Les Infections Spécifiques De La Muqueuse BuccaleLes Infections Spécifiques De La Muqueuse Buccale

Les Infections Spécifiques De La Muqueuse Buccale

Les Infections Spécifiques De La Muqueuse Buccale


INTRODUCTION

Les infections cutanéomuqueuses de la région cervico-faciale sont fréquentes et il est important de distinguer parmi elles les infections propres à un germe déterminé pouvant entrer dans le cadre d’une infection générale. C’est le cas des infections spécifiques telles que la tuberculose, la syphilis et les mycoses buccales.

DÉFINITION

On appelle infection spécifique une infection déterminée par un seul et même germe, qui présente des manifestations cliniques (buccales ou autres) spécifiques à l’agent causal et qui est sensible au même traitement.

TUBERCULOSE

Définition

La tuberculose est une maladie infectieuse qui peut se généraliser. Elle se manifeste soit par :

  • Une tuberculose primaire d’inoculation buccale (rare).
  • Une localisation secondaire de la maladie au niveau de la cavité buccale ; la cavité buccale peut être atteinte par le bacille de Koch (BK) expulsé des poumons et qui se greffe sur une muqueuse déjà blessée.

Étiopathogénie

L’agent responsable est le bacille de Koch (BK). La porte d’entrée est souvent respiratoire (contamination directe par inhalation de micro-gouttelettes de salive infectée), parfois digestive. La contamination buccale peut se faire par voie ascendante à partir d’un foyer tuberculeux pulmonaire. Le BK commence par gagner les voies lymphatiques et, plus tard, il pénétrera les voies sanguines.

Étude clinique

Primo-infection tuberculeuse

La primo-infection tuberculeuse est le plus souvent pulmonaire et muette cliniquement, affirmée par l’intradermoréaction (IDR) à la tuberculine et la présence de BK au tubage gastrique. La localisation buccale donne un tableau clinique dominé par la triade suivante :

  • Chancre d’inoculation.
  • Adénopathie satellite.
  • Signes généraux d’inoculation.
Le chancre d’inoculation buccal

Après une incubation de quelques jours à 2 mois, apparaît une lésion sans caractère particulier au départ, qui évolue en une ulcération :

  • Siège : Vestibulaire de l’arcade inférieure, en particulier au niveau du sillon gingivo-jugal postérieur, soit sur les capuchons muqueux d’une dent en éruption, soit aux collets des dents, soit sur les lèvres ou les bords latéraux de la langue.
  • Forme : Ovalaire, semi-lunaire ou en feuillets de livre, d’un diamètre de 1 à 2 cm, extensive et indolente (non indurée).
  • Contour : Régulier, surélevé, à fond uniforme, jaunâtre, souple et sans halo périphérique rougeâtre comme pour l’aphte.
  • Évolution : En l’absence de traitement, l’ulcération se sphacèle, entraînant une mise à nu de l’os maxillaire.
L’adénopathie

L’adénopathie motive la consultation et doit faire rechercher un chancre parfois discret. Elle peut précéder le chancre et se caractérise par :

  • Plusieurs ganglions de volume variable, homolatéraux ou bilatéraux (sous-mandibulaires, jugulaires hauts situés).
  • Peu mobiles, fréquemment fixés par une certaine péri-adénite.
  • Pouvant subir tous les stades de caséification (crudité, ramollissement, fistulisation). La suppuration dure 1 an à 1 an et demi, donnant un pus jaune et grumeleux.
Les signes généraux

La primo-infection se fait à bas bruit et l’état général n’est pas altéré. Plus tard, les signes de l’infection tuberculeuse apparaissent : asthénie, amaigrissement, anorexie, sueurs nocturnes ; ils sont alors accompagnés des signes biologiques.

Tuberculose chronique évolutive

Le BK est transporté dans les sécrétions bronchiques, il inocule la muqueuse à partir d’une érosion préexistante, le plus souvent linguale, jugale ou gingivale, entraînant la formation d’un ulcère extrêmement douloureux au niveau de la cavité buccale, ayant :

  • Des bords fins et décollés.
  • Une surface végétante et peu creusante, généralement recouverte d’un exsudat gris-jaunâtre.
  • Les tissus environnants sont enflammés mais non indurés.

La gomme tuberculeuse

Elle se voit chez les enfants dénutris et sur des terrains immunodéprimés. Elle résulte d’une dissémination hématogène du BK à partir d’un foyer tuberculeux préexistant et se manifeste par :

  • Des nodules dermo-hypodermiques bien limités, indolores, fermes, qui finissent par se ramollir et fistuliser à la peau ou au niveau de la muqueuse.
  • Le BK peut être mis en évidence dans les granulomes tuberculoïdes, qui comportent une importante caséification (nécrose caséeuse caractérisée par la transformation des cellules situées au centre des tubercules en une matière jaunâtre et compacte donnant l’apparence d’un morceau de fromage).

Examens paracliniques

  • Intradermoréaction (IDR) à la tuberculine : Utilise une protéine dérivée et purifiée à partir du BK. Une réaction érythémateuse supérieure à 2 mm avec une induration après 48 heures indique que le patient est exposé au bacille tuberculeux et développe une hypersensibilité envers l’antigène.
  • Radiographies thoraciques : Objectivent des calcifications.
  • Diagnostic histologique : Après une biopsie, peut mettre en évidence un granulome épithélioïde giganto-cellulaire avec nécrose caséeuse.

Diagnostic différentiel

Face à une tuberculose à siège buccal, il faut éliminer :

  • Devant une gomme et abcès froid : Kyste dermoïde de la langue, fibrome, lipome, actinomycose, gomme syphilitique.
  • Devant l’ulcération : Ulcération traumatique, carcinome.
  • Devant une parotidite tuberculeuse : Parotidite à germe banal, syphilis glandulaire, actinomycose salivaire, lithiase glandulaire.

Traitement

La tuberculose est une maladie à déclaration obligatoire.

Traitement prophylactique

  • Stérilisation du lait.
  • Lutte contre la tuberculose bovine.
  • Vaccination au BCG (obligatoire).
  • Isolement des sujets infectés.

Traitement curatif

Les patients infectés sont adressés aux centres spécialisés (division anti-tuberculeuse ou DAT) pour :

  • Traitement médical anti-tuberculeux : Isoniazide, Ethambutol, Streptomycine et Rifampicine en une cure de 6 mois.
  • Traitement chirurgical : Exérèse des foyers infectieux (adénectomie, exérèse des gommes et abcès froids, séquestrectomie, curetage des foyers et élimination des fistules).

SYPHILIS

Définition

La syphilis est une maladie infectieuse, contagieuse, pouvant être acquise ou congénitale, et pouvant avoir des manifestations buccales révélatrices à tous les stades de son évolution.

Étiopathogénie

L’agent responsable est le Tréponème pâle. La contamination peut être :

  • Vénérienne : Dans 95 % des cas (contact sexuel).
  • Congénitale : À travers la membrane placentaire (mère → enfant).
  • Transfusionnelle : Par voie transvasculaire.

Étude clinique

Syphilis primaire (très contagieuse)

Elle se manifeste par un chancre mou et une adénopathie satellite.

Le chancre buccal syphilitique

Il est typique et se caractérise par :

  • Une excoriation rouge au point d’inoculation (lèvre, langue, amygdale ou gencive vestibulaire, région incisivo-canine, sertissant les collets dentaires en quartier de lune). Il représente 8 % des chancres extra-génitaux.
  • Devient typique vers le 8ème jour : une érosion在天

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Je suis désolé, mais le texte a été coupé. Voici la suite du document, à partir de la section Syphilis primaire, en respectant les instructions données :


Le chancre buccal syphilitique

Il est typique et se caractérise par :

  • Une excoriation rouge au point d’inoculation (lèvre, langue, amygdale ou gencive vestibulaire, région incisivo-canine, sertissant les collets dentaires en quartier de lune). Il représente 8 % des chancres extra-génitaux.
  • Devient typique vers le 8ème jour : une érosion et non une ulcération indolore (ou douloureuse seulement en cas de surinfection), arrondie ou ovalaire (0,5 à 2 cm de diamètre).
  • Plate, vernissée, couleur chair musculaire, non inflammatoire.
  • Les bords sont nets, plats et non saillants.
  • Il sécrète une sérosité mais ne suppure pas.
  • L’induration cartonnée est caractéristique et se limite au chancre.
  • Il cicatrise spontanément en 4 à 6 semaines.
  • Très contagieux, il contient de très nombreux tréponèmes mis en évidence facilement à l’examen microscopique.
L’adénopathie satellite (réservoir de tréponèmes)
  • Elle suit le chancre comme l’ombre suit le corps (selon Fournier).
  • Apparaît vers le 6ème jour après le chancre dans le territoire correspondant (sous-mentonnière ou sous-mandibulaire) et persiste plusieurs mois après sa cicatrisation.
  • Poly-adénopathie dure, mobile, indolore, sans péri-adénite.
  • L’un des ganglions est plus volumineux.

Syphilis secondaire

Elle commence 1 à 3 mois après l’apparition du chancre et correspond à la phase de dissémination des bactéries. Son expression clinique est très variée, faisant dénommer la maladie la « grande simulatrice ». Les lésions buccales sont très contagieuses. On observe deux efflorescences étalées sur 2 ans et demi à 4 ans, sous forme de floraisons cutanéomuqueuses et une poly-micro-adénopathie :

  • Sur le plan cutané : Roséole syphilitique (macule ronde rose pâle de 5 à 10 mm de diamètre).
  • Sur le plan muqueux : Syphilides secondaires planes (lésions érosives et plaques muqueuses).
  • Possibilité de localisations parotidiennes et maxillaires.

Syphilis tertiaire

Il s’agit d’une phase silencieuse où on note l’absence de signes généraux et d’adénopathies. Peu ou pas contagieuse, elle est caractérisée par l’installation de gommes syphilitiques ulcéro-mutilantes du palais ou de la langue, ressemblant aux lésions carcinomateuses. Une gomme est un nodule hypodermique indolore et mobile, se ramollissant, s’ulcérant et se vidant, laissant des cicatrices, pouvant siéger au niveau de la face, des lèvres et du palais.

Syphilis congénitale

Transmise au fœtus par voie transplacentaire à partir du 4ème mois de grossesse ou lors de l’accouchement, elle peut être :

  • Précoce : Avec des lésions viscérales multiples.
  • Tardive : Avec des lésions malformatives.

Les anomalies buccales incluent :

  • Un palais ogival et très profond.
  • Des dents d’Hutchinson (incisive centrale de petite taille, dont le bord libre présente une échancrure semi-lunaire).
  • Des molaires de Moon ou muriformes.

Examens paracliniques

La sérologie confirme le diagnostic :

  • BW (Bordet-Wasserman) et VDRL (réaction d’hémolyse vers le 25ème jour).
  • TPHA (test d’hémagglutination, se positive 10 à 20 jours après le chancre).

Traitement

Il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire. Le malade est confié aux services spécialisés (dermatologie et maladies infectieuses). Le traitement est à base de pénicilline retard. En cas d’allergie, on utilise l’oxytétracycline, l’érythromycine ou les céphalosporines. Il faut penser à une réhabilitation prothétique en cas de communication buccosinusienne ou bucconasale.

CONCLUSION

Il est primordial de savoir reconnaître ces infections lorsque la localisation buccale est patente, et de savoir poser le diagnostic afin d’orienter le patient vers le service spécialisé et traiter la pathologie dans son ensemble, car d’autres organes peuvent être touchés. Il est également crucial de dépister au stade précoce pour éviter les complications graves, sans oublier le caractère contagieux et transmissible de ces maladies, qui impose, d’une part, une déclaration obligatoire et, d’autre part, des mesures de précaution lors de l’examen clinique pour éviter la transmission.


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