La Salive, Parodontologie

La Salive, Parodontologie

La Salive, Parodontologie

Introduction

Le milieu buccal est l’environnement physico-chimique qui occupe et influence la cavité buccale. Il est ouvert en avant par les lèvres et en arrière par le pharynx. Le milieu buccal comprend :

  • Des éléments de transit : air et aliments.
  • Des éléments propres provisoires :
    • Constant : la salive.
    • Inconstant : le fluide gingival.
  • Une flore spécifique :
    • Flore mobile : flore buccale.
    • Flore fixée : plaque dentaire.

Définition

La salive est un liquide biologique, transparent, incolore, plus ou moins visqueux et d’odeur fade qui baigne la cavité buccale. Elle peut contenir des cellules épithéliales, des leucocytes, des bactéries et des débris alimentaires. On observe des variations de constitution d’un individu à l’autre, et pour un même individu, des différences liées au régime alimentaire, l’âge, le sexe et l’absorption de certaines substances médicamenteuses.

L’analyse révèle une teneur en eau de 99,5 % pour 0,5 % de substances dissoutes, dont 50 % sont de nature minérale et 50 % de nature organique. La salive mixte résulte des sécrétions des glandes principales (parotides, sous-maxillaires, sublinguales) et des glandes mineures (accessoires).

Anatomie des Glandes Salivaires Principales

La Parotide

  • Pèse environ 25 g.
  • La plus volumineuse et la plus postérieure.
  • Situation : dans une loge tapissée par une lame fibreuse appelée « aponévrose parotidienne », située entre :
    • En arrière : le processus mastoïde et styloïde et les muscles qui s’y attachent.
    • En avant : la branche montante de la mandibule.
    • En dedans : le pharynx.
    • En dehors : les téguments.
    • En haut : le méat acoustique externe.
    • En bas : repose sur le ventre postérieur du digastrique.
  • Déverse son contenu dans un canal appelé « canal de Sténon » ou « conduit parotidien », qui sort du bord antérieur de la parotide à l’union de son tiers supérieur et son tiers moyen, sur la ligne joignant le tragus au bord inférieur de l’aile du nez, pour terminer son trajet dans le vestibule de la cavité orale en s’ouvrant en regard du collet de la première ou la deuxième molaire supérieure.

La Sous-Mandibulaire

  • Pèse 7-8 g.
  • De forme irrégulière avec une partie superficielle située dans la région submandibulaire (répond à la fossette submandibulaire de la mandibule) et une partie profonde située contre la face médiale de la base de la mandibule. Cette partie contourne le bord postérieur du muscle mylo-hyoïdien.
  • Déverse son contenu dans le canal de Wharton (2-3 mm), qui naît par la réunion de plusieurs canaux et se termine au niveau de la caroncule salivaire, débouchant par l’ostium ombilical, à la base du frein lingual.

La Sublinguale

  • Pèse environ 3 g.
  • De forme ovoïde, formée d’un ensemble de glandules situées à la partie sus-mylo-hyoïdienne, sur le plancher oral, de chaque côté du frein de la langue, à proximité de la symphyse du corps de la mandibule.
  • Déverse son contenu dans des canaux excréteurs appelés « canaux de Walther », au nombre de 15 à 30, dont le plus volumineux (canal de Bartholin ou de Rivinus) débouche au niveau de la caroncule salivaire (en avant et en dehors du canal de Wharton).

Les Glandes Mineures

Ce sont de petites glandes dispersées dans la muqueuse et la sous-muqueuse de la cavité orale. Elles s’ouvrent directement par de courts conduits dans la cavité orale. Elles sont de trois sortes :

  • Glandes séreuses : situées dans la langue.
  • Glandes muqueuses : situées sur le palais, sur les bords et la racine de la langue.
  • Glandes séro-muqueuses : situées sur la partie antérieure de la langue et sur les lèvres.

Figure : Glandes Salivaires Mineures

Description de la figure 21.5 (bouche ouverte et langue relevée) :

  1. Glande linguale antérieure.
  2. Papille parotidienne.
  3. Glande linguale.
  4. Conduit submandibulaire.
  5. Glande sublinguale.
  6. Caroncule sublinguale.
  7. Glandes labiales.
  8. Glandes buccales.
  9. Glandes molaires.

Structure Histologique des Glandes Salivaires

Les glandes salivaires comprennent un parenchyme salivaire et des canaux excréteurs.

Le Parenchyme Salivaire

L’unité sécrétrice des glandes salivaires, quel que soit leur type, est une formation tubulo-acineuse dont les portions terminales sont les acini. On distingue :

L’Acinus Séreux

C’est un élément arrondi dont la paroi est constituée de cellules pyramidales (triangulaires en coupe) avec un noyau rond ou ovale dans le tiers basal de la cellule et un pôle apical rempli de grains de zymogène. Ces grains contiennent des pro-enzymes inactives se transformant, après exocytose, en amylase salivaire ou en lysozyme actifs.

L’Acinus Muqueux

Il est formé de cellules dont le noyau est aplati au pôle basal ; le pôle apical contient des grains de mucigène dont l’excrétion conduit à la formation de mucine salivaire. L’aspect clair des acini muqueux tient à la faible colorabilité du mucus en technique de coloration courante.

Acinus Mixte ou Séro-Muqueux

C’est un acinus muqueux comportant un contingent de cellules à sécrétion séreuse. Ces cellules prennent le plus souvent une forme de croissant et sont repoussées à la périphérie de l’acinus.

Canaux Excréteurs

Dans les glandes salivaires principales, les acini s’ouvrent dans un fin canal, le canal intercalaire, qui se poursuit par un canal de plus grand diamètre, le canal strié, bordé par un épithélium cylindrique. Les canaux striés se réunissent dans les espaces conjonctifs interlobulaires et font place à des canaux excréteurs purs. Ces derniers présentent un épithélium cylindrique bistratifié.

Composition

Composition Minérale

Les Cations

Les principaux cations sont :

  • Na⁺ et Ca²⁺ : se fixent sur les protéines et jouent un rôle important dans la calcification de la plaque dentaire.
  • K⁺ : joue un rôle moindre dans la calcification.
  • Autres : Cu, Mg, Zn, et Co à l’état de traces.

Les Anions

Les principaux anions sont les phosphates, les carbonates, les chlorures, les fluorures et les sulfates.

Composition Organique

Dans la salive, il existe plusieurs variétés de protéines :

  • Globulines ou protéines non spécifiques provenant du sang, notamment :
    • Immunoglobulines : le chef de file est l’IgA salivaire. IgG et IgM existent en faible quantité. Ces Ig jouent un rôle dans les mécanismes de défense immunitaire.
  • Glycoprotéines : spécifiques à la sécrétion salivaire, elles possèdent des propriétés particulières qui semblent jouer un rôle dans le développement de la plaque dentaire.
  • Enzymes : présentes en faible quantité, incluant l’amylase, des protéases, des hydrolases, des catalases, des phosphatases acides et alcalines.
  • Lactoferrine : une protéine qui fixe le fer dans la salive, le lait et d’autres sécrétions exocrines comme la bile et le suc pancréatique.
  • Lysozymes : une enzyme qui joue un rôle dans la rupture de la paroi bactérienne.
  • Autres éléments :
    • Ammoniaque et urée en grande quantité.
    • Acides aminés contribuant au pouvoir tampon de la salive.
    • Vitamines C et B en faible quantité.

Caractères Physico-Chimiques

Volume et Débit

  • La sécrétion varie de 500 à 1200 ml/jour d’une personne à l’autre : 70 % d’origine parotidienne, 20 % sous-mandibulaire (la production des autres glandes étant relativement négligeable).
  • La sécrétion au repos est d’environ 100 ml/jour, tandis que la sécrétion stimulée est environ 10 fois supérieure.
  • Le débit montre des variations nycthémérales : minimum à 3h00, maximum entre 12h00 et 22h00.
  • Une personne peut produire plus de 36 000 litres de salive en une vie.
  • La déglutition salivaire est un travail important, avec une déglutition par minute en moyenne (de jour comme de nuit).
  • Le débit salivaire est influencé par les systèmes nerveux et hormonaux. La salivation est faible pendant le sommeil, diminue en fin de journée, augmente avant et après les repas, et diminue avec l’âge, surtout chez la femme, en raison du vieillissement physiologique des glandes salivaires.

Causes de Réduction du Débit Salivaire

  • Passagères :
    • Tabagisme.
    • Prise de certains médicaments : anxiolytiques, neuroleptiques, diurétiques, antihistaminiques.
    • Chimiothérapie provoquant une sécheresse buccale.
  • Permanentes : atteinte des glandes salivaires (parotides, sublinguales, sous-maxillaires, et accessoires).
  • Chronics :
    • Troubles de la sécrétion salivaire liés à une maladie générale (syndrome de Gougerot-Sjögren), des troubles hormonaux, ou l’absorption de médicaments.
    • Mauvaise hydratation ou déshydratation.
    • Stress.

pH Salivaire

  • L’acidité de la salive se traduit par un pH inférieur à 6,7 (pH 7 étant la neutralité).
  • La salive joue un rôle tampon en neutralisant l’acidité en excès. Le pH moyen en l’absence de stimulation est d’environ 6 (5,75 à 6,15) et augmente à 7,2 sous stimulation. Pendant le sommeil, il diminue en dessous de la moyenne. Si le pH < 5,5, l’émail subit une déminéralisation.
  • La stabilité du pH est due au pouvoir tampon, principalement via le système carbonates/bicarbonates, sécrétés à partir du plasma dans les canaux striés et grâce à l’anhydrase carbonique produite par les cellules acineuses.
  • La teneur en bicarbonate augmente avec le débit de sécrétion. Le CO₂ représente 10 à 20 % du volume recueilli au repos et 150 % après stimulation.

pH par Type de Salive

  • Salive parotidienne : densité d’environ 1,006, pH 5,5, contient une quantité notable de carbonate en dissolution.
  • Salive sous-maxillaire : moins fluide, légèrement moins dense, pH 6,0.
  • Salive sublinguale : grande viscosité, pH 6,5.

La Viscosité

  • La viscosité est influencée par la teneur en amylase, synthétisée principalement lors de la mastication. Hors alimentation, la salive est pauvre en amylase et peu visqueuse.
  • Variations selon l’origine :
    • Parotides : 1,5 centipoises.
    • Sous-mandibulaires : 3,4 centipoises.
    • Sublinguales : 13,4 centipoises.

La Pression Osmotique

La salive est très hypotonique par rapport aux autres fluides physiologiques.

L’Aspect

  • Parotides : transparente et aqueuse.
  • Sous-mandibulaires : filante.
  • Sublinguales : très visqueuse.

Rôles de la Salive

La Fonction Digestive

  • La digestion des glucides commence en bouche par l’action de l’amylase salivaire, qui clive l’amidon en maltose (disaccharide composé de deux molécules de glucose).
  • La salive participe à la formation du bol alimentaire et à sa déglutition en humidifiant et lubrifiant les particules alimentaires par le mucus.
  • Gustation : la salive dissout les molécules qui stimulent les bourgeons du goût, sensibles uniquement aux substances dissoutes.

Fonction Protectrice

  • La salive contribue à la prévention de la carie dentaire, de la parodontite et de l’halitose, car les glycoprotéines sulfatées entrent en compétition avec les bactéries pour occuper les sites de fixation sur les surfaces dentaires.
  • Les IgA inhibent l’adhésion des micro-organismes sur les cellules épithéliales et les enzymes bactériennes.
  • La salive maintient l’hygiène buccale en éliminant les débris alimentaires, les cellules épithéliales desquamées et les particules étrangères grâce à son écoulement continu. Un manque de salive provoque un mauvais goût dans la bouche.
  • Elle favorise la reminéralisation de l’émail dentaire grâce aux ions minéraux (calcium, phosphore) naturellement présents ou apportés par des thérapeutiques (fluor).
  • Elle protège les muqueuses par sa lubrification.

Rôle dans la Défense

Défense Non Spécifique

  • Pouvoir tampon : régulation de l’acidité du milieu buccal grâce au bicarbonate.
  • Action du lysozyme : lyse les bactéries Gram+ et certaines Gram-, bien que la flore buccale normale soit moins sensible aux concentrations physiologiques.
  • Action de la lactoferrine : bactériostatique en privant les micro-organismes de fer (« pompe à fer »).
  • Action de la lactoperoxydase : inhibe la pousse des lactobacilles.
  • Action des mucines salivaires : participent à la défense par agglutination ou action bactériostatique.

Défense Spécifique

Les IgA sécrétoires (IgA s) assurent plusieurs fonctions :

  • Bactéricidie : lyse d’E. coli, de certains virus et parasites comme S. mutans, poliovirus, C. albicans.
  • Agglutination : des streptocoques.
  • Neutralisation : des virus.
  • Lutte : contre la carie dentaire et les maladies parodontales.

Fonction Excrétrice

  • La salive excrète certains produits toxiques ou médicaments (éthanol, bromures, cyanures, iodures, chlorates, sels de métaux lourds, fer, plomb, etc.). Certains s’éliminent avec les crachats, d’autres se déposent sur le rebord gingival et les dents, formant un liseré caractéristique.
  • Certains médicaments utilisent la salive comme voie d’absorption via la muqueuse buccale.

Autres Fonctions

  • Rôle mécanique : facilite l’élocution en lubrifiant les lèvres, la langue et les joues. En l’absence de salive, la langue « colle » aux muqueuses et aux dents.
  • Prothèses dentaires : la salive joue un rôle dans la tenue des prothèses adjointes complètes par succion, comme deux plaques de verre jointes par une goutte d’eau. Sans salive, ces prothèses ne tiennent pas et deviennent irritantes.

La Salive, Parodontologie

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *