La Récidive Post- orthodontique
La récidive en orthodontie est la réapparition plus ou moins importante de la malocclusion et des malpositions dentaires initiales à l’issue du traitement actif.
Elle doit être différenciée de la maturation physiologique « normale » des arcades dentaires. C’est toujours une situation difficile à accepter tant pour le patient que pour le praticien. De nombreux facteurs sont évoqués pour expliquer cette récidive :
Croissance, équilibre musculaire, fonction occlusale, phénomènes de dentition, état parodontal, etc.
Malgré les progrès de nos connaissances, la récidive demeure encore, de l’avis de tous les auteurs, le problème le plus difficile à résoudre de l’orthodontie.
- DEFINITIONS :
Récidive : La récidive en orthodontie est la réapparition plus ou moins importante de la malocclusion et des malpositions dentaires initiales à l’issue du traitement actif.
C’est toujours une situation difficile à accepter tant pour le patient que pour le praticien.
- Récidive et maturation physiologique
Même si cela n’est pas toujours évident, il est essentiel de ne pas confondre récidive et maturation physiologique, l’une ne pouvant être évoquée que suite à un traitement, l’autre existant qu’il y ait eu ou non traitement.
La récidive se caractérise, comme nous venons de le définir, par un retour vers la situation qui précédait le traitement orthodontique et apparaît rapidement après la fin de ce traitement.
En revanche, ce qu’il est convenu d’appeler maturation physiologique se caractérise par des déplacements dentaires sans rapport avec la situation initiale et se produisant généralement plus tardivement. Les malpositions dentaires qui en résultent se développent progressivement tout au long de la vie et sont la conséquence de phénomènes biologiques liés aux modifications de l’équilibre musculaire résultant de l’évolution physiologique et du vieillissement des tissus et des fonctions.
- Les causes de la récidive
Les facteurs principaux sont :
-la croissance osseuse.
-la musculature orofaciale.
-l’occlusion dentaire.
-les phénomènes de dentition.
-les tissus desmodontaux.
-les facteurs thérapeutiques ou récidive d’origine iatrogène.
- La croissance osseuse :
On sait que la croissance mandibulaire se prolonge après la fin de la croissance maxillaire. Du fait du blocage de l’arcade mandibulaire par l’arcade maxillaire, ce reliquat de croissance mandibulaire est à l’origine de contraintes sur les incisives inférieures provoquant leur linguoversion et l’apparition de chevauchements à leur niveau. Le phénomène est encore plus marqué si la croissance est de type rotation antérieure.
Dans certains cas, à l’issue du traitement orthodontique, des modifications inattendues de la croissance tant en direction qu’en quantité peuvent se produire :
- en direction, il s’agit du type de croissance. Ainsi, une rotation postérieure qui s’accentue peut être à l’origine de la réouverture de béance et une rotation antérieure de l’apparition ou de la réapparition d’une supraclusion incisive et d’encombrement incisif inférieur ;
- en quantité, une croissance résiduelle excessive peut être à l’origine de la réapparition de certaines malocclusions, et ainsi, un traitement réussi à 13 ans risque fort d’être anéanti à 18 ans. Cela se rencontre souvent dans les cas de classe III squelettique par promandibulie, nécessitant une reprise de traitement et parfois une chirurgie.
- La musculature orofaciale : la stabilité de la correction d’une dysmorphose ne sera atteinte que si la forme (squelette et dent) est en harmonie avec les fonctions (environnement non squelettique). La récidive apparait si le conflit existe ou persiste entre les deux.
- L’occlusion dentaire :
L’absence d’équilibre occlusal est une cause importante et fréquente de récidive.
L’intercuspidation doit être précise et profonde : relations cuspides – fosses: classe I d’Angle. Correspondance entre Relation centrée et intercuspidation maximale
L’occlusion dynamique obtenue doit être fonctionnelle, harmonieuse et équilibrée lors des mouvements d’excursion en latéralité et en propulsion.
- Les phénomènes de dentition :
Extraire les dents de sagesse en fin de traitement afin d’éviter de voir apparaître ou réapparaître un encombrement incisif inférieur est admis, voire demandé, par tous nos patients et préconisé par de nombreux praticiens. De ce fait, il n’est pas étonnant que les raisons orthodontiques représentent la plus forte proportion d’indications d’extractions de dents de sagesse.
L’Anaes (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) « 1 », dans ses recommandations concernant les indications et contre-indications d’extraction des dents de sagesse, déclare : « Aucune certitude n’existe entre l’évolution d’une troisième molaire mandibulaire et l’apparition d’un encombrement dentaire […] il n’existe pas de données scientifiquement établies pour recommander ou contre-indiquer leur avulsion pour raisons orthodontiques […] ces avulsions font l’objet de controverses, mais semblent admises dans la pratique clinique. »
- Les tissus desmodontaux :
- La tension des fibres desmodontales lorsque l’on déplace les dents et notamment selon un mouvement de rotation, les fibres élastiques du desmodonte vont se tendre. L’état de tension qui en résulte a pour conséquence de ramener la dent vers sa position initiale.
- Compression tissulaire
Après fermeture des espaces suite à des extractions, on peut observer parfois une réouverture du site d’extraction.
Ce phénomène est lié à l’existence d’un bourrelet épithélial résultant de la compression des tissus parodontaux avec absence de fusion des parodontes lors du rapprochement des dents. Ces excès de tissus sont à l’origine de la réouverture de l’espace d’extraction.
- Facteurs thérapeutiques ou récidive d’origine iatrogène
La récidive iatrogène peut être due à:
- Des erreurs de diagnostic [mauvaise détermination de l’étiologie].
- Un plan de traitement mal adapté au patient.
- Mauvaise finition du traitement.
- Un manque de prévision.
- Une contention mal adaptée.
- Les anomalies les plus récidivantes
Certaines malocclusions sont connues pour être plus sujettes à la récidive que d’autres. Les malocclusions les plus récidivantes sont :
- l’encombrement incisif mandibulaire et les rotations d’incisives;
- la réouverture d’un diastème antérieur ;
- la réouverture d’une béance ;
- la supraclusion incisive ;
- les classes II dolichofaciales ;
- les classes III par prognathie mandibulaire ;
- la réouverture d’espaces d’extraction.
-L’expansion maxillaire
Il est à noter que les récidives les plus fréquentes intéressent essentiellement des malpositions des secteurs incisifs, régions les plus visibles pour le patient et son entourage. Ces récidives sont donc les plus mal vécues.
- Les infraclusions antérieures :
La cause de la récidive est probablement à rechercher dans le volume ou le comportement lingual. Toutefois, des résultats stables ont été décrits quand (la respiration buccale
,l’interposition linguale et les douleurs dentaires ont été éliminées) [MARTINA]
- L’encombrement incisif mandibulaire :
Les causes de récidive les plus fréquentes sont :
-la pression évolutive de la troisième molaire.
-la diminution progressive de la largeur intercanine, qui a été augmenté lors du traitement.
-déséquilibre des pressions labio-linguales, avec prédominance des forces centripètes.
-Récidive d’une supraclusion
-croissance mandibulaire tardive.
- L’expansion transversale :
La contention de l’expansion unimaxillaire pose peu de problèmes, surtout si elle est pratiquée précocement. Toutefois, la qualité de la ventilation nasale et sa symétrie devront être attentivement contrôlées.
l’expansion transversale de l’arcade mandibulaire est particulièrement instable , Pour Château, la récidive s’explique parce que l’expansion de cette arcade se fait « presque toujours par version et que seules les expansions par gréssion sont stables ».
- Les rotations :
L’élasticité des fibres desmodontales sont à l’origine de cette récidive, selon SWANSON , la rotation de la canine est celle qui récidive le plus ,suivi de celle de la latérale supérieure et de la prémolaire inférieure.
- Les diastèmes :
La fermeture des diastèmes est très récidivante, elle fait intervenir le plus souvent le facteur parodontal. En effet ,les contraintes engendrées lors de la compression des fibres desmodontales
,ont tendance à ramener la dent à sa position initiale, le phénomène intéresse essentiellement les fibres supracréstales dont le remodelage est très lent.
Pour les espaces d’extraction, la compression tissulaire à leur niveau, sous forme de plis gingivaux intrerdentaires ,est expliquée par la lenteur de remaniement gingival après la fermeture d’espace d’extraction.
- La CL III squelettique :
La croissance tardive de la mandibule aggrave davantage la malocclusion, elle est défavorable et assombrie le pronostic plus chez les garçons que les filles.
Pour Izard, la prognathie inférieure est la mieux connue des malformations transmises génétiquement, sa composante héréditaire diminue considérablement les chances de stabilité des traitements orthodontiques d’une classe III.
- Les malocclusions de classe II division 2 et supraclusion:
La correction des rapports molaires est relativement stable. Le problème de cette malocclusion concerne la supraclusion, que tous les auteurs considèrent comme particulièrement exposée à la récidive.
Salvadori, rapporte que le tonus musculaire est transmis héréditairement, ce qui explique l’instabilité des corrections d’une classe II division 2. L’hyperactivité de la sangle labiale tend à lingualer les incisives, favorisant ainsi la récidive de la supraclusion
- L’open bite squelettique :
Les open bites représentent un défi thérapeutique pour l’orthodontiste, ils réunissent le plus souvent des problèmes dentaires, squelettiques et fonctionnels. Si la croissance est achevée, leur traitement devient encore plus délicat, leur prise en charge doit se faire précocement pour tirer avantage du potentiel de croissance et rattraper le préjudice esthétique et fonctionnel qui s’en suit, ceci permet d’augmenter les chances de stabilité des traitements orthodontiques et éviter les récidives.
Conclusion :
La revue de littérature révèle qu’une certaine quantité de récidive est toujours observées après des traitements orthodontiques .
Les facteurs régissant la récidive sont multiples, souvent intriqués et bien plus difficile à analyser. Ils font appel à des notions de physiologie, pathologie et de morphologie expliquant les réactions biologiques complexes du système stomathognathique, ceci explique la fréquence des récidives post orthodontique.
L’orthodontiste doit axer sa démarche thérapeutique sur un diagnostic étiologique précis, il doit tenir compte des particularités de la croissance, du jeu des fonctions et des modalités de l’occlusion ,ceci pourrait garantir une finalité esthétique et fonctionnelle stable.
La Récidive Post- orthodontique
Voici une sélection de livres:
- “Orthodontie de l’enfant et de l’adulte” par Marie-José Boileau
- Orthodontie interceptive Broché – Grand livre, 24 novembre 2023
- ORTHOPEDIE DENTO FACIALE ODONTOLOGIE PEDIATRIQUE
- Orthopédie dento-faciale en dentures temporaire et mixte: Interception précoce des malocclusions Broché – Illustré, 25 mars 2021
- Nouvelles conceptions de l’ancrage en orthodontie
- Guide d’odontologie pédiatrique: La clinique par la preuve
- Orthodontie linguale (Techniques dentaires)
- Biomécanique orthodontique
- Syndrome posturo-ventilatoire et dysmorphies de classe II, Bases fondamentales: ORTHOPÉDIE ET ORTHODONTIE À L’USAGE DU CHIRURGIEN-DENTISTE
La Récidive Post- orthodontique

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.

