Les Kystes des Maxillaires / Pathologies Bucco-Dentaires

Les Kystes des Maxillaires / Pathologies Bucco-Dentaires

Les Kystes des Maxillaires / Pathologies Bucco-Dentaires

Introduction

Parmi les nombreuses pathologies affectant les maxillaires, il existe les lésions osseuses qui se traduisent par des pertes de substance, dont l’origine est essentiellement les kystes et les tumeurs. Elles peuvent être bénignes, cliniquement asymptomatiques, et évoluer lentement jusqu’à leur découverte fortuite ou à un stade avancé de leur évolution.

Définition

De nombreuses définitions des kystes ont été proposées ; nous retenons celle de Schear : « un kyste est une cavité pathologique qui présente un contenu liquide, semi-liquide, ou aérique et qui n’est pas créée par l’accumulation de pus. Il est bordé par un épithélium qui peut être soit continu soit discontinu ».

Caractéristiques des kystes

  1. Les kystes des maxillaires : sont des lésions intra-osseuses, possédant une structure histologique particulière caractérisée par la présence d’une enveloppe épithéliale, kératinisée ou non kératinisée, semi-liquide ou solide.
  2. Le contenu kystique : peut-être liquide ou semi-liquide.
  3. La paroi : est composée le plus souvent d’un conjonctif lâche ou à prédominance fibreuse.
  4. La tuméfaction osseuse : circonscrite et indolore passe par quatre phases :
    • Phase de latence,
    • Phase de déformation,
    • Phase d’extériorisation,
    • Phase de complication.
  5. Signes dentaires associés : déplacements et mobilité.
  6. Signes radiologiques :
    • La géode : cavité très claire, aux contours réguliers, entourée d’un fin liseré blanchâtre résulte d’une perte de substance osseuse.
    • La lacune : diminution de la densité radiographique qui se traduit par une image claire limitée, dont le contour n’est pas marqué par une ligne dense.

Classification des kystes des maxillaires

Nous retenons pour notre étude celle de l’OMS 2017 :

Kystes odontogènes d’origine inflammatoire

  • Kyste radiculaire
  • Kyste collatéral inflammatoire

Kystes odontogéniques et non odontogéniques liés au développement

  • Kyste dentigère
  • Kératokyste odontogénique
  • Kyste périodontal latéral et kyste odontogénique botryoïdal
  • Kyste gingival
  • Kyste odontogénique glandulaire
  • Kyste odontogénique calcifiant
  • Kyste odontogénique ortho kératinisé
  • Kyste nasopalatin

Étude anatomo-clinique des kystes des maxillaires

Kystes odontogènes et non odontogènes liés au développement

Kyste dentigère

Le kyste dentigère adhère au collet d’une dent incluse et entoure sa couronne, (le plus souvent permanente notamment la dent de sagesse inférieure et la canine supérieure).

Origine : Il se constitue par accumulation de sérosités entre la couronne dentaire déjà formée et les assises épithéliales de l’émail devenues inactives (théorie inflammatoire).
Radio : Image radio claire bien circonscrite, entourant la seule couronne d’une dent incluse.

Kératokyste odontogénique

Il représente 14 % des kystes des maxillaires, peut survenir à tout âge, il est caractérisé par une importante kératinisation de sa bordure malpighienne, une croissance agressive et une forte tendance à la récidive.
Radio : Géode, homogène, ronde ou ovale, au contour régulier. Les images polygéodiques prennent un aspect en « bulles de savon ».

Kyste périodontal latéral et kyste odontogénique botryoïdal

Extrêmement disruptif, il évolue dans l’atmosphère périodontale d’une dent vivante, régions prémolaire mandibulaire, puis maxillaire antérieure, il est cliniquement asymptomatique.
Radio : Radio clarté ronde ou ovoïde uni- ou multiloculaire, bien circonscrite au tiers supérieur de la racine, sans résorption de la racine.

Kyste gingival

Peu fréquent, survient en gencive attachée ou en gencive libre ; parfois au niveau de la papille elle-même, il survient à tout âge. Le kyste apparaît comme un petit nodule bien circonscrit ; généralement d’un demi-centimètre qui soulève une gencive d’aspect et de couleur normale (chez l’adulte).
Les perles d’Epstein sont des nodules kystiques remplis de kératine qui sont plutôt trouvés le long du raphé palatin (chez l’enfant).
Radiologiquement, le kyste n’est pas visualisable.

Kyste glandulaire odontogénique

Rare, sans signes cliniques et radiologiques spécifiques à prédominance mandibulaire antérieure.

Kyste odontogénique calcifiant

C’est l’actuelle tumeur calcifiée.

Kyste odontogénique ortho kératinisé

Kyste nasopalatin

Kystes odontogéniques d’origine inflammatoire

Kystes radiculaires

Ils constituent, avec 59 % des cas, le groupe le plus important de tous les kystes des maxillaires. Observables à tout âge, cependant une prédilection pour la denture permanente.

Étiologie

Ces kystes sont le plus souvent dus aux complications infectieuses des pulpopathies non ou insuffisamment traitées.

Évolution

L’évolution du kyste se fait selon trois phases :

  • Phase d’initiation : les cellules épithéliales provenant des débris de Malassez sont stimulées par des mécanismes divers tels que les hormones de croissance et les antigènes bactériens.
  • Phase de cavitation : où il se forme des cordons épithéliaux qui se rejoignent et qui entourent les tissus de granulation.
  • Phase d’expansion : cette expansion serait due à l’action de la pression osmotique et hydrostatique active.
Situation

Intéresse la portion antérieure des maxillaires et les branches horizontales de la mandibule.

Clinique

Souvent asymptomatique et sa découverte est fortuite radiologique.

RadioContenu non disponible dans le document.
Radio

Géode unique, arrondie ou ovale, homogène, appendue à l’apex de la dent mortifiée. Sa taille est de 10 mm, la présence d’un liseré de condensation périphérique le fait différencier du granulome.

Évolution

L’évolution du kyste radiculaire est lente.

Complications
  • Complications infectieuses : rarement la suppuration intra-kystique peut provoquer un phlegmon périmaxillaire, un abcès palatin, une ostéite sous-jacente…
  • Complications mécaniques : fracture mandibulaire en cas d’extension considérable principalement sur des espaces édentés ; mobilité et déplacement dentaire ; parfois même une rhizalyse.
Diagnostic différentiel
  • Granulome péri-apical
  • Abcès palatin
  • Améloblastome

Kyste collatéral inflammatoire

Ce kyste est défini par son siège particulier dû à son étiologie. Une fracture radiculaire, un canal aberrant, mais le plus souvent une fausse route lors d’un traitement canalaire avec perforation accidentelle de la racine ou du plancher pulpaire sont à l’origine du granulome, puis du kyste inflammatoire. Les prémolaires et molaires inférieures sont le siège de prédilection du kyste radiculaire latéral.

Traitement

Traitement non chirurgical

Consiste en une perforation de la paroi kystique, drainage du kyste et une obturation canalaire parfaite.

Traitement chirurgical

Kystectomie

Définition

C’est une technique conservatrice qui vise à extirper la totalité de la tumeur. Il permet de préserver les dents et le maximum de tissu osseux ainsi que les éléments le traversant.

Avantages
  • Cicatrisation rapide lorsque la plaie est suturée.
  • Pas de récidive.
  • Analyse histopathologique de la totalité de la pièce opératoire.
Inconvénients
  • Risque de lésion ou de perte d’élément anatomique de voisinage par exérèse totale de la poche kystique.
Technique
  • L’incision intéresse le revêtement mucopériosté et est décalée par rapport à la trépanation osseuse.
  • L’énucléation est réalisée grâce à un décolleur mousse permettant de cliver et de récliner très progressivement la paroi kystique.
  • Tout geste agressif est prohibé afin d’éviter la fracture accidentelle.
  • Le « curetage appuyé » doit demeurer un geste rigoureusement complémentaire de l’énucléation et être réservé aux seules parois osseuses épaisses.
  • La cavité d’énucléation doit faire l’objet d’une irrigation généreuse par du sérum physiologique.
  • Temps de fermeture : comblement de la cavité, fermeture muqueuse hermétique.
  • Certains auteurs complètent l’énucléation par une cryothérapie des parois osseuses. D’autres recourent à des applications d’eau oxygénée ou d’acide acétique de façon à irriter chimiquement les parois et les éventuels reliquats tissulaires.

Marsupialisation ou kystotomie

Définition

Consiste essentiellement à transformer le kyste en une cavité accessoire de la cavité buccale ; pour réduire la pression intra-kystique et permettre ainsi à la cavité de diminuer progressivement de taille. Elle est rapide et peu agressive, mais s’avère contraignante pour le patient car nécessite plusieurs visites de contrôle.

Indications

L’indication formelle de cette technique est le kyste dentigère car elle permet la conservation du germe dentaire, on assiste à l’évolution normale de la dent retenue qui vient prendre position sur l’arcade.

  • Pour les kystes de grande dimension qui risquent de provoquer des accidents post-opératoires (fracture ouverte).

Une surveillance clinique et radiographique ultérieure est nécessaire pour détecter une éventuelle récidive.
Premier contrôle radiologique : entre 3 et 4 mois après exérèse du kyste (délai nécessaire pour la cicatrisation osseuse ou suspicion d’une récidive précoce). Poursuivre les contrôles jusqu’à réossification complète.

Conclusion

Le rôle du praticien est de traiter les nombreuses lésions qu’il est amené à découvrir chez ses patients. Le diagnostic préalable à tout traitement est basé sur la clinique, la radiographie qui reste le seul moyen d’investigation préopératoire. L’examen le plus précis demeure l’analyse anatomopathologique. L’intérêt de ce diagnostic, post-chirurgical, est de permettre malgré tout au thérapeute de réintervenir, le cas échéant, en cas d’erreur de diagnostic ou de n’assurer qu’une surveillance postopératoire devant le caractère bénin de la majorité des kystes.

Bibliographie

  1. Nadine Martin-Duverneuil, Michelle Auriol. Les tumeurs maxillo-faciales. S-auramps médical, 2004.
  2. Norbert Schwenger. Chirurgie dentaire. Lavoisier ; Médecine Sciences, 2015 (174-194).
  3. Robert Cavézian, Gérard Pasquet. Cône beam. Imagerie diagnostique en odontostomatologie. Elsevier Masson, 2011, p. 438-497.
  4. Stuart C. White, DDS, PhD, Michael J. Pharoah, DDS, MSC, FRCD (C). Oral Radiology. Principles and Interpretation. Mosby, 2000, p. 438-497.

Les Kystes des Maxillaires / Pathologies Bucco-Dentaires

  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

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