La thérapeutique fixe : L’EDGEWISE standard

La thérapeutique fixe : L’EDGEWISE standard

La thérapeutique fixe : L’EDGEWISE standard

Introduction

Ce qui constitue l’une des plus grandes richesses de l’orthodontie est la multiplicité des procédés dont dispose le praticien pour corriger une malocclusion dentaire ou une dysmorphose squelettique.

Une des classifications possible de ces dispositifs consiste à distinguer :

  • Les appareils amovibles qui peuvent être ôté de la bouche du patient,
  • Des appareils fixes, par définition figés (scellés ou collés) sur les arcades dentaires pendant toute la durée du traitement.

Longtemps appelés mutibagues, les appareils multiattaches, comme il est plus juste de les nommer aujourd’hui, permettent le control tridimensionnel du déplacement dentaire, en réponse à une force appliquée sur la couronne des dents.

Parmi eux, le système Edgewise reste le plus répandu, et ce quel que soit la conception orthodontique utilisée, Edgewise standard, de Tweed-Merrifield, technique d’arc droit, technique linguale ou technique segmentée.

  1. Historique – Evolution

En 1728, première tentative pour corriger les malocclusions dentaires, Pierre Fauchard utilisa un simple large arc sur le quel, les dents en malposition sont ligaturées : l’arc d’expansion, tout en recommandant déjà dans son traité des dents, le limage des tissus dentaires en cas d’encombrement.

A la fin du XIXe siècle, les progrès techniques et industriels des entreprises américaines permettent à l’orthodontie de

prendre un nouvel essor. Quelques inventeurs que nous appelons encore aujourd’hui les

« pères de l’orthodontie moderne » vont mettre au point les fondements de l’orthodontie d’aujourd’hui.

Case utilisa des tubes ouverts ou soudés aux bagues en or, il créa un nouveau système

« Contouring » (1893) avec deux arcs ; vestibulaire et palatin.

A la même époque E.H.Angle, cherche avant tout à obtenir l’alignement des dents, il fonda en 1887, la première école américaine d’orthodontie. Il propose ainsi différents systèmes d’expansion pour déplacer et surtout pour orienter les dents :

L’« E-arch » (arc d’expansion) qui ne provoque que des versions (2 D).

Le « Pin-and-Tube » (appareil à tenon et à tubes verticaux) ce dernier se révèle difficile à manipuler.

Puis en 1913, arrive le Ribbon-arch (arc ruban) : au lieu de lier l’arc métallique à la dent par un intermédiaire, il va utiliser des bondes métalliques entourant les dents et ayant un système d’accroche pour le fil. Ce sont les premières véritables attaches orthodontiques.

Malgré ses grandes possibilités, ce dispositif présente également ses limites dans le contrôle 3D et notamment du torque.

C’est pour répondre à ces objectifs supplémentaires que l’Edgewise fut mis au point.

Secondé par ses étudiants, Brodie et Charles Tweed, Angle présente enfin en 1925, l’appareil EDGEWISE littéralement « par le petit côté » : c’est un système préfabriqué composé de brackets métalliques (appelés également consoles, verrous ou attaches orthodontiques) munis d’une lumière rectangulaire horizontale, autorisant ainsi le parfait contrôle tridimensionnel de l’orientation et du déplacement dentaire.

Charles H. Tweed suivit les préceptes de son maître jusqu’au jour où un recul suffisant (6 ans après) l’amenait à reconnaître le bien-fondé de la réduction du matériel dentaire, il est peu

satisfait des résultats esthétiques (profils qu’il trouve trop convexes) et constate l’instabilité des traitements par expansion. Il pratiquait alors les extractions des quatre 1ères prémolaires.

Merrifield fait progresser le raisonnement diagnostique et stratégique de l’Edgewise (choix des extractions en fonction de la malocclusion, contrôle du sens vertical), la technique s’appelle désormais Edgewise de Tweed-Merrifield.

  1.  Eléments constitutifs de l’appareil Edgewise

L’Edgewise est un Appareillage orthodontique amovo-inamovible. Ce n’est pas une méthode de traitement mais un système mécanique qui permet des déplacements dentaires contrôlés.

Le terme Edgewise s’explique par le fait que le fil rectangulaire s’insère dans la lumière du bracket par son côté le plus étroit. Il comprend :

  1.  Des éléments fixes :

Bagues : Dans les premiers temps de l’Edgewise, l’ensemble des dents de l’arcade était muni de bagues, d’où son appellation « technique multibagues ». Ces bagues étaient confectionnées sur les dents elles-mêmes à l’aide d’une bande métallique, puis des attachements vestibulaires et linguaux y étaient soudés électriquement.

Tubes Edgewise : Grâce au collage on peut supprimer la bague et ne garder que son tube. Ça permet de prendre en charge les molaires avec une faible hauteur couronnaire. Ils sont moins traumatisants pour le parodonte car ils facilitent l’hygiène. Ils sont cependant plus sujets au décollement.

Bracket Edgewise : L’attache Edgewise est un bloc d’acier inoxydable portant une gorge transversale en son milieu, cette gorge se présente comme une glissière à lumière rectangulaire de dimension .022 (hauteur)*.028 (profondeur) sachant que 1 inch = 25,4 mm donc on aura une lumière du 0,6 mm sur 0,8 mm.

Ce bracket est sans angulation ni inclinaison (non informé). On l’utilise pour les incisives, canines et prémolaires.

Attachements accessoires: Les boutons ou les crochets linguaux sont très utilisés pour la correction ou le contrôle des rotations ou des inversions d’articulé. Des œillets (eyelets) peuvent également être soudés à divers endroits de la bague.

  1.  Des éléments amovibles :

Les arcs : qui sont les éléments actifs spécifiques de l’appareillage Edgewise, ils sont fabriqués à partir de fil d’acier de sections différentes en fonction des phases du traitement.

On peut trouver :

  • Des arcs ronds ou torsadés
  • Des arcs rectangulaires
  • Des arcs hybrides
  • Des arcs esthétiques
  1.  Des forces auxiliaires :

Les auxiliaires les plus couramment utilisés en technique Edgewise sont :

  • Les systèmes de forces mono ou intra-arcades.
  • Les systèmes de forces inter-arcades.
  • Les systèmes de forces extra-orales.
  1.  Principes de la technique Edgewise :

En Edgewise, on recherche avant tout à obtenir l’alignement idéal de toutes les dents dans les 3 plans de l’espace :

L’attache étant simple (sans information), sans angulation ni inclinaison, comment obtenir ces inclinaisons ? Ceci nécessite une adaptation de l’arc aux diverses particularités anatomiques du système dento-alvéolaire, par la réalisation des plicatures sur le fil :

Dans le plan horizontal déformations de premier ordre.

Dans le plan mèsio-distal   déformations de deuxième ordre « angulation » ou

« Tip » : Ces déformations peuvent être réparties entre deux catégories :

  • les plicatures : tip-back, tip-forward, augmentation de la Courbe de Spee.
  • les boucles : qui modifient la platitude de l’arc, et augmentent la longueur du fil (boucle oméga, boucles de fermeture d’espace, boucles d’ouverture d’espace, boucle en “U”, boucle en “chaussette”, boucle en quadrangle(box loop),…).
  • Il existe un autre type particulier de courbures du 2ème ordre que l’on appelle « artistic bends », ce sont des courbures introduites dans les arcs de finition, elles intéressent le secteur

incisif afin de donner une direction légèrement apico-divergente aux axes des incisives maxillaires.

Dans le plan vestibulo-lingual déformation du troisième ordre (torque)

  1.  Phases de traitement en technique Edgewise :

Il est évident que chaque cas sera traité en fonction des anomalies qu’il présente.

Toutefois, dans tous les traitements en Edgewise nous retrouverons les mêmes phases, les variations seront dues à la direction des mouvements et à leur amplitude.

Ces phases sont les suivantes :

  1.  Phase de nivellement : C’est une mise à plat de l’arcade qui se fait au début de toute thérapeutique orthodontique, elle commence par le positionnement et le collage des attachements, puis la correction des malpositions dentaires individuelles (rotations, version, encombrement…)

Elle va se faire à l’aide d’un fil rond de petit diamètre 0.12 ou 0.14 inch. Si l’encombrement est important le recourt à l’utilisation de boucles permet d’avoir un alignement correct.

Son objectif est de permettre l’insertion d’un arc rectangulaire.

  1.  Préparation d’ancrage : Elle n’existe pas dans tous les traitements. Elle dépend des besoins d’ancrage révélés par l’analyse diagnostique du cas et évalués dans le plan de traitement. Elle vise à préparer les dents des secteurs latéraux, à résister aux sollicitations qu’elles subissent.

L’objectif est de placer les dents en position de résistance aux forces qui leur sont appliquées, c’est-à-dire en position de distoversion sans mésialer leurs apex.

On peut utiliser les TIM, FEB, J hooks.

  1.  Déplacement dentaire en masse : Des arcs continus rectangulaires de section croissante sont utilisés pour commencer les mouvements en masse (recul canin, rétraction incisive). Dans ce type de déplacement, la force motrice est assurée par de nombreux accessoires choisis en fonction de l’ancrage et de la quantité de recul. La force optimale initiale est de 100 g.

Elle peut être délivrée par :

  • Des chaînettes élastomériques,
  • Des ressorts comprimés,
  • Des FEO de type J hooks

L’objectif de cette phase est d’obtenir la Cl 1 Canine et Molaire.

  1.  Finition (arcs idéaux) : Se fait grâce à des arcs rigides .021*.027 (pleine gorge). C’est une phase essentielle dans le traitement qui :
    • Achève l’accomplissement des différents objectifs de traitement :
    • Contribue à la stabilité du traitement ;
    • Détermine la qualité du traitement. C’est une phase délicate. Elle a pour objectif :
    • La coordination des formes d’arcades ;
    • L’ajustement des courbures de 2ème et 3ème ordre ;
    • L’hypercorrection des sens vertical et antéro-postérieur.

4- La contention : Cette contention peut être amovible :

  • Une plaque de Hawley ;
  • Un tooth positionner :
  • Une gouttière en silicone.

Ou fixe : Une contention collée au composite sur les faces palatines des dents. Elle peut être temporaire (6 à 12 mois) ou permanente, uni ou bi-maxillaire.

  1.  Evolution vers la technique d’arc droit

Dès 1929, ANGLE entrevoyait déjà que ce rapport entre l’arc et le bracket pouvait être différent et pressentait les avantages d’un arc exempt de déformations ; il écrivait: « Un autre excellent moyen de réaliser la disto-version des dents postérieures est de changer la position des brackets sur les bagues au lieu de faire des pliures verticales sur l’arc. Ceci permet l’utilisation de l’arc sous sa forme la plus simple, on évite des pliures ce qui, de toute évidence, a des avantages ».

Le transfert dans l’attache des informations permet de :

  • Faciliter la mise en œuvre des techniques multi-attaches :
  • Assurer la constance des informations d’un arc à l’autre ;
  • Autoriser l’utilisation des arcs non façonnables tout en assurant un contrôle précoce des inclinaisons dentaires ;
  • Optimiser les déplacements dentaires en glissement.

Conclusion

L’Edgewise demeure la technique qui offre les possibilités mécaniques les plus rigoureuses.

Depuis son invention elle a donné naissance à différentes méthodes. La plus élaborée est celle de Tweed mais bien d’autres méthodes en arcs continus ou segmentés utilisent les propriétés de cette technique, à savoir le système original d’encastrement : fil rectangulaire-attachement calibré.

Angle disait à ses élèves « Tout ce que vous pouvez faire pour corriger les dents, c’est de les pousser, de les tirer, de les retourner. Je vous ai donné l’appareil, pour l’amour de Dieu, servez-vous-en ! ».

Bibliographie

  • AnneMarie  Duhart. EtienneBardinet. Dominique  Bequain. François  Darque Danielle Dorignac. Biomécanique orthodontique et notion de ” force légère ” EMC (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris,), Odontologie/Orthopédie dentofaciale 23- 490-D-10.1998.
  • ATTIA. Y. Edgewise EMC (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris,), Odontologie/Orthopédie dentofaciale 23-490-D10.1985.
  • Bassigny F. Manuel d’orthopédie Dento-faciale. Paris : Masson, 1991, (p 07-15).
  • Boileau M-J. Orthodontie de l’enfant et du jeune adulte. Tome 2, Tome 2,. 2012.
  • Michel Château : Clinique, Diagnostic, Traitement, stabilisation. Edition Cdp. 1993.
  • Michel LANGLADE. Thérapeutique orthodontique. MALOINE S.A. EDITEUR. 1986.Quintessence Internationale 2003.

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Voici une sélection de livres:

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