La Salive – Parodontologie

La Salive – Parodontologie

La Salive – Parodontologie

Introduction

La cavité buccale est une véritable porte d’entrée sur le milieu intérieur (l’organisme) et permet ainsi au corps de communiquer avec le milieu extérieur (l’environnement). C’est une véritable interface, qui traite tout ce qui y transite pour le rendre acceptable par l’organisme. Les constituants de cet environnement particulier interagissent entre eux, donnant un ensemble extrêmement évolutif : « le milieu buccal ».

Définition du milieu buccal

Le milieu buccal se définit comme un environnement physico-chimique qui occupe et influence la cavité buccale. Le milieu buccal comporte les éléments anatomiques fixes à savoir : les dents, la langue, les lèvres, les joues, le palais, le plancher, les gencives, les muqueuses. Et ces derniers sont sensibles aux variations du milieu. Ce milieu abrite aussi :

  • des éléments de transit qui sont l’air et les aliments
  • des éléments propres mais provisoires
  • soit constants comme la salive
  • soit inconstants tels que le fluide gingival et la flore buccale qui est plus ou moins spécifique, mobile ou fixée telle que la plaque dentaire.

Éléments du milieu buccal

La salive

Définition de la salive

Liquide incolore, opalescent, plus ou moins visqueux selon sa provenance et les conditions de sa sécrétion. Le fluide salivaire est une sécrétion exocrine, sécrétée par trois glandes dites principales, et des glandes accessoires. Ce liquide est un déterminant majeur du milieu buccal, et peut être utilisé comme un outil de diagnostic des conditions systémiques. Il se comporte comme un vecteur pour d’autres éléments qui sont les aliments, les gaz dissous et les bactéries.

Origine de la salive

La salive est élaborée par deux catégories de glandes exocrines :

  • Les glandes salivaires « mineures » :
    Elles sécrètent la salive d’une façon continue sans aucun stimulus neural. À l’exception des gencives, du tiers antérieur du palais dur et du vermillon des lèvres, ces glandes sont disséminées sur toute la surface de la muqueuse buccale à savoir buccale (labiale, jugale, palatine, vélaire et linguale).
  • Les glandes salivaires « majeures » :
    Au nombre de trois paires :
    • Glande parotide :
      La plus volumineuse des glandes salivaires (environ 3,2 cm³). Elle est de forme pyramidale, moulée sur les parois de la loge parotidienne entre le muscle masséter et la peau. Constituée d’une partie superficielle qui s’étale entre l’arc zygomatique en haut et l’angle de la mandibule en bas, et d’une partie profonde qui contourne la branche montante. Elle possède un canal excréteur, le conduit parotidien ou canal de Sténon (4 à 9 cm de longueur et 3 mm de diamètre) qui débouche dans la cavité buccale à la face interne de la joue, en regard des molaires supérieures. On retrouve aussi sur le chemin du canal de Sténon, une glande parotide accessoire, qui participe aussi à la sécrétion de la salive.
    • Glande sous-maxillaire (sous-mandibulaire) :
      Elle a la taille d’une grosse amande. Située dans la partie latérale de la région sus-hyoïdienne, elle longe la base de la branche horizontale de la mandibule. Le canal excréteur de cette glande, ou canal de Wharton (long de 5 à 6 cm), chemine entre la glande sublinguale et le muscle génioglosse ; il s’abouche au sommet de la caroncule sublinguale.
    • Glande sublinguale :
      Elle est de forme allongée et aplatie transversalement et repose sur le plancher de la bouche entre la mandibule et le muscle génioglosse. Cette glande est constituée d’un canal excréteur majeur dit le canal sublingual de Bartholin : il s’abouche au niveau de la papille sublinguale, en dehors de la caroncule linguale. Et de plusieurs autres conduits excréteurs mineurs (on compte 15 à 30 conduits).

Histologie des glandes salivaires

Toutes les glandes salivaires sont faites de cellules d’origine épithéliale hautement différenciées, constituées d’unités sécrétrices (acini) et des formations excrétrices (canaux). Les canaux s’enchaînent. On aura les canaux intercalaires en premier, puis les canaux striés, suivis des canaux excréteurs et enfin le canal collecteur qui débouche dans la cavité buccale.

L’unité sécrétoire des glandes salivaires ou acinus, constitué d’amas de cellules sécrétrices regroupées autour d’un canal collecteur appelé canal intercalaire, existe sous plusieurs types en fonction de leur produit de sécrétion, leur morphologie sous microscope et leur coloration à l’hématoxyline éosine. On distingue :

  • L’acinus séreux :
    Constitué de cellules séreuses basophiles de forme sphérique, possédant un gros noyau situé au pôle basal, lieu de synthèse des enzymes salivaires.
  • L’acinus muqueux :
    Constitué de cellules muqueuses acidophiles, d’aspect tubulaire ; ces cellules possèdent un noyau aplati situé au pôle basal et un cytoplasme gaufré contenant du mucus.
  • L’acinus mixte :
    Réunit des cellules séreuses et muqueuses disposées de la façon suivante : les cellules muqueuses forment un tube qui se termine par un croissant de cellules séreuses.
  • Les cellules myoépithéliales :
    Les acini sont coiffés par des cellules myoépithéliales fusiformes, qui contiennent des prolongements cytoplasmiques renfermant des myofibrilles contractiles dont la contraction facilite l’expulsion de la salive et participe ainsi à la régulation du débit sécrétoire.

Selon ces critères, les parotides sont qualifiées de glandes séreuses. Les glandes sous-mandibulaires et sublinguales sont des glandes mixtes, avec prédominance d’acini séreux pour les sous-mandibulaires et d’acini muqueux pour les sublinguales. Les glandes accessoires sont à majorité mixtes.

Formation de la salive

La formation de la salive se fait en deux phases :

  1. Première phase :
    Elle se déroule au niveau de l’acinus où le fluide plasmatique est filtré à travers les cellules acineuses, sans modifications ioniques notables, aboutissant à la formation d’une salive isotonique au plasma appelée « salive primaire ».
  2. Deuxième phase :
    Elle s’effectue dans le canal strié où la salive primaire est modifiée par une sécrétion et une réabsorption d’électrolytes, conduisant à la formation de la salive finale, hypotonique au plasma.

L’ensemble de ces processus est régulé par le système nerveux autonome et hormonal.

Composition biochimique de la salive

La salive (totale) est un mélange complexe de sécrétions produites par les glandes salivaires (salive pure : stérile à sa sécrétion), de résidus alimentaires, de fluide gingival, de cellules épithéliales et de nombreux électrolytes d’origine plasmatique. Elle est faite de 99 % d’eau et de résidu sec qui se partage entre éléments organiques et éléments inorganiques.

Éléments organiques

Les composants organiques de la salive sont représentés principalement par deux catégories de protéines :

  1. Protéines non enzymatiques :
    Représentent 20 % des protéines totales. Elles sont représentées par :
    • Les albumines sériques (5 à 10 %)
    • Les immunoglobulines de type IgA, IgG, IgM
    • Les alpha- et bêta-globulines
      Leur concentration décroît lorsque le débit salivaire augmente.
  2. Enzymes salivaires :
    • L’amylase salivaire : (α-amylase – ptyaline) représente 30 % des protéines salivaires totales. Elle est sécrétée majoritairement par les parotides. Elle hydrolyse l’amidon présent dans le bol alimentaire.
    • Le lysozyme : représente 10 % des protéines totales. Il inhibe l’agrégation des Streptococcus mutans et la fermentation du glucose.
    • D’autres enzymes sont également présentes dans la salive : collagénases, gélatinases, peroxydases, élastases, protéases, lipases, cholinestérases et ribonucléases. Toutes ces enzymes sont capables de dégrader les graisses, les hydrates de carbone ou les protéines. Certaines d’entre elles possèdent un pouvoir antibactérien.
  3. Mucines :
    Composant majeur de la salive, ce sont des glycoprotéines muqueuses composées de 75 % de protéines et de 25 % d’hydrates de carbone. Sécrétées essentiellement par les glandes sublinguales et sous-mandibulaires (mais pas par la parotide). Ces mucines participent à l’élaboration de la pellicule exogène acquise et confèrent à la salive son pouvoir lubrifiant.
  4. Glycoprotéines marqueurs du groupe sanguin :
    Dans 80 % de la population, des glycoprotéines ayant un pouvoir antigénique proche de celui des glycoprotéines marqueurs du groupe sanguin sont retrouvées dans la salive.
  5. Immunoglobulines sécrétoires :
    La majeure partie des Ig est synthétisée au niveau des glandes salivaires. Les plus représentées sont les Ig de type IgA dont la concentration salivaire est largement supérieure à la concentration sérique.

La salive contient des facteurs de croissance, principalement le nerve growth factor (NGF) et l’epidermal growth factor (EGF) dont la sécrétion augmente lors des maladies parodontales. Ainsi que d’autres constituants tels que l’urée, l’acide urique, le cholestérol, des cellules épithéliales desquamées et des leucocytes.

Éléments inorganiques

Sont les ions sodium, potassium, calcium, hydrogène (H⁺), chlorures, phosphates, bicarbonates, thiocyanates, des halogènes (l’iode, le fluor) et des métaux (le cuivre et le fer). La salive contient aussi du gaz carbonique, de l’oxygène, et de l’azote en solution. Parmi ces constituants, le sodium, les chlorures et les bicarbonates ont une concentration salivaire inférieure à la concentration plasmatique, à l’inverse du potassium, du calcium, des phosphates, de l’iode et des thiocyanates. Le cuivre, le fer et les fluorures sont à l’état de traces. Les ions H⁺ sont responsables du pH salivaire, tamponnés par les ions bicarbonates.

Propriétés de la salive

Le potentiel d’hydrogène (pH)

Le pH salivaire moyen, en l’absence de toute stimulation, est de 5,75 à 6,15. Dans les mêmes conditions, la salive parotidienne est plus acide (pH 5,8) que la salive sous-mandibulaire (pH 6,4). Après stimulation (repas par exemple), le pH augmente (7,2) en même temps que le débit salivaire, alors que, durant le sommeil, il descend en dessous de sa valeur moyenne (cette baisse accompagne la chute de débit).

Le débit salivaire

Le volume de salive sécrétée par l’ensemble des glandes salivaires est en moyenne de 750 ml à 1000 ml par 24 heures. Il varie cependant en fonction du :

  • Type de stimulation
  • Rythme circadien
  • État de vigilance du sujet
    • Repos : 0,5 ml/min
    • Stimulation (repas) : 1 à 2 ml/min
    • Sommeil profond : 0,05 ml/min

La salive totale obtenue résulte d’un mélange de produit de sécrétion des glandes majeures et mineures auquel s’ajoute le fluide gingival qui représente 0,1 % du volume salivaire total.

Le pouvoir tampon de la salive

La relative stabilité du pH est le fait du pouvoir tampon qu’exerce la salive qui est dû à plusieurs systèmes :

  • Le système acide carbonique / bicarbonate
  • Le système phosphate (25 % d’effet)
  • Le système protéinate

Le plus significatif est représenté par le système carbonates/bicarbonates (70 à 90 % de l’effet tampon des salives stimulées et 25 à 60 % des salives au repos), sécrétés à partir du plasma dans les canaux striés des glandes salivaires. Ainsi, le pH légèrement acide de la salive primaire va augmenter au cours de sa progression dans les canaux.

La concentration ionique

La salive primaire est isotonique par rapport au plasma. La salive finale est très hypotonique par rapport aux autres fluides physiologiques. L’hypotonicité de la salive varie en fonction du lieu de prélèvement. Elle est d’autant plus marquée que l’on s’éloigne de l’acinus. Lorsque le débit salivaire augmente, la salive est moins hypotonique, suite à une moindre réabsorption des ions au niveau des canaux striés.

La viscosité

Elle varie selon l’origine :

  • Glande parotide : 1,5 centipoises
  • Glande sous-mandibulaire : 3,4 centipoises
  • Glande sublinguale : 13,4 centipoises

Fonctions de la salive

La salive possède quatre fonctions bien distinctes :

La fonction digestive

La salive facilite la formation du bol alimentaire ainsi que la déglutition grâce aux substances lubrifiantes mucilagineuses qu’elle contient. Elle joue également un rôle dans la gustation en solubilisant les substances sapides. La fonction digestive proprement dite est assurée par l’amylase qui hydrolyse les amidons, et par les protéases et les lipases.

La fonction protectrice
  • La salive assure la protection de la muqueuse buccale par le biais des mucines salivaires et les agents immunologiques : contre le dessèchement, les substances toxiques et irritantes présentes dans les aliments et les enzymes bactériennes. Elles assurent également la lubrification des muqueuses, indispensable aux fonctions de déglutition et de phonation.
  • La protection des dents résulte de l’influence de la salive sur les phénomènes de minéralisation de l’émail. D’une part, la salive inhibe les phénomènes de déminéralisation grâce aux ions phosphates et bicarbonates qui contrôlent la neutralité du pH salivaire. D’autre part, elle renforce la charge minérale de surface par diffusion d’éléments tels que le calcium, les phosphates, le fluor, augmentant ainsi la dureté de l’émail.
  • Le flux salivaire assure un nettoyage mécanique des surfaces muqueuses et dentaires, éliminant en partie la flore pathogène. Ce phénomène est amplifié par les mouvements des lèvres et de la langue.
La fonction excrétrice

Les glandes salivaires, en sécrétant de 0,6 à 1,5 L d’eau par jour, participent au maintien du degré d’hydratation de l’organisme à un niveau satisfaisant. De nombreuses substances sont excrétées dans la salive, puis réabsorbées ou catabolisées, comme l’iode, les graisses, et les anticorps. Leur taux salivaire dépend de leur concentration plasmatique et du débit. Plusieurs médicaments, dont certains antibiotiques, ont une excrétion salivaire importante comme les macrolides.

La fonction endocrinienne

Elle concerne en particulier la production de divers facteurs de croissance facilitant ainsi le processus de cicatrisation :

  • Le nerve growth factor (NGF) ou facteur de croissance nerveux, stimulant la croissance du tissu nerveux.
  • L’epidermal growth factor (EGF) ou facteur de croissance épidermique, stimulant la croissance des épithéliums.

Molécules antibactériennes

  • Lysozyme
  • Les peroxydases
  • Les défensines salivaires

Défenses spécifiques

Le système de défense spécifique du milieu buccal repose sur :

  • Les constituants du complément apportés par le fluide gingival.
  • Les immunoglobulines : Ce sont surtout les IgA sécrétoires, présentes dans la salive. On trouve aussi les IgG, IgM et IgA (non sécrétoires) sériques, apportées par le fluide gingival.
  • Les cellules de l’immunité (polynucléaires neutrophiles) présentes dans le fluide gingival, qui exercent leur fonction protectrice par phagocytose des bactéries. Par contre, elles peuvent être à l’origine de phénomènes inflammatoires en libérant leurs enzymes lysosomiales dans le sulcus.

Conclusion

La cavité buccale est une partie du corps des plus septiques, sa flore bactérienne particulièrement riche constitue avec le milieu buccal un écosystème dans lequel toute rupture d’équilibre peut être le point de départ d’un processus pathologique.

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