Le diagnostic de la dysharmonie dento-maxillaire (DDM) Et la dysharmonie dento-dentaire (DDD)

Le diagnostic de la dysharmonie dento-maxillaire(DDM) Et la dysharmonie dento-dentaire (DDD)

Le diagnostic de la dysharmonie dento-maxillaire (DDM) Et la dysharmonie dento-dentaire (DDD)

  1.  Introduction

Lors de notre exercice quotidien de l’orthodontie, nous utilisons le terme « DDM » pour signifier un manque de place conduisant à l’encombrement dentaire et à une perturbation occlusale. La DDM est d’installation progressive au cours des différentes étapes de la dentition. Néanmoins, des signes annonciateurs peuvent être détectés dès le jeune âge de l’enfant qui sont parfois très discrets, ou qui peuvent être remarqués fortuitement lors d’un examen radiographique, cela lui permettra de poser un diagnostic précoce de la dysharmonie dento-maxillaire et d’établir un plan de traitement approprié en denture mixte ou t en denture permanente.

  1.  Définition :

La DDM correspond à une disproportion entre les dimensions mésio-distales des dents permanentes et le périmètre des arcades alvéolaires correspondantes ; la continuité des arcades dentaires au niveau des faces proximales n’étant plus assurée.

Château distingue deux formes cliniques :

*La DDM par excès dentaire :

Le volume dentaire est augmenté par rapport au périmètre des arcades,

  • Si les dents sont trop grosses par rapport au maxillaire, on parle de macrodontie vraie,
  • Si le maxillaire est trop petit par rapport aux dents, on parle de macrodontie relative.

*La DDM par défaut dentaire :

Le volume dentaire est diminué par rapport au périmètre des arcades ;

  • Si les dents sont trop petites par rapport au maxillaire, on parle de microdontie absolue ;
  • Si le maxillaire est trop grand pour les dents, on parle de microdontie relative (CHATEAU)
  1.  Fréquence :

Les DDM sont fréquentes : 15 % de la population et 30 % d’une population orthodontique. La microdontie relative représente 8% des cas orthodontiques, la macrodontie relative 60 à 80% selon Tweed.

  1.  Etiologies :
    1.  Facteurs génétiques :

*L’hérédité croisée : En effet, il est possible d’hériter de dents aux dimensions importantes d’un de ses ancêtres, Mais le sujet peut aussi hériter en même temps d’un autre ancêtre des bases osseuses de volume réduit.

*Le type familial ou ethnique : La surface d’arcade est plus petite chez les personnes de race jaune, que ceux de race noire, de même, les australiens de race blanche présentent une forte proportion de DDM. Cette différence explique ou indique un contrôle génétique prédominant sur le contrôle de l’environnement au niveau facial et occlusal.

  1.  Facteurs embryologiques :

Certains auteurs mettent en cause l’indépendance phylogénétique et embryologique entre la denture et les maxillaires.

4.3. L’environnement :

-Dysfonction et para-fonctions : (succion du pouce, ventilation orale…) ;

  • Trouble de la croissance des bases osseuses,
  • Déséquilibre musculaire labio – lingual.

4.4. Autres :

  • Persistance des dents lactéales sur l’arcade ;
  • Perte prématurée des dents temporaires ;
  • Frein labial anormal (source de diastème).
  1.  Les formes cliniques de la DDM:
    1.  DDM par macrodontie relative : Elle se manifeste par la présence d’encombrements dentaires. Selon la sévérité du manque d’espace on distingue :

-DDM légère ou limite (Encombrement jusqu’à 4 mm.)

-DDM modérée (Encombrement de 5 jusqu’à 7- 8mm.)

-DDM sévère Encombrement supérieur à 8mm.

La D.D.M. peut être décelée et appréciée, au cours de l’examen clinique, sur les moulages, à la lecture des radiographies panoramiques et sur les téléradiographies de profil.

  1.  Signes cliniques :

*Signes faciaux :

  • Absence de retentissement cutané sauf dans le cas où la DDM est associée à une bi-proalvéolie.
  • Le préjudice esthétique est purement dentaire, c’est la conséquence de l’encombrement : malpositions incisives, canines ectopiques, rotations, Lingocclusions localisées,etc.

*Signes occlusaux

A /En denture temporaire : L’absence des diastèmes entre les dents de lait est souvent annonciateur d’une DDM par macrodontie relative :

-Absence des diastèmes de Bogue entre les incisives temporaires à 5 ans ;

  • Absence des diastèmes simiens (entre canines supérieure et incisive latérale supérieure, et entre canine inférieure et première molaire inférieure temporaire).

B/ Durant la phase de constitution de la denture mixte (6- 8 ans) :

* Au maxillaire :

  • Malpositions incisives ;
  • Linguo-cclusion d’une ou deux incisives latérales ;
  • Elimination d’une ou deux canines temporaires ;
  • Présence d’une bipro-alvéolie sans diastèmes.

* A la mandibule :

  • Evolution des incisives permanentes en position linguale ;
  • Accélération de la résorption des racines des incisives et canines temporaires ;
  • Versions, rotations, vestibulo-positions et même positions éctopiques des incisives permanentes ;

– Les canines temporaires on retrouve trois modalités :

Type 1 : les canines temporaires persistent : Encombrement incisif important et dénudation fréquente de l’incisive centrale inférieure la plus vestibulée.

Type 2 : expulsion unilatérale d’une canine temporaire : Déviation du milieu inter-incisif du côté de l’élimination et encombrement incisif plus réduit.

Type 3 : expulsion spontanée des deux canines temporaires : Pas d’encombrement incisif, diastème réduit ou même supprimés pour les canines permanentes.

 C/ Denture mixte stable (8-10 ans) et en phase de constitution de la denture adolescente (10-12 ans)

*Au niveau des incisives

  • Encombrement incisif, dénudation accentuée d’une incisive et parfois absence de gencive attachée à ce niveau ;
  • Facette d’abrasion sur les dents, en occlusion inversée ;
  • Mobilité d’une dent inférieure en vestibulo-clusion.

*Au niveau des canines permanentes

  • Evolution vestibulaire, en infra-position ou en infra-mésio-vestibulo-position.
  • Inclusion vestibulaire ou palatine ;
  • Signe de Quintero (rotation marginale ou axiale de l’incisive latérale) avec mésio-vestibulo-rotation des incisives latérales secondaire à la pression des canines vestibulairement sur les racines des incisives latérales.

*Au niveau latéral :

  • Premières prémolaires évoluant en vestibulo ou lingoclusion, ou bien retenues entre canines permanentes et deuxièmes molaires temporaires ;
  • Lingo ou vestibuloclusion des deuxièmes prémolaires ou bien inclusion des deuxièmes prémolaires d’origine secondaire ;
  • Rotation des prémolaires, ce qui accentue le déficit d’espace.

*Au niveau postérieur :

  • Première molaire supérieure enclavée sous la deuxième molaire temporaire (ce signe n’étant pas toujours symptomatique d’une DDM) ;
  • Rhizalyse de la racine distale de la deuxième molaire temporaire ou même élimination trop précoce de cette dent, à la suite de l’éruption de la dent de 6 ans ;

-Rotation mésio-vestibulaire de la première molaire.

-Vestibulo-version de la deuxième molaire supérieure ;

  • Inclusion des dents de sagesse, plus tardivement.

*Signes radiologiques :

  • Sur radiographie panoramique :

-Axe des germes des canines permanentes fortement mésio-versée.

  • Distoversion des incisives latérales supérieures.

-Résorption des deux incisives temporaires pour une seule dent permanente.

  • Sur la téléradiographie

-Les incisives latérales sont en palato ou lingo-position.

-Au maxillaire, la cuspide de la canine se projette en général sur l’apex des latérales

-A la mandibule, le germe de la canine situe à l’intérieur de la symphyse mentonnière (signe de Netter) .

  • Prémolaires enclavées ou incluses ;
  • Disto ou mésio-version des germes des deuxièmes prémolaires inférieures ;
  • Une superposition des germes dentaires ;

-Espace réduit pour l’évolution des deuxièmes et troisièmes molaires, en tenant compte de l’âge osseux

-Versions distales importantes des germes des deuxièmes et troisièmes molaires ;

-Hauteur maxillaire postérieure fortement diminuée ;

  1. Conséquences à long terme :

A/ Dentaires :

  • Inclusion dentaire : l’inclusion fréquente de la canine décelée cliniquement par la présence de signe de Quintéro (rotation marginale ou axiale de l’incisive latérale) ;
  • Ectopie et rotation dentaire ;

-Caries dentaires suite a l’encombrement qui rend le brossage difficile.

  • Tendance à l’abrasion prématurée.

 B/Parodontales :

  • Défaut d’hygiène dentaire et accumulation de la plaque dentaire à l’origine de gingivites voire parodontites ;
  • Risque de déhiscence des dents trop vestibulées ;
  • Manque ou absence de gencive attachée au niveau des dents ectopiques.

C/Occlusales :

  • SADAM dû à des prématurités pour les sujets prédisposés.

D/ Psychologiques :

  • Complexe du au sourire disgracieux causé par les différentes malpositions.
  1.  DDM par microdontie relative :

La DDM par microdontie relative se manifeste le plus souvent par la présence de diastèmes inesthétiques persistant malgré la migration physiologique des dents.

Elle correspond à un manque d’harmonie avec des dents de volume réduit par rapport au périmètre d’arcade.

  1.  Signes cliniques :
  • Etage inférieur normal ou diminué ;

-Le profil est généralement concave.

-Rotations dentaires multiples ;

  • Contacts prématurés fréquents ;
  • Présence de multiples diastèmes ;
  • Supraclusion fréquente.

*Signes radiologiques :

  • Absences des points de contacts dentaires visibles à la radiographie panoramique ;

-Parfois association d’une agénésie que confirme la radiographie.

5.2. Les conséquences à long terme :

  • Le préjudice est essentiellement esthétique ;
  • La mastication de certains aliments n’est pas commode
  1.  Diagnostic différentiel :

-La bipro-alvéolie par trouble dysfonctionnel

  • Endo-gnathie et Brachy-gnathie maxillaire.

-Rétro-alvéolie incisive.

— La dysharmone dento-dentaire(DDD).

  • DDM transitoire.
  1. évaluation chiffrée de la DDM :

Afin d’établir un diagnostic précis et de mesurer avec exactitude le manque de place pour proposer par la suite une thérapeutique adéquate, il est nécessaire de procéder à l’évaluation chiffrée de la dysharmonie dento-maxillaire dans le cas d’encombrement dentaire en denture mixte ou permanente

  1.  En denture permanente (analyse de Nance): L’analyse se fait sur moulage : Elle consiste en :

Mesure de l’espace disponible (ED) : Se fait à l’aide d’un fil de laiton (métallique mou), placé sur les points de contacts occlusaux des dents latérales et les bords libres des incisives, en allant de la face mésiale de la première molaire permanente droite à celle de la première molaire permanente gauche. Le fil ne doit pas suivre les malpositions individuelles locales. Il est ensuite rendu rectiligne et mesuré.

B- Mesure de l’espace nécessaire (EN) : Correspond au calcul de la somme des diamètres mésio-distaux des dix dents antérieures au niveau des points de contact inter- proximaux à l’aide d’un compas à pointe sèche ou un pied à coulisse.

La différence permet d’apprécier s’il y a ou non réserve d’espace (valeur négative : manque d’espace, valeur positive : réserve d’espace).

L’évaluation de la DDM se fait sous la forme d’une différence :

  • Si la place disponible est supérieure à la place nécessaire, cela implique que la DDM est positive, on parle de DDM par excès d’espace ou par microdontie relative.
  • Si la place disponible est inférieure à la place nécessaire cela implique que la DDM est négative, on parle de DDM par macrodontie relative ou par insuffisance d’espace.
  1.  En denture mixte :
  2. L’espace disponible :

Il se mesure de la même manière que pour la denture permanente mais il doit être corrigée en tenant compte du Lee Way (mouvement physiologique mésial qui se fait lors du remplacement des 2 molaires temporaires par les 2 prémolaires).

Lee WAY=

*0.9 mm de chaque côté du maxillaire supérieure.

* 1.7 mm de chaque côté à la mandibule.

Donc : Espace disponible = périmètre de l’arcade – Lee Way (2 x si les 2ème molaires temporaires droite et gauche sont sur l’arcade)

  1.  Espace nécessaire:

Il se mesure sur les dents évoluées au pied à coulisse, pour les dents non encore évoluées, la mesure du diamètre médio-distal se fait sur radiographie (panoramique ou téléradiographie).

On peut aussi utiliser des formules en fonction des diamètres mésio-distaux des quatres incisives permanentes supérieurs et inférieures.

  • Arc I + ((Arc I)/2 + 11) * 2 au maxillaire supérieure
  • Arc I + ((Arc I)/2 + 10) * 2 à la mandibule

Remarque

*Si on a une canine ou une prémolaire d’un côté il faut la même valeur pour la canine non évoluée opposée et les prémolaires adjacentes et opposées non évoluées

*Pour les dents non évoluées (donc ne présentant pas sur le cliché radiographique leur diamètre mésio-distal), on peut se reporter aux tables statistiques des dimensions dentaires moyennes.

Par exemple, la table de LANGLADE qui donne les diamètres d’un bloc canine-prémolaire homolatéral en fonction du diamètre des incisives mandibulaires.

II. Diagnostic de la dysharmonie dento-dentaire (DDD de Bolton) :

Il s’agit d’un manque d’harmonie entre les dimensions des dents maxillaires et des dents mandibulaires. Le rapport entre les diamètres mésio-distaux des dents se fait au niveau de l’ensemble des arcades et aux secteurs antérieurs incisivo-canin .

*Analyse de Bolton :

Permet d’établir un rapport numérique entre les diamètres mésio-distaux des dents. Elle se fait au niveau de l’ensemble des arcades et aux secteurs antérieurs incisivo-canins. En denture adulte, Bolton a créé un coefficient total et un coefficient antérieur.

* Rapport des six dents antérieures :

R =( Ø MD des 6 dents antérieures mandibulaires / Ø MD des 6 dents antérieures maxillaires )

×100 = 77.2%

  • Si R > 77,2 % = excès du périmètre antérieur mandibulaire, caractérisé par un chevauchement inférieur ou diastèmes supérieurs. Pour évaluer l’excès ; il faut se référer ou tableau de Bolton. On utilise la somme des diamètres mésio-distaux des 6 dents antérieures maxillaires pour trouver la valeur théorique des 6 dents mandibulaires correspondantes.
  • Si R < 77,2 = l’excès se situe au maxillaire et se manifeste par un recouvrement incisif et un surplomb augmenté.

Pour évaluer l’excès ; il faut se référer ou tableau de Bolton

*Rapport des douze dents antérieures :

R = (Ø MD des 12 dents antérieures mandibulaires / Ø MD des 12 dents antérieures maxillaires)

×100 = 91.3%

-Si R > 91,3% = excès de longueur de l’arcade mandibulaire (mesuré comme précédemment).

  • Si R < 91,3% = excès de longueur de l’arcade maxillaire

Remarque :

  • Si la dysharmonie apparaît dans le rapport général et n’apparaît pas dans le rapport antérieur, cela veut dire que la dysharmonie concerne les dents postérieures de chaque arcade.
  • Si au contraire, le rapport antérieur est nettement > 77,2% et que le rapport général est légèrement > 91,3%, on dira que la dysharmonie est essentiellement localisée au secteur antérieur et provient d’une dimension exagérée des diamètres mésio-distaux des incisives inférieures.

Le diagnostic de la dysharmonie dento-maxillaire (DDM) Et la dysharmonie dento-dentaire (DDD)

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