LES CARCINOMES EPIDERMOIDES DE LA MUQUEUSE BUCCALE

LES CARCINOMES EPIDERMOIDES DE LA MUQUEUSE BUCCALE

LES CARCINOMES EPIDERMOIDES DE LA MUQUEUSE BUCCALE  

Plan : 

       Introduction 

       Définition 

       Rappels anatomique et histologique de la muqueuse buccale

       Epidémiologie

 Particularités des carcinomes de la Muqueuse Buccale :

 Les circonstances de découverte

 Formes cliniques des carcinomes épidermoides 

              –  la forme ulcéreuse

              –  la forme ulcéro-végétante

              –  la forme végétante

        Diagnostic différentiel  

  Diagnostic positif 

        Les formes topographiques 

  • Cancer de la langue 
  • Cancer du plancher buccal 
  • Cancer des lèvres

       Conclusion

2022/2023

Les Carcinomes Epidermoïdes de la muqueuse buccale

INTRODUCTION :

Les cancers de la Cavité Buccale  entrent dans le cadre des cancers des voies aérodigestives supérieures (V.A.D.S).  Ils sont dans 90 % des cas  des carcinomes épidermoïdes  de la muqueuse buccale.

L’âge moyen des patients est 60 ans. Les hommes sont plus touchés que les femmes.

Le pronostic est mauvais pour l’ensemble des cancers de la cavité buccale. 

DEFINITION : 

Carcinome épidermoïdes de la cavité orale  est un cancer qui se développe au niveau de l’épithélium de la muqueuse buccale. 

    RAPPELS ANATOMIQUE ET HISTOLOGIQUE : 

            C’est la muqueuse qui revêt la paroi interne des lèvres et la cavité buccale ; elle est en continuité avec la peau à la jonction vermillon, versant externe des lèvres.

Elle se poursuit en arrière avec la muqueuse digestive (pharynx) et respiratoire (larynx).

La cavité buccale est entièrement tapissée par une muqueuse reposant sur les plans conjonctifs, musculaires et osseux. La muqueuse est constituée par un épithélium de revêtement reposant sur le chorion à travers une membrane basale. 

LES CARCINOMES EPIDERMOIDES DE LA MUQUEUSE BUCCALE

L’EPITHELIUM :

Il est pavimenteux, pluristratifié, kératinisé ou non selon les endroits. Il comporte :

  • Une assise cellulaire germinative (stratum germinatum), adossée à la membrane basale.  Constitué de cellules cubiques sur une ou deux assises ; ces cellules sont le moins différenciées de l’épithélium. Cette couche renferme aussi des mélanocytes et des cellules dendritiques de Langerhans.
  • Un corps muqueux de Malpighi (stratum spinosum). Les cellules sont de taille plus grande et commencent à s’aplatir (ce phénomène s’accentue au fur et à mesure que les cellules migrent vers la surface.
  • Une couche granuleuse (stratum granulosum) qui n’est présente que dans les zones de muqueuse kératinisée ; est constituée de cellules volumineuses et aplaties renfermant des grains de kératohyaline (protéine soufrée qui donnera la kératine). 
  • Une couche superficielle dont les cellules desquament (stratum cornéum). Dans cette couche, les cellules allongées, désunies renferment des organites, leur noyau plus ou moins dégénéré. 

MEMBRANE BASALE :

Elle constitue l’interface entre épithélium et le chorion. C’est une mince bandelette qui épouse les ondulations des crêtes épithéliales.

La membrane basale joue un rôle important, filtrant les échanges, permettant l’attache des kératinocytes, influant leur différenciation et leur renouvellement et sa rupture est décisive dans l’invasion des cancers.

LE CHORION :

Il est constitué par un tissu conjonctif fibroélastique présentant des aspects variés selon les territoires. Il est lâche, richement vascularisé dans sa partie superficielle ou papillaire. Il renferme des glandes salivaires accessoires mixtes (séromuqueuses) ou muqueuse et des terminaisons nerveuses.

     Epidémiologie : 

Dans le monde, il est répertorié environ 400.000 nouveaux cas de carcinomes épidermoïdes oraux (CEO) par an : ¼ dans les pays développés contre ¾ dans les pays en voie de développement. 

Plus d’un malade sur deux décède de ce cancer dans les 5 ans qui suivent l’établissement du diagnostic. 

Cependant, son incidence varie en fonction du pays, de la distribution inégale des facteurs carcinogènes et peut-être aussi en fonction de la sensibilité individuelle à ces derniers. 

Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les cancers oraux ne représentent que 2% de la totalité des cancers, alors que dans des pays tels que l’Inde et le Sri-Lanka, cas exceptionnels, ils représentent près de 40% de la totalité des cancers. 

Il est estimé que le carcinome épidermoïde est responsable de 90% des tumeurs de la cavité orale. 

Les patients âgés de plus de 65 ans sont plus touchés.

  1. Particularités des carcinomes de la Muqueuse Buccale :
  • Ils peuvent siéger sur toutes les muqueuses orales, mais le plus souvent nous les retrouvons au niveau de la langue,  du plancher  et des gencives ;
  • Quelque soit la localisation topographique et la forme clinique de ces lésions, la palpation révèle une induration caractéristique qui déborde très souvent la tumeur.
  1.  Les circonstances de découverte
  • La symptomatologie des cancers de la cavité buccale est souvent fruste au début de l’évolution.
  •  Ainsi, les patients consultent souvent tardivement. Ceci souligne tout l’intérêt d’un examen systématique de la cavité buccale chez tout sujet d’âge mur alcoolo-tabagique. 
  • Les signes révélateurs sont essentiellement :
  • La  découverte d’une lésion  muqueuse ou gingivale (ulcération, bourgeon nodule, fissure);
  • Des troubles de la déglutition : dysphagie, une glossodynie souvent associée à une otalgie ;
  • Gène à l’élocution témoignant souvent d’un envahissement lingual important ;
  • Une ou des adénopathies cervicales dures 
  • Des saignements, le plus souvent peu abondants, à type de crachats sanguinolents.
  1.   FORMES CLINIQUES DES CARCINOMES EPIDERMOIDES
  • Malgré que la cavité buccale soit  facilement accessible à l’examen clinique direct, le diagnostic des carcinomes épidermoïdes de la muqueuse buccale est souvent fait trop tardivement. 
  • Pour les 2/3 des malades, la lésion n’est diagnostiquée que si elle  atteint le stade T2, voire T3 ou T4, et il existe déjà des métastases ganglionnaires cervico-faciales dans la moitié des cas.
  •  Ce retard diagnostique modifie le pronostic. 

Classiquement, il existe trois formes cliniques principales de carcinomes épidermoïdes dans la cavité buccale :

–  la forme ulcéreuse

–  la forme ulcéro-végétante

–  la forme végétante

On trouve également quelques formes atypiques plus rares comme :

– la forme ulcéreuse atypique

– la forme fissuraire

–  la forme en nappe (étendue en surface)

la forme infiltrante 

–  la forme interstitielle

Initialement, le carcinome épidermoïde n’est pas douloureux et la douleur n’apparait que tardivement. La muqueuse au voisinage de la tumeur peut avoir un aspect normal mais, le plus souvent, elle est érythémateuse ou kératosique.

Nous ne traiterons ici que la forme ulcéreuse et la forme végétante.

1. La forme ulcéreuse : c’est une forme fréquente ; elle se caractérise par :

  –  un bord plus ou moins irrégulier, induré, surélevé, parfois éversé. Ce bord présente deux versants :

  •  Un  externe  recouvert par une muqueuse saine ou congestive 
  •  Et un   interne se prolonge avec le fond de l’ulcération.

–  une base indurée, plus ou moins étendue en profondeur, qui déborde toujours largement les limites de l’ulcération. Cette lésion saigne le plus souvent facilement au contact surtout à un stade avancé. La douleur est généralement absente.

 2. La forme végétante ou exophytique 

Elle se présente sous l’aspect bourgeonnant, plus ou moins épais, en saillie sur la muqueuse saine. 

3. Forme ulcéro-végétante 

C’est la forme la plus fréquente. Elle associe les deux aspects précédemment décrits.

  1. Diagnostic différentiel :

  Diagnostic différentiel : se fait avec  

– L’ulcération traumatique 

– Aphtes géants,

– les ulcérations syphilitiques ou tuberculeuses

– Un carcinome gingivo alvéolaire confondu avec une   parodontopathie chronique.    

LES CARCINOMES EPIDERMOIDES DE LA MUQUEUSE BUCCALE

Diagnostic positif : basé sur 

  • La clinique 
  • Les radiographies 
  • Les examens biologiques 
  • La biopsie 

V. Les formes topographiques :

1. Cancers de la langue :

Souvent pris comme type de description des cancers de la cavité buccale. Ce sont des carcinomes épidermoïdes dans 90% des cas. 

Carcinome de la portion mobile de la langue :

  • Les formes ulcéro végétante sont  fréquentes ou bourgeonnantes pures, un nodule interstitiel est très rare;

 Cancers de la base de la langue :

  • Ils siègent en arrière du V lingual. Les signes d’appel sont discrets et un diagnostic précoce est exceptionnel. 
  • Diagnostic tardif: La lésion échappe à l’examen visuel direct et les signes d’appel sont discrets et peu évocateurs. Lorsqu’ils existent: 
  • otalgie intermittente, 
  • limitation de la protraction linguale ;
  • déviation de la langue du côté atteint;
  • Adénopathies fréquentes;

2. Cancers du plancher buccal :

Plancher buccal antérieur :

  • Il est d’un accès aisé à l’examen.
  • Les carcinomes y revêtent un aspect ulcéreux, moins souvent végétant, parfois fissuraire.
  • Dans les formes pelvi-gingivales, volontiers fissuraires, l’extension se fait vers le sillon pelvi-linguale et la face inférieure de la langue mobile, mais aussi vers la table interne de la mandibule ; la progression franchit alors la crête et gagne la muqueuse vestibulaire, puis la lèvre inférieure, plus rapidement chez l’édenté.

Plancher buccal postérieur :  

  • La symptomatologie est souvent dominée par une difficulté à la protraction de la langue, des difficultés de déglutition;
  • Les otalgies réflexes sont très fréquentes. 
  • L’apparition d’un trismus marque l’envahissement du muscle ptérygoïdien médial.

 3. Cancers des lèvres : 

Cancer de la lèvre inferieure : 

  • Son siège de prédilection est le vermillon de la lèvre inférieure. 
  • Il se présente sous la forme d’une lésion ulcéreuse, ulcéro-végétante ou ulcérée et croûteuse ( forme fréquente des carcinomes des lèvres) sur une lésion précancéreuse d’aspect dyskératosique, souvent secondaire à la cigarette. 
  • -Le diagnostic est précoce. 
  • -Le pronostic est bon et l’extension ganglionnaire ne s’observe qu’en cas de prise en charge tardive. 

Cancers de la lèvre supérieure :

  • Ils sont rares : 5% des cancers des lèvres.
  • On rencontre, dans cette zone, plus de lymphomes et des tumeurs nodulaires interstitielles sur glandes salivaires accessoires.

4.  Cancers de la muqueuse de la face interne de la joue :

  • La forme végétante est la plus fréquente. 
  • L’origine  traumatique (dent délabrée ou prothèse agressive), lésion précancéreuse blanche, dysplasie ou lichen.
  • Du fait d’une extension rapide aux parties molles et d’une dissémination ganglionnaire cervicale précoce, le cancer de la face interne de la joue est de mauvais pronostic.

LES CARCINOMES EPIDERMOIDES DE LA MUQUEUSE BUCCALE

5. Cancers des sillons vestibulaires :

  • Les carcinomes des vestibules sont rares 
  • Ils intéressent surtout les régions moyennes et postérieures du vestibule inférieur;
  • Les lésions précancéreuses sont fréquentes;
  • Les adénopathies sont en général précoces, présentes dans 50% des cas au premier examen;
  • L’extension se fait en profondeur vers les parties molles et dans l’os adjacent 

6. Cancers des gencives :

  • fréquents ;
  • le plus souvent l’aspect  ulcéro-bourgeonnant est confondu avec un état parodontal défectueux;
  • Dans les formes gingivo-mandibulaires, l’envahissement osseux peut être responsable d’une anesthésie dans le territoire du V3.
  • un examen radiologique est nécessaire, à la recherche d’un envahissement osseux.

7. Carcinome de la muqueuse palatine :

  • Il est très rare, si l’on exclut l’envahissement secondaire d’un carcinome de voisinage (gencive, voile).
  • C’est surtout dans cette région que se voient les tumeurs des glandes salivaires accessoires : carcinomes muco-épidermoïde et carcinomes adénoïdes kystiques.

Conclusion

Le pronostic des cancers des voies aérodigestives supérieures reste très péjoratif.

Actuellement nous n’obtiendrons de meilleurs résultats que par la Prévention, cette dernière passe par :

  • Une sensibilisation des populations à risque afin d’instaurer des consultations régulières.
  • L’instauration  de compagnes anti-tabac et anti- alcool, en espérant une prise de conscience des populations ;

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