LES INTERMEDIAIRES DE BRIDGES
- Définition :
- Les intermédiaires de bridges, appelés aussi pontics, sont des dents artificielles d’une prothèse fixée plurale qui remplacent les dents naturelles manquantes et assurent la restauration de la fonction et de l’esthétique, en respectant les impératifs d’hygiène et de confort.
- Dans la conception d’un bridge, l’espace édenté est occupé par les pontics qui forment la travée, cette dernière est reliée aux ancrages par des connexions rigides.
- Selon la longueur de la travée et de l’importance de l’édentation on a des bridges de courte ou longue portée.
Figure 1 Eléments constituants d’un bridge
- Rôles
L’intermédiaire de bridge a pour objectif de
- Remplacer la dent manquante en restaurant :
- Fonctions : phonation, mastication, occlusion
- Esthétique dans le secteur antérieur.
- Sauvegarder et ne pas être à l’ori- gine de la dégradation des organes restants (dents, crêtes…ect) par :
- Hygiène possible et facilitée.
- État de surface lisse.
- Compatibilité biologique des matériaux avec les tissus gingi- vaux.
- Rapports occlusaux statiques et dynamiques harmonieux
- Principes de conception de l’intermédiaire de bridge
Afin d’assurer la pérennité d’un pont, l’intermédiaire doit :
- Répondre aux impératifs esthétiques.
- Fournir des rapports occlusaux favorables aux dents piliers et aux dents antagonistes ainsi qu’au reste de la denture.
- Doit permettre une autostimula- tion des tissus grâce au maximum de contacts de la langue, des joues, des lèvres et des aliments.
- Rétablir l’efficacité masticatoire de la dent qu’il remplace.
- Être conçue pour minimiser l’accumulation de plaque dentaire et les débris alimentaires et fournir un accès maximum pour le nettoyage par le patient.
D’autre part la travée métallique doit avoir une épaisseur suffisante et modulée en fonction de l’alliage utilisé, plus une travée est longue et plus elle doit être épaisse.
La résistance d’une travée est proportionnelle à sa largeur, au carré de son épaisseur et inversement proportionnelle à sa longueur
R = l ∗ e2/L
Avec : R = résistance, l = largeur, e = épaisseur et L = longueur.
- Morphologies des intermédiaires de bridges
La forme de l’intermédiaire doit être envisagée en fonction de :
- Facteurs morphologiques et physiologiques des crêtes gingivales,
- Facteurs d’hygiène,
- Facteurs mécaniques,
- Facteurs esthétiques.
Ces impératifs seront conformés par une conception prothétique qui respecte :
- La morphologie de la surface en contact.
- Une bonne morphologie occlusale.
- Une bonne morphologie axiale.
- Le tout étant associé à l’utilisation de matériaux biocompatibles et avec un bon état de surface.
La morphologie externe de l’intermé- diaire de bridge est en rapport avec des tissus différents :
- La face occlusale répondant aux dents antagonistes.
- Les faces proximales répondant aux
moyens d’ancrage et aux dents supports.
- Les faces gingivales répondant à la crête.
- Les faces vestibulaire et linguale répondant respectivement aux joues et à la langue.
- Rapport avec les dents antagonistes
Le rétablissement des rapports occlusaux avec les dents antagonistes permet de restituer l’efficacité masticatoire et de maintenir la stabilité de l’occlusion.
Cette morphologie des surfaces occlusales doit être conditionnée :
- D’une part par les mouvements fonc- tionnels de la mandibule.
- D’autre part par la morphologie des
dents antagonistes.
L’objectif majeur étant de diriger et de répartir les efforts sur les tissus du pa- rodonte profond des dents piliers.
- L’angulation cuspidienne doit être analysée :
- Doit correspondre à celle des dents antagonistes.
- Elle est en rapport avec l’âge, le type
facial.
- La largeur des tables occlusales doit être aussi analysée et ceci dans le but de
limiter l’importance des forces appliquées lors de la mastication qui va alors diminuer l’affaissement parodontal des dents piliers(Fig 2).
La diminution de la largeur des tables entraînera la diminution des contraintes, en limitant l’importance des forces appliquées lors de la mastication .
- Rapport avec les dents adjacentes
Pour éviter toute déformation ou fracture, il faudra :
- Majorer l’épaisseur de l’ancrage en regard de la travée.
- Établir un large contact travée-ancrage tout en dégageant l’embrasure pour la rendre plus accessible au nettoyage (Fig 3,4).
- Veiller à ce que la travée soit de section adéquate.
- Morphologie axiale
- Les faces vestibulaire et linguale doivent avoir un profil convexe, et reconstituer le bombé cervical (Fig 5).
- Les faces proximales doivent délimiter des embrasures larges pour permettre le passage facile des accessoires de maintenance de l’hygiène bucco-dentaires (brossettes . . .)( Fig 6,7).
La surface de contact avec l’élément voisin aux ancrages ne doit pas dépasser la zone de 1/3 occlusal et 1/3 moyen pour permettre l’accès au nettoyage.
- Rapport avec la crête
L’intermédiaire de bridge doit être en rapport avec la crête mais sans exercer une pression trop importante car de façon excessive cela occasionnerait des ulcérations de la muqueuse voire une résorption osseuse.
La morphologie de l’intermédiaire doit permettre le nettoyage par des embrasures qui ne doivent pas être trop dégagées (bourrage alimentaire latéral) ou trop serrées (nettoyage difficile) (Fig 7) .
Le type et l’importance de la résorption jouent un role non négligeable dans le choix de l’intermédiaire. La décision de retoucher les tissus muqueux est parfois inévitable
Figure 5 Bombés vestibulaire et linguale assurant la déflexion du bol alimentaire
Figure 6 Embrasures cervicale suffisamment dégagée pour une meilleure hygiène
Figure 7 (A) Embrasure correcte (B) Embrasure fermée ne permettant pas un bon nettoyage (c) Embrasure trop dégagée provoquent un tassement alimentaire
- Différents types
d’intermédiaires de bridge
La forme de l’intermédiaire est soumise à un compromis entre l’hygiène et la santé des tissus environnants, l’esthétique et la résistance mécanique.
Après la perte de l’organe dentaire, des modifications de la crête édentée ont lieu provoquant ainsi une perte de hauteur et de largeur (Fig 8) ; Cela rend l’imitation de l’émergence d’une « dent naturelle » difficile (Fig 9,10) et parfois impossible sans compromettre l’hygiène.
Figure 8 Petre du volume de la crète dans le sens vertical et transversal
Selon la nature des rapports avec la crête dentée, on distingue :
- Les intermédiaires contra-muqueux ou juxta-muqueux qui établissent un simple contact avec la crête.
- Les intermédiaires supra-muqueux qui sont distants de la crête.
Figure 9 Collet d’Intermédiaire situé au même niveau que celui des dents adjacente mais avec un volume cervicale réduit par-rapport a la dent qu’il remplace
- Les intermédiaires contra-
muqueux
On distingue deux types principaux :
- Le type ovoïde (Fig 10)
La face gingivale de ce type de pontique est en forme d’œuf ou d’obus. Le contact est effectué avec le sommet de la crête par son extrémité arrondie sur une faible surface.
Cette forme est facile à nettoyer à cause des embrasures dégagées mais la pointe est petite comparée à la taille globale de l’intermédiaire et la face vestibulaire dans sa partie cervicale n’est pas alignée avec les dents adjacentes, ce qui rend le pontique inesthétique.
Il n’est donc recommandé que pour le remplacement des dents dans les secteurs non accessibles au regard (région
prémolo-molaire mandibulaire)
Figure 10 Intermédiaire contra-muqueux ovoïde
- Le type selle
On distingue deux formes, la forme classique et la forme selle modifiée.
La forme classique (Fig 11) est la plus proche de la dent naturelle parmi toutes les autres configurations de forme. Toutes les faces de l’intermédiaire ou presque sont convexes pour faciliter l’accès au nettoyage, la section gingivale reposait sur la crête en épousant sa forme.
Il présente l’inconvénient d’une hygiène
difficile.
La forme selle modifiée (Fig 12) a la même face vestibulaire que la forme classique mais le recouvrement lingual, jusqu’au sommet de la crête inclus est éliminé. Ainsi, la surface de contact subsistante qui se situe vestibulairement est de faible étendu, l’embrasure gingivale est largement ouverte du coté linguale, l’esthétique est satisfaisante et le nettoyage est aisé. D’une manière globale, les pontiques type selle sont réservés au secteur antérieur et aux secteurs latéraux le plus souvent du maxillaire et lorsque la crête est peu résorbée.
Figure 11 Intermédiaire de type scelle classique
Figure 12 Intermédiaire de Type scelle modifiée
- Les intermédiaires supra- muqueux
- Il se situe à une distance de 3 mm minimum de la crète.
- Parfaitement compatible avec l’hygiène
- Inesthétique
- Indiqué dans les secteurs invisibles mo- laires maxillaires et surtout mandibulaires.
On distingue deux formes : (Fig 13)
- La forme classique (Fig 14) dite hygiénique ou sanitary pontic de Perel ;Elle se présente comme une arche à section pentagonale pour limiter la flexion. Ce
type d’intermédiaire n’a aucun contact avec la crête, ce qui augmente son hygiène et sa tolérance biologique mais le rend cependant très inesthétique.
- La forme hygiénique modifiée (Fig 15) proposée par Stein. Les pontiques de cette forme sont réservés pour le cas des crêtes mandibulaires très résorbées, ce sont des pontiques ovoïdes mais avec une pointe qui se situe à distance de la muqueuse, l’espace minimal laissé sous un pontique supra-muqueux modifié est d’environ 3 mm
- Les intermédiaires intra- muqueux (Fig 16)
Ce type donne l’illusion d’une dent sortant de l’alvéole ; il est séduisant au niveau esthétique, mais le plus souvent impossible à entretenir et conduisant à une rétention bactérienne source d’inflammation gingivale, voire de pathologies douloureuses parodontales comparables au « syndrome du septum » par excès de compression des tissus.
Figure 13 Vue vestibulaire et proximale d’intermédiaire supra-muqueux (A,B) Forme classique de Perel (C,D) Frome Hygiéniqye modifiée de Stein
Figure 15 Intermédiaire supra-muqueux hygiénique modifiée de Stein
Figure 16 Intermédiaire intra-muqueux
- Les matériaux utilisés
Les matériaux utilisés pour la réalisation de l’intermédiaire jouent un rôle très important dans l’intégration biologique de l’élément prothétique et leurs propriétés mécaniques sont d’une grande importance, tant au laboratoire qu’en clinique.
- Les alliages utilisés doivent être rigides, mais en même temps ils doivent avoir une certaine élasticité pour mieux résister à la fracture.
Ils ne doivent ni s’oxyder sous l’influence de la salive ni s’altérer sous l’influence de la flore buccale.
- La porcelaine, bien qu’elle ait été longtemps considérée comme le matériau de choix, présente des risques de fracture plus élevés, il faut tenir compte de ces propriétés mécaniques.
- La résine par contre présente un niveau de tolérance moins acceptable à cause de son état de surface qui s’altère rapide- ment, de sa teinte qui vire et de son odeur qui est due à l’infiltration bactérienne. D’une manière générale, ces matériaux ne sont bien tolérés que s’ils sont bien finis et polis, dans cette perspective, le placement de la jonction de deux matériaux diffé- rents au contact de la muqueuse est à proscrire car il est très difficile de polir et de nettoyer parfaitement cette zone (Fig 17).
L’intermédiaire doit toujours se rappro- cher sur tous les plans des dents piliers, qu’il s’agisse des surfaces vestibulaire, lin- guale ou occlusale.
⮚
Figure 15 situation de la ligne de jonction entre le métal et le matériau cosmétique (A) situation palatine accessible au nettoyage (B) pas de jonction (C) situation vestibulaire accessible au nettoyage
Conclusion
La conception des intermédiaires est compatible avec la biologie des tissus environnants (morphologie, nature du matériau utilisés et les contraintes exercées).
Elle doit faciliter l’hygiène pour le bien être du patient et la pérennité dans le temps.
Lecture conseillée
Shillingbourg, Herbert T, et al. Bases fondamentales en prothèse fixé. [trad.] Francine Liger. 3eme edition.
Chicago, Illinois : Quintessence Publishing/ Edition CDP, 1998. ISBN 0-867 15-201-X.
Viennot S., Malquarti G., Allard Y., Pirel C. Différents types de bridges. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Odontologie, 23-270-A-20,2005, Médecine buccale, 28- 815-G-10,2008.
E Blanchet., G Malquarti., Y Allard. Prothèse définitive. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Odontologie, 23-272- C-10 , 1999
Monchanin S., Viennot S., Allard Y., Malquarti G. Réalisation au laboratoire de prothèses fixées céramo- métalliques. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Odontologie, 23-380-C-10, 2008, Médecine buccale, 28-
740-M-10, 2009.
Bernard GN Smith. Planning and making crowns and bridges. 3rd edition .London : Martin Dunitz Ltd, 1998. ISBN 1 85317 314 2.
LES INTERMEDIAIRES DE BRIDGES
Voici une sélection de livres en français sur les prothèses dentaires:
Prothèse fixée, 2e Ed.: Approche clinique Relié – Illustré, 4 janvier 2024
Prothèse Amovible Partielle : Clinique et Laboratoire
Collège National des Enseignants en Prothèses Odontologiques (CNEPO), Michel Ruquet, Bruno Tavernier
Traitements Prothétiques et Implantaires de l’Édenté Total 2.0
Conception et Réalisation des Châssis en Prothèse Amovible Partielle
Prothèses supra-implantaires: Données et conceptions actuelles
Prothèse complète: Clinique et laboratoire Broché – Illustré, 12 octobre 2017
LES INTERMEDIAIRES DE BRIDGES

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.