LA TECHNIQUE BIOPROGRESSIVE DE RICKETTS
Deux grandes tendances ont marqué l’histoire de l’orthodontie, la première a cherché un maximum de contrôle en développant des appareils présentant une bonne rigidité, et la deuxième à chercher à obtenir des déplacements dentaires plus constants avec des
appareils présentant un maximum d’élasticité.
Pour retracer l’histoire de ces méthodes, il faut remonter en 1925, lorsqu’ANGLE mit au point ce qui fut la plus belle création en orthodontie « l’Edgewise ». Depuis, l’Edgewise n’a cessé d’évoluer mais toute en concevant ces principes de base.
D’autres techniques vont voire le jour dés l’année 1960, il s’agit de : La technique de l’arc droit d’Andrews.
Les techniques segmentées de Ricketts ET de Burstone.
- Définition et historique :
Le terme de « technique bioprogressive » désigne un concept élaboré par Ricketts à la fin des années1950, publié en 1976 après avoir été finalisé avec ses collaborateurs Bench,Gugino,Hilgers et Schulhof en 1980 « Bioprogressive therapy » et toujours en évolution.
La thérapeutique bioprogressive n’est pas une simple technique orthodontique, mais ce qui est plus important elle sous-entend une philosophie orthodontique totale.
Diffusée en Europe par Gugino dès 1965 elle fut relayée en France par Philippe,Langlade et Lejoyeux.
Dérivée entre autre de l’Edgewise classique, elle apporte une réponse à ces praticiens qui pour des raisons esthétiques, fonctionnelles ou de stabilité des résultats, n’étaient pas entièrement satisfaisant par les méthodes qu’ils utilisaient.
Il ne s’agit donc pas d’une technique multi attache mais bien d’un concept dans lequel l’examen clinique est fondamental.
L’individu est considéré dans sa globalité, les phénomènes de croissance et de maturation sont intégrés de façon à placer la technique au service du traitement et non l’inverse, et ce afin de respecter une valeur fondamentale : l’équilibre ou l’harmonie. Sept harmonies sont recherchées au cours du traitement orthodontique (faciale, fonctionnelle, occlusale, squelettique, psychologique, nutritionnelle et temporelle) en référence au schéma de Léonard de Vinci que Ricketts reprit comme figure emblématique de sa méthode.
- Objectifs.
- Esthétique :
Pour Ricketts, chez un adulte, la lèvre inférieure doit affleurer la ligne E (joignant la pointe du nez et la partie la plus antérieure du menton) tandis que la lèvre supérieure se situe légèrement en retrait. La ligne C (tangente à la saillie du menton et au bombé des joues) permet d’apprécier la longueur du nez : plus elle augmente, moins les lèvres doivent s’approcher de la ligne E.
De face, la symétrie doit être respectée (parallélisme des lignes bisourcilières, bipupillaires et bicommissurales). Les commissures des lèvres doivent se situer entre les verticales abaissées des ailes du nez et des pupilles.
Lors du sourire, l’arcade dentaire doit remplir tout l’espace transversal découvert par les lèvres, déterminant un sourire plein et charnu. La hauteur des collets doit être continue.
Dans le sens vertical, pour que les lèvres forment un écrin équilibré
autour des dents antérieures lors du sourire, il faut qu’au repos la lèvre supérieure recouvre la face vestibulaire des incisives jusqu’à 2 ou 3 mm environ au-dessus de leur bord libre.
2-2- Fonctionnels :
Objectifs occlusaux :
La fonction occlusale est la clé de la santé et de l’équilibre de l’ensemble stomatognathique, elle doit être analysée par les rapports inter- et intra-arcades statiques, mais aussi dynamiques.
En statique :
Dans le sens sagittal :
Ricketts est en accord avec Andrews lorsqu’il met en évidence six clés de l’occlusion à respecter.
Dans le sens vertical :
🞂 Les dents antagonistes entrent en contact et déterminent la dimension verticale d’occlusion, pour Ricketts, les incisives maxillaires recouvrent approximativement le tiers supérieur de la couronne
clinique des incisives mandibulaires tout en respectant la fonctionnalité du guide antérieur.
Dans le sens transversal :
- Selon Ricketts, dans une occlusion idéale, chaque hémi arcade doit présenter 30 points de contacts occlusaux.
- Cette répartition harmonieuse des butées occlusales, objectivées par un occlusogramme, est limitée à :
- 24 contacts si les dents de sagesse sont absentes,
- 21 si les premières prémolaires sont extraites.
En dynamique:
- L’objectif prioritaire est d’assurer la plus totale liberté aux mouvements mandibulaires en latéralité et propulsion, afin de préserver les ATM de toutes contraintes, donc :
- assurer une croissance harmonieuse,
- puis une pérennité articulaire,
- tout en conservant une posture de la tête et des vertèbres neutralisée.
Objectifs parodontaux :
- La santé parodontale représente, avec l’équilibre occlusal, la clé de la longévité du système manducateur. L’alignement dentaire souhaité par nos patients assure la protection de la sertissure gingivale, facilite une bonne hygiène buccodentaire, donc protège de l’inflammation gingivale et permet la réalisation de rapports d’occlusion normaux.
Neutralisation de l’enveloppe fonctionnelle :
« Les chaînes musculaires orofaciales forment une enveloppe élastique tridimensionnelle autour des dents et des mâchoires ». Cette enveloppe, au repos et en fonction, détermine des zones d’équilibre des pressions dans lesquelles les dents et les arcades se positionnent.
« L’objectif clé est d’atteindre un équilibre au sein de la face qui neutralise la matrice fonctionnelle et permette de placer la denture dans la zone neutre ».
3 -Principes.
Douze commandements lui donnent actuellement sa spécificité et expliquent ses moyens techniques :
- Éducation de prise de conscience :
D’après Gugino, représente un point essentiel du concept bioprogressif. C’est ce qu’il appelle la « psychophysiologie »: il s’agit de faire comprendre au patient ce qu’on lui fait, pourquoi et comment on le fait: What ?Why ?How ? afin de stimuler sa curiosité et gagner par la suite sa coopération.
- Déverrouillage progressif des malocclusions pour normaliser les fonctions :
Gugino différencie trois grands types de déverrouillage :
- Déverrouillage fonctionnel ou physiologique (suppression des contraintes néfastes sur les dents en améliorant les comportements, donc la musculature qui modifie alors la forme) : il peut être coercitifs type cage à langue, grille antipouce, perle de Tucat, enveloppe linguale nocturne. Les problèmes de respiration doivent êtrepris en charge par des spécialistes différents selon le siège du problème (oto-rhino-laryngologiste pour les troubles anatomiques, allergologue, orthophoniste pour les troubles du comportement sans cause anatomique).
- Déverrouillage mécanique (levée des verrous occlusaux) :
Le point clé du déverrouillage mécanique est de «libérer» la denture pour permettre à la mandibule et aux ATM de fonctionner normalement.
Le processus de déverrouillage est le suivant :
- Rotation distolinguale des molaires maxillaires ;
- Expansion orthopédique de l’arcade maxillaire ;
- Contrôle des incisives maxillaires.
- Déverrouillage psychologique (qui correspond au premier principe). Traumatisme, personnalité fragile .
- Segmentation des arcades :
🞂 La segmentation des arcades, assure un meilleur contrôle du plan d’occlusion antérieur en rendant le secteur incisif indépendant des secteurs latéraux et en s’appuyant sur ces mêmes secteurs latéraux pour ingresser, égresser, avancer ou reculer les incisives.
- Correction orthopédique des décalages des bases :
« Plus le traitement est précoce, plus la face s’adaptera à votre concept thérapeutique. A l’inverse, plus le traitement est tardif, plus votre concept doit s’adapter à la face » Gugino.
La correction orthopédique précoce du décalage des bases s’inscrit donc comme un préalable essentiel au traitement mécanique, assurant un résultat plus harmonieux et plus stable
- Ancrage dans l’os cortical :
L’utilisation raisonnée de l’arc de base (expansion et torque) permet de placer les racines des molaires dans l’os cortical où le déplacement est plus lent. Pour Gugino, c’est la pression exercée sur l’os cortical qui constitue l’ancrage plutôt que le déplacement réel des racines dans ce dernier.
- Ancrage musculaire :
La tonicité musculaire différentielle selon la typologie du patient peut être utilisée en ancrage. Ainsi, chez un brachyfacial, le parallélisme des plans occlusal et palatin induit des forces occlusales verticales assurant un maintien d’ancrage dans le sens vertical (contrôle de l’égression molaire), mais également dans le sens sagittal par la diminution des composantes de mésialisation. À l’inverse, chez un dolichofacial, cet ancrage est faible du fait d’une tonicité musculaire moindre et d’un angle palato- mandibulaire ouvert.
7-Consolidation et idéalisation préalables de l’arcade mandibulaire :
L’arcade mandibulaire conditionne le plan de traitement. La forme d’arcade mandibulaire est idéalisée et individualisée en choisissant à partir du patient et des cinq formes d’arcs pentamorphiques de Ricketts la forme d’arc à employer dans les stades de finition.
- Achèvement de chaque étape avant d’entamer la suivante :
Ce principe rejoint celui du déverrouillage mécanique. Ainsi, le sens transversal est toujours pris en charge avant le sens sagittal, le nivellement toujours terminé avant les déplacements.
- Traitement du recouvrement interincisif avant celui du surplomb :
Le non-respect de ce commandement se traduit par la persistance de diastèmes ou la non-correction complète de la classe II.
- L’hypercorrection :
Elle permet de prévenir la tendance naturelle à la récidive des mouvements mécaniques.
- Contrôle des forces appliquées selon le principe des 4D (direction, degré, distribution et durée) :
La segmentation des arcs permet le contrôle précis des forces appliquées (connaissance du point d’application, de l’intensité et de la direction).
- Conception des systèmes mécaniques en fonction des objectifs individualisés et du degré de difficulté présenté par la denture et l’enveloppe fonctionnelle : (superposition)
L’objectif visuel de traitement (OVT) a été développé par Ricketts pour la planification à court terme du traitement. Il s’agit d’intégrer la croissance prévue aux différentes options thérapeutiques qui deviennent visuellement accessibles pour planifier un traitement.
- Thérapeutique :
Pour atteindre ces objectifs, la technique bioprogressive a emprunté de l’Edgewise le travail sur champ du fil(torque), de la technique de Begg l’utilisation de forces légères, et de Burstone le principe de la segmentation des arcades. C’est la progressivité qui a fait son originalité.
- Les Arcs et Segmentation des arcades dentaires :
🞂 la segmentation fut envisagée par Ricketts pour pallier deux difficultés techniques inhérentes à l’emploi des arcs continus :
- La version mésiale de la première molaire mandibulaire et le risque de voir la courbe de Spee s’approfondir dans les cas d’extractions pendant le recul de la canine ;
- L’impossible maîtrise du mouvement simultané des canines, incisives et dents latérales, dans les différents plans de l’espace.
4-2-1 -Les arcs de base de Ricketts:
🞂 Il a pour caractéristique principale de contourner gingivalement les canines et prémolaires grâce à un décrochement vertical, il est incorporé dans les tubes gingivaux des premières molaires et au niveau incisif.
- Arc de base d’ingression
L’arc de base de RICKETTS d’ingression est confectionné au fil carré Elgiloy .016X.016 ou au fil rectangulaire .018X.025, utilisable en denture mixte et en denture permanente.Dans ce cas les tip forward sont remplacés par des tip back, l’arc comporte:
- Une courbure de 1er ordre: toe in molaire .
- Une courbure de 2ième ordre: tip back molaire .
- Courbures de 3ième ordre: torque radiculo-vestibulaire antérieure et radiculo- palatin postérieur.
- Arc de base d’égression :
Cet arc sera confectionné dans ses parties antérieures et latérales comme l’arc de base de RICKETTS destiné à ingresser les incisives, sauf que le tip-back sera remplacé par un tip-forward. (utilisé pour fermer les béances) .
- Arcs de base de contraction et d’expansion :
L’adjonction de spires hélicoïdales externes ou internes au niveau des angles des décrochements latéraux de l’arc de base permet de créer des systèmes élastiques extrêmement souples destinés à déplacer les incisives dans le sens vestibulo- lingual .
Ces arcs d’expansion (spire interne) et de contraction (spire externe) permettent de faire varier la longueur d’arcade selon le repositionnement incisif prévu .
Arc de base de contraction :
- Sectionnel de rétraction canine :
Initialement conçus en fil Elgiloy bleu (0.16 x 0.16), ces sectionnels comportaient une double boucle fermée avec spire hélicoïdale dite de « Las Vegas », placé distalement à la canine, ils sont destinés à reculer la canine, le plus souvent après extraction de la première prémolaire.
4-2- Rythme et séquences du traitement :
Il existe quatre types de traitement, selon le moment où ils débutent, et en relation avec les étapes de la dentition :
- Phase préventive : en denture temporaire, entre 3 à 6 ans ;
- Phase interceptive : en denture mixte, entre 7 à 10 ans ;
- Phase corrective .
- Phase réhabilitative.
Si les techniques de fil droit n’intéressent que les deux dernières phases, la technique bioprogressive utilise les quatre phases de traitement. En effet, en Edgewise et en fil droit, on ne commence en principe pas avant l’éruption de la majorité des dents permanentes, vers 12 ans.
Les utilisateurs de la technique bioprogressive essaient de commencer leur traitement le plus tôt possible, afin de simplifier le traitement à un stade ultérieur.
La différence la plus significative entre la technique bioprogressive et les autres techniques est donc de ne pas se demander « quand » mais
«comment » commencer le traitement orthodontique.
Conclusion:
La technique de segmentation des arcades permet de dissocier le secteur antérieur du secteur postérieur de l’arcade et apporte à l’orthodontiste la liberté de fixer des objectifs de traitement individualisés et propres à chaque cas et tenant compte de la croissance.
LA TECHNIQUE BIOPROGRESSIVE DE RICKETTS
Les dents de sagesse peuvent causer des douleurs si elles poussent de travers.
Les couronnes en céramique offrent une apparence naturelle et une grande résistance.
Les gencives qui saignent au brossage peuvent indiquer une gingivite.
Les traitements orthodontiques courts corrigent les désalignements mineurs rapidement.
Les obturations dentaires en composite sont discrètes et durent longtemps.
Les brossettes interdentaires sont essentielles pour nettoyer les espaces étroits.
Une alimentation riche en vitamines renforce les dents et les gencives.
LA TECHNIQUE BIOPROGRESSIVE DE RICKETTS

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.