LE CURETAGE PARODONTAL
INTRODUCTION :
Le traitement chirurgical peut être considéré comme un complément de la thérapeutique initiale (étiologique).
Le curetage parodontal a été l’une des techniques chirurgicales les plus utilisées en parodontie clinque (Goldman, 1949 et 1950).
Cet acte est souvent réalisé, délibérément ou incidemment en même temps que le détartrage et le surfaçage radiculaire.
- RAPPELS :
- Maladie parodontale :
La maladie parodontale correspond à un ensemble de pathologies qui aboutissent à la destruction du parodonte. Ce sont principalement des maladies inflammatoires d’origine bactérienne. Elles passent par deux stades distincts : les gingivites, lésions confinées à la gencive marginale et les parodontites, maladies destructrices des tissus de soutien de la dent.
- Poche parodontale :
La poche parodontale est un approfondissement irrégulier et pathologique du sillon gingivo- dentaire. C’est un espace qui comprend une partie apicale (attache épithélioconjonctive), une paroi molle (épithélium de la poche plus ou moins ulcéré), une paroi dure (la surface dentaire avec ou sans présence de tartre) et un orifice ouvert vers le milieu buccal.
La poche parodontale est remplie de fluide gingival, de bactéries adhérentes et non adhérentes, de virus, de parasites, de levures, de polymorphonucléaires neutrophiles(PMN) et de cellules épithéliales.
La profondeur du sulcus peut être due à l’élargissement de la gencive marginale en raison de l’œdème tissulaire. On appelle ces poches « poches gingivales » (fausses poches, poches relatives) et il faut les distinguer des poches parodontales (vraies poches, poches absolues) qui sont caractérisées par la migration apicale de l’attache épithéliale de jonction.
- DIAGNOSTIC DES MALADIES PARODONTALES :
Le diagnostic parodontal s’appuie d’abord et surtout sur les signes cliniques. Le saignement gingival constitue un signe extrêmement sensible de la présence de la maladie.
- Diagnostic des maladies gingivales :
Les signes cliniques de la gingivite sont :
- Une couleur gingivale rouge bleutée.
- Un contour gingival hypertrophique avec présence de plaque et de tartre.
- Une consistance gingivale oedématiée, lisse et brillante.
- Une tendance hémorragique spontanée ou provoquée accrue.
- Des poches gingivales de faible profondeur liée à l’hypertrophie œdémateuse gingivale mais avec absence de perte d’attache.
Le diagnostic radiologique est inutile car il n’ya pas de signe radiologique associé.
- Diagnostic des parodontites :
Les parodontites regroupent toutes les atteintes parodontales avec perte d’attache et lyse osseuse, les caractéristiques cliniques sont :
- Une couleur gingivale rouge plus ou moins sombre selon le degré d’inflammation.
- Un contour gingival arrondi avec des papilles interdentaires émoussées et la présence de plaque et de tartre dans de nombreux cas.
- Une consistance gingivale allant d’oedématiée à fibreuse.
- Une tendance hémorragique provoquée par le sondage ou le brossage ;
- Des poches d’importance variables selon la sévérité avec perte d’attache, un sondage complet est nécessaire.
- Des mobilités et migrations dentaires ainsi que des atteintes de furcation plus ou moins importantes selon le stade de la parodontite.
Ajoutés aux signes cliniques, les signes radiologiques de la parodontite sont :
- La crête de l’os alvéolaire située apicalement à plus de 2mm de la jonction émail-cément indiquant une perte d’os alvéolaire.
- La crête osseuse d’aspect flou et lamina dura pas bien définie.
- Une radio-transparence au niveau des zones de furcation des dents pluriradiculées.
- La diminution de la densité de l’os interdentaire.
- THERAPEUTIQUES DES MALADIES PARODONTALES :
L’examen clinique parodontal doit évaluer la présence et la quantité de plaque bactérienne, la recherche d’un saignement au sondage, la mesure de la profondeur des poches et le niveau d’attache clinique.
La plupart des parodontopathies répondent bien au traitement visant à maîtriser la colonisation bactérienne. Le plan de traitement concourra à ce but.
Deux approches thérapeutiques peuvent être mises en œuvre pour contrôler la plaque dentaire, réduire l’inflammation et par conséquent la profondeur de poche. Il s’agit de traitements dits chirurgicaux et non chirurgicaux.
- Les différentes phases des traitements non chirurgicaux sont:
- la motivation du malade et l’enseignement de l’hygiène bucco-dentaire.
- le détartrage, détartrage-surfaçage radiculaire suivis de polissage
- les traitements antimicrobiens antiseptiques ou antibiotiques.
- Thérapeutiques chirurgicales :
L’objectif principal du traitement chirurgical et d’améliorer les résultats du traitement non chirurgical. En cas de persistance du saignement gingival et des poches parodontales, la réduction ou l’élimination de ces poches constitue l’objectif principal de nos actes chirurgicaux.
- CURETAGE PARODONTAL :
- Définition :
Le curetage parodontal consiste en un débridement et l’excision au moyen d’une curette du tissu de granulation constituant la partie interne de la paroi gingivale de la poche ainsi que de l’épithélium de jonction et du conjonctif enflammé supracrestal.
- Objectifs :
- Elimination du tissu inflammatoire pathologique (paroi molle de la poche).
- Réduction de l’inflammation gingivale et par conséquent la réduction du saignement, de l’œdème gingival et de la profondeur des poches suite à la contraction du tissu gingival.
- Faciliter le contrôle de plaque au patient.
- Indications :
- Tissu enflammé possédant un potentiel de contraction.
- Poches peu profondes de 4mm (gingivites et parodontites initiales)
- Compromis esthétique dans les régions antérieures
- Préparation à une chirurgie plus profonde dans les cas complexes
- Contre-indications :
- Locales :
- Absence de motivation du patient.
- Gencive de consistance fibreuse.
- Générales : représentées par les contre-indications de la chirurgie parodontale.
- Avantages:
- Technique simple.
- Instrumentation limitée.
- Suites opératoires simples.
- Peu de préjudice esthétique.
- Peu d’hypersensibilité dentinaire.
- Inconvénients :
- Intervention difficile à maîtriser sur le plan technique (nécessitant du doigté) et en plus elle prend du temps.
- Technique toujours incomplète.
- Difficulté d’atteindre les concavités, les furcations et les défauts osseux.
- Possibilité de récidive des poches.
- Si le but est d’éliminer l’épithélium de la poche et le tissu conjonctif adjacent, il existe des méthodes plus efficaces (incision à biseau interne).
- Instrumentation :
- Plateau de consultation (miroir, sonde parodontale, précelle).
- Seringue métallique d’anesthésie + carpule d’anesthésie.
- Curettes parodontales de Gracey et/ou universelles.
- Dispositif de nettoyage et de lavage (Cotton salivaire, seringues à usage unique, produits antiseptiques).
- Hémostatiques locaux H2O2, surgicel.
- Pompe à salive.
- Pansement chirurgical.
- Technique opératoire :
Cette intervention est conduite comme suit :
- Il faut contrôler les antécédents médicaux du patient pour s’assurer qu’il n y’ait pas de contre-indication à l’utilisation des anesthésiques locaux ou aux interventions chirurgicales.
- Il faut obtenir une anesthésie correcte de la région à traiter à l’aide d’anesthésiques locaux.
On traite généralement un quadrant de la bouche par visite.
- Il fait éliminer de la surface radiculaire tout le tartre et tout le cément nécrosé. Cela est souvent fait lors d’une séance antérieure.
- On insère une curette bien affûtée jusqu’au fond de la poche, le bord tranchant étant dirigé vers la gencive. Le praticien active la curette d’un mouvement de direction corono- externe, tout en maintenant la pression du doigt sur la surface externe de la gencive. Il est nécessaire d’effectuer plusieurs mouvements de curette pour enlever tout l’épithélium et tout le tissu de granulation rouge « perlé »
On peut également inciser les tissus avec une lame affûtée, puis les enlever à la curette.
- Après curetage des tissus mous, il faut contrôler la régularité de la surface radiculaire à l’aide d’une sonde fine. On corrige à ce moment toute imperfection.
- Rinçage abondant des poches curetées au sérum physiologique.
- Hémostase à l’aide de compresses imbibées d’eau oxygénée.
- Mise en place ou non d’un pansement chirurgical en fonction de l’étendue de l’ablation tissulaire. Une suture s’impose parfois.
- Soins et conseils postopératoires :
- On prévient le patient qu’il doit s’attendre à une gêne modérée.
- Eviter l’alimentation chaude et épicée.
- On conseille des bains de bouche à la chlorhexidine pendant 8 jours.
- Utilisation d’une brosse à dent souple. Le patient doit procéder aux techniques habituelles d’hygiène buccale dans les autres secteurs de la bouche, et dans les zones d’intervention brosser délicatement ou seulement rincer là ou il ya un pansement chirurgical.
- Rendez-vous 5 à 7 jours après l’intervention pour enlever le pansement et contrôler la cicatrisation.
- Cicatrisation :
Elle aboutit à la formation d’un long épithélium de jonction et d’une nouvelle attache conjonctive et se déroule comme suit :
Jour 1 | Prolifération épithélialeRecouvrement de la plaie sulculaire par PMN. |
Du 3ème au 7ème jour | Épithélialisation des sillions.Formation du tissu de granulation. |
4 à 5 joursaprès | Synthèse des fibres collagènes. |
2 semaines après | Formation de l’attache conjonctive.kératinisation définitive des surfaces. |
3 semainesaprès | Épithélium sulculaire et de jonction cliniquement intacts. |
- Effets cliniques :
Cette intervention aboutit à :
- La diminution voire la disparition de l’inflammation (œdème, saignement gingival).
- la réduction de la profondeur des poches conséquence de la contraction tissulaire et du gain d’attache clinique.
CONCLUSION
L’objectif du traitement parodontal est de prévenir, contrôler la maladie parodontale et de réparer et/ou régénérer les tissus parodontaux lésés.
Dans tous les cas, l’éducation à l’hygiène bucco-dentaire est une étape essentielle du traitement.
LE CURETAGE PARODONTAL
Voici une sélection de livres:
- Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011
- Parodontologie Broché – 19 septembre 1996
- MEDECINE ORALE ET CHIRURGIE ORALE PARODONTOLOGIE
- Parodontologie: Le contrôle du facteur bactérien par le practicien et par le patient
- Parodontologie clinique: Dentisterie implantaire, traitements et santé
- Parodontologie & Dentisterie implantaire : Volume 1
- Endodontie, prothese et parodontologie
- La parodontologie tout simplement Broché – Grand livre, 1 juillet 2020
- Parodontologie Relié – 1 novembre 2005
LE CURETAGE PARODONTAL

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.