Les limites cervicales et le profil d’émergence

Les limites cervicales et le profil d’émergence

Les limites cervicales et le profil d’émergence  

Les limites cervicales et le profil d’émergence

Sommaire

  1. Introduction
  2. Définition : limite cervicale
  3. Rappels anatomiques
    • Le sillon gingivo-dentaire
    • L’espace biologique
    • Limite cervicale
    • Profil d’émergence radiculaire
  4. Les rapports gencive marginale-limite cervicale
    • Limite supra ou sus gingivale
    • Limite juxta gingivale
    • Limite intra sulculaire
  5. Formes cliniques de la limite cervicale
    • Limite cervicale sous forme d’aires de finition
    • Limite cervicale linaires
  6. Instrumentation
  7. Conclusion
  8. Références bibliographiques

Introduction

La limite cervicale est sans doute la zone la plus sensible d’une dent restaurée prothétiquement. C’est à cet endroit que sera signé par le praticien le succès ou l’échec de la restauration prothétique tant du point de vue esthétique que parodontal.

La limite cervicale d’une dent est déterminante pour le succès en prothèse fixée. C’est le lieu de l’intégration biologique, physiologique et esthétique d’une dent restaurée prothétiquement. C’est également elle qui caractérise la qualité du joint dento-prothétique déterminant à son tour l’ajustage et la pérennité de la restauration. Et il n’existe aucun type de limite cervicale universel.

Définition de la limite cervicale

Elle représente l’extrémité dans le sens occluso-apical de la préparation, définie comme étant l’endroit où doit s’arrêter la préparation, considéré comme le lieu de rencontre et de cohabitation du tissu dentaire, du tissu gingival, de l’attache épithéliale et du matériau prothétique, baignée par le fluide gingival et régulièrement colonisée par la plaque dentaire.

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Figure 1 : Limite cervicale d’une couronne et son profil d’émergence (en bleu)

Rappels anatomiques

Le sillon gingivo-dentaire

Le sillon gingivo-dentaire ou sulcus est un espace en forme de V compris entre la gencive libre et la dent, sa profondeur est comprise entre 0,5 et 2 mm.

Le sulcus comporte :

  • Une paroi gingivale
  • Une paroi dentaire
  • Un fond : épithélium jonctionnel ou attache épithéliale constituant une frontière entre le milieu interne et le milieu externe

Le sulcus contient le fluide gingival.

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Figure 2 : Le sillon gingivo-dentaire et l’espace biologique

L’espace biologique

C’est l’espace compris entre le fond du sulcus et le sommet de la crête osseuse alvéolaire, sa valeur moyenne est de 2,04 mm.

Il comprend :

  • Une attache épithéliale + une attache conjonctive

Il constitue la zone rouge qu’il faut respecter sans jamais la franchir.

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Le profil d’émergence

Croll le définit comme étant « la partie du contour axial d’une dent s’étendant de la base du sulcus gingival vers l’environnement buccal en passant par la gencive libre ». Une émergence dans le prolongement de la surface radiculaire est plus favorable à la santé parodontale. La plupart des dents ont un profil d’émergence au niveau de la jonction émail-cément qui est dans le prolongement de la zone radiculaire.

Donnée par Stein. Cet angle β est l’intersection entre le profil d’émergence (ligne b) avec le grand axe longitudinal de la dent (ligne a).

Figure 3 : Notion d’angle d’émergence

Si le profil d’émergence est trop plat, on a un risque de sous-contour et d’absence de bombé → problème esthétique. On aura aussi de grandes embrasures (= partie qui se trouve sous le point de contact), il y a alors un grand risque de bourrage alimentaire.

Si le profil d’émergence est trop important, on a un surplomb → problème d’hygiène (formation de plaque et inflammation).

Les rapports gencive marginale-limite cervicale

Sur le plan clinique, la situation d’une ligne de finition s’exprime par rapport à la gencive marginale.

Limite supra ou sus gingivale

Elle se situe 1 à 2 mm au-dessus du rebord gingival.

Avantages :

  • Aucun risque de lésion gingivale
  • Bonne visibilité
  • Facilité d’ajustage et de finition
  • Économie de tissu dentaire
  • Contrôle aisé de la jonction dento-prothétique

Inconvénients :

  • Inesthétique

Indications :

  • Dent postérieure
  • Hauteur coronaire suffisante
  • Gencive attachée minime
  • Excellente qualité de contrôle de l’hygiène

Limite juxta gingivale

Même niveau que le rebord gingival.

Avantages :

  • Sans risque de lésion de l’attache
  • Accessibilité au brossage

Inconvénients :

  • Passe rapidement à la situation supra gingivale

Indications :

  • Bonne hygiène
  • En présence de parodonte stabilisé
  • Chez patients jeunes

Limite intra-sulculaire

Avantages :

  • Esthétique

Inconvénients :

  • Réalisation délicate
  • Risque de lésion de l’attache
  • Difficulté de polissage du joint de collage

Indications :

  • Dent antérieure
  • Dyschromie des piliers dépulpés
  • Parodonte sain, stabilisé
  • Sensibilité radiculaire
  • Perte de substance dentaire

Formes cliniques de la limite cervicale

Limite cervicale sous forme d’aires de finition

Une limite sous forme d’aire de finition n’est pas clairement délimitée par rapport à la partie intacte de la dent. Bien que la simple mise de dépouille (Fig. 4-1) et la finition en trace (ou lame de couteau-Fig. 4-2) soient des finitions cervicales valides, elles sont moins utilisées en pratique.

D’élaboration facile, très économes, elles ne sont cependant pas recommandées car elles ne permettent pas une épaisseur suffisante pour la prothèse. La majorité des auteurs s’accordent à dire qu’aujourd’hui cette forme de finition n’est plus justifiée : une apparente économie tissulaire se paie par une réelle imprécision des limites au laboratoire et par un possible surdimensionnement de la prothèse qui induit une agression parodontale chronique inacceptable.

Utilisé comme limite cervicale lors de la réalisation d’inlay, onlay, inlay core.

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Figure 4-1 : Mise de dépouille
Figure 4-2 : Trace

Limite cervicale linaires

Le congé

Congé ou ¼ de rond ou ¼ d’ovale.

Permet une meilleure répartition des contraintes, lisible, résistance de l’infrastructure ; meilleur écoulement du ciment de scellement, meilleure coulabilité du métal.

Utilisé comme meilleure limite cervicale pour une couronne coulée, CIV en résine.

L’épaulement

Est un large méplat formant une limite nette, ménage suffisamment de place pour le matériau prothétique cependant très mutilante ; meilleur écoulement du ciment de scellement.

Utilisé comme limite cervicale pour couronne céramo-céramique ; couronne à incrustation vestibulaire en céramique, couronne métallo-céramique.

L’épaulement possède trois variantes :

  • Épaulement à angle obtus : 135º
  • Épaulement à angle droit : 90º
  • Épaulement à angle interne arrondi
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Figure 5 : Les variantes de l’épaulement
a- Épaulement à angle obtus : 135º
b- Épaulement à angle droit : 90º
c- Épaulement à angle interne arrondi

N.B. : L’épaulement droit à angle interne arrondi peut être appréhendé de deux façons : soit on réalise d’abord un épaulement droit (avec une fraise conique à bout plat) dont l’angle interne est ensuite arrondi (avec une fraise conique à angles arrondis), soit l’épaulement est réalisé en un seul temps opératoire avec la fraise cylindrique à angles arrondis.

Figure 6 : Les différentes formes de limite cervicale

Instrumentation

Le praticien doit assurer une adéquation entre la forme et le diamètre de la fraise en fonction de sa granulométrie, c’est-à-dire de la dimension de ses éclats de diamants (fraise à gros grains, grains moyens, ou grains fins).

Le choix de la forme de la limite cervicale dépend :

  1. De la situation clinique
  2. Du type de restauration prothétique
  3. De l’exigence esthétique
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Conclusion

En prothèse fixée, les techniques d’empreintes nécessitent un accès aux limites qui font appel soit à la déflexion soit à l’éviction gingivale.

À cet égard, l’accès aux limites cervicales infra-sulculaires est le facteur clinique conditionnant la restauration d’une esthétique dento-gingivale d’apparence naturelle.

Références bibliographiques

  1. Shillingburg. Les Bases fondamentales en prothèse fixée. Editions CDP 1982.
  2. J Schittly. Les empreintes en prothèse fixée. Editions CDP 1998.
  3. Malidin Clémentine. Thèse Université de Nantes : Les techniques d’accès aux limites cervicales en prothèse fixée : Indications et Incidences sur la santé parodontale. Année 2016.
  4. S. Armand, H. Couret : Profil d’émergence en prothèse fixée : Intérêts de la double empreinte. Les cahiers de prothèse no 125 mars année 2004.
  5. S. Armand : L’accès aux limites cervicales en prothèse fixée : Indications. Les cahiers de l’ADF – N° 7 – 2000.
  6. Aude Vallata. Thèse Université de Nancy. Limite cervicale en prothèse fixée : Concepts et Préceptes. N°3652 année 2011.
  7. Louise Voillaume. Thèse université de Lorraine. Le profil d’émergence sur dents naturelles en prothèse fixée : Concept et préceptes. N°9437 2017.
  8. Philippe Viargue. La position des limites cervicales de préparation en prothèse fixée : Analyse de la littérature. Revue d’odontostomatologie 2005 ;34 :3-18.

Voici une sélection de livres en français sur les prothèses dentaires:

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