Le scellement des sillons, puits et fissures

Le scellement des sillons, puits et fissures

Le scellement des sillons, puits et fissures

Le scellement des sillons, puits et fissures

Définition et principes du scellement des puits et fissures

Qu’est-ce que le scellement des puits et fissures ?

Le scellement des sillons, puits et fissures, communément appelé « sealant », est une mesure préventive en odontologie visant à empêcher l’apparition ou la progression des lésions carieuses initiales. Cette technique consiste à appliquer un matériau protecteur sur les surfaces dentaires vulnérables, créant ainsi une barrière physique étanche qui empêche les bactéries cariogènes et les débris alimentaires de s’accumuler dans les zones à risque.

L’efficacité du scellement repose sur un diagnostic précis et un protocole opératoire rigoureux. En posant le sealant précocement, on protège les surfaces dentaires contre les agressions bactériennes, réduisant ainsi significativement le risque de caries, particulièrement sur les dents permanentes immatures. Cette approche s’inscrit dans une stratégie globale de prévention, complémentaire à d’autres mesures comme la fluoration et une bonne hygiène bucco-dentaire.

Objectifs du scellement

Le scellement a pour objectif principal de :

  • Prévenir l’apparition des caries en protégeant les zones dentaires difficiles à nettoyer.
  • Arrêter la progression des lésions carieuses initiales en isolant les surfaces affectées.
  • Prolonger la durée de vie des dents en maintenant leur intégrité structurelle.

Cette technique est particulièrement pertinente pour les enfants et les adolescents, dont les dents permanentes, récemment eruptées, sont plus vulnérables en raison de leur immaturité.

Localisations préférentielles des atteintes carieuses

Surfaces occlusales : une zone à haut risque

Les surfaces occlusales des molaires, caractérisées par leurs sillons, puits et fissures, sont les zones les plus fréquemment touchées par les caries. Plus des deux tiers des enfants présentant des caries ont des lésions localisées sur ces surfaces. Les sillons occlusaux, souvent profonds et anfractueux, favorisent l’accumulation de plaque dentaire et de bactéries, rendant le nettoyage par brossage ou par des moyens naturels (comme l’auto-nettoyage par la salive) moins efficace.

Autres localisations à risque

Outre les surfaces occlusales, d’autres zones sont également vulnérables :

  • Sillons vestibulaires des molaires mandibulaires (dents 36 et 46) : Ces sillons, situés sur la face externe des molaires inférieures, sont souvent étroits et difficiles à nettoyer.
  • Sillons palatins des molaires maxillaires (dents 16 et 26) : Situés sur la face interne des molaires supérieures, ils présentent des caractéristiques similaires aux sillons occlusaux, avec une morphologie favorisant la rétention de débris.

Dans ces régions, les mesures de prévention classiques, comme l’application de fluor, montrent une efficacité moindre. Le scellement des sillons constitue alors une solution de choix pour protéger ces surfaces.

Susceptibilité particulière des dents permanentes immatures

Maturation de l’émail

L’émail des dents permanentes récemment eruptées nécessite une période de maturation post-éruptive d’environ 2 à 3 ans. Durant cette phase, l’émail est moins minéralisé et plus poreux, ce qui le rend particulièrement vulnérable aux attaques acides des bactéries cariogènes. De plus, au fond des sillons, les prismes d’émail ne sont pas toujours coalescents, ce qui augmente encore cette susceptibilité.

Morphologie des sillons

La forme et la profondeur des sillons jouent un rôle déterminant dans la vulnérabilité des dents :

  • Sillons larges : Ils permettent un meilleur auto-nettoyage par la salive et le brossage, réduisant le risque carieux.
  • Sillons étroits ou en goutte d’eau : Ces morphologies favorisent l’accumulation de plaque et limitent l’efficacité du nettoyage, augmentant le risque de caries.

Une morphologie occlusale complexe, dite « tourmentée », empêche l’auto-nettoyage naturel des surfaces dentaires, rendant les dents permanentes immatures particulièrement sujettes aux caries précoces. Le scellement mécanique devient alors la thérapeutique préventive de choix pour protéger ces dents.

Les différents types de scellements

Scellement préventif

Le scellement préventif est réalisé sur des sillons sains, sans signes de lésions carieuses. Cette procédure ne nécessite aucune préparation invasive de la surface dentaire, car l’objectif est de protéger une dent intacte avant que des lésions ne se développent.

Scellement invasif (fissurotomie)

Le scellement invasif, ou fissurotomie, est indiqué lorsque les sillons présentent une coloration suspecte ou des signes de lésions carieuses initiales. Cette technique implique une préparation mécanique du sillon à l’aide d’une fraise pour éliminer les tissus douteux et élargir le sillon, facilitant ainsi l’application du sealant. La fissurotomie améliore l’adhésion du matériau et permet une meilleure pénétration dans les zones à risque.

Indications du scellement

Paramètres à considérer

La décision de poser un sealant repose sur plusieurs critères :

  • Nettoyage professionnel préalable : Les surfaces dentaires doivent être parfaitement propres pour garantir une bonne adhésion du sealant.
  • Type de dents : Les molaires permanentes (immatures ou matures), les prémolaires, et parfois les incisives latérales maxillaires ou les molaires temporaires.
  • Âge du patient : Le scellement est particulièrement recommandé pour les dents en phase d’éruption ou récemment eruptées.
  • Morphologie des sillons : Les sillons étroits ou complexes nécessitent un scellement.
  • Risque carieux individuel : Une évaluation précise du risque carieux guide la décision.
  • Diagnostic des caries : Les dents saines ou avec des lésions carieuses initiales sont des candidates idéales.

Quelles dents sceller ?

Les dents les plus fréquemment ciblées pour le scellement incluent :

  • Molaires permanentes : Les premières molaires (éruption vers 6 ans, immatures jusqu’à 8 ans) et les secondes molaires (éruption vers 12 ans) sont prioritaires, tant qu’elles restent saines.
  • Prémolaires : Les sillons occlusaux des prémolaires peuvent également bénéficier d’un scellement.
  • Incisives latérales maxillaires : Les sillons palatins de ces dents peuvent être scellés dans certains cas.
  • Molaires temporaires : Bien que moins fréquentes, elles peuvent être scellées selon certains auteurs, notamment en cas de risque carieux élevé.

Âge optimal pour le scellement

Le scellement est idéalement réalisé dès que la dent est suffisamment eruptée pour permettre une isolation adéquate :

  • Premières molaires : Scellement recommandé dès l’âge de 6 ans, lorsque la dent commence à apparaître, jusqu’à l’âge adulte si elle reste saine.
  • Secondes molaires : Scellement possible entre 12 et 25 ans, selon l’état de la dent.

Morphologie des sillons

La morphologie des sillons influence directement la décision de sceller :

  • Sillons larges : Moins à risque, ils ne nécessitent généralement pas de scellement.
  • Sillons étroits ou en goutte d’eau : Ils doivent être scellés en raison de leur susceptibilité aux caries.
  • Sillons bruns ou douteux : Ils nécessitent une fissurotomie avant scellement pour éliminer tout risque de lésion sous-jacente.

Évaluation du risque carieux

Le scellement est particulièrement indiqué dans les cas suivants :

  • Risque carieux élevé : Toute dent permanente non cariée dans un contexte de risque carieux élevé doit être scellée.
  • Sillons anfractueux : Même en cas de faible risque carieux, les sillons complexes justifient un scellement.
  • Conditions médicales particulières : Les patients présentant des troubles médicaux, physiques ou intellectuels, qui limitent leur capacité à maintenir une hygiène bucco-dentaire optimale, bénéficient grandement du scellement.
  • Sealants thérapeutiques : En cas de lésions carieuses précoces, le scellement peut arrêter leur progression, sous réserve d’une surveillance stricte.

Diagnostic des caries

Un diagnostic précis est essentiel avant la pose d’un sealant. Ce diagnostic repose sur :

  • Examen clinique : Nettoyage et séchage minutieux de la dent pour observer les sillons.
  • Éclairage et grossissement : L’utilisation d’optiques grossissantes et d’un éclairage adéquat améliore la précision du diagnostic.
  • Outils complémentaires : La transillumination par fibre optique, le laser à fluorescence ou la caméra intra-orale peuvent aider à détecter les lésions précoces.

Indications complémentaires

Outre les indications classiques, le scellement peut être utilisé dans des contextes spécifiques :

  • Anomalies de l’émail : Les dents présentant des défauts d’émail (hypoplasie, dysplasie) bénéficient d’une protection supplémentaire par scellement.
  • Traitement orthodontique (ODF) : Le scellement peut être réalisé avant ou après la pose de bagues orthodontiques pour protéger les surfaces dentaires.
  • Scellement périphérique des bagues : Cela réduit le risque de caries autour des appareils orthodontiques.
  • Scellement complémentaire : Après la pose de composites, les sillons accessoires peuvent être scellés pour une protection accrue.
  • Restauration ancienne : Les marges d’une restauration existante peuvent être scellées pour prévenir les infiltrations carieuses.

Contre-indications

Le scellement n’est pas indiqué dans les cas suivants :

  • Dents partiellement eruptées : Si la dent n’est pas totalement sur l’arcade ou si une isolation adéquate est impossible (par exemple, en raison de tissu gingival recouvrant partiellement la couronne).
  • Dents cariées avec cavitation : Les lésions carieuses avancées avec atteinte dentinaire nécessitent un traitement restaurateur plutôt qu’un scellement.

Choix des matériaux

Qualités requises des matériaux

Pour être efficaces, les matériaux de scellement doivent répondre à plusieurs critères :

  • Adhésion à l’émail : Une forte adhérence garantit la rétention à long terme.
  • Manipulation aisée : Les matériaux doivent être faciles à appliquer en clinique.
  • Bonne fluidité : Pour pénétrer efficacement dans les sillons étroits.
  • Polymérisation rapide : Pour réduire le temps opératoire.
  • Résistance à l’abrasion : Pour supporter les forces occlusales.
  • Biocompatibilité : Les matériaux doivent être non toxiques et sans risques pour les tissus buccaux.
  • Possibilité de réévaluation : Les sealants doivent permettre un contrôle visuel et clinique régulier.

Matériaux pour le scellement préventif

  • Résines bis-GMA : Ces résines, sans bisphénol A, sont les plus couramment utilisées pour leur excellente adhésion et durabilité.
  • Verres ionomères : Les ciments verres ionomères, comme le GC Fuji VII®, libèrent du fluor, ce qui renforce leur effet protecteur. Ils sont souvent utilisés de manière transitoire sur des dents en cours d’éruption, bien que leur rétention soit moins durable.

Matériaux pour le scellement invasif

  • Composites fluides (« flow ») : Ces matériaux, chargés et combinés à un adhésif, sont idéaux pour les fissurotomies en raison de leur fluidité et de leur capacité à pénétrer les sillons préparés.

Protocole opératoire

Nettoyage des surfaces dentaires

Un nettoyage professionnel est essentiel pour garantir l’adhésion du sealant. Les méthodes incluent :

  • Brossage avec dentifrice : Pour éliminer la plaque dentaire.
  • Pâte prophylactique abrasive : Pour nettoyer en profondeur les sillons.
  • Sono-abrasion : Utilisation d’ultrasons pour préparer la surface.
  • Aéro-abrasion : Projection d’oxyde d’alumine pour nettoyer et texturer la surface.
  • Fissurotomie : Ouverture mécanique des sillons à la fraise, recommandée pour les sillons douteux ou bruns. Cette étape élargit le sillon, facilite le mordançage et améliore la rétention du sealant.

Isolation

Une isolation rigoureuse est cruciale pour éviter la contamination salivaire, qui compromettrait l’adhésion. Les outils utilisés incluent :

  • Rouleaux salivaires : Pour absorber la salive.
  • Champ opératoire : Pour isoler la dent et maintenir un champ sec.

Mordançage

  • Acide phosphorique 37 % : Appliqué sous forme de gel ou de liquide pendant 30 à 40 secondes (15 secondes pour les dents immatures).
  • Zone d’application : Le mordançage doit couvrir les pentes cuspidiennes pour une adhésion optimale.
  • Effet : Élimine environ 95 % des bactéries cariogènes et prépare la surface pour l’adhésif.
  • Rinçage et séchage : Rinçage à l’eau pendant 20 à 30 secondes, suivi d’un séchage à l’air jusqu’à obtenir un aspect blanc crayeux, signe de déminéralisation.

Application de l’adhésif et du sealant

  • Adhésif : Appliqué pour renforcer l’adhésion du sealant, particulièrement dans le cas des sealants invasifs.
  • Mise en place du sealant : Injecté lentement à l’aide d’un embout fin pour éviter les bulles. Le sealant est ensuite « agité » avec une sonde ou un pinceau pour assurer sa pénétration dans les sillons.
  • Polymérisation : Après une attente de 20 secondes pour permettre la pénétration, le sealant est polymérisé à l’aide d’une lampe à photopolymériser.

Contrôle post-opératoire

  • Rétention : Vérifiée en passant une sonde sur le sealant pour s’assurer qu’il est bien fixé.
  • Occlusion : Contrôlée pour éviter tout déséquilibre occlusal.
  • Sealants photochromatiques : Ces matériaux, qui changent de couleur à la lumière, facilitent la visualisation de l’adaptation du sealant.

Suivi

Fréquence des contrôles

  • Patients à risque carieux élevé : Contrôle tous les 12 mois maximum.
  • Doutes sur l’isolation ou le protocole : Contrôle à 6 mois pour s’assurer de la rétention et de l’efficacité du sealant.

Facteurs de succès

Un pronostic favorable dépend de plusieurs éléments :

  • Respect des indications : Le scellement doit être réalisé sur les bonnes dents et au bon moment.
  • Rigueur du protocole : Une application minutieuse garantit une bonne rétention.
  • Taux de rétention : Environ 67 % à 5 ans, nécessitant un renouvellement périodique.
  • Association avec d’autres mesures : La fluoration topique et une bonne hygiène bucco-dentaire renforcent l’efficacité du scellement.
  • Gestion du risque alimentaire : Une alimentation équilibrée réduit le risque carieux.

Sealants et vernis fluoré

Des études montrent que l’association du scellement avec l’application de vernis fluoré prolonge la protection des molaires contre les caries. Cette combinaison, alliée à une hygiène bucco-dentaire rigoureuse, constitue une stratégie optimale pour prévenir la pathologie carieuse.

Conclusion

Dans le cadre de l’odontologie moderne, la prévention occupe une place centrale, particulièrement en odontologie pédiatrique. Le scellement des sillons, puits et fissures des molaires permanentes est une technique simple, rapide et hautement efficace pour protéger les dents des caries occlusales. Cependant, son succès repose sur un diagnostic précis, une application rigoureuse et un suivi régulier.

Le scellement ne doit pas être considéré comme une solution isolée. Il s’inscrit dans une approche globale de prévention, combinant une hygiène bucco-dentaire rigoureuse, une alimentation équilibrée, des applications de fluor et des contrôles réguliers. Les praticiens doivent également sensibiliser les patients et leurs parents à l’importance de ces mesures pour garantir la pérennité des sealants et la santé des structures dentaires.

En protégeant les dents permanentes immatures dès leur éruption, le scellement contribue à préserver leur intégrité à long terme, réduisant ainsi le besoin d’interventions restauratrices plus invasives. Cette technique, lorsqu’elle est bien exécutée, représente un pilier essentiel de la prévention dentaire.

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