La première molaire permanente chez l’enfant

La première molaire permanente chez l’enfant

La première molaire permanente chez l’enfant

Introduction

La première molaire est la première molaire permanente à apparaître, également appelée « dent de 6 ans ». Son éruption passe souvent inaperçue car elle est souvent confondue avec une dent temporaire. Du fait de sa localisation, elle est le siège de caries fréquentes et doit faire l’objet d’une attention particulière lors du brossage. C’est la dent clé de l’occlusion, dent stratégique dans la cavité buccale, considérée comme le carrefour de tous les dangers pour certains. C’est la première dent permanente chez l’enfant, elle joue un rôle très important dans la mastication, c’est une dent pilier de l’arcade dentaire.

Rappel anatomique

La première molaire inférieure

Elle est biradiculée, pentacuspidée, présente 5 sillons triturants. Les 2 racines sont le plus souvent incurvées distalement, elles sont rarement fusionnées, elles sont aplaties.

  • La racine distale est un peu plus longue et comporte un à deux canaux.
  • La racine mésiale comporte 2 canaux.

La première molaire supérieure

Elle est triradiculée, tétracuspidée et présente 5 sillons triturants. Les racines se décomposent en 2 racines vestibulaires (mésiale, distale), et une racine palatine plus importante, leur inclinaison est distale, elles sont rarement fusionnées, leur allure générale est conique.

Embryologie

La dent de 6 ans, ainsi que la deuxième molaire, résulte de l’extension distale de la lame dentaire, son éruption se fait entre 5 ans et demi et 6 ans et demi quand la couronne et les 2/3 radiculaires sont formées. La couronne est achevée sur le plan morphologique externe vers 3 à 4 ans et l’édification radiculaire demande 3 à 4 ans après l’éruption pour qu’elle soit complète.

La pathologie carieuse

Le diagnostic d’une lésion carieuse sur les dents permanentes immatures revêt un caractère d’urgence. Il faut à tout prix sauvegarder la vitalité pulpaire (afin de permettre une édification radiculaire). Le praticien devra expliquer aux parents et aux enfants les facteurs favorisants de la carie précoce, en présence de la plaque bactérienne, le brossage défectueux, l’alimentation riche en produits adhérents et sucrés.

Cette vulnérabilité précoce des premières molaires permanentes est due à :

L’immaturité de l’émail

Devant cet émail immature, avec une surface poreuse, la plaque y adhère fortement. La maturation de l’émail s’effectue au cours des années qui suivent son éruption. Le fait que la dent soit en cours d’éruption pendant plusieurs mois favorise la rétention de la plaque sur la face occlusale qui n’est pas totalement fonctionnelle au cours de la mastication.

L’anatomie occlusale

Elle présente de nombreuses anfractuosités, puits et fissures, qui sont des facteurs anatomiques de rétention de la plaque.

L’immaturité dentinaire

La dentine sur dent immature présente des tubuli largement ouverts ; ce qui favorise la prolifération rapide de la carie une fois la jonction amélo-dentinaire franchie.

L’immaturité pulpaire

Elle se caractérise par une innervation immature, qui contribue à rendre moins sensible la dent permanente jeune aux différentes stimulations externes.

Les différents types de caries

Carie évolutive des sillons, puits et fissures

C’est une forme très extensible, celle-ci va non seulement se développer en direction pulpaire mais en largeur sur toute la surface de l’émail à tel point que la simple ouverture occlusale repérée à la sonde nous confronte avec une bonne partie de l’émail non soutenue. Ceci devrait inciter le praticien à un dépistage soigneux clinique et radiographique qui lui permettra des mesures préventives le plus tôt possible.

Carie de surface (White spot, tache blanche)

Il s’agit de l’atteinte carieuse de l’émail avec extension rapide en surface. Elle se développe en 3 phases :

Phase de début

Elle se présente comme une tache blanche dans laquelle la sonde accroche (élément différentiel dans le diagnostic différentiel des opacités de l’émail qui se minéralise).

Phase d’état

La lésion évolue en profondeur, l’émail est totalement détruit laissant apparaître la dentine, à cette période, la rétention de la plaque bactérienne est favorisée par la perte de substance.

Extension

L’extension de la lésion se fait au niveau de toute la face vestibulaire rejoignant l’aspect d’une cavité classe V très étendue avec des bords d’émail plus ou moins distincts.

Carie mésiale arrêtée de la première molaire

Elle succède à une carie évolutive survenant au point de contact avec la deuxième molaire temporaire, elle se présente au niveau de l’émail sous forme de tache marron limitée à la surface de contact sans perte de substance. La chute ou la perte de dent temporaire permettra une meilleure hygiène de la région et la lésion carieuse se transforme en lésion arrêtée.

Thérapeutique conservatrice

Thérapeutique préventive

L’action préventive doit porter sur plusieurs de ces facteurs :

  • Action sur l’alimentation ;
  • Mise en place d’une hygiène bucco-dentaire adaptée ;
  • Renforcement des dents par apport de fluor ;
  • Visites dentaires et actes professionnels de prévention (Sealants).

Action sur l’alimentation

Tous les aliments qui contiennent des hydrates de carbone sont potentiellement cariogènes. Notre action portera sur :

  • Limitation de consommation des hydrates de carbone ;
  • Choix d’une alimentation équilibrée ;
  • Éviter les prises répétées de boissons sucrées, ou les boissons à pH bas.

Hygiène bucco-dentaire adaptée

Motivation à l’hygiène bucco-dentaire de l’enfant avec comme objectif, le contrôle de la plaque dentaire en quantité et en qualité.

Renforcement par apport de fluor

(Voir cours fluor)

Scellement prophylactique

(Voir cours sealants)

Thérapeutique curative

La résine composite reste le matériau de choix actuellement pour la réalisation de la dentisterie moderne plus préventive que curative. La maîtrise du champ opératoire est la clé essentielle de succès en dentisterie adhésive et la digue apparaît comme le moyen d’y parvenir. On privilégiera la préparation de cavités ultraconservatrices avec préservation des crêtes marginales surplombantes et du contact amélaire interproximale.

Ces interventions sont réalisées grâce aux aides optiques associées à des instruments de préparation conventionnels (microfraises) ou innovants (inserts abrasifs sonores ou ultrasonores, air abrasion). Concernant les lésions proximales, les cavités conservatrices ont toutes pour objectifs de préserver les tissus minéralisés, et en particulier les crêtes marginales et l’aire de contact interproximal.

Concernant les lésions cervicales, cette zone particulière présente habituellement des lésions carieuses dont la topographie et le développement sont en rapport avec la situation du collet anatomique et celle du collet clinique (la gencive libre). Comme pour les autres zones de cario-susceptibilité, des lésions initiales en rapport avec l’accumulation de la plaque bactérienne peuvent et doivent impérativement être traitées par des méthodes qui induisent la reminéralisation. Lorsque la restauration est nécessaire, les traitements peu invasifs sont néanmoins préférés pour préserver les tissus dentaires, en profitant des avantages que peuvent offrir les matériaux de restauration adhésifs bioactifs (puisque l’exigence esthétique n’est pas le critère principal).

Conclusion

L’odontologie pédiatrique actuelle est tout à fait armée pour offrir à nos enfants des bouches pratiquement exemptes de lésion carieuse avec une denture harmonieusement implantée. À charge pour les parents d’inculquer de sains principes d’hygiène et de ne pas attendre la survenue d’un problème pour consulter.


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