Les Glandes Salivaires – Histologie Dentaire

Les Glandes Salivaires – Histologie Dentaire

Les glandes salivaires sont des glandes exocrines chargées de la sécrétion de la salive, qui assure l’humidification permanente de la cavité buccale.

I – Anatomie

Les glandes salivaires sont divisées en glandes principales et glandes accessoires. Les glandes principales, paires, bilatérales, de gros volume et situées hors de la cavité buccale, sont : la glande parotide, la glande submandibulaire et la glande sublinguale.

A) Les Glandes Parotides

Les glandes parotides, du grec “para” (auprès) et “génitifotos” (oreille), sont les plus volumineuses des glandes salivaires (environ 32 cm³). Elles pèsent environ 25 à 30 grammes, de forme irrégulière et lobulée. Elles occupent l’espace entre le muscle sternocléidomastoïdien et la mandibule.

1 – Situation Anatomique

La glande parotide est située :

• Au-dessous de l’arcade zygomatique.
• Au-dessous et en avant du méat acoustique externe.
• En avant du processus mastoïde.
• Sur le masséter.
• En arrière de la branche montante de la mandibule (RAMUS).

Son extrémité inférieure (sommet) est située en arrière et au-dessous de l’angle de la mandibule. Elle a la forme d’une pyramide inversée, présentant un sommet, une base et trois faces : antérieure, latérale et postérieure.

a) La Face Latérale (Superficielle)

Caractérisée par sa richesse en nœuds lymphatiques inclus dans la glande, elle est recouverte de peau.

b) La Face Antérieure

Le masséter et la branche montante de la mandibule dépriment cette face, formant deux lèvres médiale et latérale. De cette dernière peut se détacher une glande parotide accessoire et émerger le conduit parotidien (canal de Sténon).

c) La Face Postérieure

Elle correspond au méat acoustique.

2 – Le Conduit Parotidien ou Canal de Sténon

C’est un conduit d’environ 5 cm de long et 3 mm de diamètre. À sa sortie de la glande, il traverse le corps adipeux de la joue et le buccinateur, s’ouvrant en regard de la deuxième molaire supérieure. Son orifice peut être marqué par une surélévation appelée papille parotidienne.

3 – Vascularisation

Au niveau de la parotide, l’artère carotide se divise en artère temporale superficielle et artère maxillaire.

4 – Innervation

La glande est innervée par :

• Le nerf glossopharyngien.
• Le nerf facial avec ses cinq branches : temporal, zygomatique, buccal, maxillaire inférieur et cervical.

5 – Écho-anatomie Normale (à l’Échographie)

• Contours nets et réguliers.
• Structure uniforme sans divisions en lobes.
• Conduit excréteur non visible à l’état normal.
• L’artère carotide externe et la veine jugulaire externe, incluses dans le parenchyme glandulaire, peuvent être visibles en arrière du RAMUS, notamment par écho-Doppler.
• En cas de pathologie : l’échographie peut révéler des calculs (> 3 mm) et une dilatation des canaux excréteurs, ou des tumeurs sous forme de lacunes hypoéchogènes.

B) La Glande Submandibulaire

De la taille d’une grosse amande, elle pèse 6 à 8 grammes, de consistance ferme, lobulée et encapsulée.

1 – Situation Anatomique

Située dans la partie latérale de la région sus-hyoïdienne, elle longe la base de la branche horizontale de la mandibule. Son canal excréteur, le canal de Wharton (5 à 6 cm), chemine entre les glandes sublinguales et le muscle génioglosse, s’ouvrant au sommet de la caroncule linguale. Elle est séromuqueuse.

2 – Innervation

Trois nerfs traversent la glande :

• Nerf lingual.
• Nerf hypoglosse.
• Branche marginale du nerf facial.

3 – Écho-anatomie Normale

• Contours moins nets, parfois difficiles à individualiser par rapport aux muscles voisins.
• Conduit submandibulaire nettement visible, hypoéchogène sur toute sa longueur.

C) La Glande Sublinguale

C’est la plus petite des glandes principales, pesant 2 à 3 grammes, de forme allongée et aplatie transversalement. Elle est située entre la mandibule et la base de la langue, de part et d’autre du frein lingual. Elle est constituée d’une agglomération de 15 à 20 glandes, chacune avec un conduit excréteur propre s’ouvrant sous la langue. Les principaux canaux sont ceux de Walther et Rivinus.

D) Les Glandes Accessoires

Environ 750 glandes accessoires sont disséminées sous les muqueuses de la cavité buccale, sauf sur la gencive et la partie antérieure du palais osseux. Ce sont de petits amas d’unités sécrétrices non encapsulées, s’ouvrant en bouche via de courts canalicules. Elles sont classées en trois groupes selon leur sécrétion :

1. Glandes Séreuses de Von Ebner : Enchâssées dans la partie postérieure de la langue, en contact avec le V lingual, leurs canaux s’ouvrent dans le sillon des papilles caliciformes.
2. Glandes Séromuqueuses : Situées dans la partie antérieure de la langue et le versant muqueux des lèvres.
3. Glandes Muqueuses : Présentes sur les bords de la langue, le voile, la voûte du palais et la racine de la langue, en arrière du V lingual.

II – Histologie

A) Généralités

Les glandes salivaires sont composées d’unités morphologiques et fonctionnelles appelées « adénomères », comprenant :

• Une portion sécrétoire : les acini glandulaires.
• Des canaux striés et intercalaires.
• Des cellules épithéliales contractiles coiffant la portion sécrétoire.

Des vaisseaux, nerfs et septas conjonctifs issus de la capsule divisent le parenchyme en lobules.

B) La Charpente Conjonctive

1 – La Capsule

De nature fibreuse, elle émet des travées divisant le parenchyme en lobules, eux-mêmes formés de plusieurs acini (unités sécrétrices). Les glandes salivaires sont ainsi qualifiées de glandes lobulaires exocrines. Les travées servent de voies de passage aux vaisseaux et nerfs.

2 – Le Parenchyme Glandulaire

Il comprend les unités sécrétrices (acini) et les voies excrétrices.

2.1 – Les Unités Sécrétrices ou Acini

L’acinus est un amas de cellules sécrétrices autour d’un canal collecteur (canal intercalaire). Des cellules myoépithéliales, aux prolongements cytoplasmiques contenant des myofibrilles contractiles, facilitent l’expulsion de la salive. Les acini varient selon leur sécrétion, morphologie et coloration à l’hématoxyline-éosine.

a) L’Acinus Séreux

• Composé de cellules séreuses riches en polysaccharides neutres, sécrétant une salive aqueuse.
• Cellules pyramidales, noyau arrondi au tiers basal, cytoplasme basophile (bleu), riches en granules protéiques.
• Exemple : glandes parotides et glandes de Von Ebner (purement séreuses).

b) L’Acinus Muqueux

• Cellules muqueuses riches en mucopolysaccharides acides (acide sialique/neuraminique), sécrétant un mucus visqueux.
• Cellules pyramidales larges, noyau petit, dense et aplati, cytoplasme clair.
• Produisent des glycoprotéines (mucine salivaire).
• Présentes dans les glandes sous-maxillaires, sublinguales et accessoires (sauf Von Ebner).

c) L’Acinus Mixte

• Réunit cellules séreuses et muqueuses. Les cellules muqueuses forment un tube terminé par un croissant de cellules séreuses (« croissant de Gianuzzi »), communiquant via de fins canalicules.
• Présent dans les glandes sous-maxillaires, sublinguales et accessoires (sauf Von Ebner).

d) Les Cellules Myoépithéliales

• Cellules étoilées entre la membrane basale et les cellules glandulaires/canales. D’origine épithéliale, elles ressemblent aux cellules musculaires lisses et facilitent l’expulsion des sécrétions par contraction.

e) Les Oncocytes

• Cellules épithéliales larges, au cytoplasme granuleux éosinophile, riches en mitochondries. Peu nombreuses, elles reflètent un processus de sénescence salivaire sans fonction spécifique.

2.2 – Les Voies Excrétrices

La salive est collectée par un réseau de canaux : intercalaires, striés et excréteurs.

a) Les Canaux Intercalaires (Passage de Boll)

• Lumière étroite, bordée de cellules cuboïdes peu colorées, à noyau central et cytoplasme pauvre en organites.
• Fonction peu connue, possible rôle de réserve cellulaire.

b) Les Canaux Intralobulaires ou Striés (de Pfluger)

• Paroi de cellules cylindriques éosinophiles à noyau central. Striation basale due à des invaginations membranaires (bâtonnets de Pfluger) avec mitochondries alignées.
• Absorption/sécrétion d’eau et ions, facilitée par une grande surface d’échange.

c) Les Canaux Interlobulaires ou Excréteurs

• Situés dans le tissu conjonctif, larges, sans activité sécrétoire, tapissés de deux couches de cellules cuboïdes.
• Participent à la réabsorption des électrolytes.

d) Le Canal Collecteur

• Unique, débouchant dans la cavité buccale. Épithélium prismatique bistratifié, devenant malpighien non kératinisé dans son segment terminal (ex. : canal de Sténon pour la parotide, Wharton pour la sous-maxillaire).
• Membrane basale doublée d’une couche conjonctivo-élastique avec sphincter de fibres musculaires lisses.

III – La Salive

A) Généralités

La salive mixte, produit des différentes glandes salivaires, a un volume moyen de 750 ml/24h, variable selon plusieurs facteurs. Son pH varie de 6,7 à 8,5. Elle est composée de :

• 99 % d’eau.
• 1 % d’éléments organiques (ex. : amylase, lysozyme, mucines, IgA) et inorganiques (ex. : Na⁺, K⁺, Ca²⁺, phosphates, bicarbonates, thiocyanates, iode, fluor, fer, cuivre).

B) Rôle de la Salive

1. Formation du Bol Alimentaire et Déglutition : Les mucines lubrifiantes facilitent ces processus.
2. Gustation : Solubilise les substances sapides pour leur fixation sur les récepteurs gustatifs.
3. Digestion : Assurée par l’amylase, les protéases et les lipases.
4. Protection : Les mucines protègent la muqueuse buccale contre le dessèchement, les substances toxiques/irritantes et les enzymes bactériennes. La salive lubrifie les muqueuses pour la déglutition et la phonation.

Les Glandes Salivaires – Histologie Dentaire

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