de l’adulte” par Marie-José Boileau
Orthodontie interceptive Broché – Grand livre, 24 novembre 2023
ORTHOPEDIE DENTO FACIALE ODONTOLOGIE PEDIATRIQUE
Nouvelles conceptions de l’ancrage en orthodontie
Guide d’odontologie pédiatrique: La clinique par la preuve
Orthodontie linguale (Techniques dentaires)
Les Phénomènes De Croissance

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.