L’Anesthésie en Odontostomatologie, Pathologie Bucco Dentaire

L’Anesthésie en Odontostomatologie, Pathologie Bucco Dentaire

L’Anesthésie en Odontostomatologie, Pathologie Bucco Dentaire

Introduction

L’anesthésie est le premier temps de toute intervention chirurgicale, représentant un geste généralement simple, effectué pluri-quotidiennement par tout odontologiste.

Définition

Une anesthésie consiste à inhiber de façon réversible la propagation des signaux le long des nerfs.

  • Anesthésie locale : ne concerne qu’une zone limitée (intéresse les branches terminales).
  • Anesthésie loco-régionale : une seule injection suffit pour anesthésier le territoire d’un ou de plusieurs nerfs (intéresse les troncs nerveux).

Rappel Anatomique

Le Nerf Trijumeau

Le nerf trijumeau est la cible anatomique. Il s’agit de la 5e paire des nerfs crâniens.

Fonctions

  • Nerf sensitivo-moteur :
    • Fonction motrice : pour les muscles masticateurs.
    • Sensitive superficielle : de la majeure partie cutanée de la face.
    • Sécrétoire et vasomotrice.
    • Sensorielle : sensation gustative des 2/3 antérieurs de la langue.
    • Réflexe : réflexe lacrymal, de succion, etc.

Le nerf trijumeau donne naissance à trois gros troncs nerveux à partir du ganglion de Gasser :

  1. Nerf ophtalmique (V1).
  2. Nerf maxillaire supérieur (V2).
  3. Nerf maxillaire inférieur (V3).

Le Nerf Maxillaire Supérieur (V2)

Le nerf maxillaire supérieur donne plusieurs branches :

Branches

  • Branches alvéolaires postérieures, moyennes et antérieures.
  • Nerf sous-orbitaire : branche terminale, innerve la région nasale, la lèvre supérieure et la région alvéolaire incisive et canine.
  • Nerf naso-palatin.
  • Nerf palatin.

Le Nerf Maxillaire Inférieur (V3)

Le nerf maxillaire inférieur donne deux troncs :

Tronc Antérieur

  • Nerf temporal profond.
  • Nerf massétérin.
  • Nerf buccal : innerve la gencive buccale entre la 2e prémolaire et la 2e molaire, ainsi que la face interne de la joue.
  • Nerf ptérygoïdien.

Tronc Postérieur

  • Nerf alvéolaire inférieur : donne des branches pour les dents, la gencive et la partie inférieure de la joue. Il sort du canal par le trou mentonnier pour innerver la gencive entre la ligne médiane et la 2e prémolaire, ainsi que la peau de la lèvre inférieure et du menton.
  • Nerf lingual : innerve le côté de la langue, le plancher, la gencive, et la muqueuse de la face interne de la branche horizontale.
  • Nerf auriculo-temporal.

Les Produits Anesthésiques

Mécanisme d’Action des Anesthésiques Locaux

Les neurones sont polarisés négativement au repos. Les anesthésiques locaux arrêtent l’influx nerveux par blocage des canaux sodiques rapides, empêchant la dépolarisation.

Influx nerveux = Potentiel d’action

Produits Anesthésiques

Anesthésie de Contact

  • Sous forme de gel, liquide ou spray.

Anesthésiques par Infiltration

  • Les anesthésiques locaux les plus employés en odontologie sont des produits de synthèse.
  • Presque tous favorisent la vasodilatation locale, d’où l’adjonction fréquente de vasoconstricteurs.
Groupe amino-amideGroupe amino-ester
Procaïne
Tétracaïne

Les Vasoconstricteurs

Les vasoconstricteurs, comparables aux neuromédiateurs du système, sont indispensables. Les principaux sont l’adrénaline et la noradrénaline.

Propriétés de l’Adrénaline

  • Vaso-constriction.
  • Hyperglycémiante.
  • Hypertensive.
  • Entraîne une tachycardie.
  • Broncho-dilatateur.
  • Utérus : contraction et relâchement.
  • Mydriase.
  • Augmentation du péristaltisme buccal.
  • Diminution du péristaltisme intestinal.

Avantages des Vasoconstricteurs

  • Provoquent la vaso-constriction.
  • Réduisent la toxicité de la solution anesthésique.
  • Maintiennent localement la concentration (contact avec la fibre).
  • Contrebalancent l’effet vasodilatateur des anesthésiques.
  • Augmentent la durée et la profondeur de l’anesthésie.

Concentrations

  • 1/200 000 : concentration idéale en soins classiques.
  • 1/100 000 : utile pour une hémostase.

Contre-indications Absolues des Vasoconstricteurs

  • Irradié de la région maxillaire.
  • Arythmies.
  • Angines de poitrine instables.
  • Infarctus dans les 6 derniers mois.

Matériel

Seringues

  1. Seringues à carpules métalliques, stérilisables.
  2. Seringues jetables pour tronculaire ou seringues à carpule avec système d’aspiration.
  3. Seringues pour injection intra-ligamentaires ou intra-septales (forme en stylo).
  4. Seringues électroniques.

Aiguilles

  • Anesthésie para-apicale : diamètre 40/100, longueur 16 mm.
  • Anesthésie tronculaire : diamètre 50/100, longueur 35 mm.
  • Anesthésie intra-septale : diamètre 40 à 50/100, longueur 8 mm.
  • Anesthésie intra-ligamentaire : diamètre 30/100, longueur 8 mm.

Anesthésie Locale

Techniques

Anesthésie de Contact

  • Attouchement.
  • Pulvérisation.

Anesthésie par Infiltration Para-apicale

  • 1re piqûre : côté vestibulaire, aiguille oblique, biseau orienté vers la table osseuse.
  • Pénétration : au fond du vestibule dans la muqueuse tendue.
  • Injection : ¾ du côté vestibulaire, ¼ du côté palatin ou lingual.
  • Durée d’action : 60 à 90 minutes.
  • Indications : extraction de toutes les dents supérieures et des dents mono-radiculées inférieures.
  • Vitesse d’injection : 1 ml/minute.

Anesthésie Intra-ligamentaire

Consiste en une infiltration intra-ligamentaire réalisée en deux temps :

  1. 1er temps : anesthésie du ligament circulaire. L’aiguille est dirigée horizontalement à 45° par rapport au plan muqueux, enfoncée dans le bourrelet gingival (distal et mésial).
  2. 2e temps : anesthésie du ligament alvéolo-dentaire. L’aiguille, presque verticale, est poussée progressivement dans l’articulation alvéolo-dentaire.

Anesthésie Intra-septale

  • Anesthésie intra-osseuse dans le septum.
  • Point d’impact : centre de la papille gingivale.
  • Direction de l’aiguille : 45° par rapport au plan muqueux.
  • Aiguille : très courte et rigide.

Anesthésie Diploïque

  • Anesthésie transcorticale et ostéocentrale : injection directe dans l’os spongieux.
    • Transcorticale : l’anesthésique est placé dans le diploé après avoir traversé la corticale vestibulaire ou palatine. Utilisée en cas d’absence de septum (zones édentées ou trigone rétromolaire).
    • Ostéocentrale : l’anesthésique est placé au centre de l’os spongieux via le sommet du septum.

Anesthésie Loco-régionale

Au Maxillaire Supérieur

Anesthésie Naso-palatine (Trou Palatin Antérieur)

  1. Position du patient : décubitus dorsal.
  2. Repère : papille rétro-incisive.
  3. Technique : piqûre avec une aiguille courte au niveau de la papille palatine, à environ 2 mm en arrière des incisives centrales, enfoncée vers le haut et l’arrière.

Anesthésie du Nerf Palatin (Trou Palatin Postérieur)

  1. Position du patient : décubitus dorsal, bouche grande ouverte.
  2. Repère : le trou palatin postérieur est situé entre la 2e molaire et la dent de sagesse.
  3. Technique : infiltration au niveau de l’émergence, sans pénétrer dans le canal.

Anesthésie Tubérositaire Haute

  • Pour anesthésier les branches alvéolaires supérieures postérieures.
  1. Position : patient bouche entrouverte, aiguille de 16 mm.
  2. Technique : l’aiguille pénètre au niveau de l’apex de la racine distale de la 1re molaire, dirigée en haut et en arrière de la dent de sagesse.

Anesthésie du Nerf Infra-orbitaire

  1. Le médius gauche repère le point médian du rebord orbitaire.
  2. Avec le pouce et l’index, la lèvre supérieure est réclinée vers le haut.
  3. Piqûre dans le vestibule au niveau de la 1re prémolaire, enfoncée parallèlement à l’axe radiculaire.
  4. Indications : groupe incisivo-canin supérieur (chirurgie).

Anesthésie Loco-régionale Mandibulaire

Anesthésie du Nerf Alvéolaire Inférieur

L’anesthésie est infiltrée dans la zone du foramen mandibulaire pour bloquer le nerf avant sa pénétration dans l’épaisseur de la branche.

Repères Osseux
  • Position : bouche grandement ouverte.
  • Repérer le bord antérieur de la branche montante.
  • Seringue prise comme une flèche, dirigée horizontalement à partir des prémolaires du côté opposé.
  • Point d’injection :
    • Verticalement : 1 cm au-dessus du plan d’occlusion.
    • Horizontalement : 1,5 à 2 cm en dedans du bord antérieur de la branche montante.
  • Technique :
    • Enfoncer l’aiguille jusqu’au contact osseux.
    • Retirer de 1 à 2 mm.
    • Aspirer pour éviter une injection endo-vasculaire.
    • Injecter à 1 cc/min, 3 cc suffisent.
    • Retirer l’aiguille entre les deux index.
Repères Muqueux
  • Point d’injection : centre d’un triangle muqueux limité par :
    • En dehors : saillie du bord antérieur de la branche montante.
    • En dedans : raphé ptérygo-mandibulaire.
    • En haut : fond du vestibule.
  • Cette technique anesthésie le nerf alvéolaire inférieur et, accidentellement, le nerf lingual.
Fautes Techniques
  • Injection trop basse et antérieure : anesthésie de la langue.
  • Injection trop postérieure et profonde : hémi-paralysie faciale.
  • Injection trop interne : trismus.
Particularités
  • Chez l’édenté : technique identique.
  • Chez l’enfant : le foramen mandibulaire est plus bas, l’aiguille est orientée en bas et en arrière, le corps de la seringue vers le haut (molaires controlatérales).
  • Troubles hémorragiques ou anticoagulants : anesthésie loco-régionale formellement interdite.

Anesthésie du Nerf Mentonnier

  • Position du patient : bouche ouverte, lèvre inférieure rétractée.
  • Repère : trou mentonnier palpable juste en arrière de la 1re prémolaire, à 1 cm au-dessous du rebord gingival.
  • Technique : insérer l’aiguille à 1 cm au-dessous de la 1re prémolaire, en dirigeant en arrière et en dedans pour atteindre l’os à proximité du trou, sans y pénétrer.

Variations Biochimiques

Infection + inflammation = milieu acide + anesthésie (base faible) = neutralisation.

Conclusion

La connaissance des trajets nerveux principaux est un facteur déterminant pour réussir une anesthésie locale et loco-régionale.

L’Anesthésie en Odontostomatologie, Pathologie Bucco Dentaire

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