Le Parodonte de l'Enfant / Odontologie Pédiatrique

Le Parodonte de l’Enfant / Odontologie Pédiatrique

Le Parodonte de l’Enfant / Odontologie Pédiatrique

Introduction

Le parodonte de l’enfant reste une structure encore peu connue. L’observation de situations pathologiques chez l’adulte a conduit les parodontologistes à rechercher chez l’enfant leurs éventuelles origines, et les particularités du parodonte de l’enfant.

Rappel sur le Parodonte et ses Constituants

Le parodonte (du grec para, à côté de, et odontos, dent) est un organe dont la mission est de maintenir les dents solidement et durablement attachées aux maxillaires et de les mettre en relation avec le reste de l’organisme. Il est constitué d’un ensemble de quatre tissus de nature conjonctive.

Figure 1 : Les constituants du parodonte (Bercy. C, Tenebaum. H, 1996)

Parodonte Sain de l’Enfant

L’architecture parodontale de l’enfant est étroitement liée à l’évolution de la dentition qui s’étend de l’éruption de la première incisive temporaire (6 mois) à la mise en occlusion de la deuxième molaire permanente (14 ans). De ce fait, les tissus parodontaux de l’enfant sont différents par leur aspect, par leur physiologie et par leur résistance face aux gingivites. La limite marginale a un aspect ourlé et épais. Ce contour est en relation avec l’anatomie cervicale, la proéminence des bombés vestibulaires, l’étranglement cervical et la présence fréquente de diastèmes.

Parodonte en Denture Temporaire

D’un Point de Vue Anatomique

  • La gencive marginale
    La gencive marginale de la dent temporaire en période stable est rose, souvent décrite comme plus rouge que celle de l’adulte, du fait du réseau capillaire abondant. Elle est de consistance ferme et élastique et d’aspect lisse ou finement granité. La gencive marginale présente une forme arrondie et non en lame de couteau comme chez l’adulte, elle parait également plus volumineuse.
  • La gencive attachée
    La hauteur de la gencive attachée est plus importante au maxillaire par rapport à la mandibule et augmente avec l’âge. La hauteur la plus importante se situe au niveau des incisives où elle peut atteindre 6 mm et, elle diminue en allant vers les molaires temporaires où elle n’est plus que de 1 mm.
Figure 2 : Parodonte sain en denture temporaire (Naulin-Ifi. C, 2011)
Figure 3: a) Photographie intra-buccale d’un adulte. b) Photographie intra-buccale d’un enfant.
  • Le sulcus
    Une fois la dent temporaire en place, le sulcus est moins profond que celui de la dent permanente. Il a une profondeur constante d’environ 1 mm au niveau des dents temporaires, ce qui le rend d’ailleurs peu sensible aux germes anaérobies.

D’un Point de Vue Histologique

  • L’épithélium gingival
    Généralement, cet épithélium est kératinisé ; néanmoins, au niveau de certains sites dentaires, il peut ne pas être kératinisé, sans pour autant être qualifié de pathologique. Quand l’épithélium présente une couche de kératine, il est dit orthokératinisé ou parakératinisé en fonction de la maturation des kératinocytes qui représentent les cellules majoritaires. Il est plus mince et plus translucide, car il est moins kératinisé que chez l’adulte.
  • L’épithélium de jonction
    Il est appelé l’attache épithéliale, située sous le fond du sillon gingival contre la surface de la dent. Il se compose de quelques couches de cellules épithéliales squameuses de type basal ou supra-basal parallèles à la surface dentaire et interposées entre la dent et le tissu conjonctif gingival. Il semble moins haut que pour les dents définitives. Il est par contre plus épais et permet ainsi de diminuer la perméabilité des structures épithéliales aux toxines bactériennes.
  • Le ligament alvéolo-dentaire (ou desmodonte)
    Chez l’enfant, on retrouve dans le desmodonte des résidus de la gaine Hertwig ou de l’épithélium de l’organe de l’émail. On note aussi la présence de faisceaux de fibres de collagène moins nombreux et une vascularisation importante du desmodonte de l’enfant.
  • Le chorion gingival
    Le chorion gingival de l’enfant, dont la nature est proche de celle de l’adulte, présente une hydratation accrue, une quantité supérieure de collagène soluble et une activité accrue des fibroblastes. La cellularité du tissu conjonctif est augmentée par rapport à l’équivalent adulte avec une moindre quantité de cellules inflammatoires sous l’épithélium de jonction. Enfin, son réseau capillaire plus abondant confère à la gencive une couleur plus rouge.
  • Le cément
    Sa densité et son épaisseur sont moindres que celles des dents permanentes. Il est de type acellulaire dans la zone coronaire et cellulaire dans la région apicale.
  • L’os alvéolaire
    On constate à la radiographie que la lamina dura est plus mince que pour l’adulte. La minéralisation est moins dense et les trabéculations sont moins nombreuses. Il est parcouru par une vascularisation sanguine et lymphatique dense. Les corticales sont fines, en particulier au niveau des secteurs antérieurs. Les crêtes alvéolaires peuvent être convexes ou plates, surtout si elles sont associées à des diastèmes qui sont fréquents chez les enfants. L’os alvéolaire obéit aux lois de la physiologie osseuse. Par sa trame collagénique calcifiée, il apporte une certaine rigidité à l’ensemble, ce qui permet le calage de la dent. Il assure aussi la fixation des fibres ligamentaires et constitue un tissu de soutien pour le tissu gingival. Il est en remaniement important au moment de l’éruption des dents temporaires, pendant les premiers contacts occlusaux et au cours de la résorption.

D’un Point de Vue Physiologique

  • La gencive
    L’éruption des dents temporaires, qui est un processus physiologique, s’accompagne souvent de modifications gingivales physiologiques qu’il ne faut pas associer à une pathologie.

Parodonte en Denture Mixte

D’un Point de Vue Anatomique

  • La gencive marginale
    Elle est plus inflammatoire. Elle est décrite comme épaisse, ourlée, flasque et rouge. Le contour gingival est irrégulier en raison des éruptions dentaires successives. Elle réagit très rapidement aux agressions locales comme la plaque dentaire, mais aussi les dispositifs orthodontiques ou encore les obturations iatrogènes. Les conditions d’émergence influencent grandement la qualité de ce tissu gingival. Ainsi, une évolution ectopique d’une dent permanente fragilise le parodonte en formation.
  • Le sulcus
    Sa profondeur augmente chez l’enfant et le jeune adolescent. Cette augmentation est d’abord liée à l’âge et, dans un degré moindre, à la réaction inflammatoire.
Figure 4 : Parodonte sain en denture mixte (Naulin-Ifi .C ; 2011)
Figure 5 : Variations de l’anatomie de la gencive en fonction de l’âge : deux situations cliniques chez une même patiente. (Dridi.S.M ; 2013)
a. Gencive en denture temporaire chez une fille âgée de cinq ans.
b. Gencive en fin de denture mixte chez la même fille, sa gencive est légèrement enflammée.

D’un Point de Vue Histologique

  • La composante gingivale du parodonte
    Avec l’âge et la proximité de l’exfoliation de la dent temporaire, l’augmentation de la profondeur du sulcus est liée à une migration de l’attache épithéliale sous la surface résorbée. De plus, cette longue attache épithéliale de la dent permanente en éruption pourrait créer une poche profonde servant de niche écologique aux bactéries pathogènes. On aurait alors un risque accru d’une implication des tissus profonds.
  • La composante alvéolaire du parodonte
    En fonction du stade de résorption de la dent temporaire et du stade d’édification radiculaire de la dent permanente, l’os présente des images d’appositions ou de résorptions. Ces phénomènes sont régulés par le follicule dentaire avec comme intermédiaire des précurseurs d’ostéoclastes. L’image de la crête osseuse est donc variable au cours de l’éruption. Elle peut être rectiligne, oblique, linéaire ou concave.
Figure 6 : Parodonte sain : aspect radiologique des crêtes alvéolaire (NAULIN-IFI. C, 2011)

D’un Point de Vue Physiologique

  • L’éruption dentaire
    Elle se divise en trois étapes qui s’accompagnent de modifications gingivales :
    1. Tout d’abord, une augmentation du volume gingival localisé donnant un aspect œdématié à la gencive et une coloration rouge.
    2. Ensuite, lors de la phase éruptive, on observe la formation d’un rebord gingival d’apparence œdémateuse, rouge et arrondie. Le sulcus peut alors atteindre jusqu’à 3 mm de profondeur suite à l’accroissement gingival lié à l’adhérence de la gencive marginale sur le bombé coronaire.
    3. Enfin, il y a acquisition d’une hauteur normale du rebord gingival.
    Cependant, l’inflammation gingivale fait partie des mécanismes permettant l’éruption de la dent. D’autre part, au moyen de la radiographie rétro-coronaire, on peut évaluer la distance entre la crête osseuse et la jonction amélo-cémentaire de la dent. Ainsi, sur les dents en éruption post-fonctionnelle, une distance inférieure à 2 mm est considérée comme normale. Au-delà, elle est un signe d’un défaut osseux.
  • La gencive marginale autour de la dent en éruption
    Elle ne présente pas de pourtour cervical bien défini. La dent étant en migration avant de se mettre en occlusion, il n’y a pas réellement d’attache épithéliale. L’absence de point de contact correct entraîne un risque de bourrage alimentaire et d’accumulation de plaque. Le brossage dentaire devient plus difficile et douloureux au contact de la gencive marginale. Le contrôle de la plaque est donc souvent moins bon.
  • Fluide gingival
    C’est un exsudat d’origine plasmatique qui transite depuis le tissu conjonctif gingival à travers l’épithélium de jonction dans le sillon gingivo-dentaire. Il permet une certaine défense de l’organisme face à l’agression bactérienne. La diffusion du fluide gingival est très faible pour une gencive saine et importante pour une gencive malade. Quand la gencive est saine, les jeunes enfants présentent un faible volume de fluide gingival. De même, le pH est inférieur à celui des jeunes adultes. Ainsi, les enfants plus âgés auraient une susceptibilité plus grande à l’inflammation gingivale.
Figure 7 : La gencive en denture mixte lorsque la dent permanente fait son éruption (Dridi.S.M, 2013)

Milieu Buccal chez l’Enfant

  • Salive
    La sécrétion salivaire est un phénomène constant dans des conditions physiologiques normales ; elle est d’environ 8 à 10 ml/h chez l’enfant (4 ml/h chez le nourrisson et 15 ml/h chez l’adulte). Chez l’enfant, la composition de la salive est moins riche en sels minéraux. Le pH salivaire est de 7,32 (6,40-8,24) ; le pH tend donc vers l’alcalinité chez l’enfant, alors qu’il devient plus acide chez l’adulte (pH 6).

Conclusion

Le parodonte est une structure anatomique majeure de la cavité buccale de l’enfant. Au cours de la croissance et de l’éruption dentaire, il subit de nombreuses modifications physiologiques. En médecine dentaire, il est important de bien connaître la normalité de ce parodonte afin d’en déceler les altérations.

Le Parodonte de l’Enfant / Odontologie Pédiatrique

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