La Technique bioprogressive de Ricketts.

La Technique bioprogressive de Ricketts

La Technique bioprogressive de Ricketts

La technique bioprogressive désigne un concept global d’une large philosophie thérapeutique élaborée par Robert Ricketts (1920-2003) à la fin des années cinquante. Longtemps appelée “Light square progressive technique”.

Elle appartient aux thérapeutiques fixes de “seconde génération” dérivée de l’Edgewise classique; elle a emprunté à cette dernière le travail sur le champ de fil, à la Begg l’utilisation de forces légères et à la Burstone la segmentation des arcades.

La progressivité en fait son originalité « Segment par segment à force légère ». Elle doit son nom bioprogressive au fait que les groupes de dents sont inclus progressivement dans le traitement: les 1ères molaires et les incisives suivies des canines et des prémolaires.

  1. OBJECTIFS
    1. Esthétiques :

De face :

  • Symétrie respectée par rapport au PSM.
  • Parallélisme des lignes horizontales.
  • Les commissures doivent se situer à mi-distance des deux verticales abaissées des ailes externes du nez et pupilles.
  • Le sourire plein, charnu avec une arcade dentaire remplissant l’espace découvert par les deux lèvres.
  • Au repos les incisives supérieures apparaissent de 2 ou 3mm au- dessous du bord libre labial.

De profil

Ricketts décrit deux lignes :

  • Ligne E : (joignant la pointe du nez et le point le plus antérieur du menton) à laquelle la lèvre supérieure est légèrement en retrait et l’inférieure l’affleure.
  • Ligne C : (tangente à la saillie du menton et au bombé de la joue) qui permet d’apprécier la longueur du nez. “Plus cette longueur augmente; moins les lèvres doivent s’approcher de la ligne E”.
  1. Occlusaux :

En statique :

  • Idéalement, l’IMC se confond avec la RC.
  • Rapports idéaux “cuspide – embrasure” en classe I d’Angle canine et molaire.
  • Engrènement parfait avec un recouvrement correct : les incisives maxillaires recouvrent le tiers des couronnes clinique des incisives mandibulaires
  • 30 points de contacts occlusaux par hémi-arcade.

En dynamique :

Ricketts est un adepte du concept gnathologie et accepte le principe de désocclusion immédiate.

L’objectif est une liberté des mouvements mandibulaires en propulsion et en latéralité tout en préservant une intégralité parfaite des ATM donc; croissance harmonieuse, pérennité articulaire et une neutralité posturale.

  1. Parodontaux :

La santé de l’organe dentaire associée à un bon équilibre occlusal est la clé de longévité du système manducateur car un bon alignement :

  • Facilite l’hygiène bucco-dentaire.
  • Optimise la transmission des forces occlusales aux ligaments.
  • Protège des récessions et des fenestrations des racines.
  1. Neutralisation de l’enveloppe fonctionnelle :

Au repos ou en fonction, les arcades dentaires se logent dans des zones neutres de pression. De ce fait, lors d’une dysfonction ou parafonction des modifications morphogénétiques s’installent.

Afin d’assurer à nos traitements une pérennité dans l’espace et dans le temps, il faut avant tout normaliser les fonctions.

  1. PRINCIPES :

IL s’agit des commandements de la thérapeutique bioprogressive proposés par Ricketts, en nombre de douze (12), on trouve :

  • Education de prise de conscience et de motivation du patient : “La psychophysiologie” ;
  • Déverrouillage progressif des malocclusions pour normaliser les fonctions ;
  • Segmentation des arcades en fonction du “degré de difficulté” du cas ;
  • Correction orthopédique des décalages de bases: Plus le traitement est précoce, plus la face s’adaptera à votre concept thérapeutique” ;
  • Ancrage dans l’os cortical : les dents se déplacent très lentement lorsque les racines des molaires sont placées dans la corticale osseuse dense (Torque + expansion) ;
  • Ancrage musculaire : La tonicité musculaire peut servir d’ancrage selon la typologie ;
  • Idéalisation préalable de l’arcade mandibulaire : Choix de la forme de la mandibule selon le patient et les cinq formes penta-morphiques de Ricketts ;
  • Achèvement de chaque étape avant d’entamer la suivante : Respect des priorités T.V.A de déverrouillage ;
  • Traitement du recouvrement incisif avant le Surplomb ;
  • L’hypercorrection : Prévient la tendance naturelle à la récidive ;
  • Contrôle des forces appliquées : principe de quatre D (Direction, degré, distribution et durée) ;
  • O.V.T et superposition : en intégrant la croissance à venir aux effets escomptés de la thérapeutique durant une courte durée égale à la période du traitement.
  1. SEGMENTATION DES ARCADES :
    1. Naissance de la segmentation :

« Deux grande tendances ont marquées l’histoire de l’orthodontie : l’une qui a recherché un maximum de contrôle en développant des appareils présentant une bonne rigidité, et l’autre qui a recherché a obtenir un déplacement dentaire plus constant avec des appareils présentant un maximum d’élasticité(Fontenelle).

En effet, après Angle et l’Edgewise de 1928, les travaux de recherche se sont concentrés sur la difficulté approuvée du contrôle du plan d’occlusion, de la position de l’incisive mandibulaire et de la hauteur de l’étage inferieur de la face sur des arcs continus. La recherche à résoudre cette équation finit par l’éclosion d’une idée brillante qui consiste au traitement sectoriel des arcades dentaires, la segmentation est née.

  1. Principes :

La segmentation de l’arcade fut envisagée par Ricketts pour pallier aux difficultés techniques inhérentes à l’emploi des arcs continus : il trouve une adéquation entre la segmentation et la sectorisation biologique de la denture humaine qui se traduit par :

  • Rythme des phases d’établissent de la denture (M – Inc – C et PM).
  • Spécialisation fonctionnelle de chaque groupe.
  • Différence d’environnement musculaire et osseux.

L’arcade est ainsi divisée en unité active et une autre passive qui réunissent une ou plusieurs dents assimilés à une grosse multi-radiculée.

La section du fil utilisé varie suivant que le dispositif est de “Stabilisation” (rectangulaire) ou d’un système actif (carré).

  1. Avantages :
  • Commencer le traitement tôt en denture mixte.
  • Contrôle (intensité et constance) des forces et des moments appliqués.
  • Meilleur contrôle des mouvements dentaires.
  • Nivellement progressif de la courbe de Spee (bioprogressive).
  • Meilleur contrôle du sens vertical que sur un arc continu (égression).
  • Compatibilité avec un parodonte affaibli (force légère).
  1. Les moyens d’ancrage :

En technique segmentée, les dents des secteurs latéraux sont alignées dans un premier temps puis solidarisées au moyen d’un arc rigide qu’on pourra garde jusqu’à la fin du traitement. Donc, l’unité passive est obligatoirement construite avant toute mécanique de déplacement.

L’ancrage peut être passif ou actif :

  1. Ancrage passif : C’est la résistance naturelle au déplacement:

Ancrage parodontal : C’est la résistance qu’offre une dent par son attache ligamentaire dans l’os.

Ancrage musculaire : C’est l’ensemble des limites qu’impose l’enveloppe aux déplacements dentaires (faible chez les dolicho et fort chez les bracky).

Ancrage cortical : les dents se déplacent très lentement lorsque les racines des molaires sont placées dans la corticale osseuse dense (Torque + expansion).

  1. Ancrage actif : C’est l’ancrage mécanique induit par le dispositif :

Les arcs eux-mêmes avec leurs section, qualité de l’alliage et leur courbures anti-version et anti-rotation.

Les appareils auxiliaires qui le renforcent sélectivement dans les trois sens :

  • Transversal : Transpalatin, arc lingual, quad’hélix ou bihélix.
  • Vertical : FEO à appui occipito-pariétal ingressive ou cervical egressive.
  • Sagittal : Nance, arc palatin ou lingual, lip bumper ou FEO horizontales.
  1. MOYENS THERAPEUTIQUES
    1. Les attaches

A l’origine, seules les incisives maxillaires, canines et molaires mandibulaires portaient une information de torque et d’angulation. Avec l’apparition des fils à mémoire de forme, l’utilisation des pré informations s’est généralisée sur l’ensemble des dents

Tous les brackets sont à doubles plot pour le contrôle des rotations sans auxiliaires. La gorge est de 0.030’’ x 0.018’’ afin de pouvoir engager deux arcs superposés.

Au niveau molaire, les tubes présentent une lumière de .0185’’ x .025’’. La bague comporte trois tubes au maxillaire et deux à la mandibule.

  1. Les fils

Initialement l’alliage Elgiloy (Co 40% et Cr 20%) a présenté une réelle révolution. Délivré en quatre couleurs (bleu, jaune, vert et rouge) seules les deux premières sont utilisées en technique bioprogressive en section carrée 0.016’’ x 0.016’’ ou rectangulaire 0.016’’ x 0.022’’

0.017’’ x 0.022’’ ou 0.017’’ x 0.025’’.

Actuellement, les alliages en titane dont le T.M.A avec des qualités élastiques importantes, supplantent les Elgiloys.

Oreille préconise l’emploi de :

  • Elgiloy bleu .016’’ x .016’’ pour l’arc de base et ces variantes.
  • Elgiloy jaune .016’’ x .022’’ pour les finitions.
  • TMA pour les sectionnels de rétraction canine et de redressement molaire.
  • Niti pour nivellement et superposition avec l’arc de base.
  • Acier est réservé pour la stabilisation.
  1. Les auxiliaires

L’emploi de dispositif auxiliaire intra et extra-buccaux sert à optimiser le contrôle des unités d’ancrage (parfois pour expansion) ;

  • Sens sagittal : Nance, palatin, lingual et FEB.
  • Sens transversal : Transpalatin, Quad’hélix et Bihélix.
  • Sens vertical : Les FEO haut ou basse sur arc facial.
  1. Différents types d’arcs
    1. Arcs de Base

Descriptions : Sa forme est simple, Il a pour caractéristique principale de contourner gingivalement les canines et les prémolaires grâce à un décrochement vertical, il est fabriqué en Elgiloy .016 × .016 ou en TMA .0175 × .0175.

Sa forme est simple: Sa partie distale est introduite dans le tube gingival de la molaire. Le décrochement postérieur est formé par

deux plicatures à 90° sur une hauteur de 03 à 04 mm. Le décrochement antérieur est réalisé en distal de l’incisive latérale.

Variante de l’arc de base : 

  1. Arc de base d’ingression :

Il est utilisé sans spires, construit en butée au niveau des molaires et replié distalement pour conserver la longueur de l’arcade. Il est confectionné au fil carré Elgiloy .016X.016 ou au fil rectangulaire

.018X.025, utilisable en denture mixte et en denture permanente.

  1. Arc d’ingression à segment incisif raccourci :

Lors d’une supraclusie plus marquée sur les incisives centrales, on limite le décrochement vertical antérieur entre les centrales et les latérales pour rester dans la bioprogressivité et éviter aux latérales les va et vient (les inclure en temps convenue lorsque les centrales sont au même niveau).

  1. Arc de base d’égression :

Cet arc sera confectionné dans ses parties antérieures et latérales comme l’arc de base d’ingression les incisives, sauf que le tip-back sera remplacé par un tip-foward.

  1. Arc à spire externe : arc de contraction

C’est un arc de rétraction ou de contraction, avec une spire externe sur chaque angle, les segments molaires plus longs et les gingivaux plus courts, indiqué essentiellement pour la rétraction des incisives.

  1. Arc à spires internes : arc d’expansion

C’est un avancement et allongement de l’arcade en vestibulant les incisives sur un appui molaire, indiqué essentiellement pour avancer le groupe incisif, il comporte quatre boucles internes, et un segment latéral plus long.

NB. Ces arcs d’expansion et de contraction permettent de faire varier la longueur d’arcade selon le repositionnement incisif prévu dans l’OVT.

Pour s’opposer aux mouvements de version molaire, la dent de 12 ans devra faire partie des segments latéraux chaque fois que cela est possible.

  1. Les sectionnels

Rétracteur de canine : Initialement conçu en Elgiloy bleu de section carrée .016’’ x .016’’ avec une double boucle fermée avec hélicoïdales dites de « Las Vegas ». Actuellement, les alliages modernes a module d’élasticité faible (T.M.A) ont permis de les abandonner au profit des boucles en T.

Sectionnel de Nivellement : Le nivellement de l’arcade est réalisé par des segments d’arc rectilignes ou comportant souvent des boucles dont la plus utilisée et celle en T.

Sectionnel de stabilisation : Une fois nivelés, les secteurs latéraux sont solidarisés par des sectionnels rectilignes rigides fabriqués en Elgiloy jaune .017’’x.025’’ qui siègeront en place jusqu’à pose d’un arc idéal continu.

  1. Les arcs continus

Ils sont appliqués seuls ou en combinaison avec l’arc de base, au début ou en fin de T.R.T, ils sont de section ronde ou rectangulaire et intéressent toute l’arcade. Ils sont soit :

  • De nivellement : Ils peuvent se montés avec un arc de base en superposition antérieure.
  • Arc idéaux : Sur Elgiloy .016’’ x .022’’, comportent toutes les courbures d’idéalisation de l’Edgewise dont le but est de parfaire l’intercuspidation des deux arcades.
  1. CONCLUSION

La technique bioprogressive, repose sur un concept qui affirme la primauté de l’examen clinique et du diagnostic dans la planification et la réalisation du traitement. Elle combine entre la possibilité d’intercepter à un jeune âge (segmentation) et les exigences d’un traitement adulte (Force légère).

La segmentation des arcades est un système de pensé et de travail d’une grande cohérence mise au point par ses fondateurs Ricketts et Burstone. Elle permet une simplification de travail par une individualisation des objectifs de traitement avec standardisation des séquences cliniques et thérapeutiques.

  1. BIBLIOGRAPHIE
  • ATTIA. Y. Edgewise EMC (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris,), Odontologie/Orthopédie dentofaciale 23-490-D10.1985.
  • Bassigny F. Manuel d’orthopédie Dento-faciale. Paris : Masson, 1991.
  • Boileau M-J. Orthodontie de l’enfant et du jeune adulte. Tome 2, Tome 2,. 2012.
  • Charles J. Burstone : « Approche segmentée simultanée d’intrusion et à la fermeture d’espace »

« Biomécanique de l’appareil de l’arc de base à trois morceaux », DDS. AJO-DO 1995 Fev (136-143) Baltimore, DM., Richmond et Farmington.

  • Deblock. L. B. Petitpas. Biomécanique de l’ingression incisive son contrôle en technique segmentée de Burstone. Revue d’Odf.vol 31. 1997.183-199.
  • Edith LEJOYEUX. Orthopédie dentofaciale. Une approche bioprogressive. Quintessence international.1999.
  • Ismail Ali. Techniques segmentées colloque 2009.

La Technique bioprogressive de Ricketts

Voici une sélection de livres:

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