Le trauma occlusal et étiologie fonctionnelle des parodontites

Le trauma occlusal et étiologie fonctionnelle des parodontites

Le trauma occlusal et étiologie fonctionnelle des parodontites

I- Introduction

La maladie parodontale d’ordre inflammatoire est définie comme une maladie infectieuse multifactorielle. La plaque bactérienne demeure la cause principale déclenchant la maladie, dont l’action peut être exacerbée par d’autres facteurs étiologiques tels que les forces traumatogènes. Les forces traumatogènes sont considérées comme un facteur étiologique aggravant l’évolution des maladies parodontales.

II- Rappels

Les forces

La force est définie comme étant l’action d’un corps sur un autre corps. Les sollicitations fonctionnelles de l’organe dentaire par le biais de forces occlusales sont nécessaires pour la santé de celui-ci, tant que lesdites forces respectent le seuil d’adaptation de l’organe dentaire. Dans le cas contraire, les forces sont dites traumatogènes.

III- Définition du trauma occlusal

Le trauma d’origine occlusale est une lésion tissulaire aseptique d’origine dysfonctionnelle entraînant :

  • des pertes de substance tissulaire,
  • des modifications morphologiques de certains organes,
  • des réactions inflammatoires aseptiques,
  • des phénomènes douloureux divers,
  • des troubles fonctionnels.

Selon STILMAN (1919)

Il s’agit d’une « situation où le fait d’amener les mâchoires au contact étroit l’une de l’autre aboutit à l’apparition d’une lésion des structures de soutien des dents ».

Selon l’OMS

Le trauma occlusal est défini comme « une lésion du parodonte provoquée par une contrainte produite s’exerçant sur la dent directement ou indirectement par les dents de la mâchoire opposée ».

Formes de trauma occlusal

On distingue plusieurs formes :

  • Trauma occlusal primaire : une lésion confinée au parodonte profond, installée sur un parodonte initialement sain sans atteinte inflammatoire d’origine infectieuse.
  • Trauma occlusal secondaire : observé sur un parodonte déjà réduit par la maladie parodontale inflammatoire d’origine infectieuse.

IV- Étiologie du trauma occlusal

1- Facteurs augmentant l’importance ou la fréquence des forces occlusales

  • Contacts occlusaux répétitifs liés à des parafonctions (ex. : bruxisme, interposition d’un objet entre les dents, etc.).
  • Artifices prothétiques ou orthodontiques fixes ou amovibles, et restaurations dentaires iatrogènes.

2- Facteurs modifiant la direction des forces occlusales

  • Prématurités et interférences occlusales, surtout déductives du côté non travaillant.
  • Parafonctions dans des positions très excentrées.
  • Migrations et versions dentaires.

3- Facteurs diminuant la résistance du parodonte aux forces occlusales

  • Rôle de la nutrition : des carences majeures en protéines, calcium et vitamines D peuvent accentuer la gravité d’un trauma occlusal.
  • Effets de l’âge sur les tissus de soutien (vieillissement).
  • Perte d’os alvéolaire et de support ligamentaire à la suite d’une parodontite.
  • Perte d’un certain nombre de dents, répartissant la totalité de la charge occlusale sur un nombre réduit de dents.

4- Association de ces trois facteurs

Ces trois facteurs sont souvent associés.

V- Les différentes phases d’évolution du trauma occlusal (histopathogénie)

Le trauma occlusal se développe en trois phases :

1- Phase de lésion (dégénérescence)

La force occlusale excessive provoque des transformations graduelles dans :

  • Le desmodonte : compression des fibres accompagnée de thrombose vasculaire, hémorragie, suivie d’hyalinisation et de nécrose du ligament.
  • L’os alvéolaire : résorption ostéoclasique accrue.
  • Substance dentaire : dans certains cas, résorption.

2- Phase de résorption

Un parodonte lésé par une force traumatogène doit subir une réparation pour compenser les pertes tissulaires. Tant que le dommage n’excède pas la capacité réparatrice des tissus, la réparation a lieu. Sinon, la lésion s’installe. Parfois, du cartilage se développe dans les espaces desmodontaux à la suite du traumatisme.

3- Phase d’adaptation

Si la réparation ne compense pas la destruction, le parodonte est remodelé pour créer une relation structurelle où les forces ne lèsent plus les tissus. Cela entraîne :

  • un élargissement de l’espace desmodontal en entonnoir au niveau de la crête,
  • des lésions dans l’os,
  • une mobilité des dents atteintes.

VI- Sémiologie du trauma occlusal

1- Signes subjectifs

a- Douleurs parodontales

  • Mal définies, parfois immédiates après une surcharge brutale.
  • Provoquées par le contact interdentaire ou à la percussion.

b- Douleurs pulpaires

  • Provoquées par le froid, dues à l’hyperhémie veineuse et à l’augmentation de la pression sanguine intrapulpaire.
  • Nécroses pulpaires possibles sur des dents soumises à un fort traumatisme occlusal.
  • Hypersensibilités disparaissant après élimination du traumatisme.

2- Signes cliniques

  • Mobilité dentaire
  • Facettes d’usure
  • Fractures coronaires
  • Migration dentaire
  • Abcès parodontaux
  • Modifications gingivales :
    • Bourrelet de Mac Call : hypertrophie semi-linéaire isolée de la gencive marginale.
    • Fissure de Stilman : fissuration de la gencive marginale sur un ou deux côtés.
    • Récession gingivale.
  • Modifications musculaires : tension musculaire (spasme) douloureux due à une hyperactivité musculaire réflexe.
  • Modifications au niveau de l’ATM : douleurs, craquements, claquements.

3- Signes radiologiques

  • Résorption radiculaire.
  • Racines coudées et effilées.
  • Fractures radiculaires (transversales ou longitudinales selon Ramfjord).
  • Hypercémentose : cementose atypique au tiers apical des dents surchargées (image en « baguette de tambour »).
  • Altération de la lamina dura : épaississement irrégulier ou disparition localisée/totale.
  • Élargissement de l’espace desmodontal.
  • Zones de condensation et de radiotransparence osseuse.
  • Calcification pulpaire.

VII- Lien entre l’inflammation et le trauma occlusal

1- Concept de Glickman

Glickman considérait le trauma occlusal comme un facteur de co-destruction accélérant la destruction des tissus parodontaux induite par l’inflammation gingivale, transformant une gingivite en parodontite. Il distingue deux zones pathologiques :

a- Zone d’irritation

  • Région au-delà du rebord alvéolaire (gencive marginale, papillaire, sillon gingivo-dentaire).
  • Limitée par les fibres transeptales, dernier barrage contre l’invasion chimio-bactérienne.
  • Non affectée par les forces occlusales tant que l’inflammation reste gingivale.

b- Zone de co-destruction

  • Située sous le rebord alvéolaire et les fibres transeptales (os alvéolaire, desmodonte, cément).
  • Si l’inflammation gingivale atteint cette zone :
    • Avec une force occlusale normale : lyse osseuse horizontale, poche supra-osseuse.
    • Avec une force excessive : lyse osseuse angulaire, poche infra-osseuse (parodontite complexe).

2- Concept de Waerhaug (1979)

Waerhaug montre que la résorption osseuse dépend principalement de l’extension apicale de la plaque bactérienne le long de la surface radiculaire. Il conclut que :

  • La résorption osseuse survient lorsque les dépôts microbiens s’approchent à 0,5-1,5 mm de la surface osseuse.
  • L’extension bactérienne entraîne une résorption horizontale ou angulaire selon l’épaisseur du septum interdentaire.

IX- Traitement du trauma occlusal

1- Thérapeutiques préventives

Suppression des facteurs étiologiques avant qu’ils ne provoquent une lésion.

2- Traitement d’urgence

[Non détaillé dans le texte fourni.]

3- Traitement curatif

  • Suppression des causes.
  • Traitement des lésions via :
    • Traitement symptomatique.
    • Traitement fonctionnel (équilibration occlusale).

Conclusion

Le trauma occlusal est une lésion difficile à mettre en évidence. Son rôle dans la pathogénie des maladies parodontales reste sujet à controverses. Cela nécessite une attention particulière lors de l’examen clinique pour identifier tout facteur étiologique susceptible de traumatiser le parodonte.

Le trauma occlusal et étiologie fonctionnelle des parodontites

  Une occlusion équilibrée est cruciale pour la santé bucco-dentaire à long terme.
Le contrôle de la plaque dentaire reste la clé de la prévention des parodontopathies.
L’utilisation correcte de la digue en caoutchouc améliore la qualité des soins endodontiques.
Une anamnèse détaillée permet d’éviter de nombreuses complications en chirurgie orale.
Les matériaux dentaires évoluent rapidement, nécessitant une veille technologique constante.
La gestion du stress pré-opératoire fait partie intégrante de la relation patient-praticien.
L’analyse céphalométrique reste un outil fondamental en orthodontie diagnostique.
 

Le trauma occlusal et étiologie fonctionnelle des parodontites

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